L Ombre du Pont
68 pages
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L'Ombre du Pont , livre ebook

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Description

Recueil de nouvelles. Josué Guébo dépeint des réalités de la vie quotidienne : difficultés, problèmes de croyance, choix importants, l’Afrique et la panafricanisme, l’amour… Son recueil met en scène des personnages dans la quotidienneté de leur vie à travers les ambiguïtés ou la simplicité de leurs sentiments à l’égard d’eux-mêmes comme le converti de la fumée dans la première nouvelle, ou encore à l’égard les uns des autres. Il narre l’humain et l’humanité où les personnes goûtent la compagnie des autres. Peu importe… chacun reste l’artisan de sa vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2018
Nombre de lectures 30
EAN13 9782981515070
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Ombre du Pont


Du même auteur
L’or n’a jamais été un métal , Poésie, Éditions Vallesse, Abidjan, 2009.
D’un mâle quelconque , Poésie, Apopsix, Paris, 2010.
Carnet de doute , Poésie, Panafrika, Silex, Nouvelles du Sud, Dakar, 2011.
Mon pays, ce soir , Poésie, Panafrika, Silex, Nouvelles du Sud, Dakar, 2011
Le Père Noël aime l’Attiéké , Les Classiques Ivoiriens, Abidjan, 2013
Songe à Lampedusa , Panafrika, Silex, Nouvelles du sud, Dakar, 2014
L’Enfant qui disparaît est une lettre… , Panafrika, Silex, Nouvelles du sud, Paris, 2015
Dapidahoun, Chantiers d’espérances , LEN, Paris, 2015
Une histoire de l’objectivité , Paf, Sarrebruck, 2015
Les sommeils des indépendances , L’Harmattan, Paris, 2015
Aux chemins de BaboNaki , L’Harmattan, Paris, 2016, (Poésie)
Le blues des oranges , L.E.N., Suresnes, 2016 (Théâtre)
Mots et expressions du français ivoirien, L’Harmattan, Paris, 2016 (Dictionnaire)
Le Père Noël danse le Ziglibity , Éditions Eburnie, Abidjan, 2018
Pourquoi l’homme, le chien et le chat parlent des langues différentes , Éditions Eburnie, Abidjan, 2018


JOSUÉ GUÉBO
L’Ombre du Pont
S hanaprod


Œuvre de couverture : Japon féodal, Source Bibliothèque publique de New York
Maquette de couverture : François Messier
Dépôt légal : 3 e trimestre 2018
© Shanaprod, septembre 2018
Ce texte publié par Shanaprod est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment l’Office de la propriété intellectuelle du Canada et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur.
Shanaprod
www.shanaprod.com
Josué Guébo
L’ombre du pont
ISBN Papier 978-2-9815150-6-3
ISBN ePub 978-2-9815150-7-0
ISBN PDF 978-2-9815150-8-7


La dernière cigarette
Quatre mois que j’avais décidé de rompre avec la cigarette. La dernière, je l’avais fumée de façon presque vertueuse. Assis. Une main pliée sur la poitrine. Le regard droit. L’autre main, portant la bûche aux lèvres et balayant par interstices, ces ronds qui me montaient à la face. Les deux premières semaines avaient été pénibles. D’autant plus rudes que mon renoncement à la cigarette portait une pointe de regret : sortir de la fraternité des fumeurs, eucharistie païenne, à laquelle communiaient adeptes et ouailles des plus chaleureux.
Les fumeurs constituaient une vaste conscience solidaire, où même le pire des meurtriers trouvait au fond du juge le plus rêche, un congénère. Oui, c’était ça : un sacré carré de tolérance où le flic le plus austère offrait un cierge à l’inculpé qui ne le lui avait demandé que du seul regard. Et quel fumeur n’avait jamais ressenti ce profond plaisir de partager du feu – une boîte d’allumettes ou un briquet – avec un parfait inconnu ? Ils devenaient, le temps de l’étincelle, amis, complices. Mais j’avais choisi mon camp : renoncer au feu fraternel pour fuir des flammes éternelles.
Seize semaines que cela durait, puis était venu ce cauchemar. Ou plus simplement ce rêve – il n’avait rien de terrifiant – où m’était apparu le poète Gainsbourg. Il était arrivé, libre de toute pesanteur ; tout de bleu vêtu, ce bleu que j’affectionnais autant que sa voix rocailleuse. Gainsbourg parlait avec détachement, chacune des syllabes coulées dans un moule de sonorités hyalines. Il baissait quelquefois le ton, susurrait quelques paroles dont personne ne tenait spécialement à saisir le sens. Il s’agissait simplement de l’entendre parler, de le voir siroter son cocktail de voyelles et de consonnes entre deux bouffées de Gitanes. Il avait ensuite disparu en une sorte de brume azurée et m’était revenue une folle envie de fumer. J’avais décidé de résister.
Journée entière de travail sans cigarette. Petite flânerie après le labeur. Mais sur le chemin du retour, à hauteur d’une boutique, escale m’avait été imposée, ferme. À l’intérieur de l’échoppe, j’avais foncé vers le rayon des journaux, puis m’étais élancé vers la caisse, quelques magazines à la main. Hélas, la petite attente au comptoir avait eu raison de ma résistance. Retour entre les rayons et ce traître paquet que j’avais posé, à mon retour, sous les yeux de la caissière. Une bataille était perdue certes, mais pas la guerre ! Acheter un paquet de cigarettes ne signifiait rien. Était bien loin le point de reddition. Il fallait dégrafer le boîtier, l’ouvrir, saisir une bûche, la porter à la bouche, allumer un feu et ce feu l’obtenir par un briquet, un briquet qu’il fallait lui-même chercher, trouver, empoigner, orienter et enclencher.
Quelquefois, la tentative était infructueuse. Le briquet amorcé pouvait produire juste des étincelles, étincelles absolument incapables d’allumer quoi que ce fût. Dans ce cas, c’était une boîte, une boîte d’allumettes qu’il fallait chercher, trouver, ouvrir et prendre là aussi une brindille, la frotter contre une surface, être certain qu’elle s’était enflammée. Oui, le tout n’était pas de frotter. L’humidité aidant, le feu pouvait ne pas s’allumer. Serait donc nécessaire de trouver la bonne brindille, entre dix, vingt, trente de ses congénères ; l’allumer, voir la flamme émerger, la protéger des vents brusques, orienter le feu vers la tige tenue aux lèvres, lèvres qu’il fallait, entre-temps, soi-même pincer tout en aspirant ! Oui, était bien long le chemin. D’un bout à l’autre de ce parcours, je pouvais reprendre le dessus.
Pourtant, au bout d’un temps, tout ce raisonnement me parut ridicule. Navrant. Pitoyable. Je retirai simplement le paquet de cigarettes de ma poche, en vidai le contenu au coin d’une rue et remis, comme trophée de ma révolte victorieuse, le boîtier vide en poche, vraiment soulagé ! Or, très tard dans la nuit, l’envie me reprit avec une de ces forces ! C’est alors qu’il me vint de palper la poche du blouson, pour tempérer l’ardeur du désir en inhalant le contenu de l’étui vide. Malheur : ayant traîtreusement échappé à l’épuration du coin de rue, une dernière cigarette s’était tenue en embuscade au cœur du boîtier. Une. Une seule. Rescapée de l’hécatombe !
Elle se mit à me défier d’un œil hardi. Je la saisis, à la fois déconcerté et reconnaissant. Je l’embrassai, féroce, tentai de trouver du feu. Mon estomac se signala net. Contractions. Je bifurquai vers la salle d’eau. Réflexion en tous sens. Apparition d’images en trois dimensions. Décision à la quatrième vitesse : je me jetai, tout vêtu, sous le robinet – la cigarette à la bouche – laissant le robinet fondre sur moi en une cascade épanouie.
Ainsi tomba, les armes à la main, le pétard mouillé de ma dernière cigarette. Voici vingt-sept ans, ce jour !


À fleur de rêves
Il la contemple et lui apparaît, à nouveau, ce mois de mai. Le Val-Doyen. Le pas si calme de la jeune fille. Lui, sans voix. À la regarder réécrire la géométrie. Perplexe de la savoir si proche. Quelques semaines auparavant, elle n’était pour lui que toile. Jupes courtes, traits fluets. Belle gouache à tenir sur les cimaises de la distance.
Les choses ont basculé. Une plaisanterie tout à fait neutre. Et la remarque d’elle, tout aussi simple. Il n’a pas voulu se mentir plus longtemps. L’avenir c’est elle. Ensemble, ils iront sur les routes de la vie, donnant corps à leurs rêves. Ils seront grève et vague, unis à hauteur d’horizon, sous la vaste ombrelle d’azur, partageant pôles et rôles à la merci de leurs fantaisies.
Il a tant à lui dire. Un torrent, un volcan de mots. Il a tendu la main. L’accord de la jeune fille a paraphé. « C’est réciproque ». Réciproque. Elle aurait pu le crier. Dire l’amour sur le ton de la houle. Mais elle a choisi de parler en une économie de mots. « Réciproque ». Rien de moins. C’est une femme. Belle. Discrète. Secrète. Énigmatique. Juste comme il faut.
« Je veux t’épouser ». Elle en a ri. « Peut-être, nous fiancer, d’abord ». Ah oui, se fiancer. Sublimes, les fiançailles. Joli mot pour masquer la face hideuse de l’attente. Le pire des enfers : la félicité constamment différée. Et puis a germé ce refrain implacable : « Non, je ne suis pas prête ».
Il le voit de ses yeux. Des fruits portés à caléfaction et ce refrain à contre-courant de l’évidence. Pour toute force en cette arène de l’attente, rien que le bonheur d’é

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