Croque-Messieurs
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Français

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Description

Croque-Messieurs
Philippe Cassand
Roman policier de 267 100 caractères, 44 800 mots, 222 pages en équivalent papier.
Série de crimes dans le milieu gay. Porno star, créateur culinaire, militant activiste, architecte avant-ardiste, des figures caricaturales et urticantes mais sans aucun lien apparent entre elles... Des crimes parfaits, presque invisibles, jamais selon le même mode opératoire mais toujours diaboliquement imaginatifs...
Quel est le rapport entre ces crimes et ce maître-chanteur sordide qui menace de mettre en péril la dynastie de Montelas, famille française héroïque de la Résistance dont l’héritier
Alain-Pierre est promis à une carrière politique fulgurante ?
Après une incursion inattendue chez un gardien de phare anthropophage et auprès d’un jeune homme mystique qui avait aimé avec trop de passion, un acteur prometteur qui disparaît la veille de la générale d’une pièce de théâtre que le tout Paris attend, il faudra traverser les bas-fonds pour apprendre l’invraisemblable vérité.

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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 mars 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029403415
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Croque-Messieurs
 
Roman policier gay
 
Philippe Cassand
 
 
 
Il faut se suicider jeune quand on veut profiter de la mort
Pierre Dac
 
 
 
Au cours de l’an 2005
1
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Cinq ans plus tard
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Quelques jours plus tard
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Quelques jours plus tard
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Quelques jours plus tard
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Épilogue 1
Concomitamment
Épilogue 2
Plusieurs années après.
 
 
 
Au cours de l’an 2005
 
 
 
1
 
 
Mois de mars…
Quelle ne fut pas la consternation dans Gayland d’apprendre que l’ancienne star du porno, Roland Dot, l’immense et talentueux métis, baraqué et membré d’abondance, était mort dans des conditions… pour reprendre la formule de la sagesse des nations, « vraiment trop bêtes ! », enfin… disons, accidentelles.
La rumeur avait déjà fait son œuvre lorsqu’était paru l’entrefilet dans Homolico , le « gratuit » le plus «  pipole  », le mieux informé, le plus langue de P. pas respectueuse du microcosme homo. Toutes les médisances ironiques s’étaient déjà étalées sans complexe : mort à la tâche, décédé de LA maladie, étouffé par un acteur plus lourd que lui, écrasé par une caméra, l’intestin perforé par un sex-toy , envoyé ad patres suite à une hémorragie, on en passe et des meilleures.
En réalité, Roland Dot avait plus précisément rendu l’âme sur un appareil de musculation, chez lui, allongé sur une de ces espèces de bancs de torture surmontés d’un échafaudage de barres de métal, utilisé, selon les aficionados , pour effectuer des « développés couchés ». Les haltères lui seraient tombées sur la pomme d’Adam et, compte tenu de leur poids considérable, la trachée en aurait été écrabouillée : Roland Dot avait, en quelque sorte, péri sur le coup.
On ne sait trop comment une telle chose avait pu se produire et l’autopsie pratiquée sur cette créature sulfureuse n’avait montré aucun empoisonnement, aucune prise de stupéfiants ou de somnifère… Les produits dopants ou stimulateurs de gonflette, assez courants chez les « Monsieur Propre », ne pouvaient expliquer un tel accident, non plus que toutes ces substances pharmacologiques qui traversaient ses tissus… Roland Dot luttait de toutes ses forces contre le vieillissement et il avait testé toutes les crèmes dermatologiques et autres onguents illusoires, pratiqué toutes les injections de graisse de mouton – la cosmétique n’avait pas de secrets pour lui – , toutes les prises médicamenteuses à base de molécules chimiques ou de poudre de perlimpinpin lui avaient été prescrites… Il avait même subi une opération chirurgicale où l’on avait prélevé de la chair et du gras un peu partout dans son corps pour les greffer dans son pénis afin qu’il puisse arborer une « verge plus longue et plus épaisse »… Le résultat obtenu ne permettait pas de qualifier cette chirurgie d’esthétique…
Une enquête de routine avait conclu à un regrettable accident malgré l’insistance de la gardienne sur les allées et venues suspectes d’un drôle de type portant une chevelure de type moumoute et des lunettes rondes en skaï véritable. Cet homme étrange avait été aperçu en train de surveiller l’immeuble, appuyé sur la colonne Morris en face… Il se frisait la moustache, des bacchantes lustrées, en guidon de vélo, des moustaches à la Hercule Poirot…
 
 
 
2
 
 
Un mois plus tard, courant avril 2005…
Énorme émoi, colossal trauma, désespoir immense ! Ce lundi-là, dans l’allée Gambetta du marché Beaurond aux puces de Saint-Ouen, « on » savait pourquoi le rideau de tôle ondulée du stand numéro 68 resterait baissé… Tous les brocanteurs et toutes les brocanteuses geignaient, pleuraient, invoquaient le ciel : Gaël Fontenot, ce charmant garçon, ce délicieux collègue, cet homme adorable, ce marchand avisé, n’était plus de ce monde.
Une mort horrible la veille.
Alertés par l’odeur métallique et envahissante du gaz de ville, les voisins s’en étaient émus auprès de la gardienne. Armande Jarbet avait brillamment fait le nécessaire en convoquant Urgences-Gaz et Police Secours. Elle avait copieusement glapi à la vue horrifiante du corps cyanosé de Gaël Fontenot (Dieu merci en la compagnie rassurante d’un aréopage de beaux hommes uniformisés).
Suicide ou accident ? Accident ou suicide ? Difficile d’être catégorique. Les collègues de Gaël, les commerçants du marché Beaurond, quant à eux, étaient formels.
Par exemple, Lucienne, une blonde burinée de cinquante-deux printemps : à elle, on ne la faisait pas !
— Gaël, il avait une fascination pour la mort, mais son suicide c’est sûrement pas comme cela qu’il l’aurait…
Elle ne trouvait pas le mot, « vécue » ne collait pas…
— Et je sais ce que je dis !
Qu’en pensait donc Patrick Bronca, cinquante-huit ans, dont quarante à porter des mitaines en laine mitée qui laissent les deux dernières phalanges de chaque doigt à nu ?
— Gaël allait vers une mort violente, moi aussi je sais, mais là, nous avons un très beau signe du destin qui nous est envoyé.
Un mouvement de tête pour désigner le ciel accompagne cette maxime fondamentale.
— C’est assurément un accident.
Intervient Luc Margotte, trente-quatre ans :
— Moi, je ne sais pas, mais ce que je peux vous dire, c’est que Gaël, il était suivi…
Silence pénétré, souligné par un regard qui en dit long sans en dire trop.
— Plusieurs fois, il s’était confié à moi, il avait peur de quelque chose, il ne se sentait vraiment pas dans son assiette, pourtant Gaël, je suis d’accord avec vous, il n’avait pas froid aux yeux. Il m’a même dit, pas plus tard que la semaine dernière : « Je suis suivi, un type est pendu à mes basques », un gars qui boitait ! Un individu qui tentait gauchement de dissimuler son visage et d’atténuer sa claudication. Il se demandait même si cet inconnu n’était pas venu fouiner au stand genre « je feins le chaland nonchalant », dissimulé derrière des lunettes de soleil géantes. Il va nous manquer, Gaël, par contre, comme cela, on est certain qu’il ne fera plus de mal aux autres… J’me comprends !
 
 
 
3
 
 
Toujours en 2005, encore un mois plus tard, le dimanche 15 mai…
Guy-Guy Gulivère était certes affublé d’un nom à coucher dehors et, de fait, il passait le plus clair de ses nuits hors de son domicile. Des surnoms grotesques avaient assombri sa jeunesse : zizi, pipi, lili, mimi, guili Guy gay, on vous fait grâce des pires. Celui qui lui convenait le mieux était nœud-nœud, la plupart des gens ayant eu affaire à lui s’accordaient sur cette caractérisation générale : « Guy-Guy est con comme une bite ! ». Juste en passant, il aurait adoré que Lady Diana soit la marraine de son restaurant à Montmartre, il cherchait à la rencontrer ; problème : la Princesse de Galles était morte depuis déjà plusieurs années dans l’effroyable accident de voiture que l’on sait.
Alcool, drogue, vitesse, tabac, jungle juice , crack, beuveries, orgies, sexe et sports dangereux : la vie à trois cents à l’heure ! Vous avez dit «  no taboo  » ? La chair fraîche suivait sans faire d’histoire, car Guy-Guy avait le sex-appeal torride des grands blonds ; une baraque qui « fait pas d’histoire » et « qui bande pas mou ».
Guy-Guy Gulivère avait créé un fonds de commerce plutôt florissant, car il faisait partie de ces gens incultes et bornés qui sont des « créatifs » : il innovait dans le domaine de la gastronomie. Il vampirisait les pages recettes des programmes de télévision et officiait sur les chaînes spécialisées du câble, crânant, se qualifiant de « créateur de goût innoventif  ». Oui, il avait inventé quelques plats ridicules et imbouffables, mais bénéficiait de louanges dithyrambiques de la part de tous les bobos de France et de Navarre. Son Carrousel de canard à la graisse de porc et aux algues faisait un tabac. Sans oublier le Marcassin en papillote au pop-corn. La Mousse de sardine au pâté de foie et aux oranges faisait un malheur. La Quiche lorraine déstructurée : on bouffait tous les ingrédients séparément, pâte, œufs, lait, lardons… Et l’Omelette d’œufs de poisson nappée de camembert au coulis de spéculos, agrémentée si l’on peut dire d’une chantilly au boudin antillais, il fallait quand même oser… Le restaurant La Fine ou l’Épaisse pour les petites bouches et les grosses faims ne désemplissait pas. Comme cet homme était un rien provocateur, il prenait un malin plaisir à faire ouvrir les huîtres par des séropositifs, ou des hémophiles, ou les deux à la fois, pour les servir, à l’instar de ce qui se fait à « La Tour de Platine » pour les canards numérotés, « au sang » ! Il adorait être borderline du scandale ou intra muros du craignos.
Pour autant, ce ne fut pas pendant la chronique Les Bonnes Tables du journal régional que la présentatrice de la troisième chaîne présenta l’accident qui avait tué Guy-Guy Gulivère, mais à la rubrique « faits divers tragiques ».
— … dans la vallée de la Marne, un dramatique accident d’ULM a causé la mort d’un fameux restaurateur parisien, Guy-Guy Gulivère. Une bien terrible fin pour le créateur du Vol-au-vent à la mortadelle et du Carpaccio de steak haché aux chips de crevettes, aussi inexplicable qu’incompréhensible, car aucune panne technique ne peut avoir provoqué la chute de l’appareil. La police creuse plusieurs pistes, mais penche pour l’hypothèse d’un malaise du conducteur, à moins que celui-ci ne se soit accidentellement cogné sur l’armature de métal, car une vilaine blessure sur sa tempe gauche témoigne d’un coup violent. L’ULM s’est écrasé dans la forêt de Rambouillasse, la police recherche une femme blonde aperçue dans une Clio blanche non loin du lieu d’impact. Elle aurait pu être témoin de quelque chose ou confirmer les dires de certains promeneurs qui évoquent une étrange course poursuite entre deux appareils volants.
 
Un autre détail : une femme blonde a loué un ULM à la même heure.
 
 
 
4
 
 
Un mois plus tard, en juin 2005…
Les bénévoles co

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