B-Class, vol. 4/5
146 pages
Français

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Description

B-Class
Aline Khor
Volume 4 sur 5
Vol. 4 : 505 545 caractères, 86 644 mots, 421 pages en équivalent papier.
"Si le paradis était accessible à tous, il n'aurait pas plus de valeur que la Terre."
Ainsi se résume la pensée d'Icare MacGregor, journaliste libéral et méritocrate plein d'ambitions. Son objectif : appartenir à une élite.
Quitte à se tuer au travail. Quitte à écraser sans pitié tout ce qui s'apparente à un rival.
Et surtout, quitte à fermer les yeux sur les inégalités sociales qui l'entourent...
Jusqu'alors, Icare avait toujours posé un regard indifférent sur la B-Class, cette caste méprisée et exploitée de toute la société. Mais le jour de ses vingt-cinq ans, une plaisanterie le contraint à entrer en contact avec l'un de ces "objets humains".
Un garçon seul et abusé. Sans dignité et sans valeur.
Riùn n'a même pas vingt ans, et n'a déjà plus d'autre identité que la lettre B tatouée sur son poignet.
Icare se battra pour lui donner des droits... et qui sait, peut-être même plus ?
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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 août 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029402913
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

B-Class #4
 
 
 
Aline Khor
 
 
 
4e partie
Chapitre 53 : Jamais deux sans trois
Chapitre 54 : Happy End
– Entre les pages –
Chapitre 55 : Le doux confort de mon placard
Chapitre 56 : Amour, Gloire et Yaoi
Chapitre 57 : Débattre, se battre et se débattre
Chapitre 58 : Bébé
Chapitre 59 : Judgment of Corruption
– Entre les pages –
Chapitre 60 : En attendant que l’orage passe…
Chapitre 61 : Chasse à courre
Chapitre 62 : L’enfant capricieux
Chapitre 63 : Mourir à petit feu
Chapitre 64 : Repose en peines
Chapitre 65 : The Final Countdown
Chapitre 66 : Changer d’air
Chapitre 67 : C’EST L’ÉMEUTE !
Chapitre 68 : Traître immonde
Chapitre 69 : Une étincelle parmi les flammes
Chapitre 70 : Tu quoque pater mi
 
 
 
 
4 e partie
 
 
 
Chapitre 53 : Jamais deux sans trois
 
 
Des notes claires et délicates caressaient ses oreilles, au rythme de ses doigts claquant contre les touches. Raide et droit sur son tabouret, Riùn jouait une mélodie qui tonnait comme une tempête, reflet exact de ce qui déferlait dans son cœur.
Il souffrait. Il avait peur, il était même terrifié, mais plus rien n’importait du moment qu’il restait accroché à ce piano. Il avait toujours détesté le piano ; sauf aujourd’hui que ça lui permettait de s’exprimer.
Au moment de s’enfuir de la maison, il avait cherché un refuge et un souvenir lui était revenu : lors de la soirée de Camille, le patron du bar lui avait laissé un petit mot. Une proposition d’emploi pour officier ici comme piano-man ; et il avait accepté, parce qu’il n’avait nulle part d’autre où aller.
À présent, tous les clients avaient les yeux rivés sur lui, ce qui le mettait sous une abominable pression. Les larmes brouillaient sa vue alors il gardait les yeux fermés, jouant un morceau qu’il connaissait par cœur, bienheureux que personne ne le voie de face. Ses blessures n’avaient pas encore guéri et il avait une tête affreuse, avec ses cernes et hématomes. Son bras légèrement déboîté ne le gênait pas pour jouer, mais son poignet en revanche, le brûlait toujours à cause de sa dernière mutilation…
Riùn renifla et hoqueta, le son du piano couvrant ce bruit disgracieux. Icare lui manquait, Abys lui manquait. Voilà quatre jours qu’il les avait fuis et il mourait d’envie de les serrer dans ses bras ; mais c’était impossible, il fallait qu’il tourne la page et les oublie.
Le morceau se termina brutalement, jetant un silence qui le hanta même lorsque des applaudissements retentirent. Il essuya ses yeux d’un revers de main ; se levant pour prendre une pause, il s’éloigna de ce public au regard intimidant et alla se réfugier dans sa loge.
C’était une petite pièce à l’arrière du bar, que le patron lui avait emménagée comme une chambre. Très tolérant et généreux à l’égard des gens de la B, il lui garantissait un logement et un entretien quotidien en l’échange de ses services. Et ça lui convenait parfaitement, c’était tout ce dont il avait besoin.
Riùn se laissa tomber sur le petit lit en sanglotant, comme tous les soirs depuis qu’il était ici. Ces draps manquaient de chaleur, d’amour, de tendresse… Même avec tous ces gens qui le regardaient, il se sentait constamment seul.
Guidés par l’intuition que ce petit papier ne pouvait être que leur dernier espoir, les deux autres terminèrent leur course effrénée au pied de l’établissement. Une sublime mélodie se jouait au piano à l’intérieur, les poussant à entrer sans réfléchir une seule seconde. Et alors enfin, pour la première fois depuis quatre jours, ils le revirent et sentirent leur cœur s’alléger d’un immense soulagement.
Riùn était au fond de la pièce et mettait toute son âme dans son morceau, comme s’il avait fait ça toute sa vie. Impassible et élégant dans son beau costume noir, tel un homme prenant son café du matin au beau milieu d’un ouragan.
Il paraissait beaucoup plus fort, plus mature et sérieux que jamais ; il avait grandi pour braver ses vieilles peurs et en faire sa plus belle arme.
— Putain c’est magnifique… frémit Abys dont chacune des notes pénétrait le cœur, teintant ses joues d’une couleur écarlate.
— La fugue en sol mineur… il la joue tellement bien.
N’osant pas l’interrompre, tous deux restèrent presque immobiles à l’entrée du bar, se rapprochant légèrement pour profiter ensemble de ce superbe spectacle. Leur respiration calée sur la musique, ils dévoraient le garçon du regard, touchés par toute la douleur qui se dégageait du morceau.
Lorsque celui-ci prit fin, l’effet d’un rêve brisé se produisit. Icare sortit de sa torpeur le premier et le voyant s’enfuir vers le fond de la salle, tenta de l’interpeller pour attirer son attention. Mais les applaudissements du public faisaient trop de bruit pour qu’on l’entende… il dut se résigner à s’élancer à sa suite, talonné de près par un Abys plus que déterminé.
Leur course se termina devant une petite pièce, dans laquelle Riùn venait de s’engouffrer et dont il avait fermé la porte ; un moment, ils hésitèrent à frapper. Puis l’idée d’entrer directement leur parut plus efficace, car en le prenant par surprise ils ne lui laisseraient pas le temps de s’enfuir.
Ce fut bien la surprise qui, en effet, se peignit immédiatement sur son visage. Il releva la tête en les reconnaissant, l’air effrayé, les yeux encore rouges et humides comme s’il venait de pleurer. N’étant pas le genre de personnes à s’enfuir en sautant par une fenêtre, il se retrouva coincé sans la moindre échappatoire, et se roula en boule dans les couvertures pour se cacher.
Instinctivement, son premier réflexe fut de se couvrir la tête de ses mains pour se protéger. Il avait une peur irrationnelle des deux autres désormais, comme s’il avait peur qu’ils lui fassent payer sa fugue…
— P-partez… murmura-t-il d’une voix tremblante à en briser des cœurs.Vous ne devriez pas être ici…
— Bien sûr que si Riùn, on est venus te chercher !
— Mais je ne veux pas, vous ne me manquez pas ! mentit-il pour les éloigner.
— Dans ce cas, pourquoi t’étais en train de pleurer ?
Cette remarque un peu trop pertinente d’Icare suffit à l’achever, et ne trouvant rien à répondre il finit par éclater en sanglots. D’accord, ils avaient gagné. Ils lui manquaient terriblement, il voulait rentrer à la maison, il en avait marre de tout ça…
Soulagé qu’il ne tente pas une fois de plus de leur échapper, Abys s’approcha pour le dégager des couvertures et l’enlaça. Une étreinte forte et puissante, qui réchauffa un peu son cœur meurtri.
— Reste calme et écoute-moi, ordonna-t-il d’un ton ferme, mais tendre, comme celui d’un père qui le réprimanderait gentiment. On s’en branle de Ryse, t’as rien à craindre de lui. Enfin si, mais de toute façon on te protégera et s’il ose te toucher je lui pète l’anus !
— Et puis ça sert à rien de lui obéir, ajouta tristement le second, il n’est pas du genre à tenir ses promesses. Dès qu’il sera lassé d’avoir détruit notre couple, il reviendra d’autant plus dangereux et tordu.
Le garçon prit le temps de réfléchir et de remettre ses idées en place, encore un peu perdu. Puis pesant chacun des mots de ses deux compagnons, hocha la tête et se résigna à les écouter.
Il se blottit contre leurs deux corps, épuisé, et un gros soupir de soulagement remplaça ses pleurs. Ils avaient raison, il fallait qu’il profite du peu de temps qu’il pourrait encore passer avec eux, avant qu’un nouveau drame ne se produise…
Et puis seul, il n’arrivait pas à gérer toute la cascade d’émotions qui s’abattait sur lui.
— J-j’ai envie de rentrer… gémit-il comme un petit enfant fragile, accrochant fermement les vêtements d’Abys.
— Bien sûr qu’on va rentrer, évidemment… Et au fait, je n’ai pas encore pu te le dire, mais sache que tu étais splendide, tout à l’heure…
Et ce fut les joues en feu que Riùn rentra finalement avec eux, terriblement embarrassé. Alors ils l’avaient vu et entendu… et ils l’avaient trouvé beau, même malgré l’état affreux dans lequel il était ? Voilà qui lui fit un bien fou et lui rappela ce pour quoi il aimait tant chacun d’entre eux.
Dès leur arrivée à la maison, ce fut comme si toute son angoisse se libérait d’un coup. Il s’affala sur une chaise et se laissa examiner, afin de vérifier qu’aucune de ses blessures ne s’était rouverte ou aggravée.
Il était vrai que son apparence avait de quoi inquiéter, puisqu’il mangeait et dormait très peu en ce moment. Son teint était pâle, ses yeux sombres et fatigués et surtout, ses cheveux en bataille lui couvraient désormais la nuque… on avait l’impression qu’un soufflet pût le briser, tant il était fragile.
— J-je suis désolé, bégaya-t-il en baissant la tête. Je vous ai… fait peur, et désobéi… vous vous êtes inquiétés pour moi alors que je le mérite pas. Vous voulez toujours de moi, hein…? Vous me d-détestez pas ?
— Bien sûr que non, triple andouille ! rassura Icare en lui plaquant un doux baiser sur la joue. Ce n’était pas de ta faute, et tu es pardonné même pour tout ce qui s’est passé avant…
Avant… Riùn leva les yeux au plafond pour réfléchir et retrouver la mémoire : maintenant qu’il y pensait, c’était vrai qu’ils lui en avaient voulu pour avoir été aussi entreprenant avec Abys. Avec tout ce qui s’était passé dernièrement, il avait fini par complètement oublier cette histoire. Et au fond c’était bien de cela que tout était parti : s’ils ne s’étaient pas disputés aussi violemment, il n’aurait pas été enlevé par Suprématie et n’aurait pas rencontré Ryse, il n’aurait donc pas été séquestré et torturé pendant tout ce temps…
Tout était de sa faute, comme d’habitude. Mais on lui pardonnait, car cela faisait bien trop longtemps, comme en témoignait le paysage hivernal que l’on pouvait contempler par la fenêtre. Un mois et demi, commençait-il enfin à réaliser. Un mois et demi sans eux…
— … Il a dû se passer des tas de trucs en mon absence, non ? s’enquit-il en mangeant pour reprendre un peu de forces.
— Ouais, t’en as raté des belles…
Les visages s’assombrirent d’un seul coup à ces mots, et ils s’affairèrent à raconter tout ce

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