Antinöus
139 pages
Français

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Description

Antinöus, tome 1 À travers la Grèce
Amalric Denoyer
Ouvrage en 2 tomes. Tome 1 : 480 000 caractères, 80 500 mots (1 000 000 car. les deux tomes, soit 800 pages en équivalent papier).
En mourant à l’âge de 20 ans, Antinoüs acquiert une stature de divinité.
Glorifié par l’empereur Hadrien dont il est le favori, sa beauté sculpturale a inspiré de nombreux artistes qui ont fait de lui un des visages les plus célèbres de l’Antiquité.
Qui est Antinoüs derrière ce visage d’Adonis ?
Sa mort mystérieuse lance l’auteur dans une intrigue mystico-policière passionnée.
Amalric Denoyer retrace la vie de ce jeune éphèbe sur plus de 800 pages équivalent papier, présentés ici en deux tomes.
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2020
Nombre de lectures 8
EAN13 9791029404221
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Antinoüs aimé des dieux
 
Tome 1 : À travers la Grèce
 
 
 
 
Amalric Denoyer
 
 
 
 
 
Note de l’auteur : Sources et enjeux
 
 
Qui ne s’est pas arrêté un jour devant une représentation d’Antinoüs ? À l’image de nos tops modèles contemporains, le favori de l’empereur Hadrien a été maintes fois représenté. Bustes, sculptures et bas-reliefs abondent et il est possible de les contempler au Louvre, à Rome, au Vatican, à Naples, à Delphes, à Saint-Pétersbourg…
Si des traces archéologiques persistent, les écrits sont assez discrets et peu abondants. Pausanias, Dion Cassius, et Aurélius Victor, ainsi que l’Histoire Auguste, souvent cités, ne disent que peu de choses. Antinoüs serait originaire de Bithynie (région localisée aujourd’hui en Turquie), aurait été le favori (παιδικα) d’Hadrien, et serait mort noyé sur les bords du Nil en l’an 130 (les raisons de cette noyade ne font pas l’unanimité : accident, sacrifice volontaire ou non, pratique divinatoire…). Antinoé ou Antinoupolis a été fondée sur les lieux du drame. Des temples ont été dédiés à son culte en Égypte, en Grèce, à Rome, des jeux ont été institués en son honneur… Au passage, les textes écorchent l’image d’Hadrien auquel on reproche sa passion excessive pour la culture grecque, son goût pour les jeunes hommes, un caractère instable et quelques purges parmi les sénateurs et même des membres de sa famille…
Cependant, cet érudit passionné de culture grecque a laissé d’autres traces qui permettent des avis bien plus contrastés. Hadrien est notamment à l’origine de différentes réformes et de lois concernant, la justice et la condition des esclaves. Il est réputé pour avoir rénové ou construit des bâtiments publics dont le Panthéon de Rome. Il a donné un nouveau souffle à la ville d’Athènes et les vestiges de la bibliothèque demeurent un témoin remarquable de cette période. Et surtout, malgré la cruelle répression de la révolte des juifs de Jérusalem, c’est sous son règne que Rome stabilise ses frontières et que s’épanouit pleinement la pax romana, la paix romaine…
On peut légitimement imaginer que les biographies ne sonnent pas très juste à côté de ce que l’empereur a réalisé. Vengeance de quelques purges subies dans les rangs des sénateurs conservateurs ? L’Histoire Auguste, elle-même est un écrit du IV e siècle qui reprend des éléments issus d’autres auteurs et les assaisonne à sa manière. Faut-il y voir l’influence d’un christianisme en expansion cherchant à stigmatiser la période païenne ? L’œuvre d’un amateur en mal de reconnaissance ?
Fera-t-on preuve d’un romantisme exagéré en suggérant que le charme particulier des multiples représentations du favori d’Hadrien ne plaide pas en faveur d’une aventure dénuée de sentiments ? Comment ne pas comprendre qu’Antinoüs a sincèrement été aimé et que sa présence a fortement marqué l’empereur de Rome ? Suggéré dans les biographies, un sacrifice voulu par celui-ci semble bien peu probable… Sans doute l’homme n’était-il pas parfait. Le despote éclairé devait avoir sa vision du monde, ses exigences, ses faiblesses… Antinoüs lui-même, avant d’incarner pour longtemps un des canons de la statuaire antique n’était-il pas fait de chair et de sang, porteur d’un passé et peut-être même de blessures secrètes ? Leur histoire n’a effectivement pu être aussi lisse que le marbre des statues, mais elle n’a sans doute pas été sans épaisseur… Personnellement, je l’ai imaginée charnelle, passionnée et non sans conséquence pour leur entourage. Le jeune Grec et l’empereur ont très bien pu tous les deux s’y brûler un peu les ailes. L’un devant un homme au-dessus de tous les autres, l’autre devant un amour absolu…
On ne peut parler d’Hadrien et d’Antinoüs sans citer Les mémoires d’Hadrien , admirable chef-d’œuvre, de Marguerite Yourcenar auquel elle consacra une partie de sa vie. Le roman explore la vie de l’empereur en nous plongeant dans ses propres pensées. L’ombre d’Antinoüs plane dans le récit et se moule de façon crédible aux événements connus, aux suggestions de l’histoire, aux allusions de divers auteurs anciens.
Loin de moi l’idée de tenter de rivaliser avec le génie de l’académicienne. En toute humilité et par respect pour cette œuvre immense qu’il est impossible d’ignorer, j’ai cherché à m’insérer dans la chronologie suggérée pour la période qui nous intéresse. Je n’ai cependant pas cherché à être exhaustif, car mon seul but était de faire revivre devant nous l’amour atypique entre un homme considéré alors comme le plus puissant du monde et un adolescent aux origines finalement assez obscures.
Face aux descriptifs lacunaires en notre possession de la vie et des voyages d’Hadrien, j’ai ajouté quelques personnages et des intrigues que la grande histoire ne cite pas. Il fallait bien aménager le récit pour éviter qu’il se cantonne à un documentaire. Certes, en voulant m’insinuer au plus près de la vie, j’ai sans doute plusieurs fois trahi la vérité en y mêlant mes propres vues… Mais cet épisode énigmatique ne stimule-t-il pas l’imagination ?
Il fallait également tenir compte du fait que si cette période très ancienne peut parfois nous sembler proche par ses préoccupations de confort et de loisirs, elle reste tout de même fort éloignée de nos représentations. Peuplé de mythes et de dieux souvent plus proches de nos super-héros que d’un être transcendant, l’imaginaire de l’homme antique était à mille lieues du nôtre. La société était patriarcale et divisée en dominants et en dominés. Sa hiérarchisation était fondée sur l’existence des esclaves, des affranchis et des citoyens. Aucune organisation ou association veillant sur le respect des droits de l’homme ne pointait du doigt les défaillances du système. Le psychologue n’existait pas, mais le théâtre et les cultes des temples jouaient ce rôle à leur manière. On n’imprimait pas, mais on copiait. On ne tournait pas de films, mais on sculptait des frises et on peignait des fresques. Des pigments colorés recouvraient les chapiteaux des colonnes que l’on considère souvent de nos jours de façon erronée comme l’exercice de design immaculé issu d’un concours d’architecte… L’antiquité n’avait rien d’une société idéale et parfaite.
Un point particulier demande à être précisé, car il concerne quelque chose qui peut paraître totalement incongru dans le monde d’aujourd’hui. Je veux parler de la pédérastie qui était admise dans l’antiquité dans un certain cadre. Je n’en fais pas l’apologie dans le récit qui va suivre. Je me borne à écrire une histoire dans un cadre historique
En Grèce, la pédérastie se voulait pédagogique et se définissait ainsi : « l’amour qui s’attache à une âme jeune et bien douée et qui, par le chemin de l’amitié aboutit à la vertu. » (Plutarque). Camaraderie guerrière ou attachement générateur de noble sentiments, elle mettait en relation un éraste (adulte) et un éromène (adolescent de douze à dix-huit ans). Ces amitiés pouvaient rester pures, mais elles dérivaient souvent en ce qui se nomme précisément de l’éphébophilie. Les lois athéniennes, cependant, réprimaient le viol des adolescents.
À Rome, la pédérastie était un péché mignon dont on se flattait ou plaisantait, du moment qu’il s’agissait d’une relation active entre un homme libre et un esclave ou quelqu’un de rang inférieur. On se plaisait à dire que les garçons procurent un plaisir tranquille qui n’ébranle pas l’âme, alors que la passion pour une femme plonge l’homme libre en un esclavage douloureux… L’homme libre se devait d’être viril, mâle, actif. À l’inverse, se laisser sabrer pouvait passer pour le sommet de la passivité (en latin, impudicita)…
Une reconstitution reste toujours une hypothèse. Permettez-moi cependant de vous livrer la vision que j’ai eue de l’histoire d’Antinoüs, jeune favori de l’empereur Hadrien. Amis lecteurs, je n’ai que trop parlé, laissez-moi maintenant vous embarquer pour un lointain voyage…
 
 
 
Prologue
 
 
Te souviens-tu, ô muse, d’Antinoüs devenu dieu ? C’était du temps où le monde connu n’excédait guère les rivages de la Méditerranée. Rome avait étendu ses filets sur les terres autrefois conquises par Alexandre, mais n’était pas allée au-delà. Car aux frontières de l’Empire, la civilisation se heurtait aux remparts érigés par les dieux. Au nord, les forêts vastes et profondes abritaient les Germains insoumis. À l’est, les montagnes, la jungle et les pluies faisaient obstacle aux convois. Au sud, la civilisation se heurtait aux déserts de sable de l’Afrique. À l’ouest, le désert était d’eau, infini et soumis aux caprices de Neptune.
Ainsi donc, sur les rives de la grande mer intérieure, patrie d’Homère et de Virgile, rayonnaient la culture, le progrès et la prospérité. De ville en ville et de port en port, les routes terrestres et maritimes répartissaient le blé, le vin, l’huile, les épices, le bois, le marbre, les métaux et même les rouleaux portant la voix des poètes. Les hommes restaient des hommes et tout n’allait pas sans heurt et sans complot, mais la vie s’écoulait. L’empereur, immédiatement après les dieux, veillait à la stabilité du monde et à la sécurité du plus grand nombre.
Arrivé au pouvoir en l’an cent dix-sept, après la mort de Trajan, Hadrien avait cessé d’étendre les frontières et avait retiré les troupes là où elles n’étaient plus nécessaires. En Bretagne, grande île au nord-est de la Gaule, s’achevait la construction de l’ultime frontière, le désormais célèbre mur d’Hadrien qui mettait le monde romain à l’abri des Calédoniens, les barbares écossais.
Désormais, l’empereur consacrait son temps à arpenter l’Empire pour vérifier l’état des frontières, réformer l’administration, évaluer la qualité de la gestion des gouverneurs des provinces et, si nécessaire, rendre la justice. Grand amateur de culture hellénistique et fort curieux d’architecture, il planifiait et inaugurait de nouveaux travaux, et partout dans le monde connu, fleurissaient théâtres, monuments, temples et bibliothèques…
Notre histoire commence au début de l’été de

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