L'Amour en patience

Gaston Desjardins

Description

Jusqu'à tout récemment, évoquer l'histoire de la sexualité au Québec avant 1960, c'était renvoyer d'emblée au climat de peur et de répression d'une culture catholique ancienne dont nous ne finissons plus de porter les séquelles. Or voilà qu'une analyse plus approfondie des attitudes par rapport à la sexualité adolescente, pour la période allant de 1940 à 1960, nous révèle une réalité beaucoup plus nuancée.

Sujets

• Sexualité
• sexualité
• Sexualité
• Éducation
• Sexe
• Vie
• Érotisme
• Adolescence
• Comportement
• Histoire
• Adolescent
• Catholicisme

Informations

• Publié par: Presses de l'Université du Québec
• Date de parution: 22 avril 2011
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782760523234
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

1995 Presses de l’Université du Québec 2875, boul. Laurier, Sainte-Foy (Québec) G1V 2M3

Données de catalogage avant publication (Canada)

Desjardins, Gaston, 1950-

L’amour en patience : la sexualité adolescente au Québec, 1940-1960

Comprend des réf. bibliogr. Présenté à l’origine comme thèse (de doctorat de l’auteur – Université du Québec à Montréal), 1993 sous le titre : Transformation des normes sexuelles au Québec.

ISBN 2-7605-0797-1

1. Adolescents – Québec (Province) – Comportement sexuel – Histoire. 2. Vie sexuelle – Québec (Province) – Histoire. 3.Éducation sexuelle de la jeunesse – Québec (Province) – Histoire. 4.II. Titre :I. Titre. Amours – Québec (Province) – Histoire. Transformation des normes sexuelles au Québec. HQ27.D47 1995 306.7’0835 C95-940598-4

Révision linguistique : Gislaine BARRETTE

Mise en pages : Raymond ROBITAILLE

Couverture : Richard HODGSON

Photo de la couverture : Lida MOSER, tirée deQuébec à l’été 1950, Éditions Libre Expression

Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés© 1995 Presses de l’Université du Québec e Dépôt légal – 2 trimestre 1995 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada Imprimé au Canada

À la mémoire de Cécile, ma mère.

Préface

Au Québec, les recherches en histoire de la sexualité sont plutôt récentes et, dans ce domaine encore méconnu, Gaston Desjardins a découpé un problème inexploré ; la transformation des normes relatives à la sexualité adolescente entre la Deuxième Guerre et la Révolution tranquille. Mais ce qui rend ce livre particulièrement attrayant, ce n’est pas tant la nouveauté, bien réelle, du sujet que la manière fine et perspicace de l’aborder.

L’histoire de la sexualité en Occident et les problèmes théoriques que pose l’étude de ce sujet passionnent Desjardins depuis longtemps. Les phénomènes comme la sexualité, l’adolescence, la norme ne sont pas pour lui des choses acquises, mais des objets d’étude qu’il faut d’abord définir et circonscrire dans un cadre d’analyse approprié. Les travaux des historiens de la sexualité et ceux des philosophes comme Deleuze, Foucault ou Canguilhem ont nourri sa réflexion. Il en est ressorti une problématique riche et novatrice, sans que, par ailleurs, il soit besoin d’être aussi foucaldien que l’auteur pour apprécier son livre.

Rejetant la notion fréquemment utilisée d’une norme comme prescription quasi figée, Desjardins propose plutôt de la percevoir comme émanant d’un processus qui implique tout le corps social. La normalité sexuelle ne s’insère donc pas ici dans le cadre d’une opposition de type binaire, amenant à rechercher ce qui pouvait être conforme ou déviant par rapport à une norme rigide et absolue, ce qui serait somme toute ou bien fautif ou bien assez banal. Le présent livre est plus subtil. La norme y est abordée comme une réalité dynamique, en constante transformation. Et ce qui intéresse l’auteur, c’est justement de déceler le changement, si ténu soit-il. L’historien s’est en quelque sorte donné les moyens de voir et de comprendre.

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Préface

Cette façon de poser le problème amène, en effet, une lecture particulièrement fine de la réalité québécoise de l’après-guerre. En analysant les discours sur la sexualité adolescente, Desjardins montre que l’orthodoxie catholique traditionnelle devient de plus en plus archaïque, sur la défensive et à contre-courant. L’autoritarisme craque petit à petit et, dans les interstices, s’insinue un renouvellement du cadre normatif. La morale catholique se transforme, un peu comme si la norme s’efforçait de rattraper ce qui tente de lui échapper. Le déve- loppement des connaissances apportées par les « experts », médecins, éducateurs ou travailleurs sociaux, et les transformations de la vie familiale urbaine ébranlent le mode de régulation sociale de la sexualité tout comme la structure de pouvoir qui y était associée.

Les réformistes dénoncent le rigorisme et le conformisme hypocrite qui ne peuvent produire que des individus inadaptés et limités dans leur participation sociale. L’éducation sexuelle qu’ils préconisent sera axée sur l’autonomie et l’épanouissement de l’individu. La sexualité ne devrait plus être envisagée comme une ennemie mais bien comme un potentiel de créativité et l’expression d’une personnalité propre. À travers cette nouvelle définition de la sexualité adolescente, c’est en même temps une perception renouvelée de l’adolescence elle-même qui se dégage.

Constamment attentif aux nuances, Desjardins montre habilement comment le discours réformiste émerge d’un discours orthodoxe lui-même en évolution. L’étude de la presse du cœur ajoute une dimension à l’analyse et révèle une diffusion plus populaire de la nouvelle normalité.

Cette transformation concerne sans doute davantage les régions urbaines, mais, ici comme ailleurs, c’est souvent là que s’amorcent les changements. D’autres travaux pourront suivre, dans l’espace québécois, l’évolution des discours normatifs sur la sexualité des jeunes, tout comme on pourra poursuivre les recherches pour distinguer encore davantage entre la sexualité des adolescents et celle des adolescentes.

En attendant, l’étude de Desjardins apporte une contribution importante à ce domaine de recherche et elle éclaire une période trop globalement classée comme obscure dans l’histoire du Québec contemporain.

Fernande Roy Professeure Université du Québec à Montréal