Captif
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Français

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Description

Captif
Tony Wurtz
Roman de 210 500 caractères, 37 000 mots, le livre papier fait 252 pages.
Captif pendant des mois d’un homme mystérieux qui lui fait subir toutes sortes de violences sexuelles, Pierre ne comprend pas ce qui pousse celui-ci à tant de perversité. Semaine après semaine, il passe par toute une palette de sentiments et d’émotions, depuis la peur jusqu’à l’acceptation de son sort.
L’arrivée de Romain, une autre victime de l’homme, va perturber ce fragile équilibre. Pierre échappera-t-il à l’emprise de son bourreau ?
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029403477
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Captif
 
 
 
Tony Wurtz
 
 
 
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
XXX
XXXI
XXXII
XXXIII
XXXIV
XXXV
XXXVI
XXXVII
XXXVIII
XXXIX
XL
XLI
XLII
XLIII
XLIV
XLV
XLVI
XLVII
XLVIII
XLIX
L
 
 
 
 
I
 
 
Le jeune policier, sans doute tout frais émoulu de l’école de police, m’a guidé à travers le dédale des couloirs du commissariat pour me conduire jusqu’au bureau de l’inspecteur Werli. Ce n’était pas, loin de là, ma première visite, mais je me perdais toujours dans ce labyrinthe de corridors. Il devait être un peu plus de dix heures. J’avais regardé ma montre quelques minutes auparavant, pendant que j’attendais, à l’accueil, qu’on vienne me chercher. Je tenais beaucoup à cette montre, mon père me l’avait offerte le jour de mes seize ans.
Il faisait très chaud dans le bâtiment. La climatisation ne fonctionnait pas. Y’en avait-il seulement une ? Ce mois de juillet 2018 avait été caniculaire. Je sentais des gouttes de transpiration sous mes bras, dans mon dos. La chemise blanche, que j’avais endossée tôt le matin, était déjà humide. C’était une sensation désagréable, mais je n’y pouvais rien, je n’avais pas pensé à apporter des vêtements de rechange. Il était trop tard pour que je téléphone qu’on vienne m’en apporter, je n’allais sans doute plus devoir patienter trop longtemps, il était rarement en retard. De toute façon, Angelo avait sans doute déjà quitté l’appartement pour l’université. Il avait cours tôt, le lundi. Et il ne ratait aucun cours, ce qui n’était pas mon cas.
Werli est venu au-devant de moi, comme il l’a toujours fait. Il fait preuve à mon égard d’une certaine déférence. Je crois surtout qu’il cherche à me ménager le plus possible, sachant ce à quoi j’ai été soumis pendant plusieurs mois. Nous avons tous deux établi, dès le début, de bonnes relations. Le tout premier contact avait été presque chaleureux ; il a été un des rares, je crois, à comprendre ce que j’avais pu endurer et ce que je pouvais désormais ressentir. Nous avons échangé une franche poignée de main, cette fois encore, puis il m’a précédé jusqu’à son bureau, me cédant le passage pour y entrer. Pendant que j’ai pris place sur le siège habituel, il a refermé la porte derrière nous. Un de ses jeunes collègues était déjà là, installé derrière son ordinateur, prêt à dresser le procès-verbal. Je le connaissais lui aussi. Il m’a salué d’un petit signe amical de tête. Une fois assis à son tour, Werli a posé devant lui son gros dossier, toujours le même, celui à la couverture verte. Au début, je ne regardais que cette couverture, je fixais les yeux sur la couleur, je n’arrivais pas à supporter tout ce qu’il y avait autour. Depuis, j’ai repris peu à peu de l’assurance. Je peux regarder celui qui me questionne dans l’ex yeux sans ciller. Je le dois en grande partie à Werli, qui a toujours su mener les interrogatoires avec tact. Il me comprend, il sait quand il doit insister et quand, au contraire, il est préférable de changer de sujet, quitte à y revenir ensuite plus tard. Je lui en suis reconnaissant. J’essaye toujours d’être le plus précis possible dans mes déclarations. Il m’en sait gré.
« Alors, Pierre, comment vas-tu, aujourd’hui ? ». Au commencement, il m’avait vouvoyé, naturellement. Il ne savait pas trop à qui il avait affaire. Et, après tout, c’était moi la victime. Au fur et à mesure de nos rendez-vous institutionnels, une certaine intimité s’est établie entre nous ; il est facilement passé au tutoiement. Cela ne m’a pas choqué, bien au contraire. J’y ai vu là une marque supplémentaire de sympathie à mon égard. Je continue à le vouvoyer, certainement parce qu’à mes yeux il est avant tout un représentant de l’autorité. Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est sa voix, tout à la fois professionnelle et amicale. J’ai parfois eu l’impression que Werli était un peu comme le grand frère que je n’avais pas eu. Un frère pour qui j’aurais éprouvé admiration et respect. Pourtant, nous ne nous sommes jamais vus en dehors de son bureau. Mais nous y avons passé tant d’heures, depuis ma libération, qu’il ne peut plus être pour moi un inspecteur ordinaire.
« Pierre, comme je te l’ai indiqué hier au téléphone, ceci sera ta dernière déposition. Ensuite, je vais tout transmettre au juge d’instruction chargé de l’affaire. C’est lui qui te convoquera quand il aura étudié le dossier. Pour qu’il te dérange le moins possible, il faut que je lui remette quelque chose de béton. On a fait jusqu’à présent du bon boulot, toi et moi. Aujourd’hui, nous allons devoir tout revoir ensemble de A à Z, avant de mettre le point final. C’est l’occasion pour toi de préciser ou de rectifier certaines de tes précédentes déclarations. C’est important, le moindre mot peut avoir son influence au moment du procès. Tout est clair pour toi ? »
Tout était très clair pour moi. Je savais que nous en avions pour des heures. Que je n’étais pas près de rentrer. Mais il fallait en passer par là. Après, je pourrais enfin passer à autre chose. Recommencer à vivre pleinement. Du moins je l’espérais.
« Par quoi préférez-vous que je commence, inspecteur ?
— Nous allons procéder par ordre chronologique, ce sera plus simple pour toi, d’accord ?
— Ça me va, oui, donc avec le jour de l’enlèvement ?
— Si tu veux bien, oui. Pietri, tu es prêt à noter ? »
Werli venait de s’adresser à son collègue. Celui-ci a acquiescé. Il avait déjà les doigts sur le clavier. On n’attendait plus que moi.
« Je t’écoute, Pierre. On remonte donc au premier jour. »
J’ai commencé alors à raconter à nouveau ce que j’espérais pouvoir bientôt oublier.
 
 
 
II
 
 
Werli est un homme charmant. Si je l’avais rencontré avant toute cette histoire, je crois que je l’aurais remarqué tout de suite. Je pense même que j’aurais essayé de capter son attention. Et plus si affinités. Il n’est pas si âgé que cela, je ne lui donne pas quinze ans de plus que moi. Ses quelques cheveux blancs lui donnent un air plus sérieux, presque protecteur. On a envie de se blottir dans ses bras quand on le voit. Évidemment je l’ai toujours vu habillé. Mais même avec ses vêtements, on arrive à deviner qu’il est bien bâti. De larges épaules, des cuisses musclées, une taille fine, des pectoraux saillants, un ventre plat : je suis sûr qu’il pourrait poser dans des revues de mode ou même dans des revues plus orientées. Je l’imagine avec une abondante toison sur tout le torse, puisqu’à plusieurs reprises des poils dépassaient de sa chemise dont il avait négligemment laissé ouvert le bouton du haut. Négligemment ou intentionnellement. Pour ce qui est du reste, il ne lui manquait rien : des fesses bombées toujours moulées et un paquet bien fourni dans des pantalons très serrés. Je le soupçonne de les prendre volontairement une taille en dessous de sa taille réelle pour mieux se mettre en valeur. Je ne sais pas du tout s’il est gay. J’en doute même. J’ai remarqué que toutes ses collègues féminines se retournent sans cesse sur lui et qu’elles échangent entre elles des petits sourires entendus. D’ailleurs, j’ai noté tout de suite qu’il portait une alliance et il que trônait sur son bureau une photo encadrée représentant un très jeune garçon. C’est peut-être une photographie de son enfance, mais je pense plutôt qu’il doit s’agir de son fils. Je ne dois donc pas trop regretter que Werli n’ait pas fait partie de ma vie d’avant. Et maintenant, il y a Angelo, alors ce serait difficile de lui faire une place.
 
 
 
III
 
 
Le cours d’histoire ancienne à peine terminé, j’ai quitté l’amphithéâtre, bousculant les autres étudiants. Angelo m’attendait dans le corridor, tout sourire. Le sien s’était achevé un peu avant. Nous avons un peu bavardé tous les deux, assis sur les marches de l’escalier le plus proche. Il avait apporté deux cafés qu’il était allé chercher au distributeur.
Je fréquentais Angelo depuis maintenant deux mois déjà. Il étudiait les langues, moi l’histoire. Il arrivait de Rome, j’avais pour ma part passé toute mon existence dans cette ville universitaire de province, qui ressemblait à n’importe quelle ville de province. Nous nous étions croisés, la première fois, à la cafétéria du campus. Elle était bondée. Il était venu s’asseoir à ma table après m’avoir demandé si la place en face de la mienne était libre. Nous avions rapidement échangé quelques mots et bientôt sympathisé. De fil en aiguille, je me suis retrouvé, le soir même, dans son lit. Il n’était pas farouche et moi non plus. J’avais tout de suite été conquis par son physique italien, il ressemblait à Marcello Mastroianni au début de sa carrière. Nu, il était à croquer, et je n’avais pas hésité à le faire. Nous avions passé un moment particulièrement agréable. Sans vraiment sortir ensemble, nous avions commencé à nous voir régulièrement, au moins une fois par semaine. Souvent davantage. Il était de bonne compagnie. Il avait pour moi de petites attentions qu’aucun de mes mecs précédents n’avait eues avant. Comme, par exemple, m’attendre avec un café. Il n’avait qu’une demi-heure de disponible avant son prochain cours. Nous avons donc décidé de nous retrouver, le soir même, chez lui. Son père, un politicien italien, lui avait acheté un appartement luxueux dans le centre-ville, dans un de ses petits immeubles modernes qui poussaient comme des champignons après qu’on a rasé les maisons anciennes, plutôt que de les réhabiliter. J’habitais encore chez mon père. Depuis la mort de ma mère, quelques années auparavant, suite à une longue maladie qui avait été particulièrement difficile à vivre pour lui, je m’étais un peu senti responsable de lui. Il avait mis du temps à se remettre de sa disparition. Il pensait toujours ne pas en avoir assez fait pour elle, alors que pourtant il ne l’avait pas quittée pendant tout le temps où elle était restée alitée, dans les derniers mois. Quand je m’étais inscrit à

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