Le dernier mot de Rocambole , livre ebook

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Pierre Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)



"Il était deux heures du matin. Il y avait un an, heure pour heure, que M. de Maurevers avait disparu, et l’on parla de lui.


– Messieurs, dit un tout jeune homme, reçu de la veille, au Club des Crevés, car c’était dans le salon de jeu de cet intéressant local de high life que cette conversation s’engageait, je vous demande mille pardon, mais je sais si imparfaitement l’histoire du marquis Gaston de Maurevers, que je serais bien reconnaissant à celui qui voudrait me la raconter.


Le vicomte de Montgeron répondit :


– Je suis ton parrain, Casimir, et à ce titre je te dois des révélations. Sache donc que Gaston de Maurevers était un homme de trente-six ans, beau, élégant, d’éducation accomplie, et riche de cent vingt mille livres de rente.


On ne lui connaissait ni chagrin, ni amour, ni aucun motif raisonnable de quitter la vie.


– Cependant il s’est suicidé ?


– Mais non, voilà ce qu’on ne sait pas. Un soir, il est sorti d’ici, avec Charles Hounot, le fils du banquier.


Ils sont remontés à pied jusqu’à la Madeleine. Le marquis habitait un grand entresol, à l’entrée de la rue de Surène.


Charles l’a mis à sa porte et ils se sont séparés en se disant : « à demain. »



Tome III : "La Belle Jardinière".


Suite de "Les millions de la bohémienne".

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EAN13

9782374638690

Langue

Français

Le dernier mot de Rocambole
 
Tome III
La Belle Jardinière
 
 
Pierre Alexis Ponson du Terrail
 
 
Mars 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-869-0
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 868
PROLOGUE
Le club des Crevés
 
I
 
Il était deux heures du matin. Il y avait un an, heure pour heure, que M. de Maurevers avait disparu, et l’on parla de lui.
– Messieurs, dit un tout jeune homme, reçu de la veille, au Club des Crevés , car c’était dans le salon de jeu de cet intéressant local de high life que cette conversation s’engageait, je vous demande mille pardon, mais je sais si imparfaitement l’histoire du marquis Gaston de Maurevers, que je serais bien reconnaissant à celui qui voudrait me la raconter.
Le vicomte de Montgeron répondit :
– Je suis ton parrain, Casimir, et à ce titre je te dois des révélations. Sache donc que Gaston de Maurevers était un homme de trente-six ans, beau, élégant, d’éducation accomplie, et riche de cent vingt mille livres de rente.
On ne lui connaissait ni chagrin, ni amour, ni aucun motif raisonnable de quitter la vie.
– Cependant il s’est suicidé ?
– Mais non, voilà ce qu’on ne sait pas. Un soir, il est sorti d’ici, avec Charles Hounot, le fils du banquier.
Ils sont remontés à pied jusqu’à la Madeleine. Le marquis habitait un grand entresol, à l’entrée de la rue de Surène.
Charles l’a mis à sa porte et ils se sont séparés en se disant : « à demain. »
Le concierge de la maison a dit depuis, qu’il avait remis une lettre à Maurevers. Cette lettre était arrivée dans la soirée.
Maurevers l’a lue avec une certaine émotion, à la clarté du bec de gaz qui brûlait sous le vestibule.
Puis au lieu de monter chez lui, il a redemandé le cordon, disant :
– Je ne rentrerai que demain.
Le lendemain et les jours suivants, Maurevers n’a pas reparu. La police s’en est mêlée, les journaux ont transmis au monde entier le signalement du jeune marquis de Maurevers ; peines perdues !
La famille de Maurevers a expédié à ses frais des agents en Angleterre, en Russie, aux États-Unis, partout !
On ne l’a retrouvé ni mort, ni vivant !
– Cependant, dit un des membres du club, tu oublies une chose, Montgeron.
– Laquelle ?
– C’est que la police a retrouvé un cocher de fiacre qui prétend avoir conduit Maurevers cette nuit-là.
– C’est vrai, Maurevers l’a pris derrière la Madeleine, il s’est fait conduire à Auteuil, s’est arrêté une heure environ dans une maison de la Grande-Rue, puis il est remonté en voiture et est revenu place de la Madeleine.
Du moins, c’est ce qu’a dit le cocher. Conduit à Auteuil, il a déclaré ne pas reconnaître la maison devant laquelle il s’était arrêté.
Et il y a de cela un an, mes bons amis, acheva Montgeron, et je crois que nous ne reverrons jamais notre pauvre Maurevers.
– Mais cette lettre, sur la lecture de laquelle il est ressorti ?
– Une lettre ordinaire, venue de Paris : on a retrouvé l’enveloppe dans le vestibule ; écriture de femme, comme il y en a dix mille.
– Maurevers était-il amoureux ?
– Il avait la petite Mélanie du théâtre de X..., qui lui coûtait beaucoup d’argent et lui était parfaitement indifférente, histoire d’avoir une maison montée.
– Et pas d’intrigue dans le monde ?
– C’est ce qu’on ne sait pas.
– Moi, dit un des joueurs, je ne crois pas à un suicide.
– Ni moi, ajouta Montgeron, et si vous voulez savoir toute ma pensée...
– Eh bien ?
– Je crois à un crime, à un enlèvement mystérieux, à un de ces événements enveloppés de ténèbres qui, de dix ans en dix ans, viennent jeter la stupeur dans Paris, dérouter tous les calculs, toutes les conjectures, – énigmes terribles dont le hasard seul révèle le dernier mot aux générations suivantes.
Un jour des ouvriers démolissent une maison, un mur s’écroule, on trouve une cachette ; dans cette cachette un squelette ; et des vieillards de Paris se souviennent alors qu’il y a quarante ou cinquante ans, un certain marquis de Maurevers avait disparu.
– Messieurs, dit un jeune homme qui était entré sur la pointe du pied, tandis que Montgeron parlait, cette histoire est vraiment lugubre. Voici une année que chaque soir nous pleurons Maurevers et nous préparons des cauchemars pour la nuit.
Si nous passions à un sujet plus gai ; si nous parlions des amours de notre ami Marion avec la Belle Jardinière ?
– Ah ! oui, à propos, fit Montgeron, où cela en est-il ?
– Excusez-moi, dit encore le jeune homme présenté de la veille, et à qui M. de Montgeron avait familièrement donné la qualification de filleul et le prénom de Casimir, – excusez-moi, mais je ne suis pas au courant...
– On va t’y mettre, répondit M. de Montgeron. Gustave Marion est un de nos amis de la plus belle eau, un crevé extra , pour tout dire. Il a un commencement d’asthme, toussote gentiment, se casse de temps en temps quelque chose sur la banquette irlandaise des courses de Vincennes ou de la Marche, envoie des bouquets à toutes les grues qui débutent quelque part et n’a pas d’autre profession que d’être aimé, pour lui ou pour son argent, peu lui importe !
– Mais qu’est-ce que la Belle Jardinière ?
– Il nous l’a appris, il y a huit jours ; c’est une femme qui habite Bellevue, où elle est marchande de fleurs et occupe une vingtaine de jardiniers.
Il paraît qu’il faudrait aller à Nice, chez Alphonse Karr, pour trouver des fleurs aussi rares et aussi belles que les siennes.
– Et elle est jolie ?
– Marion prétend que si elle entrait à l’Opéra, un jour de grand spectacle, quand les plus belles femmes de Paris s’y trouvent réunies, leur beauté pâlirait auprès de la sienne.
– Et il est aimé ?
– Oh ! non... pas jusqu’à présent... la Belle Jardinière, toujours vêtue de noir, n’aime personne ; on ne lui connaît ni amant, ni mari. Ses employés lui parlent avec le respect de simples chambellans s’adressant à une reine.
– D’où vient-elle ? quel est son nom ? Mystère !
– Marion a déjà dépensé une vingtaine de mille francs en pure perte, pour obtenir des renseignements que personne n’a pu lui donner.
– Vous êtes en retard de vingt-quatre heures, Montgeron, fit le nouveau venu.
– Comment cela ?
– Marion a des intelligences dans la place.
– Bah !
– Il a corrompu l’unique domestique couchant dans la maison, car chaque soir tous les jardiniers s’en vont.
– Et ce domestique ?...
– Lui a vendu pour quelques centaines de louis une clé du jardin et une autre clé qui ouvre le vestibule.
Le reste sera son affaire ; car le domestique prétend que la Belle Jardinière, qui couche au premier étage dans une chambre aux fenêtres de laquelle on voit briller une lumière toute la nuit, n’a jamais laissé pénétrer personne dans cette chambre.
– Eh bien ! que compte faire Marion ?
– Il nous a retenus quatre, moi, le baron Kopp, Alfred Milleroy, et Charles Hounot.
– Pourquoi faire ?
– Mais dame ! pour l’accompagner cette nuit à Bellevue, faire le guet autour de la maison et assister au besoin à son triomphe.
– Mais, cher ami, dit M. de Montgeron, il y a des commissaires de police partout, même à Bellevue.
– C’est son affaire, non la nôtre. Nous n’entrerons pas, et nous l’attendrons. Si la Belle Jardinière se laisse enlever, tant mieux pour lui, si elle appelle au secours... nous filons.
– Parole d’honneur ! dit Montgeron, j’en serais volontiers.
– Bravo, Montgeron, dit une voix sur le seuil, je vous emmène !
Chacun tourna la tête.
Le crevé extra , comme l’avait appelé M. de Montgeron, Gustave Marion, entrait dans le salon de jeu.
– Ce n’est donc pas une plaisanterie ? demanda le jeune homme appelé Casimir.
– Rien n’est plu

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