Goldie, pinson doré
139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Goldie, pinson doré , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
139 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Goldie, pinson doré

Andrej Koymasky

Roman long de 94 077 mots, 538 900 caractères

Né dans une tribu sauvage, sur la côte Nord-Ouest du continent américain, Goldie trouve l'amour dans les bras d'un jeune explorateur.

Mais l'adversité ne fait que commencer, multipliant des difficultés et allongeant les distances entre Goldie et son protecteur. Arraché de sa forêt natale, ballotté par les évènements, il cherche inlassablement à retrouver son maître.

Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029400902
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Goldie, pinson doré
 
 
 
Andrej Koymasky
 
 
 
 
 
 
 
Traduit par Éric
 
 
 
 
Première Partie
 
 
 
Chapitre 1
 
 
Et pourtant il était sûr de l'avoir touché…
Kutkhay chercha avec plus de soin dans l'herbe et les petits buissons, à tâtons. Il ne pouvait pas rentrer au village sans gibier, ses frères se seraient moqués de lui et il ne l'aurait pas supporté. Et il supporterait encore moins l'indulgence et les encouragements de sa mère.
Il entendit un léger froissement pas loin, il se retourna et l'espoir renaissait en lui, mais il lâcha un bref soupir de déception, ce n'était qu'un des esclaves du chef qui cherchait du bois. Il ne voulait pas se laisser surprendre à fouiller par terre par un esclave, alors il reprit son arc et s'éloigna, l'air fier, en cherchant à imiter la démarche des adultes.
Il tourna un peu, sans but précis, guettant tout autour dans l'espoir de trouver une autre proie. Longeant la mer, il s'aventura dans la forêt, plus giboyeuse. Il savait que ce faisant il approchait dangereusement le territoire de la tribu voisine, mais il ne voulait pas rentrer au village les mains vides. Le vent saumâtre de l'océan, tiède et humide, lui ébouriffait les cheveux retenus par un bandeau d'écorce tissée.
Un nouveau bruit attira son attention, quelqu'un coupait un arbre dans la forêt. Furtivement, il alla vers la source du bruit, voir de qui il s'agissait. Il s'approcha, il glissait d'arbre en arbre et prenait bien garde à où il posait le pied pour ne pas faire le moindre bruit.
C'était Kwashi, un des plus adroits graveurs du village. Il s'était attaqué avec détermination à un beau tronc droit, dépourvu de branche sur une bonne hauteur, et il le coupait à coups bien calibrés de sa fameuse hache brillante. On disait qu'il l'avait eue des étrangers qui avaient mouillé dans la baie à l'époque de la naissance de Kutkhay.
Il aimait les récits sur les étrangers, on disait que c'étaient des hommes pâles, grands, aux cheveux courts, le corps caché sous d'étranges habits et parlant une drôle de langue incompréhensible. Ils étaient très puissants et avaient des bateaux plus grands qu'une maison. Ils avaient aussi un bâton tonnerre qui pouvait tuer avec un éclair. Ils avaient des couteaux brillants (il en avait vu chez le chef) et des haches comme celles de Kwashi et de Quemuk et bien d'autres puissantes merveilles magiques. Le chef disait qu'au cours de sa vie ils étaient déjà venus au village plusieurs fois, mais ils n'étaient pas encore revenus depuis la naissance de Kutkhay. Il aurait beaucoup aimé les voir.
Il était plongé dans ces pensées quand Kwashi l'appela :
— Ohé, fils, que fais-tu si loin du village ?
Kutkhay, se voyant découvert, sursauta et rougit.
— Rien. Rien, père.
Kwashi rit et lui fit signe d'approcher.
— Ton père sait que tu es venu jusqu'ici ?
— Il est allé avec son esclave faire des planches pour la maison, répondit le garçon avec respect.
— Oh, oui, elle a bien besoin de réparations, votre maison. Et ton frère aîné ?
— Il est à la pêche.
— Alors il travaille, aujourd'hui ? Les esprits le laissent en paix ?
— Oui, depuis un moment… Et que fais-tu de ce tronc, des planches ?
— Non, je dois sculpter quelques masques pour les rites de mi-été.
Kutkhay acquiesça. Kwashi était le sculpteur le plus apprécié du village. Ce dernier se remit à couper l'arbre. Le garçon s'accroupit sur ses talons et resta à regarder l'homme travailler avec entrain, son corps musclé était couvert d'une légère couche de transpiration et ses muscles glissaient à chaque coup donné avec adresse. Il manquait peu pour que l'arbre tombe.
Soudain Kutkhay se rappela le gibier, alors il se leva et s'éloigna en silence, s'enfonçant plus encore dans les bois. Il avait un peu peur des loups, son père l'avait averti que souvent ils enlèvent les petits garçons pour les garder comme esclaves dans leur royaume souterrain. Mais il devait trouver une proie. Un fracas le fit sursauter, mais il se tranquillisa, ce n'était que l'arbre de Kwashi.
Finalement il vit un mouvement et reconnut aussitôt un lièvre, il prit une flèche, tendit l'arc et s'immobilisa en attendant que sa proie apparaisse à nouveau. Il retenait sa respiration, les muscles de ses bras commençaient à lui faire un peu mal, mais il ne bougeait pas. Tous ses sens étaient en alerte. Mentalement, il récita la prière à l'ancêtre dont il portait le nom.
— … et même si tu n'es pas un des plus importants, aide-moi à prendre ce lièvre, conclut-il pour lui-même.
Comme en réponse l'animal se dressa sur ses pattes arrière et regarda autour en tournant le museau à coups rapides et en flairant nerveusement l'air.
— Pardonne-moi, esprit du lièvre, pensa Kutkhay.
Il laissa partir la flèche, fit mouche et l'animal s'écroula, mort.
— Par les esprits, je l'ai eu ! se dit-il, heureux, en se précipitant pour prendre sa proie.
Il était fier de lui, il se sentait déjà un grand chasseur. Il toucha le talisman à son cou, remercia l'ancêtre, remercia l'esprit du lièvre, ôta la flèche de la proie morte, en retira le sang avec de l'herbe, prit le lièvre et revint joyeusement sur ses pas. Il fit un détour pour ne pas contourner Kwashi et ne pas le déranger à nouveau.
Quand il fut en vue du village, il se mit à courir en brandissant bien haut sa proie et en chantant fort pour que tous, surtout ceux de son âge, voient qu'il était bon. Il passa entre les grandes maisons, passa le seuil de chez lui et prit à gauche, vers le coin de sa famille. Soudain, il se figea.
Sa mère tenait ferme sa sœur aînée qui se démenait sur son lit. Elle était de nouveau la proie des esprits malveillants. Encore. La malédiction qui pesait sur la famille se manifestait de nouveau. Parfois, elle s'en prenait à son frère aîné, parfois à sa sœur aînée. Par chance elle ne s'était encore jamais abattue sur l'autre frère ni l'autre sœur ni sur lui. Pas plus que sur ses parents, à dire vrai.
Ce devaient être deux esprits différents, celui qui tourmentait son frère était moins méchant. De temps en temps il lui enlevait l'âme et son frère restait immobile, sans plus parler ni rien entendre. Il était toujours facile à l'homme des esprits de rappeler l'âme de son frère. Mais l'esprit qui tourmentait sa sœur était bien plus méchant, il la faisait crier et de la bave sortait de sa bouche et elle se démenait tant que parfois deux hommes avaient du mal à la tenir immobile.
L'homme des esprits disait que tout cela venait de magie noire. Son père, à la guerre, n'avait pas achevé un ennemi touché et il l'avait laissé mourir dans les bois, l'âme de cet homme se vengeait en évoquant les esprits malveillants et en persécutant ses aînés.
La famille de Kutkhay avait souvent besoin de l'homme des esprits et à chaque fois elle devait lui faire des présents, si bien qu'il ne leur restait plus grand-chose maintenant. Heureusement le banquet était proche et le chef distribuerait à tous de nouveaux cadeaux. D'ailleurs son père était très bon chasseur et très bon fabricant de barques, et ils s'en sortaient encore assez bien.
Sa mère, en l'entendant arriver, se tourna et lui dit d'aller chercher quelques parents pour l'aider. Le garçon partit au pas de course en oubliant à côté du lit le lièvre et ses exploits de chasse. Il appela les frères de son père et quelques sœurs de sa mère. Puis il partit à la plage, s'assit au bord de l'eau et regarda au loin.
Ce soir certainement l'homme des esprits viendrait et ferait encore le rite sur sa sœur. Il avait un peu peur de l'homme des esprits, mais la cérémonie le fascinait. Il fallait préparer le nécessaire pour le rite, avant la nuit.
Il se leva et alla chercher l'esclave pour lui donner ordre de chercher du bois, lui aussi devrait en chercher, il en fallait beaucoup. Son autre sœur cherchait sans doute déjà des nattes pour le rite et s'en faisait prêter par des parents. Ce n'était même plus la peine que les parents disent ce qu'il fallait faire, tout le monde dans la famille, malheureusement, le savait trop bien.
C'était le soir quand il décida qu'il avait ramassé assez de bois.
Il n'avait pas envie de rentrer à la maison, il n'aimait pas voir sa sœur en proie au mauvais esprit. Elle devenait vraiment affreuse, effrayante. L'entendre hurler et la voir se démener torturée par les esprits lui faisaient mal au cœur. Alors il flâna, puis une femme l'appela.
— Viens manger avec nous, fils.
— Merci, mère, je n'ai pas faim…
— Viens, Tilltka t'attend.
Il ne pouvait pas refuser deux fois une invitation, surtout à présent que le nom du frère aîné de sa mère avait été mentionné. Alors il entra chez Tilltka. Lequel était assis à droite du feu avec ses fils à côté, par ordre d'âge, le grand d'abord, puis Likkho, de son âge, puis les filles par âge croissant et enfin la mère. Il s'assit à côté de Likkho comme le voulait la coutume. Il ne l'aimait pas beaucoup, c'était un de ceux qui se moquaient le plus souvent de lui, de ses cheveux pas parfaitement plats, de sa peau trop claire et sa stature trop grande.
— Salut, Fautif ! lui chuchota Likkho à peine était-il assis.
Il détestait ce surnom.
— Aujourd’hui, j'ai tué un lièvre, murmura-t-il en réponse, puis il ajouta, Tout seul ! et il se tourna vers le feu, au milieu.
La fille aînée remplissait les bols et la seconde l'aidait en les lui tendant un à un. Quand son tour vint, il leva son bol vers le feu puis vers Tilltka en signe de remerciement puis, avec deux doigts, il commença à manger. Ils parlaient tous et plaisantaient bruyamment, tout comme autour des feux des autres familles de la maison.
Vivait aussi là Haïté, l'oncle paternel de Tilltka, le chef de chasse. C'était quelqu'un d'important, Haïté, il avait deux femmes et de nombreux fils et filles. Un petit-fils d'Haïté avait aussi l'âge de Kutkhay, c'était un garçon très aimé, respecté et admiré de tous, surtout de Kutkhay. C'était peut-être le seul garçon du village à ne jamais se moquer de lui et il était beau et fort, intelligent et toujours de bonne humeur.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents