Le dernier des Esquelbecq
192 pages
Français

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Le dernier des Esquelbecq , livre ebook

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Description


« Qui veut me tuer ? Et pourquoi ? Je n’ai quand même que 12 ans ! ». Telle est la question que se pose Martin, un petit garçon victime de plusieurs tentatives de meurtre, après le massacre inaugural de sa famille.



Sa fuite est aussi une quête, celle d’un père disparu dans la lointaine Russie, qui avait voulu ressusciter une grande lignée du Nord de la France, les seigneurs d’Esquelbecq, et lui redonner sa grandeur.



Cette échappée mène à des rencontres : l’inquiétant survivaliste Debeer, Pollentier le paisible restaurateur de tableaux et Hana la jeune Tchèque, et premier amour de Martin, qui l’entraînera dans les tours et les sous-sols de Paris ».



Peut-on n’avoir qu’un but dans l’existence : exister ? Peut-on faire confiance au hasard ? Ne faut-il pas, à la fin, affronter la vérité ?





Daniel Vasseur est conseiller maître à la Cour des comptes. Il retourne sur la terre de son enfance, qui est aussi celle des peurs primitives. Son premier roman nous entraîne dans un voyage captivant dans les lumières sombres des souvenirs.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 juin 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9791091590556
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Crédits photographiques : DV copyright La Valette, Unsplash, Freepik
ISBN : 979-10-91590-55-6
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Aux Éditions La Valette
I

Les assassins étaient entrés dans la maison. Martin avait été réveillé en sursaut par les cris et les appels à l’aide, mais c’était comme s’il s’y était toujours attendu. Se dressant sur son lit, il avait déjà compris la situation. Tout allait se jouer dans les prochaines secondes.
Chaque soir, son oncle avait l’habitude de les barricader avant l’extinction des feux. Fermer toutes les portes de la Nieuwenhuys était un rituel qui prenait bien un quart d’heure entier, le cliquetis des clefs annonçant la fin irréversible de la journée. Les fenêtres étaient en verre incassable et aucune ne s’ouvrait ; le matin, il fallait aérer en laissant les portes grandes ouvertes.
Désormais, toutes ces précautions faisaient de la maison un piège pour ses occupants, un piège de mort. Comment fuir ? Chaque issue était soigneusement fermée ou condamnée ! Plus tard, les journalistes parleraient d’un quadruple meurtre, d’une scène de crime atroce, de mobiles incompréhensibles. Et personne n’aurait rien vu ni entendu, le domaine étant isolé au milieu des champs.
Martin se rappelait que, dans la salle de bains, sous la fenêtre hermétiquement fermée, il y avait une sorte de vasistas, qu’on ouvrait après avoir pris sa douche. N’était-il pas trop étroit pour qu’il puisse y passer ? Il s’était déjà posé la question. Il fallait essayer ! Il se précipita hors du lit et fila dans la pièce d’eau, haletant, comme poursuivi par les hurlements d’horreur et de douleur dont la maison retentissait. Il avait fait le choix de survivre.
Il ouvrit le vasistas et se faufila avec précaution et une patience étonnante, alors que son cœur battait à tout rompre. Il fallait se glisser lentement pour éviter de rester bloqué. D’abord la tête, puis les épaules, enfin le corps. Une année plus tard, il n’aurait pas pu passer. Au moment où il se dégageait, il entendit des vociférations dans une langue gutturale et il sentit une main agripper sa cheville. Toute fine, elle glissa entre les doigts du tueur, tandis que Martin prenait appui sur les bords pour se dégager.
Il s’élança dans le jardin en courant droit devant lui. De l’extérieur, une voix grave répondit aux premières ; ils étaient déjà à ses trousses ! Un instant plus tard, il perçut derrière lui le bruit d’un corps tombant dans l’eau. Un des agresseurs avait dû chuter dans la piscine, trompé par l’obscurité !
Il allait prendre la direction des sapins, où il s’était amusé tant de fois, mais une intuition subite le retint. Ce qui lui paraissait une grande forêt ne devait être qu’un bouquet d’arbres dérisoire pour des adultes. Sans chercher à se dérober à la vue des assaillants, malgré la clarté de la lune, il prit le parti de courir droit au portail qui se trouvait au fond du parc. Là, il passa à travers les barreaux de ce dernier (« C’est pas du jeu de sortir du jardin ! » lui avait crié son frère alors qu’ils jouaient à cache-cache), pour s’enfoncer dans le champ de maïs, qui jouxtait la propriété.
Les épis étaient déjà bien plus hauts que lui à cette époque de l’année et ils formaient des allées assez larges pour lui laisser le passage. Quelle bonne idée il avait eue ! Même avec une lampe torche, on ne pourrait pas le voir ni le suivre à la trace.
Il s’arrêta au bout de quelques minutes, jugeant avoir assez avancé à l’intérieur du champ. Sa première pensée fut d’essayer de se calmer et de reprendre le contrôle de sa respiration, pour faire le moins de bruit possible. Il discernait au loin des appels sporadiques, lancés par au moins trois hommes. Cela dura bien une demi-heure. Au bruit régulier qui venait de la direction de la Nieuwenhuys, il finit par comprendre qu’ils avaient dû commencer une battue. Il eut une nouvelle bouffée de peur panique, mais tenta de se rassurer en se disant qu’il pourrait toujours faire discrètement quelques pas de côté en les entendant s’approcher. Le temps travaillait pour lui ; il fallait juste tenir bon jusqu’à l’aube.
Martin s’efforçait de capter toutes les vibrations de l’air. Le danger semblait s’être éloigné. Il se tenait recroquevillé instinctivement, la tête serrée entre les bras et les genoux, essayant de garder un peu de sa chaleur et d’exister le moins possible, tout en se sentant vivre comme cela ne lui était jamais arrivé. Cela dura bien une heure quand, soudain, une tige le frappa violemment dans le dos. Il faillit pousser un cri de surprise. C’était un des hommes ; il marchait à grandes enjambées, les bras écartés, sans doute pour quadriller le terrain avec les autres. Sa main était passée juste au-dessus de la tête de Martin, qui ne l’avait pas entendu, tant il avançait vite. Il n’y avait pas grand-chose à faire contre une telle stratégie ; il avait eu de la chance. Maintenant, l’ayant manqué, ses poursuivants le chercheraient plus loin, sans revenir au même endroit avant un bon moment. Il fallait surtout continuer à ne pas bouger.
L’attente recommença. La première chose qu’il remarqua fut l’odeur. Elle lui rappelait celle de barbecues que préparait son oncle, celle des épis de maïs grillés, un peu sucrés, qu’il préférait de beaucoup à la viande. Un bruit indistinct monta peu à peu. Il finit par prendre forme et ressembler à celui des vagues de la mer. Levant la tête, Martin vit des nuages de fumée noire se détacher du ciel devenu gris et le traverser à grande vitesse, chassés par le vent. Ils avaient mis le feu au champ ! C’était leur dernière carte qu’ils abattaient. L’épouvante s’empara à nouveau de Martin. Cette fois-ci, il ne fallait pas se contenter de rester immobile. Il devait agir, reprendre sa course en avant, sortir du champ le plus vite possible – mais n’était-ce pas précisément ce qu’ils voulaient ?
Bientôt, le ciel se fit mouvant et rougeoyant. Au-dessus de sa tête se succédaient de grandes ombres et des clartés soudaines qui l’aveuglaient. Plus rien au monde n’était stable ni sûr. Les crépitements ressemblaient désormais au rugissement d’une tempête. La panique s’était répan due dans toute la nature et Martin devinait mulots et autres petites bêtes détalant à ses pieds, comme une vie grouillante qui fuyait, éperdue.
La fumée était devenue si piquante qu’il progressait les yeux fermés. Quand il les rouvrait, il ne voyait pas à un mètre de lui. Il s’était mis à courir au hasard, ayant complètement perdu le sens de l’orientation. D’ailleurs, il ne connaissait pas les environs. On lui avait parlé du village voisin de Lozinghem et il imaginait qu’y vivait une espèce de gens différente de la leur. Il toussait, il crachait, mais il ne voulait s’arrêter à aucun prix. Le grondement se rapprochait de lui par la gauche et son premier réflexe fut de prendre la direction opposée. « C’est sans doute ce qu’ils attendent de moi ! » Il décida d’obliquer et de courir en diagonale par rapport à l’avancée du brasier. Maintenant il sentait la chaleur de l’incendie. Et le champ qui n’en finissait pas ! Il allait changer de tactique, lorsque, en une seule foulée, il se retrouva à l’air libre, de manière complètement inattendue.
Débouchant sur un chemin, il s’apprêtait à repartir vers une maison qu’il devinait un peu plus loin à droite, quand il se sentit brutalement pris au collet et soulevé de terre par une main puissante.
« Je te tiens, petit saligaud ! Tu ne nous échapperas pas cette fois-ci ! Tu vas nous payer ça, toi et tes complices ! Alors, où ils sont passés, les grands bonshommes de tout à l’heure ?… C’était qui ? Hein ?! T’as intérêt à parler, là, tout de suite !!! »
Celui qui le tenait et l’agitait à bout de bras, comme un sac qu’on vide de sa poussière, était un vieil homme à la moustache blanche qui brillait un peu dans la pénombre du matin, vêtu d’un gros pull, des bottes kaki aux pieds. La lumière du jour n’était pas encore suffisante pour distinguer ses traits, mais sa voix faisait penser à celle des ogres des contes.
« Tu vas parler, oui ?! » Il paraissait excédé, mais, dans ses paroles, il y avait aussi une nuance de satisfaction, celle de ne plus être une dupe et de prendre sa revanche. Avec ce petit pion pris à l’adversaire, il comptait bien prendre l’avantage en fin de partie.
« Arrête ! Écoute, tu vois bien que ce n’est qu’un bout’chou ! Il est beaucoup trop petit pour être dans le coup ! En plus, il est en pyjama ! » dit une voix féminine derrière lui, sur le ton d’une maîtresse de maison qui a l’habitude de rappeler à l’ordre.
Le vieux céréalier se calma et songea enfin à s’étonner de la prise tout de même assez singulière qu’il venait de faire. « Rapproche-toi de la lampe du tracteur ! » lui dit-il rudement, comme si Martin était libre de ses gestes.
Il le reposa à terre et commença à l’examiner attentivement. Il se pencha autant que sa grande carcasse un peu rouillée le lui permettait, ce qui sembla accroître sa mauvaise humeur. Pour une fois qu’il pensait avoir mis la main sur un de ses persécuteurs – sûrement aux ordres de cet infâme Devliegher voulant se venger du tract, certes anonyme, mais entièrement exact, que le vieil homme avait diffusé pour le discréditer, juste avant le second tour des dernières municipales ?
Outre son accoutrement, dans un état de saleté indescriptible, et l’absence de chaussures, on remarquait chez Martin des traces de suie sur le visage, qui coulaient avec la sueur – on aurait dit des larmes noires. Les particules de carbone, mêlées à ses cheveux presque blancs à force d’être blonds, leur donnaient une couleur grise qui le faisait ressembler à un bambin prématurément vieilli sous l’effet d’une maladie génétique rare.
« Comment tu t’appelles ?
— Martin Dejonkhère van Es

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