L engagement réciproque (pulp gay)
148 pages
Français

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L'engagement réciproque (pulp gay) , livre ebook

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Description

L'engagement réciproque

Diablotin

Pulp long de 571 000 car.

Un lycéen un peu enveloppé est victime des quolibets de ses camarades. Sa première rencontrée avec le bogosse de la classe se passe mal. Pourtant chacun va avoir besoin de l'autre. L'un pour s'affirmer et devenir à son tour bogosse, l'autre parce qu'il a besoin de se prouver qu'il sait également réussir ses études.

Diablotin est un auteur spécialiste de la tendresse et ... du sexe.

Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mai 2014
Nombre de lectures 40
EAN13 9782363079626
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’engagement réciproque (571 000 caractères)
Diablotin
L’engagement réciproque Nota : le chapitrage a été réalisé par l’éditeur, vous en excuserez son caractère parfois aléatoire.
Chapitre 1 Nous sommes le lundi 3 octobre, au Lycée général et technologique Paul Langevin, à Martigues. La rentrée des classes a eu lieu, il y a tout juste un mois. Il est 8h15, il fait un peu frisquet et les élèves s’apprêtent à monter en classe. Teddy Roman fait son entrée, entouré de sa cohorte de groupies. Sa carrure d’athlète était ce qui frappait en premier. Larges épaules, biceps et pectoraux saillants, abdominaux d’acier. Sa taille était fine et il devait faire environ 1m75. Ses cuisses de sprinter étaient nouées de muscles puissants. Il ne laissait personne indifférent, fille ou garçon, tant il était doté d’un physique d’Apollon à la beauté sauvage. Il émanait de lui, une sorte de félinité et de grâce à damner une sainte ou un saint. Avec un physique pareil, c’était un séducteur qui ne doutait pas de son sex-appeal. Pourtant, il cachait au fond de lui un très lourd secret. Il était fortement attiré par les garçons. Jusqu’à présent, il n’était jamais passé à l’acte, peut-être aussi parce que l’occasion ne s’était jamais présentée ou qu’il n’avait pas trouvé chaussure à son pied. Alors invariablement, d’année en année, il jouait le rôle que tout le monde attendait de lui, celui du séducteur, mais ce jeu de dupes commençait à lui peser. — Dégage, Razmoket ! Tu ne vois pas que tu es sur notre chemin ? Tu cherches la mort ou quoi ? dit Teddy à l’encontre d’un autre élève. Comme celui-ci ne bougeait pas assez vite, il le poussa violemment et le pauvre élève alla s’aplatir telle une grosse crêpe, dans une flaque d’eau, sous le regard amusé des poissons-pilotes qui accompagnaient Teddy. Rouge de honte, il se releva, dégoulinant de la tête aux pieds. — Hé, Roman !... C’est mon veston tout neuf que tu viens de bousiller. Il va falloir me rembourser ! dit-il en posant sa main sur l’épaule de Teddy. — Enlève ta main de mon épaule, Razmoket ! dit-il sur un ton dur et sec. — Roman, il va falloir me rembourser mon veston. — Pour toi, Razmoket, cela sera Monsieur Roman. Tu veux que je te rembourse. Tu oserais répéter, juste pour voir ? — Euh… Ben, oui… C’est toi qui m’as poussé dans cette flaque donc, c’est à toi de payer pour l’achat d’un veston neuf. — Payer ?... Tu es en plein délire mon pauvre. Et si je ne paie pas, tu vas me faire quoi ? Me casser la figure ? — Euh… — Et bien, vas-y, tu peux me frapper ici ! dit-il en montrant sa joue gauche. L’élève serra son poing droit, prêt à frapper tout en serrant les muscles de sa mâchoire. — Et bien alors, Chamallow, tu attends quoi pour me faire mal avec tes petits poings boudinés ? dit-il en le bousculant pour l’obliger à réagir. — Je ne peux pas te frapper, mais sache que je fais du karaté depuis l’âge de huit ans, mais je n’ai pas le droit d’exercer, car j’ai fait une promesse. — Tu peux répéter ?... Vas-y, montre-moi comment tu cognes ! — Je ne peux pas te frapper. Je suis non-violent. — De toute façon, j’étais sûr que tu n’avais rien dans le ventre. — Allez viens, Teddy, nous allons être en retard pour les cours ! dit l’une des groupies. — Excuse-moi, Chamallow, mais je ne peux pas faire attendre mon public ! Damien Coste était au bord des larmes. Une fois de plus, il n’avait pas su s’imposer. Brun aux yeux bleus, il était un peu trop pâle, un peu trop petit (1m65), un peu trop gros (80kg). Un peu trop sérieux, il se situait dans le peloton de tête en classe, un peu trop discret, un peu trop invisible… Bref rien d’une gravure de mode, un mec normal, comme la moitié de
la population adolescente de Martigues. Il fut le dernier à gagner la classe pour le cours de mathématiques. Il était 8h35 et le cours avait commencé depuis cinq minutes. — Assez de bavardages ! Un peu de silence s’il vous plaît. Vous aurez l’occasion, après les cours, de vous relater ce que vous avez fait durant ce week-end. En attendant, je vais vous remettre vos contrôles de mathématiques qui semblent déplorables pour certains, nous sommes quasiment proches du vide absolu. Pour d’autres, nous constatons un léger frémissement vers le succès, mais un seul d’entre vous a obtenu une superbe note : 20/20. — Facile à deviner, c’est encore ce gros lard de Damien, comme d’habitude. — Monsieur Roman, debout s'il vous plaît ! — Oui, Monsieur… Teddy Roman s’exécuta tout en prenant une tête de chien battu, comme un gosse pris en faute et qui cherchait à atténuer la punition. Mais le professeur ne se laissa pas déstabiliser et lui dit sur un ton sans réplique : Monsieur, je me dispenserai de vos commentaires très désobligeants sur votre camarade. Peut-être que si vous passiez plus de temps à étudier plutôt que d’aller galoper sur un terrain ou courir après une balle, l’on pourrait assister à un miracle en direct, devant une assistance médusée par votre exploit. Je vois bien le tableau… Au lieu de votre 3/20 du jour, vous arrivez un matin, en ouvrant la porte de façon détendue, avec un sourire « Colgate » aux lèvres, dans un habit de lumière. Au moment, où je dis « Interro écrite ! », vous vous précipitez, tel au départ d’un 100 m et vous coupez la ligne en vainqueur… Un 15/20. — Mais Monsieur, je m’entraîne dur pour gagner la première rencontre inter-lycées qui aura lieu le prochain trimestre. Et le Proviseur compte beaucoup sur moi, pour rapporter au moins deux médailles d’or face au lycée Jean Lurçat… — Vous pouvez vous rasseoir. Cela tombe bien que vous abordiez ce sujet. Je préfère vous prévenir que je m’arrangerai personnellement, avec le professeur de sport, pour annuler l’inscription de tous ceux qui n’auront pas obtenu la moyenne dans ma discipline. J’ai l’aval du Proviseur. — Mais ce n’est pas juste, vous n’avez pas le droit. Nous défendons l’honneur de notre lycée. — Et bien, notre lycée se passera de votre participation. Je serais intransigeant là-dessus. Tous ceux qui auront la moyenne dans ma discipline, et qui sont inscrits pour le meeting, pourront y participer. — Ce n’est pas juste. — Le sujet est clos, Monsieur Roman… Cédric, veuillez distribuer les copies à vos camarades, en même temps que cette photocopie qui n’est que la correction de ce contrôle. Damien était soucieux et finalement fataliste. « Et voilà, tout cela allait être encore de ma faute. Certains allaient encore se retourner contre moi parce que j'avais obtenu une bonne note et que cela avait créé des polémiques en classe entre Teddy et le professeur. Je savais qu'à la récréation, j'allais prendre quelques calottes et quelques coups de pied au cul, mais rien de méchant. Depuis des années déjà j'avais pris l'habitude d'être le souffre-douleur de mes camarades et de me faire traiter de tous les noms. (Petit gros, gros lard, Bibendum, chamallow… et j’en passe !) Combien j'aurais aimé être à la place de Teddy. Être un athlète de haut niveau, grand, mince et beau, savoir jouer au football. Il était continuellement entouré de filles et il avait les meilleurs potes du lycée pour lui. Qu'est-ce que je pouvais m'en foutre d'être le meilleur de ma classe et d’avoir les meilleures notes, d’être au top niveau dans toutes les matières ! Je ne supporte même plus de me regarder dans la glace, je ne vois que le reflet d’un corps disgracieux. Ma mère souvent me dit que j'ai une bouille d'ange. Elle a raison, car j'ai un visage agréable à regarder, mais c’est une grosse bouille d'ange que je porte sur mes épaules
avec des joues bien grassouillettes. J’ai essayé de faire des efforts pour perdre un peu de poids en éliminant les sucreries, les desserts, le pain, mais rien à faire, la balance me torture à chaque fois que je monte dessus. À mes 12 ans, j’avais des crises abdominales, on a découvert après plusieurs examens que j’avais la maladie de Crohn. On a dû m’administrer de la cortisone pendant plus d'un an et c'est à cause de cette merde de médoc que j'ai pris tout ce poids, que je n'ai pu hélas reperdre. Depuis je me suis fait une raison et je ne m'apitoie plus sur mon sort, mais je suis tout de même malheureux. Quand je pense à ce connard de Teddy, qui m’a bousillé la veste à laquelle je tenais tant. J’aurai tant voulu être à la hauteur et lui mettre mon poing dans sa sale gueule de con, mais j’étais prisonnier d'une promesse qui me tenait pieds et poings liés, m'empêchant de riposter à toute attaque. Mon sensei m'avait dit qu'il ne m'entraînait pas à combattre des ados et je lui avais fait une promesse. Malheureusement, je l’ai oublié le jour où j'ai failli blesser gravement un mec qui s'en prenait à Kylian. Ce dernier a eu peur de ma réaction et m'a fait promettre de ne plus jamais me battre. » À la fin du cours, je suis sorti en premier et je suis allé me réfugier dans les toilettes en attendant que le cours suivant reprenne. Mais le seul ami, que j’avais, avait vu mon manège et m’avait suivi. — Tu te planques Damien ? — Que veux-tu que je fasse d’autre ? Tu veux peut-être que je serve de punching-ball ? — Cela ne sert à rien de te cacher, tu ne vas pas fuir toute ta vie. — Que suggères-tu ? — Fais-lui comprendre que tu n’as pas peur et marche la tête haute quitte à prendre quelques coups. — Il m’a déjà bousillé la veste, tu veux qu’il me défigure aussi ? Et tu sais bien que ta stupide promesse m’empêche de répliquer. — Il n’est pas si méchant qu’il le paraît, sinon tu serais déjà à l’hosto. Il veut juste impressionner son entourage. Allez, sors de là, les cours vont reprendre. Kylian était le seul ami que j’avais depuis des années. Nous habitions le même immeuble depuis huit ans et c’est le seul qui comprenait mon désarroi. Il ne faisait jamais parler de lui, c’est le genre d’ados qui passait inaperçu et qu’on laissait tranquille. Nous jouions souvent à la console le week-end et pendant les vacances scolaires. Souvent, je l’aidais à faire ses devoirs quand il avait des difficultés et cela depuis la sixième. Il était plutôt beau garçon, du haut de ses 1m70, il avait un visage souriant, un regard clair émanant de magnifiques yeux bleus, une chevelure blonde. La beauté incarnée sur cette terre, mais d’une timidité étonnante avec les filles. — Je suis content de t’avoir comme ami Kylian. — Oui, moi aussi, mais tu as d’autres copains. — Quels copains ? Ici tout le monde me traite comme un débile. — Pourtant, tu es quelqu’un d’exceptionnel ! Je le sais puisque je suis ton ami. — Non, je ne suis pas comme eux ! Je le sais et ils le savent… Regarde ce corps disgracieux… Je ressemble plus à Jabba le Hutt de « La guerre des étoiles » qu’à un prince charmant. — Jabba ? — La grosse limace à tête de crapaud qui avait mis la tête de Yan Solo à prix. — Beurk !... Tu es dur avec toi-même. — Non je suis réaliste, une bouille d’ange sur un corps de crapaud… Il y a tous ces types, Teddy en tête, qui passent leur temps à me chercher… Je te jure, parfois j’ai envie d’exploser. — Tu vaux mieux qu’eux, crois-moi. Et puis rappelle-toi la promesse que tu m’avais faite, il y a huit ans.
— Oui, je m’en souviens. Tu m’as fait promettre de ne pas me battre depuis que j’avais envoyé l’autre abruti de Johan valser de l’autre côté de la rue et qu’il s’était cassé le bras. — Oui. Tu accordes trop d’importance à ce qui te paraît normal. L’important est que tu aies foi en ce que tu es, toi. Tu es Damien et cela tu ne pourras pas le changer. Essaie de gagner la confiance de Teddy et je pense que tous tes problèmes seront résolus. — Oki. Je vais essayer d’aborder cela sous un autre angle. Merci — Mais de rien. 10h25, c’était le cours de la troisième heure. La matière aujourd’hui : le français avec Madame Nageotte. Le cours était à peine entamé que… — Monsieur Roman, vos bavardages incessants avec votre voisin me semblent des plus instructifs. Dans tous les cas, plus que mon cours. — Euh… Non, Madame. — Donc, vous ne voyez aucun inconvénient à nous faire part de votre point de vue sur « Le Cid », acte 1 scène 4 ? Interrogation orale ! Veuillez vous lever s'il vous plaît ! Aïe. Ce n’était vraiment pas son jour. Déjà que le prof de math voulait le priver de compétitions. Si, en plus, il avait encore une mauvaise note en français, c’était l’internat assuré. Sa mère avait été très claire à ce sujet : à la prochaine mauvaise note en français, c’était direction l’internat. À moins d’un miracle, il ne voyait pas comment il pourrait s’en tirer cette fois-ci. Pendant que le professeur farfouillait dans sa sacoche pour prendre son livre de Corneille, Teddy cherchait dans les confins de sa mémoire quelques bribes de souvenirs. Mais il n’y trouva rien, ce qui était tout à fait normal, il n’avait même pas pris la peine d’ouvrir le livre. — Nous vous écoutons, Monsieur Roman. Que pouvez-vous nous dire sur leCid? — Le cidre ?… Euh… Le cidre… Le cidre est une boisson alcoolisée obtenue à partir de la fermentation du jus de pomme… — Qui vous parle de cidre ? Je vous parle duCid, l’œuvre de Corneille. Vous êtes sûr d’avoir pris la peine de l’étudier ? — Oui… Je voulais faire un trait d’humour… — À votre place, je me contenterais de ne pas dériver du sujet si vous ne voulez pas que je tire un trait aussi sur une bonne note. — Ne vous énervez pas, j’y vais… En désespoir de cause, il implora du regard Kylian, mais il avait l’air aussi perdu que lui. Teddy se mit à réfléchir à toute allure ce qui, chez lui, était déjà un exploit. Il semblait perdre pied. — Alors Monsieur Roman ? reprit l’enseignante. Il s’apprêtait à lui dire qu’il n’avait rien appris, quand son voisin de devant se retourna vers lui. « Tiens, Chamallow, tu dois être fier de me voir ainsi humilier devant tout le monde ! » pensa-t-il. Mais au moment où son regard croisa celui de Damien, ce dernier lui fit comprendre en baissant les yeux de regarder la feuille qu’il avait posée bien en évidence sur ses genoux. Elle était écrite en grosses lettres, afin que Ted puisse lire sans difficulté… C’était des fiches de lecture, qu’en élève consciencieux, Damien s’était constitué pour mieux apprendre la pièce de Corneille. — LeCidest une pièce de théâtre, une sorte de tragi-comédie en vers de Pierre Corneille. Damien reprit aussitôt sa pose préférée, la tête reposant sur ces deux mains. Ted, conscient du sauvetage inespéré, n’hésita pas une seconde. — Don Diègue et le comte de Gormas ont décidé d’unir leurs enfants Rodrigue et Chimène, qui s'aiment. Mais le comte, jaloux de se voir préférer le vieux don Diègue pour le poste de précepteur du prince, offense ce dernier en lui donnant un soufflet. Don Diègue, affaibli par l’âge et trop vieux pour se venger par lui-même, remet sa vengeance entre les mains de son fils Rodrigue qui, déchiré entre son amour et son devoir, finit par écouter la voix du sang et tue le père de Chimène en duel.
Le professeur regarda Teddy les yeux exorbités par la surprise… — Mais vous savez, mon cher Monsieur Roman, que c’est juste. C’est bien la première fois que vous me surprenez agréablement. Mais je reste perplexe. Concernant l’acte 1 scène 4, que pouvez-vous en dire de plus ? — Euh… Don Diègue était très vieux… je me demande même s’il ne souffrait pas de la maladie d’Alzheimer et c’est peut-être pour cela qu’il s’était lancé dans ce long monologue. — Pardon ? — Ben oui. Don Diègue est né, c’est la seule chose dont on soit sûr. Mais on ignore quand exactement. Je crois que c’était un lundi vers 8 heures, c’est pour cela qu’il se levait tôt. Puis il passe son enfance et son adolescence à traîner dans la rue… — Vous êtes sérieux là ? — Mais heureusement pour lui, il va rencontrer sur son chemin, Jean Valjean qui le fera rentrer chez les mousquetaires du Roi. Damien secouait la tête devant tant d’inculture et finit par mettre un autre papier avec la réponse dessus. Madame Nageotte considéra Teddy d’un œil surpris avant de se ressaisir et de déclarer d’un ton ferme… Je me disais bien que c’était un coup de chance… N’avez-vous rien d’autre à ajouter ? — Évoquer le tragique fait d'emblée venir à l'esprit des représentations funestes liées à l'appréhension d'événements violents ou de découvertes douloureuses. Le tragique amène avec lui le désastre, la souffrance, la mort, la brisure d'un individu, de ses croyances antérieures ou de son idéal. — Euh… Oui… Vous avez compris l’essence même de cette tirade… Vous me surprenez… Elle continua à poser des questions et, à chaque fois, Teddy répondait juste. De là où elle était, le professeur de français ne pouvait pas voir les antisèches de Damien. De toute façon, il était insoupçonnable. Il était de notoriété publique que lui et Teddy étaient les pires ennemis. Ce qui ne manqua pas de tracasser Teddy, qui se demandait pourquoi Damien lui avait offert son aide et quel serait le prix à en payer. — Bien, la dernière question, Monsieur Roman. Que pensez-vous que Don Diègue puisse penser à l’automne de sa vie ? — Le prix qu’il devra payer pour ce coup de main. — Quel coup de main ? La mort ne donne pas de coup de main, et elle fait partie intégrante de la vie. N'est-ce pas ? Il venait de se trahir en dévoilant le fond sa pensée, ce qui ne manqua pas de faire tressaillir Damien. Teddy essayait de gagner du temps pour laisser à Damien le soin de lui présenter la suite de sa feuille de lecture. — Oui, tout à fait, Madame. Je suis d’accord avec vous. — C’est tout. Vous n’argumentez pas ? Damien posa en toute hâte la réponse à la question de la prof. — Le héros tragique est accablé par son destin, écrasé, anéanti par une nécessité supérieure contre laquelle il n'a pas pu se défendre, n'étant pas à armes égales dans sa lutte contre elle. L'homme se sent dépossédé de lui-même et n'apparaît plus à ses propres yeux que comme l'instrument d'une nécessité implacable. — Écoutez, vous pouvez vous asseoir. Je suis agréablement surprise et je vous mets un 16/20. Et remerciez celui qui vous a aidé à réviser. Cela n’a pas dû être très drôle pour lui. — Merci, Madame. À peine Teddy fut-il assis, qu’il rédigea sur un bout de papier quelques mots à l’intention de Damien. « Merci ptigros pour ton aide, je ne sais pas pourquoi tu l’as fait, mais je te remercie. Ce soir tu me laisseras ta veste, que je ferai nettoyer au pressing. Ne crois surtout pas que tu vas devenir mon pote pour l’assistance que tu m’as apportée. Dorénavant, si tu continues à me
donner les antisèches, je te laisserai tranquille. » Dès que Damien prit connaissance de la note laissée par Teddy, il secoua la tête de droite à gauche en signe de désespoir. Il retourna la feuille et rédigea une réponse. « Décidément, tu n'as rien compris. À aucun moment en t’aidant, je n'ai pensé devenir ton pote. Tu devrais savoir que je ne fréquente pas des gens comme toi, qui n’aiment que leur propre personne et qui ont un petit pois à la place du cerveau. Si cela te fait plaisir, tu pourras continuer à me martyriser, mais ne compte plus sur mon aide. Pour le nettoyage de la veste, je suis d'accord, car après tout, c'est toi qui me l'as pourrie. » Je savais bien qu’en répondant de cette manière, j'allais encore m'attirer des ennuis, mais je ne voulais en aucun cas passer pour le trouillard de service. Kylian m'avait suggéré de ne pas me laisser faire, quitte à prendre quelques coups et j'étais décidé à suivre ses conseils. J’attendais avec impatience que la sonnerie retentisse pour aller manger à la cafétéria. Je savais pertinemment que Teddy allait me créer encore des problèmes, mais j'étais prêt à les affronter. Quelques minutes plus tard, la sonnerie se fit entendre annonçant la fin du cours. J’ai rangé mes affaires dans mon sac et le mis sur mon épaule en bandoulière. Je sortis un des premiers de la classe en compagnie de Kylian en prenant même la peine de dire au revoir au professeur.
Chapitre2 Mon ventre criait famine, mais avant d'aller manger, je suis parti en direction des toilettes pour me soulager et me laver les mains. J'ai jeté un regard en arrière pour savoir si Teddy me suivait, mais je ne le vis pas. Le temps de me débrailler afin que de me soulager, la porte des toilettes communes s'est ouverte avec fracas. Kylian et moi-même avons regardé dans la direction de ce bruit assourdissant pour constater que Teddy venait de faire une entrée théâtrale. Il est venu se loger derrière moi, puis il a commencé à me menacer en me bousculant. — Putain ! Arrête Teddy, je vais en mettre de partout. — Tu ne peux pas le laisser tranquille ? Pourquoi tu t'en prends toujours à lui ? lança Kylian. — Toi le blondinet, occupe-toi de tes affaires, sinon tu vas avoir affaire à moi. — Dis-toi bien que je ne m'appelle pas Damien et, s'il arrive par malheur que tu me touches, au moment où tu t’y attendras le moins, tu te prendras en traître un grand coup de batte de base-ball dans les genoux, comme cela tu n'auras plus de souci pour la compétition interlycées. — Dis-moi, gros tas ! Tu arrives à la voir ta bistouquette quand tu pisses, parce que moi, d'ici, je ne la distingue pas. Ta bedaine est tellement proéminente qu'on a du mal à distinguer ta queue. — Tu es peut-être PD, puisque tu n’arrêtes pas de me mater depuis cinq minutes. Si tu n’arrêtes pas de me faire chier, j’irai voir la prof de français pour lui dire que c’est moi qui t’ai soufflé les réponses, comme cela tu auras un zéro absolu. — Mais tu te mettras dans la merde tout seul, car je ne t’ai rien demandé. — Il me sera facile de dire que tu m’as obligé à te donner les réponses. Tout le monde sait à quel point tu aimes ton prochain. — On réglera ça à la sortie du lycée, tu peux commencer à te faire du souci. Je vais fracasser ta gueule d’ange. — Mais quel est ton problème, Teddy ? Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu t’en prennes ainsi à moi ? Pourquoi y a-t-il tout ce mal en toi ? Dis pourquoi, dis-moi... dis-moi, dis pourquoi ? Tu as les plus belles filles qui traînent à tes pieds et tu es un athlète incontesté, pourquoi tu perds ton temps avec moi ? Teddy marqua un temps d'arrêt... Puis il sembla réfléchir... — J'ai un deal à te proposer. — Dis toujours et je verrai. — Tu as entendu le professeur de mathématiques ce matin. — À quel sujet ? — Pour tous ceux qui n'auront pas la moyenne, nous n'aurons pas la possibilité de participer à la rencontre interlycées. — Oui, je me souviens. — Si tu m’aides à obtenir la moyenne sans tricher avant la fin du prochain trimestre et le début des compétitions, en contrepartie, tu peux me demander ce que tu veux. — Mais je n'ai besoin de rien, surtout venant de ta part. — Essaie de réfléchir Damien, je suis sûr que je peux t'apporter quelque chose. Sur cette dernière phrase, il quitta les toilettes pour rejoindre le réfectoire. Tout en me lavant les mains, je réfléchissais aux dernières paroles qu'il avait prononcées avant de disparaître. À notre tour, nous avons rejoint le réfectoire bondé comme d'habitude, nous avions l'estomac dans les talons. Nous avons fait la queue au self-service, puis comme l'habitude, nous sommes allés nous isoler à une table au fond du réfectoire. — Dis-moi Kylian, tu as compris quelque chose à notre conversation de tout à l'heure ?
— À propos de l'aide qu'il pourrait t’apporter en échange des cours de maths que tu pourrais lui donner ? — Oui c'est ça. Je ne suis pas contre pour lui donner un coup de main, mais je ne vois vraiment pas en quoi Teddy pourrait m'être utile. — Essaie de faire travailler ton cerveau, Damien. Toi tu es bon en mathématiques, lui, il est bon en quoi ? — Euh… En sport. — Gagné ! — Et alors ? Ça me fait une belle jambe. — Tu es con ou tu le fais exprès ? En échange des cours de maths que tu pourrais éventuellement lui donner, demande-lui qu'il te prenne en charge et qu’il t’aide à perdre ton surpoids. — Tu es fou, tu veux ma mort ? Il prendrait trop son pied à me voir souffrir comme une bête. — Alors, arrête de te plaindre tout le temps en disant que tu es gros et que tout le monde se moque de toi. Essaie de te prendre en charge et profite de l'occasion qu’il te donne. Tu n'en auras certainement pas d'autres. Effectivement, Kylian avait peut-être raison. Il fallait probablement saisir cette opportunité qui ne se représenterait plus jamais à moi. Fallait-il encore que Teddy accepte le défi. Je me voyais déjà en train de courir, faire des pompes, des abdominaux, je voyais mon corps changer à une vitesse vertigineuse. Il fallait que j'arrête de rêver et que je me ressaisisse, car 20 kilos superflus, ce n'est pas si facile à faire disparaître. Après le repas, nous sommes allés traîner dans le parc avant que les cours ne reprennent. Il n'a pas fallu longtemps pour que j'aperçoive Teddy accompagné de sa horde de groupies. Il a jeté un œil dans ma direction, puis d'un pas tranquille, il s'est dirigé vers moi. — Alors Damien, as-tu réfléchi à ma proposition ? — Pas encore, puis-je te donner ma réponse demain dans la journée ? — OK ma grosse, mais pas plus tard que demain. — Ne me surnomme plus ma grosse ou dorénavant je t’appelle niquedouille. — Ça veut dire quoi ? Que je nique les douilles ? — Commence ton instruction et recherche dans un dico. — Tu commences à me taper sur les nerfs. — Mais quand est-ce que vous allez arrêter de vous chamailler comme des gosses du cours préparatoire ? cria Kylian dans un accès de colère. Damien a besoin de toi pour perdre du poids et toi tu as besoin de lui pour avoir la moyenne en maths. Engagez-vous réciproquement et commencez à vous entraider. — Je dois reconnaître pour une fois que Kylian est dans le vrai, qu’en penses-tu ptigros ? Euh… Désolé… Damien. — Je suis d’accord, abruti. Euh… désolé… Teddy. Bon ! Comment veux-tu procéder ? — On se retrouve en fin d’après-midi après les cours et on en discute sérieusement, mais sache une chose. Quel que soit le degré de haine que tu éprouves pour moi, je ferai mon possible pour que tu puisses retrouver un corps mince et svelte. — Je n'éprouve aucune haine contre toi, mais je te promets que de mon côté, je vais faire en sorte de remplacer le petit pois que tu as à la place du cerveau par une balle de tennis. — À 15h30, nous n’avons plus cours, nous avons deux heures avant que le bus arrive. Si tu es d’accord, nous allons en étude et tu m’expliques comment j’ai pu obtenir un 3/20 en mathématiques. Comme convenu, nous nous sommes retrouvés en étude et pendant deux heures, nous avons travaillé sur le devoir de maths que nous avait remis le professeur dans la matinée. — Bon fais-moi voir ta copie… Argh !... Mais, il t’a mis un point pour la présentation et ton nom… Gargl !... Et tes deux autres points proviennent de la seule réponse juste que tu as
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