Le renne prend les rênes

Thierry Chambon

Description

Le père Noël part effectuer sa tournée mais cette fois-ci tout tourne mal.

Poursuivi, chassé, mordu, il perd sa hotte et tous les jouets. Son renne est là pour sauver Noël mais n’est pas Père Noël qui veut.

Saura-t-il y arriver ?

Sujets

• Littérature
• Littérature d'enfance et de jeunesse
• Fiction

Informations

• Publié par: Nombre7 Editions
• Date de parution: 10 novembre 2022
• Nombre de lectures: 5
• EAN13: 9782383512950
• Langue: Français

Extrait

Le renne prend les rênes
 
 
 
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Thierry Chambon
Le renne prend les rênes
(Conte de Noël où le père Noël en prend pour son compte et le renne se la raconte…)

 
Préface
Une histoire sur le père Noël qui aura débuté le 1er décembre 2021 pour finir en avril 2022. Un grand merci aux sœurs Christiane et Cathy qui m’ont relu et qui ont vérifié mon orthographe parfois bancale.
Un grand merci aux lecteurs qui m’ont conseillé les titres et qui ont participé par de très gentils messages tout le long de l’aventure. J’espère n’oublier personne : Arobase, Aurélie, Katrina, Sam, Magali, Val, Laetitia, Daniel, Ludivine, Eddy, Ethan, Dorian, Marlène, Katy, Sophie, Dori, Thim.
Je tiens à remercier les personnes publiques, les élus et les commerçants du village qui ont accepté mon imagination.
 
 
Chapitre 1
Mme Covid sème la pagaille en Laponie
Tout commence un 24 décembre au soir, à la nuit tombée, comme tous les 24 décembre de chaque année. Malheu-reusement, ce dernier Noël ne fut ni joyeux ni festif pour le plus célèbre et le plus aimé des papas de la Terre entière : notre père Noël.
Pourtant, cela débute comme à son habitude. Le traîneau, attelé à son plus fidèle renne, l’attend sagement. Confortablement installée sur la droite de la banquette en velours vert, sa légendaire hotte débordant de cadeaux aux emballages multicolores et scintillants illumine le briska.
Arrivant lentement mais sûrement, père Noël, avant de monter dans son traîneau, se retourne vers les lutins pour les saluer et les remercier pour tout le travail accompli tout le long de l’année et surtout ces deux derniers mois. Ses petits lutins lapons se lèvent tôt, ramassent le courrier des enfants, lisent le contenu, rédigent une réponse de leur plus belle écriture à l’encre naturelle de baies de sureau, transmettent le courrier au chef-papa qui signe, plient la feuille, la glissent dans l’enveloppe de papier provenant de l’épicéa, collent un timbre à la résine de pin sibérien, embrassent l’ouverture et ferment délicatement la fameuse lettre du père Noël.
À tour de rôle, les lutins apportent le courrier à la poste de leur village blotti entre conifères et neiges éternelles ; village au nom à rallonge que seuls les autochtones savent prononcer.
Alors que le père Noël se prépare à gravir la première marche, un lutin l’interpelle et court vers lui en lui tendant un tube :

—  Père Noël, père Noël, n’oublie pas ta véritable crème de Laponie, pour te protéger du froid.
Le père Noël répond de sa grosse voix son :

—  oh, oh, oh, merci mon petit ! Mais tu crois ?
—  On ne sait jamais. Mais avec le dérèglement climatique, il peut faire très froid dans le Sud, précise le lutin, les yeux tout ronds, la tête penchée accompagnée d’un léger sourire.
Le père Noël saisit le tube et le glisse dans la poche droite de son manteau. Il ouvre la porte du traîneau, se tient au rebord faisant, de sa corpulence généreuse, pencher allègrement la calèche de son côté. Sans rien dire, le renne contrebalance. Saisissant les rênes, le papa Noël est prêt pour son périple d’une longue nuit, mais un autre lutin se précipite en lui tendant un autre objet.

—  Papa Noël, papa Noël, tu as oublié ton masque.
—  Mon quoi ?
—  Ton masque !
—  Un masque ?
—  Mais oui, avec tout ce qui se passe en ce moment, tu ne peux plus te promener sans masque, précise le lutin. Tu peux tomber malade.
—  Je suis immortel, s’enorgueillit-il.
—  C’est 135 euros dans certains pays, complète un autre, tu n’as pas de sou.
—  Et ce peut être même la prison dans certaines contrées lointaines, rajoute un troisième.
—  Mais c’est ridicule. Je suis le père Noël. Le papa Noël ne porte pas de masque.
—  Tu as raison, mais il y a beaucoup de faux papas Noël sur Terre, lui répond le renne.
—  Vous m’agacez avec votre masque. Je vais le mettre mais pas un masque bleu azur et encore moins un masque noir. Je ne suis pas n’importe qui. Je le mets à condition qu’il soit rouge comme mon manteau avec des élastiques blancs comme ma grande barbe, s’exclame le père Noël.
Un lutin a tout prévu, il range le masque offert dans son pantalon et fait apparaître un joli petit cadeau recouvert de papier rouge et de rubans blancs.

—  Joyeux Noël ! crient tous les lutins.
—  Bande de coquins. Que ferais-je sans vous, sourit-il en déballant le cadeau pour en extirper un joli masque qu’il fixe sur sa bouche. Bon, il est temps de partir ! Je risque d’être en retard.
—  Et le pass sanitaire, tu y as pensé ? prévient le renne.
—  Le pass quoi ?
—  Le pass sanitaire. Tu ne peux pas rentrer dans des espaces clos, ainsi, précise l’animal.
—  Je n’en ai pas. D’ailleurs, je ne sais pas comment l’obtenir.
—  Il faut te faire vacciner ! conseille un lutin.
—  Mais où ?
—  Dans un centre de vaccination !
—  Vous voyez le père Noël débarquer pour demander de se faire vacciner.
—  Surtout que tu as plus de 65 ans. Tu devrais être à ta troisième dose !
—  Tu es une personne à risque, rajoute un deuxième.
—  Tu dois montrer l’exemple, insiste un troisième.
—  Je passe par les cheminées. Je ne vais croiser personne, s’agace le père Noël.
—  Et quand il n’y a pas de cheminées, comment fais-tu ? interroge un quatrième.
—  Je… je… aide-moi le renne, au lieu de rire et de te moquer de moi, s’énerve le père Noël.
—  Tu passes souvent par la porte d’entrée. Sans oublier que tu débarques parfois dans de grandes salles où de nombreuses personnes t’attendent, même les enfants te sautent dessus. Je ne vois qu’une seule solution, ricane le renne.
—  Laquelle ? répondent en chœur les lutins, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte.
—  Oui, laquelle ? s’inquiète papa Noël
—  Le test PCR ! Qu’on lui saute dessus. Tous les lutins sur lui ! crie le renne.
—  Nooooooon, pas le test PCR, hurle le père Noël qui enjambe la hotte et saute de l’autre côté du traîneau tout en s’écrasant dans la neige molle.
La centaine de lutins se précipite vers lui, contournant à gauche, à droite, par en dessous, par au-dessus la calèche. Le père Noël est peut-être bien plus grand que les lutins mais le poids de l’âge s’enfonce dans la poudreuse. Il disparaît sous un monticule de lutins qui le saisissent par les bras et les jambes tout en l’écartelant. Le père Noël couché de tout son saoul dans la neige ne peut qu’admirer la belle nuit étoilée et l’aurore boréale. Le renne s’est détaché et s’approche du père Noël.

—  Allez me chercher le lutin-pharmacien ! ordonne l’animal.
—  Tout de suite, s’écrie un lutin courant dans la tranchée de neige que ses frères ont creusée en sautant sur le père Noël.
—  Et avec un test PCR, s’il vous plaît, précise le renne en pouffant.
Un second « non » interminable déchire la nuit et le froid de Laponie. Le père Noël va avoir un test PCR. Tous les lutins espèrent en silence qu’il soit négatif…
 
Chapitre 2
Positif ou Négatif, telle est la question !
Résumé  : le père Noël s’apprête à effectuer sa tournée. Malheureusement, avec le covid, il doit porter le masque. N’étant pas vacciné, il doit avoir un test PCR négatif. C’est le lutin-pharmacien qui s’en occupe.
 
 
 
Le lutin-pharmacien n’est nullement un pharmacien. Il n’a ni le diplôme ni les compétences. Mais au pays de Noël, chaque lutin a sa spécialité. Il faut dire que la lettre des enfants a bien changé.
Il est loin le temps des pleins et des déliés, des envolées à la plume du Sergent Major et à la syntaxe précise pour avoir comme unique cadeau un joujou en bois. Aujourd’hui, les courriers sont « dans leur jus » comme le revendiquent les parents et les spécialistes de la pédagogie qui nous imposent des règles à n’en plus finir. Le texte doit exister avec ses fautes, son écriture illisible remplie de ratures. Sans oublier les geeks de parents qui préparent dès le berceau leurs chérubins aux textos phonétiques sur les portables et tablettes. Avec ces longues listes incompréhensibles de souhaits et cette évolution technologique, les lutins se sont donc adaptés pour décoder et déchiffrer. Ainsi pour se faciliter la tâche, chaque lutin a une fonction : il y a Lutin-Mécano pour tous les jeux de construction, Super-Lutin pour tous les héros venus d’outre-Atlantique…
La porte du chalet s’ouvre. À la lueur de la bougie qui inonde l’entrée apparaît un être étrange. C’est le Lutin-Pharmacien, coton-tige à la main, portant une charlotte bleu azur, de grosses lunettes translucides de chantier, un masque canard blanc affublé d’une verrue ventouse, une combinaison légère laissant apparaître son bleu de travail rouge, des gants bleu de Prusse et de hautes bottes vertes empruntées au nain de jardin du rayon « Blanche-Neige ». Il grimpe sur le ventre du père Noël et vise les narines avec son arme perfide pendant que les lutins lui maintiennent la tête… (la scène étant insoutenable, je vous épargne l’introduction interminable du test dans la narine en imaginant un fondu noir).
Ayant vu et revu le film du Roi Arthur, le lutin extrait le coton tige et le brandit tel Excalibur à la face des lutins qui s’agenouillent face à cet acte de bravoure. Mais quiconque a vécu le test PCR connaît les dommages collatéraux. Le père Noël éternue si fort que son souffle, associé à son ventre s’étant rétracté au moment de l’éternuement, expulse dans les airs le lutin-pharmacien qui plane au-dessus des sapins. Lutin-ToyStory s’écrie «  vers l’infini et l’au-delà !  ». Un rire génér