Erotisme et sexualité dans l art rupestre du Sahara préhistorique
254 pages
Français

Erotisme et sexualité dans l'art rupestre du Sahara préhistorique , livre ebook

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254 pages
Français

Description

Les populations préhistoriques du Sahara ont laissé de nombreuses traces de leur passage dans des gravures et des peintures rupestres très riches, variées et souvent esthétiques. L'érotisme et la sexualité occupent une place singulière dans cette imagerie rupestre. Bien plus qu'un catalogue d'images, cet ouvrage propose une réflexion sur la manière dont était vécu le sexe à l'époque préhistorique au Sahara.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2013
Nombre de lectures 336
EAN13 9782296537798
Langue Français
Poids de l'ouvrage 69 Mo

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Extrait

François Soleilhavoup Avec la collaboration deJean-Pierre Duhard
Érotisme et sexualité dans l’art rupestredu Sahara préhistorique
Préface de Denis Vialouet postface d’Yves Coppens
Érotisme et sexualité
dans l’art rupestre du Sahara préhistorique
François Soleilhavoup avec la collaboration de Jean-Pierre Duhard
Érotisme et sexualité
dans l’art rupestre du Sahara préhistorique
Du même auteur Sahara. Visions d’un explorateur de la mémoire rupestre, Editions Transboréal, Paris, 1999 Art rupestre de l’Aatlas saharien, préface de Jean Clottes, Pilote 24, Périgueux, 2003 Dictionnaire du mot désert, préface de Béatrice Monod, Educaweb, Paris, 2006 L’art mystérieux des Têtes Rondes au Sahara, préface de Henri-Jean Hugot, Editions Faton, Dijon, 2007 Curiosités géologiques au Sahara, avant-propos de Jean-Pierre Adolphe, Ibis Press, coll. « Sahara et Sahel », Paris, 2010 © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00723-6 EAN : 9782336007236
Préface
Denis Vialou Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle
Dans les brumes persistantes des origines s’estompent les plus anciens comportements symboliques de l’homme. Sans nul doute n’était-il plus alors le Singe nu que lui faisait confraternellement voisiner sa parenté primate. Mais sans doute avait-il déjà donné à son corps ce plus que la nature lui avait dérobé, cette chose qui protège le corps de ses contacts avec l’extérieur, du regard, du soleil ou des frimas : un couvre-chef, ce qui nous semblerait d’un anachronisme dérisoire, ou tout au plus un cache-sexe, ce qui satisferait nos illusions idéologiques du Sauvage tropical. L’archéologie qui sauve de l’inconnu de ce passé des hommes mille petites choses en dur a gardé des témoignages, modestes ou spectaculaires, de traite-ments du corps, ceux qui lui donnent une intelligibilité individuelle et sociale : une fosse creusée dans le sol pour y enfouir le corps du mort, des objets qui éventuellement lui furent con¿és pour son voyage, infra-terrestre, des pig-ments minéraux pour colorier son destin… Ainsi, les sépultures préhistoriques fouillées offrent parmi les plus anciennes manifestations (vers 100 000 ans et peut-être davantage) de la symbolique du corps humain. Les parures précèdent de plusieurs millénaires les plus anciennes représentations¿guratives et géo-métriques (actuellement) connues, des peintures et gravures pariétales comme à Chauvet (vers 30-32 000 ans). Les perles, pendeloques, parfois anneaux, bracelets ou serre-têtes…, en ivoire, ramures, os ou pierres des chasseurs pa-léolithiques en Europe des derniers temps glaciaires montrent l’importance que revêtait la parure corporelle dans leurs sociétés : la bague au doigt en est un avatar hérité, encore chargé de sens dans nos sociétés occidentales. Des interventions mécaniques, limages, incisions, etc. sur des dents de vivants, des avulsions dentaires, parfois des pratiques, plus ou moins mutilantes de parois crâniennes, avant ou après la mort, rencontrées chez des peuplades pré-historiques, moins anciennes, attestent clairement de la charge symbolique à ¿nalité sociale du corps. La conservation exceptionnelle de tissus organiques fragiles, comme des végétaux tressés, ajoute d’autres exemples, plus variés, de parures concernant le corps dans sa totalité : parmi eux des étuis péniens (datés de 4000 ans dans un site préhistorique brésilien) qui font un écho évo-cateur à des cache-sexes féminins en coque de calebasse ou en céramique…
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Tout au long de la préhistoire des Sapiens, et probablement bien avant lui sous des formes restées sans traces, le corps fut au centre de l’univers senti et pensé des hommes. L’irrépressible profondeur du sexe s’y engouffre. François Soleilhavoup, partagé entre érotisme et sexualité préhistoriques, offre une lecture attentive, détaillée, exhaustive des représentations sexuelles et humaines de l’art rupestre saharien. Il le fait de la façon savante de celui qui a parcouru sans cesse depuis une quarantaine d’années ces horizons rocheux, souvent vertigineux de beauté, plongés depuis quelques millénaires, dans une aridité minérale, pour y découvrir et voir ces milliers et milliers de peintures et gravures créées par les chasseurs et pasteurs néolithiques et leurs successeurs jusqu’à l’aube de l’histoire. Avec une constante délicatesse, souvent rehaussée d’un humour lapidaire, il décortique les images poussant ses lectures volon-tiers réalistes aux con¿ns de l’anatomie des sexes et des ressorts des compor-tements sexuels humains. Il a bien mis en contexte archéologique son immense connaissance de l’iconographie rupestre saharienne. C’est ainsi que d’entrée il explore rapidement mais justement les images humaines et sexuelles des grottes ornées et de la statuaire paléolithiques aussi bien que celle de l’Antiquité péri-méditerranéenne. Par ailleurs, il n’hésite pas à prêter à son étude archéo-logique des éclairages anthropologiques, voire sociologiques, médicaux par-fois. En cela, il souligne une certaine universalité des comportements humains, sans en masquer l’essentielle diversité, celle qui ressort fondamentalement de l’analyse comparative des iconographies préhistoriques, pas seulement celles plantées sur les rochers sahariens. François Soleilhavoup constate qu’il est un des premiers préhistoriens à aborder, avec une réelle liberté de réÀexion et de langage, ce champ iconique de la sexualité humaine. Avant, on n’en parlait pas, rappelle-t-il avec raison. Il suf¿rait pour s’en convaincre d’évoquer ici la désignation donnée dans les années 1860 à une élégante petite sculpture en ivoire de mammouth trouvée dans les fouilles alors pionnières du grand abri de Laugerie-Basse, en bordure de Vézère (Dordogne) : « Vénus impudique » ! Cette rupture chronoculturelle, dont témoigne cet ouvrage, dans l’abord de la sexualité, dont l’érotisme est une déclinaison mobile de formes multiples et fugaces (danse, gestuelle, musique, image, etc.), est précisément la démons-tration que la sexualité est instable, éminemment sociale et culturelle, vécue, pensée, rêvée ou déniée… par les individus qui en sont les porteurs. La sexua-lité n’est pas un phénomène symbolique mais bien un vécu, à la fois singulier au niveau de l’individu et pluriel à celui du groupe social auquel il appartient. Ce vécu est une histoire, celle de l’individu dont la sexualité accompagne toutes les étapes de la vie, de sa psyché entre Éros et Thanatos, depuis la pre-mière enfance jusqu’à la déclination physique ultime. Ce vécu est une histoire
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sociale, celle qui norme les rapports entre individus selon leurs genres sexuels, selon leurs regroupements, familiaux, socio-identitaires (confréries, ordres re-ligieux ou civils, etc.). Ce vécu de la sexualité est aussi fondamentalement culturel, dans ses expressions multiples, au cœur des mythes fondateurs, des religions et croyances, et de façon manifeste des expressions artistiques. C’est en cela que les iconographies préhistoriques offrent l’opportunité d’un peu mieux connaître et comprendre les hommes de ces passés sans pa-roles, de leurs sociétés et de leurs cultures, irrémédiablement différenciées à travers le temps et à travers l’espace. Les images génitales sont apparues dès l’aube des arts préhistoriques : elles concrétisent l’union intime entre l’ex-pression graphique, qui commence à se formuler ici et là dans les sociétés de chasseurs et leur vécu sexuel. Ces images se ressemblent car ce sont re-productions des segments anatomiques : il y aurait illusion à croire qu’elles recouvrent les mêmes réalités sémantiques, ou une sexualité pérenne ou uni-verselle ! Même exigence critique à observer pour apprécier et comparer les scènes sexuelles représentées : les gestuelles des bipèdes que nous sommes se sont imposées, avant même que l’Hominidé qui les pratiquait ne devienne l’Homme ! À bien considérer les divers ensembles rupestres, révélés dans cet ouvrage, ou d’autres de l’Europe paléolithique aux territoires des Bochimans, des paléoAborigènes de Terre d’Arnhem ou ailleurs dans le monde, il apparaît distinctement que les images renvoyant ou évoquant plus ou moins explicite-ment une sexualité participent d’ensembles iconiques et de dispositifs parié-taux pleinement originaux. Ce que l’on privilégie comme image (s) du sexe et comme illustration (s) de la sexualité, plus ou moins narrative ou symbolisée, n’est que le reÀet donné des sociétés dans la diversité irréductible de leurs structurations culturelles. À la lecture béné¿que de cet ouvrage, on se convainc aisément que les représentations sexuelles préhistoriques placent l’humain au centre de lui-même, au cœur de l’univers symbolique des images, d’hier et de toujours.
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