Le serment des hommes rouges , livre ebook

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Pierre-Alexis Ponson du Terrail (1829-1871)



"Un soir de janvier de l’année 1746, il y avait bal à l’Opéra.


– Toute la cour y sera, s’était dit madame Toinon, costumière et loueuse d’habits, qui logeait dans la rue des Jeux-Neufs, aujourd’hui des Jeûneurs, à l’enseigne de la Batte d’Arlequin.


Et elle avait ajouté :


– Allons, Tony, fais tes préparatifs, tu m’y conduiras. Je t’habillerai en gentilhomme. – Et vous, patronne, comment serez-vous ? – Je me mettrai en marquise. – Avec des mouches ? – Mais dame ! – Et des paniers ? – Comme ça !...


Et mame Toinon arrondit ses deux bras en les éloignant le plus possible de son corps, de façon à témoigner de l’ampleur de ses futurs paniers.


Or mame Toinon était une jolie brune, accorte et souriante, qui n’avait guère plus de trente-quatre ans, en paraissait vingt-huit tous les soirs, et était la coqueluche de son quartier. Mame Toinon était veuve ; elle n’avait pas d’enfant et n’avait pas voulu se remarier.


Mais elle avait trouvé un matin, sur le seuil de sa porte, un pauvre petit garçon de huit ans qui grelottait et pleurait, et elle l’avait recueilli.


L’enfant abandonné ne savait ni le nom de son père, ni celui de sa mère ; il savait seulement qu’on l’appelait Tony."



Tony, enfant trouvé et commissionnaire chez mame Toinon, n'imaginait pas, en accompagnant le marquis de Vilers jusqu'à son domicile pour livrer des costumes de bal, que sa vie allait basculer ! Le marquis, provoqué en duel, est tué sous ses yeux...

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0

EAN13

9782374638072

Langue

Français

Le serment des hommes rouges
 
Aventures d'un enfant de Paris
 
 
Vicomte Ponson du Terrail
 
 
Novembre 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-807-2
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 807
Prologue
Amis et rivaux
 
I
Le duel improvisé
 
Un soir de janvier de l’année 1746, il y avait bal à l’Opéra.
– Toute la cour y sera, s’était dit madame Toinon, costumière et loueuse d’habits, qui logeait dans la rue des Jeux-Neufs, aujourd’hui des Jeûneurs , à l’enseigne de la Batte d’Arlequin .
Et elle avait ajouté :
– Allons, Tony, fais tes préparatifs, tu m’y conduiras. Je t’habillerai en gentilhomme.
– Et vous, patronne, comment serez-vous ?
– Je me mettrai en marquise.
– Avec des mouches ?
– Mais dame !
– Et des paniers ?
– Comme ça !...
Et mame Toinon arrondit ses deux bras en les éloignant le plus possible de son corps, de façon à témoigner de l’ampleur de ses futurs paniers.
Or mame Toinon était une jolie brune, accorte et souriante, qui n’avait guère plus de trente-quatre ans, en paraissait vingt-huit tous les soirs, et était la coqueluche de son quartier. Mame Toinon était veuve ; elle n’avait pas d’enfant et n’avait pas voulu se remarier.
Mais elle avait trouvé un matin, sur le seuil de sa porte, un pauvre petit garçon de huit ans qui grelottait et pleurait, et elle l’avait recueilli.
L’enfant abandonné ne savait ni le nom de son père, ni celui de sa mère ; il savait seulement qu’on l’appelait Tony.
Il paraissait avoir éprouvé un violent effroi qui lui avait fait perdre la mémoire.
Tout ce que mame Toinon en put tirer, c’est que des hommes masqués avaient voulu le tuer.
La costumière prit l’enfant chez elle et l’adopta.
À partir de ce moment, elle ne songea plus à se remarier, et les mauvaises langues de son quartier prétendirent que l’enfant recueilli était son fils, un péché mignon de première jeunesse dont le mari n’avait jamais rien su. Or, à l’époque où commence cette histoire, Tony avait à peine seize ans, mais il était grand et fort, admirablement bien pris et d’une charmante figure, pleine de malice et d’esprit.
On ne l’appelait dans la rue que le beau commis à mame Toinon .
– Ainsi, vous allez au bal ? demanda-t-il à sa mère d’adoption.
– Tiens, pourquoi pas ? répondit-elle en se jetant un coup d’œil passablement admirateur dans la petite glace placée au-dessus du comptoir. Je ne suis pas encore trop déchirée pour une femme de trente-quatre ans, et je pense que la poudre ne va pas toujours aussi bien à de véritables marquises.
Puis mame Toinon, qui, on le voit, n’était pas précisément la modestie en personne, regarda du haut en bas son commis.
– Et toi, dit-elle, mon petit, sais-tu que tu seras charmant avec ce bel habit bleu de ciel à paillettes, cette veste rouge et cette culotte de satin blanc, que j’ai fait faire dernièrement pour ce gentilhomme de province ?...
– Ah ! oui, dit Tony, et qui vous a laissé le tout pour compte, sous prétexte que vous ne vouliez pas lui faire crédit ?
– Justement.
– Et vous croyez que cela m’ira ?
– À ravir.
Tony, à son tour, se mira dans la glace et ne fut pas trop désolé de l’examen.
– Tu seras à croquer, ajouta mame Toinon, en fixant sur son fils adoptif des regards qui n’étaient peut-être pas très maternels.
– Faudra-t-il me faire poudrer ?
– Mais sans doute.
– Et à quelle heure irons-nous ?
– Tout au commencement. À minuit. Tu me feras danser, j’imagine ?
– C’est que je ne sais pas trop bien.
– Bah ! Je te montrerai !...
– Et qui gardera la boutique ?
– Babet, donc.
Babet était l’unique servante de mame Toinon, – une vieille fille honnête et désagréable, qui baissait les yeux et s’efforçait de rougir quand un homme la regardait par hasard.
Tandis qu’ils causaient, un chaland entra dans la boutique. C’était un gentilhomme d’environ trente ans, de belle prestance, aux airs hautains, et posant avec impertinence le poing sur la garde de son épée qu’il portait en verrouil. Il salua mame Toinon de la main, d’un air familier et protecteur et lui prit même un peu le menton.
– Toujours jolie et toujours veuve ! dit-il.
– Ah ! monsieur le marquis, répondit la costumière, qui ne se fâcha point des petites libertés que le gentilhomme prenait avec elle, vous m’avez dit cela souvent, à pareil jour, ce qui est à la fois une preuve que je vieillis et que vous êtes toujours jeune.
– Plaît-il ? fit le gentilhomme. On dirait que vous tournez une phrase comme M. de Marivaux lui-même, Toinon ?
– Mais non, monseigneur. Je vieillis, puisqu’il y a déjà longtemps que vous m’avez dit la même chose ; et vous êtes toujours jeune, puisque vous revenez, comme jadis, à l’approche du bal de l’Opéra.
Et Toinon prit une pose un peu railleuse.
– Nous nous amusons donc encore ? dit-elle ; nous courons les femmes de la bourgeoisie ?... les caméristes ?... les grisettes ?...
– Silence, madame Toinon, ces choses-là étaient bonnes autrefois.
– Hein ?
– Je suis marié.
Mame Toinon leva les mains au ciel avec une expression lamentable.
– Ah ! mon Dieu, dit-elle, la malheureuse !...
– Tu ne sais ce que tu dis, ma brave Toinon. Le diable s’est fait ermite, et j’adore ma femme.
– Est-elle riche, au moins ?
– Très riche.
– Jeune ?
– Vingt ans.
– Jolie ?
– Comme un ange.
– Et vous allez au bal de l’Opéra, seigneur Dieu ! car, puisque je vous vois, c’est que...
– Chut ! dit le marquis, c’est que ma femme et sa sœur ont eu un singulier caprice.
Mame Toinon regarda le marquis.
– Ces dames, continua-t-il, ont imaginé de s’en aller ce soir au bal de l’Opéra, déguisées en bergères.
– Et vous les accompagnerez, sans doute ?
– Naturellement.
– Déguisé en berger ?
– Ou en faune, je ne suis pas encore bien fixé. Je viens donc vous prier, ma chère Toinon, de m’envoyer, le plus tôt possible, plusieurs costumes complets de bergères. Ces dames choisiront.
La costumière regarda Tony. Tony se tenait immobile dans le coin le plus obscur de la boutique depuis l’entrée du marquis.
– Mon mignon, lui dit mame Toinon, tu iras chez M. le marquis.
– Mais, fit ce dernier, il est bien plus simple que ce garçon vienne avec moi tout de suite.
– Comme vous voudrez, monsieur le marquis.
Mame Toinon, en un clin d’œil, eut assorti des étoffes, empli trois grands cartons et appelé, du seuil de sa porte, un commissionnaire ; puis elle se pencha à l’oreille de son cher commis et lui dit :
– Reviens au plus vite. Il faut que tu te fasses poudrer et que tu te costumes.
Le commissionnaire plaça les cartons sur ses crochets et s’apprêta à suivre le client de mame Toinon.
– De quel côté allons-nous, monsieur le marquis ? demanda Tony.
– Dans l’île Saint-Louis.
Alors le jeune homme, voulant éviter au grand seigneur l’ennui de cheminer côte à côte avec un commissionnaire, invita ce dernier à prendre les rues de traverse et à aller attendre à l’entrée de la rue Saint-Louis-en-l’Isle.
Le marquis, lui, se prit à questionner Tony, tout en marchant. Tony était peu timide ; il avait l’esprit alerte et souple, un peu moqueur, de l’enfant de Paris ; il s’était toujours plu en la compagnie de gens de qualité, lesquels affluaient dans la boutique de mame Toinon, et, le gentilhomme lui ayant quelque peu lâché la bride, le commis se mit à jaser de choses et d’autres.
Le marquis le regarda tout à coup attentivement.
– Tu as la figure fine, dit-il, le pied petit, la main blanche et délicate.
Tony rougit.
– Tu es peut-être le péché mignon d’un homme de qualité.
– Je ne sais pas, répondit Tony ; mais ce que je sais bien, c’est que si je n’aimais pas tant maman Toinon, je me ferais soldat.
– Ah ! et que voudrais-tu être ?
– Garde-française. On a un bel habit blanc à parements bleus.
Le marquis se mit à rire.
– Bon ! dit-il, tu ignores, je parie, que je suis précisément capitaine aux gardes-françaises.
– Vous, monseigneur ?
– Moi, et si tu veux t’enrôler...
Tony allait répondre, sans doute, qu’il aimait trop mame Toinon pour se séparer d’elle ; mais il n’en eut pas le temps, car un troisième personnage vint se m

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