Le Mur du Lorrain

Alain Flint

Description

Rimling, en Lorraine. Lorsque l’on est un enfant qui grandit à Creil à la fin des années 50, il s’agit d’un nom qui suggère l’inconnu, un territoire guère attrayant, des confins peu accueillants. Pourtant, c’est dans ce village et alors que sa mère demeure toujours à l’hôpital qu’Alain est envoyé seul, sans son père, pour des vacances d’été chez Mme Schwartz, hôtesse au caractère quelque peu rigide… Or, pour le jeune garçon, accablé par une certaine mélancolie, ce bol d’air imposé s’avère peu galvanisant, tant le choc de se confronter à des étrangers est paralysant, et les mines des habitants peu accommodantes… Un état qui sera néanmoins bouleversé par deux figures qui marqueront son séjour: celles d’Evelyne, qui ne le laissera pas tout à fait indifférent, et de Robert, Lorrain marqué par la guerre, en qui il trouvera un être à admirer et à prendre pour modèle. Un double, voire un triple basculement se dit au sein du roman autobiographique d’Alain Flint. Un réel, qui provoquera la disparition d’un être aimé. Et deux symboliques, puisque ce récit laisse aussi entendre un éloignement de l’enfance au travers de ces expériences phares que sont les premiers émois et l’apprentissage du deuil. Tirant sa force de cette densité des motifs et des événements, de cet écho qui se répercute tout au long des pages, cette œuvre possède cette faculté intense de cerner les zones mouvantes de l’enfance qui s’éteint déjà, les métamorphoses intérieures de l’adolescence, les confrontations brutales à l’existence, qui distille ainsi lentement une émouvante nostalgie.

Informations

• Publié par: publibook
• Date de parution: 22 décembre 2011
• Nombre de lectures: 21
• EAN13: 9782748372656
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Le Mur du Lorrain

Alain Flint Le Mur du Lorrain

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Retrouvez notre catalogue sur le site des Éditions Publibook : http://www.publibook.com Ce texte publié par les Éditions Publibook est protégé par les lois et traités internationaux relatifs aux droits d’auteur. Son impression sur papier est strictement réservée à l’acquéreur et limitée à son usage personnel. Toute autre reproduction ou copie, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon et serait passible des sanctions prévues par les textes susvisés et notamment le Code français de la propriété intellectuelle et les conventions internationales en vigueur sur la protection des droits d’auteur. Éditions Publibook 14, rue des Volontaires 75015 PARIS – France Tél. : [phone] IDDN.FR.010.0117072.000.R.P.2011.030.31500 Cet ouvrage a fait l’objet d’une première publication aux Éditions Publibook en 2011

Prologue. Rimling, 11 avril 2007

Rimling, enfin. Ce village un peu isolé aux confins de la Moselle marque pour moi le terme d’un voyage d’un demi-siècle. Pendant toutes ces années, je suis resté partagé entre mon désir viscéral de retrouver ces lieux et la peur que j’avais d’en prendre un jour la décision. Car on ne vient jamais ici par hasard. Il faut de solides raisons pour cela et je n’en manque pas. J’ai toujours envisagé, mais en secret, ce retour vers un temps et des lieux dont je me suis persuadé au fil du temps être l’unique propriétaire. Ce sont bien plus que de simples souvenirs. Plutôt une charge qui, sans que je puisse m’en délivrer, pesa sur toute ma vie et guida le moindre de mes actes. Comme ces diables à ressort tapis au fond de leur boîte, elle se rappelle à moi à la moindre occasion. À l’effet de surprise, toujours le même, se mêlent des sentiments que je connais bien et que j’ai renoncé depuis longtemps à analyser. Ils sont là, c’est tout, installés comme des fatalités ou des évidences. Je m’y suis habitué mais je n’ai jamais réussi, malgré ces cinquante années écoulées, à prendre une distance suffisante avec ce que j’ai vécu ici. Je n’y suis pourtant pas resté très longtemps. À peine deux mois. Cela peut sembler court pour des mois ordinaires mais ce ne fut pas le cas de ceux-là. À mes yeux, ils ont duré une éternité et effacé en même temps tous mes souvenirs antérieurs. Une véritable naissance : tout se passa comme si ma vie elle-même avait commencé là. Pas ma vie biologique mais ma vie intérieure et, sans doute aussi, ma vie d’homme. En revenant aujourd’hui je

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viens à la recherche de mon pays natal et de mes origines. C’est le sens de mon voyage. Peut-être aussi le fais-je pour exorciser ce que je garde en moi depuis trop longtemps et que je n’ai jamais aimé partager. Rares sont les privilégiés qui savent : seulement des proches comme ma femme et mes enfants mais je me suis toujours efforcé de garder pour moi le plus lourd, tout ce que je ne voulais pas infliger aux autres et que je voulais, peut-être à tort, assumer seul. Les rares fois où je me livrais je ne prononçais que quelques mots. C’était à chaque fois très court tant je craignais de trop en dire. Ceux qui m’écoutaient me connaissaient bien et se gardaient de me poser la moindre question de crainte que je ne m’arrête en reprenant conscience de la réalité du moment. Chacun se contentait d’apprécier ces instants rares imposés par des circonstances particulières et ne voulait sous aucun prétexte me distraire d’une émotion qui transpirait dans mes mots ou mes attitudes. La seule chose que je n’ai jamais confiée à personne fut cette volonté qui m’a toujours habité de revenir un jour à Rimling. Ma femme Christine en fut la première surprise quand je lui parlai de ce voyage mais elle ne protesta pas. Elle savait depuis longtemps combien ce village comptait pour moi. Depuis deux ou trois kilomètres, les lieux me semblent déjà plus familiers. Je ne les reconnais pas vraiment mais un cadre, une ambiance, un je-ne-sais-quoi de déjà vu me font comprendre que j’approche du but. La route étroite descend droit vers un talweg où serpente un ruisseau déjà presque rivière. Avant même d’avoir pu lire le panneau d’entrée de l’agglomération, je sais que le village qui s’étire sur le versant opposé est Rimling. Je m’arrête sur le bas-côté droit, juste après le pont, et coupe le moteur de ma voiture. L’émotion est trop forte. Je dois m’arrêter. Malgré les six heures de trajet, je ne suis pas fatigué. Ma spacieuse et confortable berline, bien française, est conçue pour les longs parcours et équipée en conséquence. Seul le

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