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Publié par
Date de parution
20 septembre 2012
Nombre de lectures
78
EAN13
9782364902848
Langue
Français
" Prévenons tout de suite le lecteur sensible, et même le lecteur courant : Index, traduit pour la première fois de l'américain en 1999, est un rassemblement de textes souvent atroces, parfois insupportables. Seulement tout ici est vrai. Coupures de journaux, rapports médicaux, sont exactement cités. La réalité est là, saignante et crue, triée avec une prédilection certaine pour les faits hautement transgressifs relevés au cours de plongées dans les bas-fonds de la société américaine. Les commentaires de l'auteur révèlent, eux, en même temps qu'une révolte instinctive, une fascination évidente pour la violence sexuelle quotidienne et ses sources obscures. Le lecteur averti ressortira durablement troublé de cette exploration sans fard. Pour les autres, n'hésitons pas à leur conseiller de détourner pudiquement leur regard. Sade déjà disait : "Je ne suis pas consolant, moi, je suis vrai. "" Jean-Jacques Pauvert.
Publié par
Date de parution
20 septembre 2012
Nombre de lectures
78
EAN13
9782364902848
Langue
Français
PETER SOTOS
Index
Traduit de l’américain par Frank Reichert
Prévenons tout de suite le lecteur sensible, et même le lecteur courant : Index , traduit pour la première fois de l’américain en 1999, est un rassemblement de textes souvent atroces, parfois insupportables.
Seulement tout ici est vrai. Coupures de journaux, rapports médicaux, sont exactement cités. La réalité est là, saignante et crue, triée avec un prédilection certaine pour les faits hautement transgressifs relevés au cours de plongées dans les bas-fonds de la société américaine.
Les commentaires de l’auteur révèlent, eux, en même temps qu’une révolte instinctive, une fascination évidente pour la violence sexuelle quotidienne et ses sources obscures. Le lecteur averti ressortira durablement troublé de cette exploration sans fards.
Pour les autres, n’hésitons pas à leur conseiller de détourner pudiquement leur regard. Sade déjà disait : « Je ne suis pas consolant, moi, je suis vrai. »
PRÉFACE
Peter Sotos est né en 1960 à Chicago. Il a, dit-on, exercé divers métiers : emballeur de viande, barman, membre d’un groupe de « musique industrielle » du nom de Whitehouse...
Mais surtout il écrit. Il est l’auteur d’une œuvre importante publiée aux États-Unis et en Angleterre. Œuvre dans laquelle s’affiche une prédilection pour des sujets hautement transgressifs, et une fascination pour la violence sexuelle quotidienne, comme on va le voir.
Et voici Index , publié en 1998 par Creation Books en Grande-Bretagne, et traduit pour la première fois l’année suivante par Frank Reichert aux éditions la Musardine, en grand format. Nous en présentons la première édition de poche.
Prévenons tout de suite le lecteur sensible, et même le lecteur courant, qui aborderaient pour la première fois Peter Sotos par cette édition : Index est un rassemblement de textes souvent atroces, parfois insupportables.
Seulement tout ici est vrai. Coupures de journaux, rapports médicaux, études universitaires, magazines pornos sont exactement cités. La réalité est là, saignante et crue, triée avec une prédilection certaine pour les faits divers les plus abjects relevés au cours de plongées dans les bas-fonds de la société américaine. On peut se détourner de cette réalité comme on peut éviter, avec autant d’excellentes raisons, l’explosion lyrique et scatologique des Cent vingt journées de Sodome . On peut aussi s’y risquer, tout aussi légitimement. Car Index n’est pas qu’une simple compilation : il y court obstinément un fil conducteur difficile à distinguer, au premier abord, mais qui tient son lecteur d’un bout à l’autre du livre.
La grande presse littéraire n’a pas parlé d’ Index . Elle préfère sans doute consacrer des pages et des pages à des accumulations de banalités comme La Vie sexuelle de Catherine M ., tout en criant - en murmurant discrètement, plutôt -, au scandale. Quel scandale, en vérité ? Deux cents pages pour rien. Du vent. Ici, nous sommes dans l’innommable, mais dans le solide, l’indiscutable. Index nous pose les vraies questions.
Index n’a eu droit qu’à quelques comptes rendus dans la presse dite « spécialisée ». Mais passé certains haut-le-cœur, comme nous allons le voir, certains ne manquaient pas d’intérêt, allant au fond des choses. Commençons par un haut-le-cœur (très compréhensible, insistons-y). Mais il y perce comme une vague compréhension, sur la fin :
« Réservé aux adultes ? Plutôt mille fois qu’une. Index est un test : jusqu’à quelle page tiendrez-vous dans ce récit de sperme, de cul sale, de trous de balle décharnés et de Sida surinfecté ? Soyons honnêtes et avouons que la page 49 aura été notre dernière. Et pourtant, malgré le dégoût, la crudité du style et l’enfer du Dante décrit par le narrateur, une sale fascination peut percer au détour d’une ligne. Irracontable, provocateur, Index baise son lecteur sans préservatif. 20 000 lieues sous la merde, dans les backrooms de New-York. À votre santé. »
(L’Affiche , novembre 99, signé Orlus Carton.)
Plus près de l’essentiel :
« Accrochez-vous à vos fauteuils, réprimez vos hoquets de dégoût et lisez, jusqu’au bout, ce livre ravageur, destructeur, mais si profondément, si terriblement humain. Humain parce qu’il raconte cette humanité misérable, vautrée dans la fange des pulsions incontrôlées qui font du père de famille un pédophile, et de l’adolescente en mal de vie, camée à en oublier d’exister, une prostituée de bas-quartier. Voilà le monde effroyable de Peter Sotos, basé sur ce que nos fantasmes, notre délire, ont de plus cruel et de plus cru. Entrecoupée d’extraits d’articles de presse, de résumés de films pornos, c’est une certaine image de notre société en décadence, dans ce qu’elle a de plus abject, qui se dévoile. On en ressort fourbu, brisé, mais infiniment plus lucide. »
(La Tribune des Swingers , juillet 99, signé « L.M. ».)
Encore plus près :
« Torrent de mots crus domestiqué par une écriture remarquable » [très juste !], « Index s’immerge dans un monde interlope, essentiellement celui des junkies et des prostitué(e)s de New-York, et pointe avec cruauté et fulgurance des sujets tels que la coprophilie, la paraphilie, l’ébéphilie, la torture, l’homosexualité assumée ou non [...] . Index est un document accablant sur la misère humaine, avec des êtres esclaves de leurs pulsions transgressives, finissant parfois sur le trottoir, cadavres par O.D., démembrés dans des poubelles. La mise en corrélation systématique entre baise et ultra-violence fait se demander au lecteur hébété s’il s’agit de complaisance vomitive, de goût macabre douteux, ou d’électrochoc dénonciateur.
Toujours est-il que le choc est frontal, les questions acérées, les réponses tranchantes. »
(Mix , septembre/octobre 99, signé « L.H. ».)
Toujours plus près :
« ... Cette logique meurtrière se contrefout donc des codes, jusqu’à déborder du cadre romanesque avec Peter Sotos, qui signe le texte de l’abjection : Index . Un ouvrage inclassable, sans alibi romanesque, sans autre mobile que la violence sexuelle sous toutes ses formes. Bref, un livre fascinant, entre fiction et documentaire, avec détails supposément autobiographiques et délire de la haine de soi, le tout combiné à des résumés de films pornographiques. Toute la démesure de l’entreprise est dans le mélange des registres de l’ouvrage, qui subvertit la capacité de jugement d’un lecteur interdit devant l’enjeu incompréhensible d’un tel texte et qui flirte avec la censure.
Ainsi, [...] la littérature sait qu’elle se doit absolument de maintenir envers et contre tous la figure du criminel, aussi abject soit-il, pour interroger sans cesse les limites de ses lecteurs, la menace de la censure et, donc, son espace de liberté. »
(Numéro , septembre 99, signé Laurent Goumarre.)
Et en forme de conclusion :
« ... Car Index est une œuvre complexe et forte.
Une véritable autopsie de notre civilisation indécise, partagée entre perversion et rédemption. [...] Ce premier livre de Peter Sotos traduit en français, est une “mise à l’index” des pratiques sexuelles d’une humanité moralement et psychologiquement éreintée. Pour reprendre une três belle phrase de l’auteur : “Lire Index , c’est comme sucer le canon d’un revolver, un doigt sur la détente, dans les toilettes des dames...”
À ne pas mettre entre toutes les mains ».
(Cyberzone , juillet 99, signé Max Renn.)
La présence de l’auteur par ses courts commentaires, révèle, en même temps que sa fascination évidente pour la violence sexuelle quotidienne et ses sources obscures, une révolte instinctive et comme incontrôlée, à la fois contre la nature humaine et contre ses propres pulsions. Révolte qui fait le prix de ce livre inclassable.
Le lecteur averti ressortira durablement troublé de cette exploration vertigineuse.
Pour les autres, n’hésitons pas à leur conseiller de détourner pudiquement leur regard. Une fois de plus, répétons que nous les comprenons ; les lectures consolantes ont aussi droit de cité (elles en usent d’ailleurs sans modération). Et nous leur faisons ici bonne place, comme il se doit.
Mais il y a les autres. Que nous nous devons de défendre aussi.
Sade déjà disait, « Je ne suis pas consolant, moi, je suis vrai. »
JEAN-JACQUES PAUVERT
UN
« Parfois, j’essaye de penser à ce qui va m’arriver. Pas après ma mort, mais pendant que j’agoniserai. J’ai peur. La nuit, je me sens seul. Je voudrais que ma mère soit là, avec moi, tellement je me sens vulnérable. Je panique dès que j’arrête de respirer. Ça peut vous rendre tellement claustrophobe, de cesser de respirer. Il n’y a aucun traitement médical pour moi. Si je me fais hospitaliser avec la pneumonie, ils ne pourront pas la soigner. Au point où j’en suis, je suis tellement atteint qu’il se pourrait bien que je me réveille un beau matin et qu’il ne me reste plus que deux jours à vivre. J’aimerais seulement avoir un peu de confort. Qu’on me donne tous les médicaments dont je pourrais avoir besoin pour repousser la douleur. »
(Nicholas et Bebe Nixon, People with AIDS 1 , Godine, 1991.)
« Je me rends bien compte que le sida semble avoir retiré à la drague dans les toilettes une bonne partie de l’amusement qu’on pouvait y prendre. Les gens n’y vont tout simplement plus... les pissotières semblent attirer beaucoup moins de monde qu’autrefois, il ne s’y passe pas grand-chose et elles nous paraissent à présent beaucoup moins drôles. On ne s’y suce plus des masses... il me semble plutôt qu’on se contente de s’y branler mutuellement. »
(John Greyson, Urinal 2 , Art Metropole, 1993.)
« Essayez un peu d’imaginer à quel point serait différente la vie des gays si nous pouvions savoir avec certitude, sans l’ombre d’un doute, qu’il est aussi inoffensif de pratiquer le sexe oral que de brancher un grille-pain. Pour une nouvelle, ce serait une bonne nouvelle ! D’un autre côté, imaginez le nombre potentiel de vies qu’on pourrait sauver si l’on apprenait l’inverse, mais qu’on découvrait en même temps un certain nom