Chassé-croisé à Hambourg , livre ebook

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Chassé-croisé à Hambourg

Amalric Denoyer

Roman de 202 000 mots, 1 170 000 caractères

Jeune français venu faire son apprentissage de facteur d'orgues à Hambourg, Nicolas croit découvrir l'amour en changeant de colocation. Cependant, sa rencontre avec le milieu nocturne de la ville le confrontera à un choix inattendu. Entre un beau blond au passé trouble et un beau brun mystérieux son cœur devra livrer bataille.

Par sa fraîcheur, son innocence et parfois aussi son obstination, Nicolas sera l'élément déclencheur d'une série d'événements qui ramèneront l'harmonie au milieu du chaos semé dans un lointain passé.

Dépaysement, humour, amours, délices et orgues sont les ingrédients principaux de ce récit qui se déroule en grande partie sur les bords de l'Elbe, mais qui nous fera faire aussi quelques détours inattendus...

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EAN13

9791029400797

Langue

Français

Chassé-croisé à Hambourg
 
 
Amalric Denoyer
 
 
 
 
 
 
Prologue : La ville sur le fleuve
 
 
Déjà bas dans le ciel, le soleil joue avec le fleuve qui miroite au rythme des ondulations et des courants qui le parcourent… L’Elbe s’étale en majesté entre la ville et le port et on s’attendrait presque à trouver la mer au-delà des installations. Pourtant, l’estuaire s’étale encore sur une cinquantaine de kilomètres avant la mer du Nord et malgré la présence de gros tonnages et de nombreuses installations portuaires, le premier port d’Allemagne est bel et bien situé à l’intérieur des terres.
Grande ville commerciale depuis le moyen-âge ayant bâti toute sa richesse grâce au fleuve, la cité qui s’étire ici est à elle seule un état ou tout au moins un land de l’Allemagne du nord. Ainsi c’est édifiée Hambourg sur les berges de l’Elbe, résistant aux assauts du temps et des guerres, ville contrastée, encore ancrée dans le passé et déjà lancée vers le futur.
Inévitablement, ce grand port occupé à commercer avec le monde entier est une ville cosmopolite grouillant de monde et d’activité, mais à l’allemande… Pas de pagaille ici, pas de cris, pas d’hystérie au volant, pas de contestations inutiles malgré la présence de presque deux millions d’habitants… Hambourg n’est certes pas Marseille, sa ville jumelle en France, deux fois plus bruyante avec deux fois moins d’habitants… Mais il ne faudrait pas croire qu’en ces lieux les passions sont éteintes…
En effet, les nuits de cette ville laborieuse, universitaire et touristique sont parfois moins calmes que les jours. Quand une partie de la population remplit sagement les restaurants et se cultive dans les théâtres et les salles de concert, l’autre partie, au mieux, discute dans les bars et se dépense dans les boîtes de nuit, au pire, se noie dans la bière et s’encanaille dans les boîtes de strip-tease…
 
*
* *
 
Au milieu de cette forêt de pierre, de verre, d’acier et de pavés, lançant ponts et passerelles par-dessus ses canaux, s’organisant autour de ses deux lacs ainsi que de ses nombreuses places et autant d’espaces verts, se dressent les flèches et les clochers des églises qui cherchent à relier les préoccupations terrestres aux bénédictions du ciel…
Et en cette fin d’après-midi, quelque part entre ciel et terre, une étrange musique se fait entendre derrière les murs de brique rouge de la Jacobikirche ( Église Saint-Jacques )… C’est ici que commence véritablement notre histoire…
 
 
 
1. Accord, désaccord et arrangement
 
 
Si l’on avait pu à ce moment-là, passer les portes closes de la Jacobikirche, il aurait été évident que les sons étranges et parfois grinçants que l'on pouvait entendre provenaient du grand orgue placé sur la tribune de la nef principale. Le printemps s’étant enfin décidé à venir dans cette région du nord de l’Europe et le temps était donc venu de ré-accorder les trompettes et autres jeux d’anche, beaucoup plus sensibles au chauffage et aux changements de température que les tuyaux à bouche.
Selon le contrat d’entretien en vigueur, la Schneider Orgelbau ( Manufacture d’orgue Schneider ) avait donc envoyé une équipe pour procéder à cette classique opération d’entretien. Posté à la console, Nicolas, jeune Français d’à peine vingt ans embauché comme apprenti six mois plus tôt, parcourait le clavier en avançant d’un ton à chaque interpellation de son collègue qui œuvrait à l’intérieur de l’instrument.
Pendant ce temps, armé d’une réglette métallique, le blond Hans de cinq ans son aîné, tapotait avec précision sous le crochet de la rasette du tuyau du troisième fa dièse du jeu de trompette. La tige métallique remontait alors doucement du socle du tuyau d’étain et de plomb, modifiant sa pression sur la languette qui vibrait à l’intérieur sous la pression de l’air. À chaque fois, pendant la durée de l’opération, le tuyau produisait un son douloureux et déchirant qui finissait par se stabiliser et produire le timbre stable, harmonieux et net que l’on attendait de lui…
 
*
* *
 
— Note suivante, petite Français  !
Soudain exaspéré d’être appelé ainsi, Nicolas sentit les boucles de ses cheveux se hérisser et plaqua un accord sur le clavier.
— Hey ! À quoi tu joues, là en bas ?
— Mon nom, c’est Ni-co-las, pas «  petite Français  » !
— OK, OK… Mais tu as bien failli me rendre sourd ! Bon, on finira demain… De toute façon, il reste encore trop de travail pour pouvoir finir ce soir.
Nicolas savait bien que c’était une chose à ne pas faire… Rien n’était pire pour un accordeur que d’avoir affaire à un teneur de clavier qui faisant des bavures à répétition, car au bout d’un moment, il devenait difficile d’entendre correctement les battements indiquant que l’accord n’est pas parfait… Pour la victime enfermée dans l’instrument, ce qu’il venait de faire équivalait à se retrouver enfermé dans un garage, encerclé de klaxons hurlants.
Seulement, voilà, Nicolas déjà usé en fin de journée par la longueur de cette séance d'accord qui demandait rigueur et patience, n'avait pas pu résister. Il en avait ras le bol d’avoir l’impression d’être le petit dernier de la boîte et le gentil souffre-douleur d’un collègue bien plus expérimenté… Nicolas commençait à se demander si au bout de six mois de présence, il faisait enfin partie, oui ou non, de l’équipe de travail… Certes, il savait bien qu’il était loin de tout savoir, car la facture d’orgue cumulait des siècles de techniques et de savoir-faire. Cependant, il avait déjà beaucoup appris en travaillant sur différentes tâches à l’intérieur de l’atelier et son travail soigné était apprécié de Rudolf Schneider, le maître facteur d’orgues, directeur de la manufacture.
 
*
* *
 
Le temps de descendre les échelles à l’intérieur du grand buffet de l’instrument, Hans rejoignit son teneur de clavier près de la console.
— Je t’offre une pizza.
— Pourquoi pas ? C’est sympa…
— Alors on y va. N’oublie pas la clé de la tribune, Ni-co-las !
Nicolas fut surpris et se demanda s’il avait enfin réussi à gagner un peu de confiance et de respect. Car d’habitude, c’était Hans qui verrouillait les portes… Et puis, quand ils faisaient le trajet ensemble et que son coéquipier lui souhaitait une bonne soirée en le laissant devant sa porte, celui-ci ne l’invitait jamais…
 
*
* *
 
Ils descendirent donc de la tribune en empruntant l’escalier en colimaçon, sortirent de l’église et déposèrent les clés au presbytère avant de rejoindre la station de métro de Mönckebergstraße.
Il y avait pas mal de monde dans cette ligne de métro toujours victime de son succès aux heures de sortie des bureaux, mais ce n’était pas la cohue. Bientôt, de mai à septembre, les touristes encombreraient un peu plus les stations et les quartiers proches du port.
Ils descendirent à Sankt Pauli et marchèrent un peu sur la Reeperbahn avant de tourner à gauche en direction de la Hans-Albers-Platz où se trouvait la pizzeria. Le quartier était vivant et passait pour un des plus branchés de la ville. Cela tenait à la présence dans les rues environnantes d’une multitude de bars, cabarets et boîtes de nuit aux ambiances variées, à l’image de la population bigarrée de la ville portuaire… La Reeperbahn était particulièrement connue pour être l’avenue qui concentrait la majorité des sex-shops et autres boutiques bradant du sexe en vidéo et même en live…
Hans et Nicolas habitaient tout près d’ici, l’un sur la Friedrichstraße débouchant sur la Hans-Albers-Platz, l’autre sur la Kastanienallee en enfilade de la Friedrichstraße.
 
*
* *
 
Nicolas appréciait ce quartier qui gardait un cachet typique des villes du nord. Petits immeubles, façades peintes ou en briques, boutiques aux devantures colorées, surmontées d’un ou deux étages, fenêtres basculantes sans rideaux ni volets, rues pavées… Cette esthétique lui plaisait.
Dès son arrivée en Allemagne, il avait apprécié ce doux dépaysement. Il avait aussi appris toutes les conventions sociales, les politesses et les gestes discrets pour se faire apprécier et respecter. Les gens d’ici vous faisaient volontiers confiance à condition de ne pas les effaroucher sous peine d’être définitivement classés parmi les gens infréquentables. Par contre, à condition de ne pas troubler l’ordre public, personne ne se souciait de la façon dont on pouvait passer ses soirées.
Nicolas aimait l’Allemagne, car l’Allemagne, bien que proche de la France, n’était pas la France. En France, paradoxalement, il ne se sentait pas chez lui, il y ressentait le besoin d'un ailleurs…
 
*
* *
 
— Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de cette invitation ?
— C’est pour fêter tes six mois dans la boîte… Personne n’a le temps en ce moment pour penser à une fête. Tout le monde est en déplacement et Schneider est occupé par les plans d’un nouvel instrument. Et puis… Je crois que je t’ai fâché tout à l’heure. Je ne voulais pas… Il faudrait qu’on se connaisse autrement qu’au travail.
Nicolas cessa soudain de se torturer à propos de sa petite révolte de l’après-midi. Il commença même à trouver sa bière bien meilleure et à se sentir en appétit pour la pizza qui allait arriver d’un instant à l’autre.
— C’est vrai, on ne parle que de travail… En fait, depuis mon arrivée à Hambourg, j’avais tellement de choses à découvrir et de vocabulaire spécialisé à mémoriser que je n’ai pas non plus cherché à créer des liens.
— Je ne sais de toi que ce que Schneider nous a dit quand tu es arrivé. Un jeune Français, recommandé par un de ses amis, venu faire son apprentissage en Allemagne… Et d’ailleurs toute l’équipe a remarqué que tu te passionnais réellement pour la facture d’orgue.
— Je suis content de l’entendre dire… Après mon baccalauréat …
— Baccalauréat  ?
— Euh, mon « Abitur ».
— OK…
— Après mon baccalauréat , j’ai commencé une année d’études musicales à l’université et au conservatoire. Mais bon… Je n’ai pas trop aimé planer dans la théorie intellectuelle en permanence… Et puis, j’avais le trac pendant les concours, alors ça marchait plutôt moye

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