69
pages
Français
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2018
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Ebook
2018
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Publié par
Date de parution
24 mai 2018
Nombre de lectures
2
EAN13
9791029402807
Langue
Français
Des trucs de grands
David Vigrid
Biographie romancée de 287 500 caractères, 50 800 mots, le livre papier fait 192 pages.
David rencontre Tom, un ami de ses parents. Ce dernier s’entiche du gamin et devient un peu trop gentil avec lui. Les sentiments de l’enfant sont ambivalents. Il se laisse faire, pour faire plaisir, fier également de participer à ces « trucs de grands ». Le temps passant, il ne dit rien, mais porte chaque jour un peu plus le poids de ce qui ne devrait pas être.
À l'adolescence, David se cherche et se demande si les sentiments qu'il ressent n'ont pas un rapport de cause à effet avec ses aventures passées avec Tom. Il supporte mal cette idée, d’autant plus que Alexandre, le bogosse du lycée avec lequel il noue une forte relation, ne l’aide pas à s’assumer.
Pour enfin avancer dans la vie, David n'aura d'autres choix que de retrouver Tom et régler définitivement ses comptes.
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Publié par
Date de parution
24 mai 2018
Nombre de lectures
2
EAN13
9791029402807
Langue
Français
Des trucs de grands
David Vigrid
Stranger things
Dark
Dead like me
Oz
Alias
Fringe
Queer as folk
X-Files
Crossing lines
Person of interest
Following
Life
Shameless
Stranger things
Le secret de l’existence humaine consiste non pas seulement à vivre, mais encore de trouver un motif de vivre.
Fédor Dostoïevski
Le temps n’est composé que d’instants. Il nous appartient de leur donner plus ou moins d’importance. Il nous appartient aussi de trouver le fil conducteur entre tous les évènements constituant la trame de notre vie. Volontaires ou involontaires, ils nous définissent. Je ne crois pas au destin ou à la fatalité. Non, je crois fermement que nous sommes libres de nos choix, qu’ils soient bons ou mauvais. Pas de bol me concernant, à chaque fois, je n’ai fait que les mauvais. Je ne suis plus à un près…
Dark
N’essaie pas d’attaquer le démon de front. Il serait trop content que tu t’occupes de lui. Au contraire, traite-le par le mépris, comme un chien gênant dont on veut se débarrasser.
Jean Pottier
L’arme est lourde dans ma main. Comment quelque chose d’aussi petit peut-il peser autant ? Cela donne l’impression de peser une tonne quand elle doit faire six cents grammes au maximum. Je n’avais encore jamais tenu d’arme de ma vie. Je crois reconnaître le modèle, c’est un pistolet du même genre que celui que possède James Bond dans les films de la franchise. Un Walter PPK ou un truc du genre si mes souvenirs sont bons. Ma main gauche vient en renfort. J’ajuste le tir, vise. Je tremble de nervosité, l’arme ne cesse remuer au bout de mes bras. Je prends une grande inspiration, essais de me calmer et parviens plus ou moins à stabiliser le canon. J’aligne mon œil droit avec le viseur, ferme le gauche. J’observe ma cible, Tom, qu’il m’a fallu presque 26 ans avant d’avoir le courage de remonter sa piste. Tout ça pour nous retrouver ici, moi le braquant, lui ne quittant pas le canon du pistolet du regard. Il ne montre aucune peur, ses yeux ne cillent pas. Il s’est préparé à mourir, ici, dans cette cave abandonnée d’un immeuble dont la construction ne sera jamais achevée. C’est devenu un lieu fréquenté uniquement des squatters, des camés, des paumés. Ici et là, des seringues usagées, des capotes jaunies par le temps, des détritus, des relents de salpêtre, de pisse et de merde. Il y a un matelas, dans le coin, derrière Tom. Comment peut-on venir dans un tel endroit pour baiser, même pour des rencards fugaces et secrets ?
Mon index effleure la gâchette du pistolet. Tom finira ses jours ici, immondice parmi les immondices. Ce sera son tombeau. Je suis prêt à assumer les conséquences de mon acte, prêt à aller en prison, prêt à devoir raconter les circonstances de ce meurtre, à dévoiler mon histoire. Enfin la vérité, sans artifice. Des larmes perlent à mes yeux et embuent ma vision. Larmes de tristesse, de colère, de honte. Alors, à quoi bon attendre plus longtemps ? Je réajuste ma visée, augmente doucement, progressivement la pression sur la gâchette… Ça en sera fini de Tom et de tout ce qu’il représente pour moi. Encore quelques millimètres et le coup de feu salvateur retentira.
Puis je pense à mes parents, ma sœur et mon frère, mes amis proches. Comment pourront-ils gérer ça ? Comment réagiront-ils quand ils comprendront que je ne leur ai jamais donné l’occasion de me connaître réellement, de m’aider à surmonter mes psychoses. Si je tire, paradoxalement, seul Tom en sortira libéré. Je devrais vivre avec un meurtre sur la conscience, en plus du reste. Je perdrais définitivement les seules choses qui valent encore la peine dans ma triste vie : l’amour des miens et la liberté. Suis-je vraiment décidé à faire de mon entourage la victime innocente et collatérale d’un acte insensé ? Non. Ma famille, mes amis ne méritent aucunement la disgrâce que je leur ferai vivre si j’appuie sur la détente. Ma mère n’y survivra pas, j’en suis persuadé. Comme si quelqu’un venait de me filer un taquet derrière le crâne, je prends conscience de l’ampleur de ma bêtise. À quel moment ai-je pu seulement croire que confronter Tom serait une bonne idée ? Depuis quand obtenir des aveux et des réponses sous la contrainte d’une arme peut être libérateur ? Et même en admettant qu’il m’explique, qu’il justifie son acte, en quoi cela me libérera-t-il ?
Alors doucement, j’abaisse le pistolet et le jette à une distance raisonnable de Tom et de moi. J’observe la parabole qu’il décrit dans les airs, tournoyant sur lui-même. J’entends Tom hurler « Noooooon ! » Je me tourne vers lui. Son visage se tord, comme s’il venait de recevoir un uppercut. Le temps semble s’être ralenti, façon slow-motion, comme dans les films d’action. L’arme elle-même semble flotter dans l’air, chaque rotation faisant penser à un gymnaste exécutant son programme. Dans ce qui a semblé durer un temps indéfini, l’arme touche finalement le sol. Je m’attendais à un choc métallique, mais certainement pas à une déflagration aussi assourdissante. Dans cet endroit exigu, le vacarme est si fort et les flammes jaillissant du canon si intenses que j’en ferme les yeux de douleur. Quand je les rouvre, je croise le regard de l’homme que je menaçais encore trente secondes plus tôt. Comme moi, il est abasourdi et hagard. Sans n’avoir jamais tenu de flingue avant aujourd’hui, je sais qu’un coup de feu peut retentir accidentellement, mais même après en avoir eu la preuve indéfectible, cela reste irréel. J’en ai encore les oreilles qui bourdonnent et mon nez, déjà mis à rude épreuve par les remugles émanant de cette cave, est agressé par l’odeur de la poudre. Elle est forte et âcre. Je reprends peu à peu mes esprits et suis surpris que Tom, n’en ai pas profité pour s’enfuir ou tout du moins tenter de ramasser l’arme. Il reste planté là, livide à me fixer, silencieux. Du liquide me coule dans l’œil droit. Par réflexe nerveux, il ne cesse de cligner. Je passe le dos de ma main pour essuyer. J’y découvre un filet poisseux, rouge. Du sang. Le mien. Alors je porte ma main à la tempe, mes doigts tâtant doucement la zone jusqu’à ce que je sente une plaie béante. La balle m’a atteint en plein crâne. Je regarde, médusé, mes doigts rougis par le sang. Je le sens maintenant couler à flots de ma tempe.
Vient la douleur, immense, vive. Je m’écroule, tête la première sur le sol. Un concerto pour mille cloches me vrille le cerveau et je me tords davantage de douleur. Je ne parviens qu’à rouvrir partiellement les yeux, mais n’y vois rien d’autre qu’un ballet de points lumineux. Quand je retrouve un semblant de vision, je constate que Tom n’est plus là, il est parti, il a quitté les lieux en me laissant là. La vie peut être ironiquement cruelle parfois : c’est celui qui devait finir avec une belle logée dans le corps qui s’en sort ; c’est celui qui tenait l’arme qui finit avec ladite balle. Comédie ou tragédie ? Vie de merde, mort de merde. Mon nom est digne de figurer au listing des prochains Darwin Awards.
Alors tout ça pour ça ? Pour une fois, j’ai décidé de vraiment agir pour changer ma vie, en être acteur et non plus spectateur. Moi, véritable adepte de la procrastinerie, préférant toujours faire le choix de me lover dans mon canapé pour ingurgiter nombre de séries TV plutôt que tenter de reprendre ma vie en main. Et voilà que, quand je me décide à agir dans l’espoir (vain ?) de retrouver un semblant d’équilibre, je finis avec un trou dans le crâne, étendu au milieu de déchets dans un lieu que je ne connais pas, me vidant de mon propre sang et baignant dedans. Pourquoi moi ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi comme ça ? J’étais venu affronter mon bourreau, c’est lui qui devrait se trouver à l’endroit et dans l’état où je me trouve désormais. Et dire que j’avais prévu d’aller dire en revoir à mes proches en sortant d’ici et de me rendre ensuite aux forces de l’ordre.
Ma famille, à qui j’ai épargné mes malheurs, ma souffrance, considérant qu’ils étaient miens, n’ayant jamais réussi à trouver un motif ou le moment adéquat de leur faire partager. De toute manière, qu’en serait-il sorti ? Des larmes, une grande souffrance émotionnelle, du mépris peut-être de comprendre que je n’ai fait que leur mentir pour justifier mon silence. De comprendre qu’ils ne me connaissent pas et qu’ils ne pourront peut-être plus me faire confiance à nouveau. Ou bien ressentir de la colère contre eux même, de n’avoir jamais rien décelé. Au fond de moi, j’ai toujours voulu leur dire, j’ai même écrit une lettre détaillant le sordide de ma vie une fois, mais je l’ai déchirée avant de la poster. Leur infliger de la peine et de la douleur est ce qui m’a toujours retenu de leur avouer l’inavouable, préférant leur laisser vivre insouciamment leurs vies. Comment raconter à des gens que l’on aime profondément les événements traumatisants ayant eu lieu dans votre enfance, d’autant que la plupart du temps, cela se passait à quelques mètres d’eux, dans la pièce juste à côté, dans ma chambre… J’ai avancé dans ma vie faisant fi de mon passé, devenant mon propre avatar, en considérant que je n’avais pas le droit de mêler mon entourage à tout ça. Ils avaient leurs propres vies à vivre, leurs propres problèmes à résoudre, inutile de rajouter les miens.
Je ne ressens même plus aucune douleur, juste l’engourdissement et le froid. Je laisse l’obscurité me cueillir. Vais-je découvrir qu’il est vrai que l’on voit sa vie défiler quand on est sur le point de mourir ?
Dead like me
Mon enfance ressemble à une longue errance dans un couloir silencieux dont les issues auraient été condamnées
Laurence Tardieu, Le Jugement de Léa
David Mills, tel que la plupart des gens le connaissent aujourd’hui – ou tout du moins croient le connaître – est né à six ans. L’âge où j’ai rencontré pour la première fois Thomas Brunieau, dit Tom pour les intimes, sur le lieu de travail de ma mère. Il y avait une fête entre collègues qui s’y préparait et j’avoue ne plus me souvenir pourq