Aux bains de Lesbos
9 pages
Français

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Aux bains de Lesbos , livre ebook

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Description

Dans les vapeurs d'un hamman, des femmes s'aiment et se donnent du plaisir.





Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2012
Nombre de lectures 94
EAN13 9782823801637
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Rebecca Sollis

Aux bains de Lesbos

12-21

J’arrive avec un peu d’avance au hammam, afin de me familiariser avec le lieu avant l’arrivée d’Eva. Je suis toute pétrifiée d’anxiété pendant que je me déshabille, solitaire, au vestiaire. Chaque fois qu’une femme pénètre dans la pièce, mon cœur suspend son élan, avant de repartir de plus belle. J’enlève mon haut, dégrafe ma jupe, déroule mes bas avec application. Puis j’enfile la culotte de mon maillot de bain en lycra qui souligne le double renflement de mon mont de Vénus. J’hésite à draper les généreuses auréoles sombres de mes seins dans le carcan de mon soutien-gorge. Dans l’innocente et complice intimité du lieu, il n’est pas rare de voir les femmes s’en abstenir. Mais j’opte finalement pour la carte de la pudeur et bride ma gorge gonflée d’inquiétude dans le tissu élastique. Pourtant, quoi de plus anodin que notre rendez-vous : deux femmes mariées se retrouvant aux bains turcs pour tuer l’ennui d’une longue après-midi hivernale ?

Une fois assise, cuisses nues sur le banc dont la pierre transpire, je scrute avec une crainte sourde le porche ouvragé à l’oriental de l’entrée. Dans l’exiguïté du hammam, il est impossible que je ne vois pas Eva arriver. Je partage l’étuve avec trois jeunes amies qui bavardent gaiement, et deux vieilles musulmanes à la peau tannée par l’âge, courbées en silence l’une à côté de l’autre, et qui s’arrosent abondamment d’eau fumante. La masseuse et gardienne de l’antre vient hanter de temps en temps la brume chaude de sa silhouette languide. Je dessine avec la pointe de mon pied aux ongles laqués de larges 8 à l’infini sur la mosaïque bleue. Elle est en retard. Mon guet fébrile se relâche et, grisée par les vapeurs du lieu, je m’abîme lentement dans de lascives songeries qui font fondre mon ventre en larmes déliquescentes. Des doigts fins effleurent mon épaule et je relève aussitôt mon visage vers celle qui se livrait déjà en rêve.

La première chose que je vois d’elle, presque malgré moi, ce sont ses seins : deux lobes charnus et pleins, à la chair d’une mollesse appétissante. Moins pudique que moi, ma compagne a laissé son haut au vestiaire, et elle n’est vêtue que d’un petit, tout petit slip de bain échancré largement et qui révèle sa nudité plus qu’il ne la cache. Je ne m’étais pas trompée : elle a la quarantaine rayonnante ! En dépit des quinze années qui nous séparent, elle pourrait indubitablement passer pour ma sœur aînée, si elle n’était pas si blonde et moi si brune…

La Vénus callipyge affiche un sourire amical, retroussé par l’orgueilleuse malice de me voir si décontenancée devant sa quasi-nudité. Je me sens déjà démasquée, jusqu’au plus profond de mes désirs inavoués. C’est la première fois que je retrouve Eva ainsi, sans le chaperonnage candide de mon jeune époux, tout à la joie de voir sa femme en si bonne entente avec celle de son patron. Une fois prononcées, dans un soupir pantelant, les salutations d’usage, je reste taciturne, comme tétanisée sous l’œil conquérant de la créature. Elle commence alors à soliloquer en futilités chuchotantes. Je l’écoute. Elle parle de la rudesse de l’hiver, d’un obscur vaudeville, des dernières tendances de la mode… Tandis qu’elle susurre ces banalités comme des secrets inavouables, elle caresse mon genou du bout des doigts et presse sa cuisse contre la mienne.

Lorsque Eva se lève pour aller chercher un bassin de faïence afin de se délasser sous une ondée fumante, je dévore des yeux ses hanches plantureuses en violoncelle, sa taille finement dessinée et la courbe de ses seins lourds. De sauvages envies de presser cette chair souple et luisante me tourmentent. Le jeune trio des amies quitte la pièce tandis que l’ombre fantomatique de la masseuse refait une apparition. Le désir me rend plus audacieuse :

— Si vous voulez, vous pouvez vous faire masser, informé-je ma compagne, en désignant d’un mouvement de tête la vieille femme. Ou bien si vous préférez, je peux le faire moi-même, rajouté-je d’une voix blanche.

Elle me toise avec surprise. Je crains qu’elle ne refuse, et regrette, aussitôt formulée, mon indélicate proposition. Je l’imagine, outrée, raconter à son patron de mari quels projets salaces la femme d’un subalterne a osé nourrir envers elle ! Mais Eva acquiesce, avec un sourire polisson qui me laisse espérer de sa part quelques desseins similaires aux miens. Elle se couche sur l’estrade prévue à cet effet, autel sur lequel je m’apprête à sacrifier toute réserve aux dieux de l’amour. Je vois avec un frisson délicieux sa poitrine pesante s’écraser contre la pierre chaude et mouillée. Étendue de tout son long sur le ventre, elle offre ainsi son dos et sa croupe à mes mains avides. Je la chevauche avec des velléités guerrières d’Amazone, prête à user de toutes les plus maléfiques stratégies pour venir à bout des résistances de ma proie. Mais bientôt, je deviens moi-même victime de mon désir. Une chaleur me saisit dans le bas du ventre. Je reste un instant dans la contemplation béate du grain de sa peau mate. J’enduis mes mains du savon noir, liquide et granuleux. Je l’applique des épaules jusqu’au creux des reins. Elle tressaille à ce contact puis se détend sous mes mains langoureuses.

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