Albertine ou La férocité des orchidées
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Albertine ou La férocité des orchidées , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Trentenaire délurée et inaccomplie, Albertine Bouquet travaille comme écrivaine fantôme pour une polémiste réputée. Outre une affection incontrôlable pour les chats, Rambo et Hochelaga-Maisonneuve, elle porte un amour trouble à deux hommes aux antipodes l’un de l’autre, jusqu’à ce qu’elle rencontre Charlotte, qui pourrait brouiller les cartes.
De nouveaux projets viennent alors modifier sa trajectoire jusque-là chancelante. Plongée dans une exploration conjointe du monde de la finance et du désir féminin, Albertine tâtera d’expériences sensuelles et intellectuelles de plus en plus indissociables.
Résolument féminin et hautement provocateur, Albertine ou La féro­cité des orchidées joue avec les codes de la littérature populaire et amuse avec esprit.
Je regardais Charlotte, satisfaite de l’avoir si près de moi. Elle me terrifiait, cette femme. J’adorais avoir peur, ça tombait bien. Ses yeux étaient si vivants. Elle faisait attention à tout, était très consciente de chaque détail. Je me doutais donc qu’elle me jugeait, qu’elle ne raterait pas un seul de mes faux pas de la soirée, qu’elle verrait la moindre de mes hésitations, tout en étant trop douce et gentille pour le dire. Une main de fer dans un gant de velours, comme on dit. Pour moi, toute seule, j’aurais aimé qu’elle retire ses gants. J’aurais voulu tout entendre, qu’elle crie enfin haut et fort ce qu’elle pense. Une de mes missions sur Terre est d’inviter les femmes délicates à arpenter les sentiers délicieux de la brutalité. À moi, la Charlotte sévère et furieuse. Celle que personne n’a pu rencontrer.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2017
Nombre de lectures 15
EAN13 9782764434369
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des mêmes auteures
Le bal des absentes , La Mèche, 2017.





Projet dirigé par Marie-Noëlle Gagnon, éditrice
Conception graphique : Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marquis Interscript
Révision linguistique : Sylvie Martin et Flore Boucher
En couverture : Montage à partir de l’image de
Annykos / shutterstock.com
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L'an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l'art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Boulanger, Julie Albertine ou La férocité des orchidées (Latitudes)
ISBN 978-2-7644-3434-5 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3435-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3436-9 (ePub)
I. Paquet, Amélie. II. Titre. III. Titre : Férocité des orchidées. IV. Collection : Latitudes (Éditions Québec Amérique).
PS8603.O935A62 2017 C843’.6 C2017-941118-7 PS9603.O935A62 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2017.
quebec-amerique.com



— Et que ferez-vous, Jane, pendant que j’achèterai toutes ces livres de chair et toute cette collection d’yeux noirs ?
— Je me préparerai à partir comme missionnaire pour prêcher la liberté aux esclaves, ceux de votre harem y compris ; je m’y introduirai et j’exciterai la révolte ; et vous, pacha, en un instant vous serez enchaîné, et je ne briserai vos liens que lorsque vous aurez signé la charte la plus libérale qui ait jamais été imposée à un despote.
Charlotte Brontë, Jane Eyre


Chapitre un Sérénade au balcon
« Franchement, Al, tu exagères. Arrête de niaiser et ouvre donc. De grâce, réponds au moins à mes messages… » Voilà, en toutes lettres, le texto qu’Henri m’avait envoyé du bas de mon escalier après avoir sonné en vain à quatre ou cinq reprises, cogné à ma porte, discrètement, puis un peu plus fort, mais pas trop. L’exaspération n’allait pas lui faire perdre ses bonnes manières ou le réduire à écrire comme un béotien, comme il se plaisait tant à le dire. Henri rédigeait toujours à la perfection le moindre de ses écrits : texto, courriel ou lettre d’invectives à l’attention d’un des nombreux incompétents qui ruinent cette société. Devant mon silence obstiné, il a renchéri au bout de deux minutes d’attente : « Tu sais que je suis venu aussi tôt que j’ai pu. » Une minute plus tard : « Ça devient ridicule. » Et tout juste ensuite : « Si je voulais me faire chier avec une fille qui me couvre de reproches parce qu’elle ne supporte pas de passer la soirée sans moi, je serais marié, qu’est-ce que tu en penses ? » Je n’allais pas laisser passer ça. « Wow ! Et tu me dis que je suis ridicule. Trouve mieux. »
Pour tout dire, je ne lui en voulais pas d’arriver si tard. Habituellement, ça m’arrangeait, mais après avoir passé quelques jours enfermée dans mon appart et décrété lorsque vingt et une heures trente avaient sonné qu’il ne viendrait pas ce soir-là, je n’étais simplement plus disposée à établir un contact avec quiconque. J’avais enfilé mon vieux pyjama et m’étais écrasée sur le divan, blottie au milieu de mes trois chats.
Alors que j’étais en train de visionner mon cinquième épisode de Better Call Saul de la soirée, j’ai cru bon d’ajouter : « Je n’ai envie de voir personne. Je suis occupée, j’écris. » En retour, j’ai eu droit à un simple : « À d’autres ! » Il est vrai que je n’avais rien pondu depuis des semaines. Henri le savait. Laconique, je lui ai répondu : « Va chier. » Ma réaction l’assurait déjà de sa victoire. Sûr que j’étais sur le bord de céder, il a ajouté : « Allez, chérie, je n’ai pas traversé la ville jusqu’à ton bled pour rien. Si ça continue, je vais me faire attaquer par un de tes voisins dégénérés ! » Il ne blaguait qu’à moitié. Henri n’avait jamais compris mon attachement à Hochelaga-Maisonneuve. Après avoir réalisé que ce n’était pas en raison de ma condition d’écrivaine inconnue et fauchée que j’y habitais depuis tant d’années, mais plutôt à la faveur d’une sorte d’affection incontrôlable, il avait fini par concéder que mon quartier s’était amélioré récemment, comme en témoignait l’apparition de bars et de restos branchés. Il ajoutait que la plèbe allait enfin disparaître : rien ne l’amusait autant que de me voir m’enflammer. Il avait ainsi pris l’habitude de lancer au moins une remarque désobligeante sur mon quartier ou sur ses habitants à chacun de ses passages, détour obligé de son plaisir et source intarissable d’irritation pour moi. Inévitablement, je répliquais : « Je ne sais pas ce qui me retient de vomir sur ta belle cravate Alexander McQueen. » Et il me rétorquait : « Voyons, tu sais que tu ne peux pas te passer de ma bite. » Nous savions qu’il n’en était rien. Nous étions aussi convaincus de l’intensité de l’attrait qui nous poussait l’un vers l’autre que de son absence de nécessité.
Constatant son échec, il a changé de tactique : « Albertine, j’ai passé la soirée à m’imaginer en train de te prendre. Tu ne peux pas me refuser ça. » La manœuvre était malhonnête et un peu dégoûtante. Aurions-nous été nus et à deux doigts de copuler que je n’en aurais pas moins eu tous les droits de lui refuser ça . Je lui ai répondu : « Try me . » Il avait pourtant réussi à m’avoir par les sentiments. Je n’avais plus envie de lui refuser quoi que ce soit. Décidé à me piquer, il a ajouté : « Si tu ne m’ouvres pas d’ici trente secondes, je devrai aller sur Sainte-Catherine trouver quelqu’un pour assouvir mes désirs. Tu ne voudrais pas être responsable de ça. » Je lui ai répondu : « Tu es trop cave. » J’ai retiré mon vieux pyjama, l’ai lancé dans mon panier à linge sale, ai congédié les chats, puis appuyé sur l’interrupteur en haut de l’escalier.
En m’apercevant dans mon plus simple appareil, il a été ébaubi, puis ravi.
— Après avoir poireauté pendant une heure dans la rue, je m’attendais pas à un tel accueil… Je vais peut-être même te pardonner.
Je ne me sentais guère de goût pour la conversation. Ce n’était pas l’envie de bavarder avec lui qui m’avait convaincue de sortir de ma réclusion, mais plutôt la promesse de bonheur que m’offrait son membre imposant. Il s’en doutait d’ailleurs. Henri avait deux grandes fiertés dans la vie : être doté d’une bite de dimension plus que respectable – légendaire, disait-il parfois – et avoir survécu à la crise boursière de 2008. Je ne saurais dire laquelle de ces fiertés passait avant l’autre. J’ai traîné le bel étalon jusqu’à mon sofa puis ai glissé mes mains jusqu’à son pantalon. La forme de son pénis bandé qui se dessinait à travers celui-ci m’avait mise en appétit. Ma tête se trouvait déjà à la hauteur de l’objet tant convoité quand Henri s’est exclamé, plongeant ses yeux bleus brillants dans les miens :
— Toujours aussi avare de préliminaires, mademoiselle Bouquet !
— Ah bon, ça te dérange ?
— Pas vraiment…
J’ai complété le mouvement entamé et ai descendu sa fermeture éclair et son boxeur, merveilleusement tendu. Sans plus attendre, j’ai saisi son p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents