Arizona Trip
49 pages
Français

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Description

Arizona Trip

Maxime Fulbert

Pulp de 187 000 caractères, 32 400 mots

Bruce Briggs, rédacteur en chef du Daily Phoenix, le journal du soir le plus lu en Arizona, m’a signalé, il y a un an, la parution du roman de Stephen Carters, Arizona Trip, chez Condor Books. Il sait que je suis un traducteur affamé de romans gays américains. Il a évidemment fait mouche en me proposant le truc. Je me suis jeté dessus. Bruce m’a indiqué que le roman est ce qu’on appelle un roman à clés. Il faut en effet voir chez certains personnages, notamment les Reynolds père et fils, des « personnalités » connues du grand public arizonien. C’est au point que Stephen Carters a quitté l’Arizona et se terre dans une maison de la Côte Est, perdue dans la campagne. Il n’est pas protégé comme le serait un type qui aurait écorné le gratin de la mafia, mais pas loin. Peut-être me suis-je mis aussi en danger aussi ? Je n’en sais foutre rien. En tout cas, je tenais à ce que les Français fervents lecteurs de romans gays, mais qui ne lisent pas l’anglais, bénéficient de ce texte.

Maxime Fulbert

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Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029401091
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Arizona Trip
 
 
Maxime Fulbert
 
 
 
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
 
 
 
 
Chapitre 1
 
 
La voie rapide, à la sortie de Phoenix, Arizona, était parfaitement carrossable, elle offrait un confort absolu. Le moteur de la Land-rover ronronnait tel un chat, tandis que les kilomètres s’égrenaient avec la régularité du chapelet d’une vieille Hispanique à la messe. L’habitacle ne tremblait ni ne frémissait d’un iota. Le véhicule obéissait aux ordres du conducteur, qui était sage, très respectueux du code de la route comme de ses congénères roulant sur le même ruban noir, au marquage impeccablement blanc qui tranchait nettement sur le noir. La station de radio choisie par Ellis Clark, Terrapico music , diffusait du classique. Elle passait du Mozart à cet instant-là. Ellis Clark connaissait l’opus, mais n’en retrouvait pas le titre. Peu importait. Il pensait que ce qui comptait était la contemplation du paysage enrichie par le son. La jouissance de l’air tiède. La vision des étagements abstraits des habitations résidentielles. Lesdites habitations offraient de faux adobes, des palmiers qui semblaient vouloir s’échapper de leurs jardins clos. C’était avec les palmiers, entre autres, une luxuriante végétation d’oasis des Mille et une Nuits ou des copies modestes des jardins suspendus de Sémiramis.
Ellis Clark regarda Tim, Tim Fevers, son passager. Et coéquipier pour une mission de quinze jours. Une mission anthropologique et archéologique dans les canyons. La mission allait être courte en temps, mais longue en kilomètres. Ils avaient quitté Phoenix voilà deux bonnes heures. Ils passeraient par Scottdale, Altfallen, Prescott, Flagstaff avant de se diriger à l’Ouest, vers Grand Canyon, puis de revenir un peu sur leurs pas pour foncer sur Monument Valley, de renommée internationale à cause de la batterie de chefs-d’œuvre hollywoodiens qui y avait été tournée.
Les lèvres de Tim dessinaient un sourire serein. Le jeune homme de vingt-cinq ans avait le regard qui portait au loin, droit devant lui. Le rayon visuel était concentré en une attention qui aurait crevé le pare-brise, si la puissance de l’esprit eût pu agir sur le monde matériel. Tim Fevers était un « doctorant » de deuxième année qui travaillait avec Ellis Clark. Ce dernier encadrait la thèse de Tim Fevers avec le plus grand sérieux. Le directeur de thèse tenait à emmener son étudiant sur les lieux de ses recherches. Dans les canyons. Sur les lieux offrant ou cachant encore des pétroglyphes amérindiens qui faisaient l’objet d’étude de Tim Fevers.
Ellis regardait Tim, de temps en temps. Comment le trouvait-il ? C’était tellement subjectif. Dans sa tête, il se disait qu’il allait se le décrire scrupuleusement. Décrire le jeune homme. Ce jeune homme précis. Son visage, d’abord. Sa silhouette ensuite, les expressions, les mimiques, les attitudes répétées qui passent à juste titre pour les composantes de la personnalité physique. Tim était un garçon avenant, séduisant, mais pas excessivement beau. C’était un gaillard, un garçon solide, au visage bien ovale et symétrique. Il était châtain assez clair, avec un grand front, signe d’intelligence dit-on, et c’était vrai le concernant, semblait-il, puisqu’il avait été admis dans l’équipe d’Ellis Clark, lequel ne passait pas pour un professeur complaisant.
Et les yeux de Tim Fevers ? Car les yeux en disent beaucoup sur l’âme. Ses yeux étaient tout de même petits pour le grand ovale du visage. Des yeux petits donc, avec des cils très courts, les sourcils bien arqués, assez haut placés au-dessus des yeux et peu pileux, ce qui donnait une certaine légèreté, une certaine finesse au regard, malgré la petitesse de la fente des yeux. Il avait un nez un peu fort, très légèrement épaté, mais très légèrement, sans excès, ce qui l’aurait rendu laid autrement. Mais ce n’était pas du tout le cas. Il était franchement attirant. Quand on le regardait, fut-on fille ou pédé, l’on était charmé. Il n’y avait pas de doute là-dessus, c’était un beau mec, même avec son petit mètre soixante-quinze tassé et râblé. Clark Ellis le trouvait beau et intelligent. Il ne l’avait pas choisi pour cela. Se rendait-il compte ! Lui, un homme de quarante ans. Ou plus exactement divorcé depuis peu. Bref un homme récemment divorcé et qui avait de tout jeunes enfants … de six et neuf ans. On ne l’imaginait pas s’enticher de ce beau jeune homme.
Il est vrai qu’Ellis Clark cultivait un peu la sociologie, à côté de ses spécialités universitaires : l’archéologie anthropologique. Aussi ses considérations sociologiques l’amenaient-elles à s’inquiéter du retentissement d’un petit groupe raciste et homophobe. Un groupe qui se faisait appeler, avec un mot valise sans finesse, le Klux Zona. Un mélange de Ku Klux Klan, de sinistre mémoire, et d’Arizona. Ce qui donnait KZ, familièrement. « Un cas de zona du genre herpès ou varicelle purulente, oui ! » faillit-il dire à la cantonade. La fraternité KZ… Une armée d’étudiants blancs, blonds, autoproclamés hétérosexuels, et puritains intégristes. Une « bande d’abrutis » – estimait Ellis Clark – qui se prenait pour le sel de la terre, pour ce que les États-Unis faisaient de mieux.
Ellis Clark savait que le campus de l’Université de Phoenix comptait une fraternité d’étudiants KZ, dirigée par Dick Reynolds, le fils du Juge de district de Phoenix. Le père, le juge Bradley Reynolds, affichait une évidente sympathie pour les plus virulents des sénateurs républicains à Washington. Pour le Tea Party de Sandra Lines Maylines, la passionaria de la droite de la droite. Des gens qui étaient non seulement pour la peine de mort, mais aussi pour sa mise en œuvre immédiate, sans jugement long et paperassier. Quand on était black, amérindien, hispanique, ou blanc de gauche défendant les blacks, les amérindiens et les hispaniques… Quand les flics vous avaient arrêté la main dans le sac, on devait être lynché. Lyncher les déchets humains ethniques et tribaux et leur soutien blanc dans la foulée.
Ellis Clark était d’autant sensible aux agissements de la fraternité KZ qu’il avait refusé de diriger la thèse du jeune Dick Reynolds, lequel avait proposé comme sujet l’influence négative de la culture des communautés noires, amérindiennes et hispaniques de l’Arizona sur la culture blanche venue de l’Ouest, celle des conquérants. Ellis Clark avait eu le plus grand mal à faire comprendre au fils du Juge Reynolds que le sujet qu’il avait choisi était anti-démocratique et anticonstitutionnel. Depuis, Ellis Clark savait que Dick Reynolds parlait de lui comme du professeur « hautement pédale » de l’institut d’archéo-anthropologie de l’Université de Phoenix. Que répondre à cela à Phoenix même, puisque le père de l’étudiant insulteur était le juge de district ? Il fallait en passer par la juridiction fédérale. Cela prenait un temps énorme, nécessitait des démarches et surtout des dépenses en avocat. Mais Ellis Clark avait soigneusement entreposé dans un coin de son cerveau l’idée d’une réplique légale à cette diffamation, le concernant. À cet appel à la haine raciale et à l’orientation sexuelle. Par ailleurs, il avait un ami avocat à Washington. Si cela devait tourner au vinaigre voire plus, au jus de piment carboyino, il savait qu’il avait cette balle politique et symbolique dans son chargeur.
Tandis qu’Ellis regardait de temps en temps et de manière prompte le jeune Tim, son passager, ce dernier détachait son regard de l’horizon, pour jeter un œil tout aussi prompt à Ellis Clark, lequel, à ces moments-là, évidemment, en était revenu à une concentration sur la conduite et le trajet à suivre pour qu’ils ne se fichassent pas dans le fossé ou qu’ils prissent une mauvaise route.
À quoi Ellis Clark ressemblait-il au physique ? Qu’est-ce que Tim pouvait en penser ? Ellis Clark était un homme grand, fin, d’un mètre quatre-vingt-quinze ou seize, tout dépendait des toises. Il suscitait chez l’observateur l’impression qu’il était maigre. Il avait tout juste quarante ans. C’était une « tête », comme l’on dit, parce qu’il avait suivi son cursus universitaire à la vitesse d’un éclair. Et il était devenu professeur en partageant la chaire d’archéologie-anthropologie de l’Université de Phoenix avec le vieux professeur Morgan Thals.
Non content de devenir professeur de chaire, il avait obtenu pour ses recherches le prestigieux prix Peter Foster, et l’énorme somme de dollars qui en découlait pour l’heureux lauréat. Qu’en avait-il fait ? Il s’était débarrassé du crédit de sa maison d’architecte avec piscine, l’avait fait modifier un peu, et puis il avait généreusement versé le reste à l’Institut d’archéologie-anthropologie de l’Université de Phoenix. Le vieux Morgan Thals avait organisé un drink à l’Institut et prononcé un discours louangeur sur son ancien étudiant Ellis Clark. Il avait évoqué les étapes fulgurantes de la carrière d’Ellis, non sans verser une larme en remerciement du don à l’Institut. Et ce malgré ces temps de mondialisation endiablée et d’individualisme forcené.
Le juge Reynolds, dans l’assistance, avait ricané avec de vieilles figures républicaines de la ville, conviées comme lui. Ils se gaussaient d’Ellis Clark. En se foutant de sa tendance gauche New-Age ou post-hippie, peut-être un « peu pédé » et « suceur de queues d’Indiens ». Il était aussi fin que son fils Dick… Il diffamait ou distillait la haine en toute tranquillité, sirotant d’un air crâne son whisky comme un shérif de saloon hollywoodien. Mais vieillissant, ventripotent, le doigt si gourd qu’il aurait été flingué plusieurs fois avant d’avoir sorti son colt. Si tant est qu’il n’eût pas oublié l’arme et sa ceinture de cartouches chez une pute du centre-ville ; laquelle devait se munir non seulement d’un préservatif, mais aussi d’une pilule de vi

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