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Sélène mène une vie ordinaire. Pourtant, un jour son quotidien devient un cauchemar. Sa sœur jumelle a été retrouvée morte. Sélène décide de se lancer dans une quête vengeresse, persuadée que Soraya a été assassinée. Sa filature la mènera à soupçonner l’un des malfrats les plus immoral et ténébreux du pays. Un être qui, dit-on, tire son pouvoir du surnaturel, d'un pacte avec le Diable.
Déterminée, Sélène est prête à tout, même à user de ses charmes. Se fera-t-elle prendre à son propre jeu ? Se rendra-t-elle compte de la nature de l'univers dans lequel elle vient de plonger ? Réalisera-t-elle qu'elle risque d'y perdre bien plus que la vie ?
COEUR DE DIAMANT
Tome 1 - Sélène
Fiction
LUNA WOLF M.M.
COEUR DE DIAMANT
Tome 1 - Sélène
Fiction
ISBN format papier 978-2-37447-471-7
ISBN numérique : 978-2-37447-470-0
Octobre 2020- Imprimé en France
© Erato–Editions - Tous droits réservés
Couverture : © Erato–Editions - Crédits photos : Adobe Stock
Correction : Correction Occitane - Suivi éditorial : E. Saracino
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales
Chapitre 1
— C’est une magnifique journée, dit la vieille dame.
Sélène leva les yeux vers le ciel clair. Il était parsemé de quelques nuages, comme des morceaux de coton d’un blanc parfait, mais c’était effectivement une belle journée d’automne. Les rayons du soleil étaient encore chauds et venaient caresser son visage.
Le soleil ne devrait pas se permettre de briller aujourd’hui. J’aurais préféré qu’il pleuve.
La jeune femme observa alors la dame qui l’accompagnait. Il s’agissait de la voisine de sa sœur, une femme âgée qu’elle n’avait aperçu qu’à quelques reprises, s’étant rarement rendue chez sa jumelle.
Sélène venait de fermer son dernier carton. Elle le déposa sur une pile de boîtes. Toutes ses affaires étaient emballées juste devant elle. Elle avait inscrit soigneusement sur chacun des cartons ce qu’ils contenaient et les avait triés par pièces. D’un coup d’œil, elle relut la liste qu’elle serrait dans ses mains.
— J’ai terminé, annonça-t-elle à voix haute.
Elle se retourna et observa Soraya.
— Tu verras tout ira bien. Tu en as assez fait pour moi. Il est temps que tu penses à toi.
Sa sœur ponctua sa phrase d’un sourire, mais ce dernier ne soulagea pas la culpabilité qui pesait sur l’estomac de Sélène.
Sélène reporta son attention vers le sol.
Je n’aurais jamais dû partir…
L’employé du cimetière, muni d’une pelle, venait de terminer de remplir le trou creusé à quelques centimètres de ses pieds. Il rangea son matériel et s’en alla discrètement. L’enterrement était terminé, mais Sélène était perdue dans ses pensées. Elle ne pouvait pas bouger.
— C’était une merveilleuse cérémonie, ma fille.
Sélène soupira. Elle avait envie d’intimer à cette étrangère de se taire et ceci avec insolence. Néanmoins, elle se retint. Elle doutait que So’ apprécie ce genre de comportement. Et puis, en plus de la présence évidente de ses meilleures amies, la vieille dame était la seule à avoir fait le déplacement pour l’enterrement de sa sœur.
La seule avec cet inconnu.
L’étranger, vêtu d’un costume de marque et d’une beauté à couper le souffle , - qui ne s’était pas présenté - se tenait en retrait de l’autre côté de la tombe.
Quelque chose effleura l’épaule de Sélène. La jeune femme sursauta. Elle n’avait aucune envie d’être touchée. Du coin de l’œil, elle reconnut toutefois la main d’une de ses amies venues la soutenir : Stella. Ses doigts, parsemés de bagues aux formes mystiques, aux ongles noirs et pailletés, s’enfoncèrent dans sa peau. Sélène prit une grande inspiration. La présence de Stella et de Mona était bien plus agréable que celle de la vieille dame ou de l’inconnu. D’ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi, lors d’un jour si triste, les proches des défunts devaient s’encombrer de connaissances venant verser des larmes par bonne conscience.
— Je vais vous raccompagner à votre voiture, madame Castiglione.
Mona, patiente et bien trop tolérante, l’aidait à se débarrasser de la voisine. Elle agissait à temps, car quelques minutes de plus et Sélène aurait explosé.
— Je vous remercie charmante demoiselle.
Les yeux de Sélène restaient fixés sur la tombe de So’.
— Au revoir, Sélène. Toutes mes condoléances. Soraya était une ravissante personne. Elle me manquera beaucoup.
La vieille dame marqua une pause s’attendant probablement à ce que Sélène daigne lever les yeux vers elle. La jeune femme ne lui ferait pas ce plaisir.
— Si vous avez besoin d’aide pour vider son appartement, continua l’ancienne voisine de So’ pour combler le silence, n’hésitez pas à me contacter.
— Merci beaucoup, madame Castiglione, murmura Stella à la place de son amie. Nous le ferons dès que notre peine nous le permettra.
— Vous ne devriez pas vivre dans la…
— Nous y allons, la coupa Mona avant que Sélène ne commette un acte qu’elle puisse regretter.
Il ne fallait pas se méprendre, la jeune femme acceptait totalement son fort caractère, mais elle n’assumerait pas de faire un scandale le jour de l’enterrement de sa jumelle. Sélène avait toujours été dure avec elle-même, surtout depuis la mort de ses parents. So’ quant à elle avait toujours été plus frivole laissant peser les responsabilités sur les épaules de sa sœur. Rares étaient donc les jours où la jeune femme laissait de la place à ce qu’elle pouvait éprouver, exercice qu’elle ne maîtrisait absolument pas. Inutile d’ajouter la colère à la tristesse et au désespoir qui l’envahissaient déjà. Stella et Mona le savaient bien.
Alors que cette dernière s’éloignait avec la vieille femme, qui continuait de débiter un discours irritant, Stella demanda d’une voix tendre :
— Tu veux te recueillir encore un moment ?
Sélène acquiesça. Elle avait besoin d’ancrer dans la réalité que le cercueil de sa sœur avait disparu sous terre. Avec un peu de chance, ou de malchance, cette scène symbolique imprimerait la mort de sa jumelle dans la réalité, car tout son être refusait encore de croire à sa disparition.
Le jour où elle avait reçu ce mystérieux appel lui annonçant cette horrible nouvelle, Sélène était tombée à terre. Ses jambes s’étaient figées et n’avaient pas réussi à la maintenir debout. Les sons autour d’elle étaient devenus sourds et une vive douleur lui avait transpercé le ventre. C’était le choc. Puis, peu à peu, la souffrance avait fait son nid pour ne plus jamais la quitter. Pourtant, malgré leur lien, elle n’avait pas senti sa mort. Était-ce parce qu’elles étaient fausses jumelles ? Tout le monde disait que lorsque deux jumeaux étaient séparés, celui en vie ressentait sa disparition au plus profond de son être. C’était un mensonge. Si Sélène fermait les yeux, elle était encore persuadée de percevoir l’énergie de So’ danser dans les rues de la ville. Elle ne supportait pas d’avoir appris sa mort par téléphone et non au plus profond de ses cellules.
En levant les yeux pour laisser l’air caresser ses joues, Sélène se rendit compte que l’étranger était toujours présent. Elle pensa la même chose que la première fois que ses pupilles s’étaient posées sur lui : cet homme était doté d’une beauté inhumaine. Pourquoi sa sœur ne lui avait-elle jamais raconté qu’elle côtoyait un homme aussi exceptionnel ? Connaissant So’ et son plaisir des ragots, Sélène aurait dû le savoir.
Un détail attira son esprit perspicace. Les traits si parfaits de l’inconnu étaient déformés par une grimace de douleur et d’inquiétude. Il avait l’air si absorbé par sa souffrance qu’il semblait perdu dans son propre monde. Il n’était pas là. Il ne semblait même par les remarquer. Qui était-il ? Pourquoi souffrait-il autant ? Si So’ avait eu une relation aussi forte, elle l’aurait su, non ? Une alarme s’alluma dans l’esprit de Sélène, un doute.
Soraya et elle n’avaient jamais été l’une sur l’autre. Toutes deux très indépendantes depuis qu’elles vivaient dans des villes différentes, les sœurs avaient des amis et des centres d’intérêt opposés. Elles ne partageaient pas beaucoup de choses outre ce lien particulier, ce lien de gémellité. Elles avaient développé leur propre langage et elles avaient la capacité de se repérer même si plusieurs kilomètres les séparaient. Elles s’aimaient d’un amour inconditionnel et puissant. So’ avait longtemps été la seule famille de Sélène, le centre de sa vie. Et elle l’avait perdue.
— C’est fini, chuchota Stella.
Sélène secoua la tête. Le trou avait disparu. Le corps de sa sœur avec lui.
Un parfum doux et sucré lui chatouilla les narines alors qu’un bras s’enroulait autour du sien.
— Je me suis débarrassée du vieux boulet.
Mona lui sourit. Les yeux bleus de son amie avaient une couleur fantomatique. Elle s’inquiétait pour elle.
— Au fait, c’est qui ? questionna Stella pour entamer la discussion.
D’un mouvement discret du menton, elle désigna le ténébreux inconnu.
— Je ne sais pas, répondit Sélène en chuchotant.
Ses deux amies se penchèrent pour mieux l’entendre.
— Je n’avais jamais entendu parler d’un homme d’une quelconque importance dans la vie de So’. D’ailleurs, il ne s’est même pas présenté.
Mona poussa un murmure de compréhension.
— Il reste bien longtemps, je trouve.
— Peut-être avait-il une relation particulière avec ta sœur, suggéra Stella tout en plissant les yeux et en étudiant l’inconnu avec plus de concentration que ne l’autorisaient les bonnes manières.
— Tout va bien ? Mona l’observa avec curiosité. Tu fais une drôle de tête.
Prise entre ses deux amies, Sélène peinait à replonger dans ses sombres pensées. Et elle savait que c’était le but de ces malicieuses.
Ce fut le tour de Stella, en lâchant l’étranger des yeux, de conclure :
— J’ai cru voir quelque chose, mais ce n’est rien.
— Tu es sûre ?
— De quelle couleur sont ses yeux ?
Mona et Sélène posèrent leur regard simultanément sur l’étranger.
— Bruns, répondit Mona avant Sélène qui sentait sa gorge serrée.
— Alors ce n’est rien. Les reflets du soleil.
M