Le Marquis de Fayolle , livre ebook

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Extrait : "Le plus beau moment pour voir la Bretagne est le mois de septembre ; l'automne commence ; les ormeaux au feuillage velouté, les chênes et les hêtres prennent des teintes plus sombres, et leur feuilles se nuancent de belles couleurs jaunes et rouges ; les fougères sèches se mêlent aux ajoncs toujours en fleurs, et, vers la fin du jour, les grands arbres des montagnes se baignent dans des lointains violets, d'un effet charmant."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Nombre de lectures

30

EAN13

9782335122060

Langue

Français

EAN : 9782335122060

 
©Ligaran 2015

Habent sua fata libelli

Je dois dire ici, pourquoi je place un nom obscur au-dessous d’un nom glorieux, du nom d’un écrivain aimé du public, aimé de tous ceux qui l’ont connu.

L’explication est bien simple :

En 1849, je racontais à Gérard un épisode de la guerre des Chouans ; il écrivit le MARQUIS DE FAYOLLE, qui parut en feuilletons dans le journal le Temps .
Au bout de quelque temps, le journal cessa de paraître, et avec lui le roman commencé.

Tout le monde connaît la fin malheureuse du pauvre Gérard, mort d’ennuis, de misère, de chagrin, et abandonné de ses meilleurs amis…

Pauvre cher grand homme ! si bon, si simple, si dévoué pour tous, si aimant ; si tu avais eu pour vivre et pour rêver, la moitié de ce qu’ont coûté les cierges et la musique de ton enterrement, tu ne serais pas mort…

En souvenir d’une amitié qui remontait à bien des années, j’ai voulu finir ce roman commencé par lui.

Ce sera une larme à sa mémoire, une fleur sur sa tombe…

Dans ce livre, ce qui est bien est de lui, ce qui est mal est de moi.

1 er  mars 1856.
PREMIÈRE PARTIE Les Chouans
Prologue

I
Le plus beau moment pour voir la Bretagne est le mois de septembre ; l’automne commence ; les ormeaux au feuillage velouté, les chênes et les hêtres prennent des teintes plus sombres, et leurs feuilles se nuancent de belles couleurs jaunes et rouges ; les fougères sèches se mêlent aux ajoncs toujours en fleurs, et, vers la fin du jour, les grands arbres des montagnes se baignent dans des lointains violets, d’un effet charmant.
De loin en loin, des deux côtés de la route, on trouve quelques masures en terre, blanchies à la chaux, avec leurs toits de mousse, des hangars de paille, çà et là des paysans trapus, aux membres noueux, aux traits rudes, coiffés de bonnets rouges, vêtus de peaux de chèvres, ou de sarreaux de toile, et les jambes serrées dans des gamaches de toile, boutonnées jusqu’au genou, – poussant devant eux une maigre haridelle mal peignée qui broute au passage quelques touffes d’herbe ou les ronces du fossé.
Plus loin, des enfants en guenilles, jouant avec les poules et les chiens de la basse-cour ; ou des femmes filant la quenouille et faisant paître leurs vaches dans la rigole du grand chemin.
Vers la fin de septembre, deux voyageurs, dont l’un écrit ces lignes, avaient entrepris une tournée en Bretagne. Tous deux fouillant le passé et cherchant dans les châteaux en ruines des enseignements pour l’avenir.
Notre récolte s’était bornée d’abord à quelques croquis de clochers à jour, de dolmens et de menhirs, à des dessins de costumes riches et variés et d’un effet très pittoresque.
Au point du jour, la diligence s’arrêta à Vitré.
Vitré est peut-être la ville de France qui a le mieux conservé sa physionomie du Moyen Âge. Elle a toujours ses vieux porches en bois, à colonnes à peine dégrossies enjolivées de sculptures ébauchées. Ses maisons d’ardoises avec pignon sur rue, ses fenêtres étroites et bizarrement percées, suivant les caprices où les besoins des nouveaux propriétaires, ses rues longues, étroites, mal pavées, et ses lourdes portes chargées d’inscriptions bibliques.
Vitré est la ville des Rohan et des La Trémouille, le berceau de la réforme en Bretagne. Cette grosse tour qui défend le pont-levis converti en rue est la tour de M me de Sévigné.
Son château des Rochers existe encore à deux lieues de là dans les terres, à peu près comme elle l’a décrit dans ses lettres.
Nous avions gardé du caquetage spirituel de cette illustre personne, un souvenir assez agréable pour lui devoir une visite de politesse mêlée d’un sentiment de curiosité.
En sortant de la ville, à droite, sur le bord du chemin vicinal qui mène de Vitré au château des Rochers, nous lûmes sur l’enseigne d’un cabaret le nom de JEAN LE CHOUAN.
Il serait assez curieux, dit le savant d’entre nous, de retrouver là un descendant de ces fiers gars , qui ont remué la Bretagne pendant vingt-cinq ans, donné la main aux Vendéens, résisté à Hoche, et que Napoléon seul a pu dompter en les incorporant dans l’armée d’Italie.
Nous entrons.
Un petit homme maigre et pâle, avec deux yeux gris et une barbe noire nous servit du cidre et des œufs durs.
– C’est vous qui vous appelez Jean le Chouan ? demanda l’un de nous.
– À votre service, Monsieur, répondit Jean.
– Ne serait-ce pas quelqu’un de votre famille qui aurait donné son nom à la guerre des Chouans ?
– C’est mon père, Monsieur, dit le paysan en se dressant avec un mouvement d’orgueil.
– Alors, nous sommes dans le véritable nid de la chouannerie ?
– Pas tout à fait, dit-il ; la chouannerie a commencé dans le château de la Rouërie, à Saint-Ouen, mais ce fut dans les forêts de Vitré, de Rennes et de Fougères que se firent les premiers rassemblements. Le quartier-général était à deux lieues d’ici, au château d’Épinay, dans le village de Champeaux, qui appartenait à M. le marquis de Fayolle, dont vous avez peut-être entendu parler.
– Oh ! dit l’un de nous avec un mouvement d’épaules, je crois qu’on a beaucoup exagéré l’importance politique de la chouannerie ! Les Chouans ne furent que des héros de broussailles, des brigands en sabots et des assassins fanatisés par des prêtres mécontents !
– Ne vous y trompez pas, dit l’autre, qui avait la prétention de généraliser toutes les questions, – ce qu’il appelait voir les choses de haut, – la chouannerie, comme la guerre de la Vendée, fut une résistance plutôt religieuse que politique, et, pour bien comprendre les causes et l’esprit de cette lutte de vingt-cinq années, il est nécessaire de jeter un coup d’œil sur l’état politique et moral de la France avant 1789.
Il est clair que, des deux voyageurs, c’est le savant qui, dans ce qui va suivre, s’est livré à de certaines considérations historiques que l’autre, – le simple rêveur, si vous voulez, – n’a pu que résumer en substance.
II
Il semble, selon l’opinion vulgairement répandue, que la noblesse française ait toujours été solidaire des empiétements de la monarchie. C’est une grave erreur. Aucun historien ne se refuse aujourd’hui à constater la lutte incessante des nobles de province contre les rois et les ministres qui cherchaient à établir le pouvoir absolu sur la ruine des franchises locales.
En même temps il n’est pas douteux que la noblesse défendit souvent ses privilèges personnels plutôt que l’indépendance des populations.
Les grandes idées, les grands dévouements et les beaux caractères allaient s’amoindrissant depuis la féodalité. Après la Ligue, après la Fronde, la résistance de la noblesse prend une teinte purement religieuse ; les plus dignes d’entre les opposants se font tuer ou chasser du royaume. La révocation de l’édit de Nantes emporte à l’étranger les derniers représentants de l’indépendance nobiliaire.
À dater de cette époque la noblesse de province était entièrement domptée. Ce qui en restait ne se composait plus que de familles pauvres ou décapitées de leurs branches les plus illustres, menant à peu près la vie des paysans ou s’enfermant au sein des vieux châteaux dans un isolement sauvage ; quelques-unes même se livraient à l’industrie et au commerce maritime, qui leur offraient une indépendance relative et des ressources dont elles n’avaient pas à rougir.
Quant à la noblesse de cour, son orgueil et son faste suffisaient bien à représenter l’autre dans les parades et les cérémonies, – comme un bel acteur représente un héros. – Les cadets jaloux de leurs aînés, les bourgeois anoblis et les aventuriers élevés par l’intrigue brillaient d’un éclat douteux et passager, traînant dans les antichambres de grands noms, la plupart usurpés ou flétris. Que dire même des parlements, jésuites en robes rouges, crevant d’orgueil, hérissés de latin et empâtés d’érudition, préparant tout doucement sous le masque du bien public un gouvernement aristocratique qui leur attribuât tous les pouvoirs et mît en leurs mains les finances de la nation ?
Toute la magistrature formait une opp

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