Le Cénacle de Joseph Delorme : 1827-1830
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Le Cénacle de Joseph Delorme : 1827-1830 , livre ebook

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Description

Extrait : "Je suis de l'avis de Lamartine : il y a vraiment des lieux prédestinés. Au quinzième siècle, par exemple, le mouvement de la Renaissance partit de la province idéale que j'ai baptisée la Bretagne-Angevine, parce que la Loire qui la traverse, de Saumur à Nantes, a fait à la longue aux habitants de ses deux rives une âme à part où il entre bien plus de douceur angevine que d'âpreté et de mélancolie bretonne..." À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN : Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Nombre de lectures 25
EAN13 9782335076561
Langue Français

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Extrait

EAN : 9782335076561

 
©Ligaran 2015

CHAPITRE PREMIER David d’Angers et Victor Pavie

I.– Des lieux prédestinés. – La Bretagne-Angevine et le mouvement de la Renaissance. – Le roi René et la reine Anne. – Leurs cours d’amour. – Comme quoi l’art prima la poésie jusqu’au milieu du XVI e  siècle. – Les maîtres-maçons de la Loire. – La chapelle de la Bourgonnière, en Anjou. – Le tombeau de François II à Nantes. – La Renaissance et Joachim du Bellay. – David d’Angers précurseur du mouvement romantique avec sa statue du Grand Condé. – L’influence de la Bretagne sur Victor Hugo et Lamartine. II.– Victor Pavie, son père, son enfance, ses premières études. – David d’Angers lui sert de correspondant à Paris. – Royaliste et républicain. – Souvenirs de la guerre de Vendée. – La statue funéraire de Bonchamps. – La première rencontre de Louis Pavie et de David d’Angers. – Deux inséparables. – L’amour du pays natal chez David et Victor Pavie. – L’influence de Lamartine sur Pavie. – Le Feuilleton littéraire des Affiches d’Angers . – Victor Pavie y rend compte des Odes et Ballades de Victor Hugo. – Point de départ de leur amitié. – Leurs premières lettres. – Le père de Victor Pavie présente Victor Hugo à David d’Angers. – La liaison du statuaire et du poète. – Ils vont ensemble assister au ferrement des galériens de Bicêtre. – L’atelier de David. – Toute l’École romantique pose devant lui. – Son désintéressement. – Son œuvre immense. – Le Musée David à Angers. III.– Les Français à Weimar. – Les premières traductions de Faust et les dessins de Delacroix. – La Violette et le Roi des Aulnes , de Gœthe. – La Lénore de Burger. – Le Globe publie, en 1827, deux lettres datées de Weimar. – Portrait de Gœthe à cette époque. – Description de son intérieur. – Ses idées sur la littérature française et sur Manzoni. – Ampère le visite et le documente sur la jeune École romantique. – Ce que Gœthe pensait de Victor Hugo. IV.– David et Pavie partent pour Weimar… Ils s’arrêtent à Strasbourg, Cologne, Mayence, Heidelberg et Carlsruhe. – Leur première entrevue avec Gœthe racontée par Victor Pavie. – David fait le buste du grand poète qui se déclare satisfait. – Le 80 e anniversaire de sa naissance. – L’Allemagne en fête à cette occasion. – Les représentations de Faust . – Retour de David et de Pavie.

I
Je suis de l’avis de Lamartine : il y a vraiment des lieux prédestinés.
Au quinzième siècle, par exemple, le mouvement de la Renaissance partit de la province idéale que j’ai baptisée la Bretagne-Angevine, parce que la Loire qui la traverse, de Saumur à Nantes, a fait à la longue aux habitants de ses deux rives une âme à part où il entre bien plus de douceur angevine que d’âpreté et de mélancolie bretonne.
Le roi René fut le précurseur de ce grand renouveau, et la duchesse Anne sa protectrice avouée. Elle naissait quand René mourut. Sur leurs pas se levèrent une nuée d’artistes, peintres, enlumineurs, imagiers, architectes, musiciens et poètes, qui furent l’honneur de leurs cours d’amour, et, pendant cinquante ans, firent de ce val de Loire une sorte de jardin enchanté.
Dès lors, quoi d’étonnant que cette province ait été de leur temps en avance de plus d’un siècle sur le reste du royaume, et qu’aujourd’hui encore le voyageur qui la visite ait l’agrément de cueillir sur les lèvres mêmes des gens du peuple, sous forme de proverbes, de sentences et d’observations, une fleur de poésie et d’urbanité qui ne se trouve que là ?
Mais l’art prima et domina la poésie proprement dite jusqu’au milieu du seizième siècle. Pour un Georges Chastellain et un Jean Meschinot, il y eut dix Jean de l’Espine et dix Mathurin Rodier. Durant des années de liesse et de prospérité, les maîtres-maçons du comté nantais et du royaume d’Anjou émaillèrent les coteaux de la Loire de castels ouvragés, fleuris comme des reliquaires, et dont les mille détails étaient un charme pour les yeux. C’est Mathurin Rodier qui, sous le dernier duc de Bretagne, fut le maître d’œuvre de la cathédrale et du château de Nantes, comme ce fut Jean de l’Espine qui, sous le successeur du roi René, fut l’architecte de l’hôtel Pincé d’Angers et du corps de logis du château d’Ancenis. Et sans qu’aucun document nous ait encore révélé son nom, nous pouvons dire que ce fut également un architecte du pays qui fit les plans de la merveilleuse chapelle de la Bourgonnière, laquelle est à la Renaissance ce que la Sainte-Chapelle est à l’architecture gothique.
Vers le même temps, l’illustre imagier de la duchesse Anne, le breton Michel Colombe, donnait la mesure de son génie dans les quatre figures d’angle du tombeau de François II qui décore aujourd’hui la cathédrale de Nantes.
Il est donc tout naturel que, sur cette terre de délices, entre cette chapelle incomparable et ce royal tombeau, se soit épanouie un jour, dans un manoir du quinzième siècle, la fleur poétique de l’ Olive et du sonnet du Petit Lyré . – Joachim du Bellay est, en effet, l’aboutissant de tout un art et de toute une civilisation ; il représente mieux qu’aucun autre, la Bretagne-Angevine de la Renaissance ; il a tous les traits caractéristiques de la race, depuis la douceur qui confine à la mollesse jusqu’à la mélancolie souriante qui se traduit par la raillerie à fleur de peau. Et je comprends que les poètes de la Restauration, s’inspirant de la Deffence et Illustration de la langue françoyse , aient pris comme mot d’ordre et de ralliement, à l’aube du Romantisme, le cri de guerre de Joachim :

Renouvelons aussi
Toute vieille pensée.
Mais ce qui établit à mes yeux la prédestination de cette province unique sous le rapport des idées, c’est que le mouvement romantique partit de là, comme celui de la Renaissance. N’est-ce pas David d’Angers qui y donna le branle, en 1817, avec sa statue du Grand Condé , et qui, ramassant le mot de Patrie naturalisé par Joachim du Bellay, se fit l’illustrateur, le Phidias de nos gloires nationales ?
Les poètes vinrent après David. Que si Lamartine et Victor Hugo naquirent et se formèrent ailleurs que sur les bords de la Loire, il convient de ne pas oublier que les femmes qui leur ouvrirent le cœur et l’esprit avaient dans les veines du sang breton-angevin. Les Méditations sortirent du tombeau d’Elvire, qui était d’origine nantaise, et les Odes et les Feuilles d’Automne , de l’amour de Victor Hugo pour sa mère et sa fiancée, qui toutes deux étaient de Nantes. Rappelons-nous aussi que les maîtres de Lamartine et d’Hugo, à savoir Chateaubriand et Lamennais, étaient fils de la Bretagne.
Enfin ce qui met le comble à ce miracle d’art et de poésie, c’est que ce fut un Angevin pur sang qui fut le trait d’union entre David d’Angers et les écrivains de l’École romantique.
À cet égard Victor Pavie, car c’est de lui que je veux parler, a droit à toute notre reconnaissance et mérite une place à part dans l’histoire du Cénacle de Joseph Delorme .
II
Né à Angers, le 26 novembre 1808, Victor Pavie était fils d’un imprimeur dont le père, imprimeur aussi, avait passé comme tel par toutes les affres de la Révolution.
Arrêté sous la Terreur pour avoir imprimé des placards royalistes, le grand-père de Pavie avait été sauvé par l’intervention de Choudieu et s’était réfugié en Espagne, pendant que sa femme était enfermée dans la prison de Blois.
Victor fut donc nourri dans la haine de la Révolution. Ayant perdu sa mère en bas âge, il fut confié avec son frère Théodore aux soins d’une admirable fille, nommée Manette Dubois, qui, avant d’entrer à leur service, avait suivi l’armée vendéenne dans sa campagne d’outre-Loire, et qui, ayant été prise et incarcérée au Bouffay de Nantes, n’avait dû son salut qu’au 9 Thermidor.
Jusqu’à l’âge de dix ans, Victor Pavie fut un assez mauvais écolier. Mais, en ce temps-là, les enfants étaient élevés à la diable et connaissaient surtout l’école buissonnière. Après avoir usé pas mal de culottes sur les bancs de deux petites institutions privées, un am

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