Le Banquier (pulp gay)
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Description

Le Banquier

Jan-Marc Brières
Pulp de 313 000 caractères. Corrigé le 14 avril 2013.
Dans les années 90, j'ai observé une scène dans un quartier dit à haut risque : des mécontents s'agglutinaient devant leur agence bancaire parce que le RMI n'était pas encore sur leur compte. Courageux, tentant de ramener le calme, un homme d'aspect frêle, fort élégant, courtois, aux gestes précieux, se démenait ! Fait véridique. Plus tard, j'ai rencontré le Monsieur distingué et courageux, sous directeur de cette agence et gay avec qui j'ai connu quelques heures délicieuses. Durant nos péripéties, il m'a raconté sa vie. Aujourd'hui, je transcris les aventures d'un « banquier » ouvert aux mâles mœurs qui s'adonnerait à la bonté d'âme et à l'aide financière aux démunis ?
Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/

Informations

Publié par
Date de parution 22 février 2013
Nombre de lectures 33
EAN13 9782363075772
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Banquier
Jean-Marc Brières
Exténué, déçu, quasi désespéré ! Son affaire est fichue ! Il trime comme un dingue depuis combien de mois ? Cela paraît même des années. Plus de sorties, aucune folie de quelque genre que ce soit. 12, 14 voire 16 heures ou plus de travail acharné, de recherches, de lectures dans des bibliothèques ou sur internet, chaque jour, dimanche et fériés inclus ! La bouffe dictée par un seul souci : améliorer les performances intellectuelles, le maintenir en forme à tout moment. Heureusement, il dort peu. Son besoin de sommeil se réduit au minimum, de 5 à 6h par nuit, depuis l'âge de se branler ce qui remonte à ses… 12 ans à peu près. Et tout ça, pour en arriver à un échec ou peu s'en faut. Il se demande la cause de ce qu'il considère comme une catastrophe, revoyant dans sa tête son parcours, les entretient. Il ne trouve rien.
Le moment semble lourd à porter ! Lui, adjoint du patron d'une agence ! Il n'arrive pas à y croire ! Il ne peut pas y croire. Pourtant, dans son attaché-case, un document le prouve, l'affirme ! Dans deux mois il quittera la capitale pour T… où l'attend son nouveau bureau. À l'origine, il espérait partir, certes, mais pour diriger, devenir patron !
Il s'assied sur une des chaises situées dans l'espèce d'antichambre que forme un vaste couloir. Des larmes coulent sur ses joues. Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. Il n'a même plus baisé depuis des mois, se consacrant uniquement à son boulot, à son avenir. Du coup, son sexe se raidit à cette seule pensée, comme s'il lui signifiait qu'il serait grand temps de rattraper le temps perdu !
Un mec prend place sur une chaise de la rangée d'en face, dont la joie éclatante contraste avec la tristesse d'Hubert, attire son regard, remisant aux oubliettes les peines de cette journée. Dans la main de l'arrivant, une liasse de documents. Il ne retient pas un cri de bonheur :
— J'ai réussi !
L'heureux homme prend conscience de la présence du malheureux. Il lève les yeux dans sa direction. Une tornade envahit le crâne d'Hubert. À ce moment précis, tout s'efface, plus rien n'existe autour de lui, autour d'eux. Seul le gagnant lui paraît digne d'intérêt. Il en oublie ses déboires, sa nouvelle affectation, sa presque non-ascension professionnelle, son avenir qu'il estimait gâché un instant plus tôt. Il ne vit, ne ressent, ne voit que le moment présent qu'il voudrait une éternité. Il ne s'agit pas là d'un banal coup de foudre, oh non ! C'est une fin du monde cataclysmique en ébullition dans tout son être. Ça se chamboule là-dedans, ça bouillonne, ça chauffe, ça va exploser s'il n'y prend garde. Il n'a pas envie d'y prendre garde. Il veut se laisser aller à sa contemplation. Il se persuade de son air béat, pour ne pas dire benêt, car le gagnant l'apostrophe :
— Vous aussi vous sortez de l'épreuve ? Ça n'a pas l'air d'aller…
Hubert opine du chef, incapable de prononcer un mot. Il sait qu'il sourit connement. L'autre continue :
— Alors, c'est vous mon adjoint, c'est ça ? Pas besoin de répondre, on le devine rien qu'à vous voir. Je me présente : Paco G… votre futur patron.
Son patron ! Son patron ! Lui ! Son patron ! Paco, c'est Paco son patron ! Tout ceci tourne dans le cerveau d'un Hubert aux anges dont les jambes se redressent. Il se lève, se précipite vers
Paco, le bras droit tend une main, la bouche formule :
— Hubert V…, enchanté d'être sous vos ordres.
Et de secouer cette main dans la sienne, de la garder en la serrant bien fort comme s'il ne voulait plus la laisser reprendre son indépendance. Paco se lève durant cette « empoignade ». Un peu déboussolé par la réaction de son futur subordonné, il décrète :
— On va boire un pot tous les deux ? Nous ferons connaissance. Ce sera toujours ça de déblayé.
Illico, toute retenue annihilée, Hubert s'empare du bras de Paco pour le traîner dans le premier bistrot venu, craignant que, s'il le lâche, il ne se débine. Dans sa tête, une seule pensée se répète comme une antienne : « Je veux ce mec ! Ma vengeance en quelque sorte ! »
*
* *
Hubert se sent un tantinet confus. Assis en face de Paco, il lui présente quelques excuses pour son attitude un soupçon familier. Il ajoute, involontairement, subjugué par la sensualité de son nouveau patron :
— Vous savez, si ça avait été moi le chef et vous mon adjoint, je vous aurais embrassé tellement j'aurais été content.
Ils se regardent droit dans les yeux. Hubert ajoute :
— Alors, je peux ?
La question reste sans réponse tant elle déconcerte Paco. Alors, Hubert de se lever, de pencher son corps au dessus du guéridon, de claquer un gros bisou sur chacune des joues d'un Paco de plus en plus médusé, éberlué, pantois qui ne sait que répéter :
— Ça alors, ah ça alors, ben vous !…
Re-excuses avec petite note explicative :
— C'est que, voyez-vous, j'en avais envie. Je suis gay. Mon attitude béate n'avait plus rien à voir avec ma nomination au moment où vous vous êtes assis en face de moi. Vous seul en étiez le responsable involontaire. Pour un mec canon, on peut dire que vous êtes canon !
Quelques secondes de silence pesant des tonnes de plomb puis :
— Voilà, vous savez à qui vous aurez à faire comme sous-fifre.
— Ils savent, à la grande direction ?
— Bien sûr ! Peut-être pour ça que je n'ai pas eu votre poste. Officiellement, pas de discrimination, officieusement discrimination à tout va. J'ai l'habitude.
Hubert lance cette réponse sur un ton courroucé, outragé que l'on puisse douter de son honnêteté. Il croit bon de préciser :
— Je sais que nous allons bien nous entendre. Travailler sous vos ordres c'est mieux que d'être patron moi-même.
Revenant à la réalité, Paco réplique, véhémentement :
— Holà ! Doucement ! Je ne suis pas gay, mais hétéro 200 % !
Hubert s'inquiète :
— Pas anti, j'espère ?
— Non, bien sûr. Cependant, je préfèrerais que vous laissiez vos pulsions en dehors du
bureau et que vous preniez vos distances avec moi. Simple prudence afin de préserver un minimum de correction entre nous.
Tout en parlant, Paco se lève, dépose un billet afin de régler les consommations, s'éloigne en lançant un « au revoir » des plus glaciaux. Dans la rue, il soupire :
— Ce con de pédé m'a gâché mon plaisir ! Dire que je vais devoir le supporter. Dès que possible, je le fais muter.
Un peu déconfit par la tournure de la conversation, Hubert regagne son domicile. Évidemment, il n'a pu s'empêcher de foncer bille en tête, comme un imbécile ! Mais quelle idée d'avoir déblatéré ces conneries à son futur patron ! Bon, reste plus qu'à jouer patte de velours afin de faire oublier son écart. Il hausse les épaules, estimant :
— Qu'est-ce que je risque ? Qu'il me fasse la gueule ? Et après ? Moi, je lui ferais bien autre chose. Beau mec, bandant à souhait. Et si j'attaquais sa vertu ? Pourquoi pas ? Ça rendrait mon séjour sous ses ordres assez excitant. L'hétéro pur sucre pourrait bien fondre. Et moi je me consolerais de mes déboires professionnels.
*
* *
Une fois rendu chez lui, Hubert se contemple dans la glace de la salle de bain. Il se juge pas mal du tout. Pas la grande beauté, mais une sensualité féroce se dégage de sa personne. Voilà son principal atout. Il espère bien que cet atout-là fera succomber le trop magnifique Paco.
En attendant, Hubert se change avant de se rendre dans un sauna dont la réputation n'est plus à faire quant à la quantité et la qualité de la clientèle. Il souhaite retrouver le Péruvien de la semaine passée avec sa bouche aux lèvres coquines, son sexe aux possibilités de réactions immédiates.
Bingo ! L'ange latino l'interpelle à peine passée l'entrée des vestiaires. Heureux, Hubert lui demande de patienter, juste le temps de quelques ablutions. L'homme ne l'entend pas ainsi, se proposant comme garçon de bain. Tous deux se dirigent vers la douche. Les mains de Mario savonnent abondamment le corps du français qui frémit sous ces caresses déguisées. Doucement, les verges se soulèvent. Celle d'Hubert, droite, majestueuse, darde ses deux dizaines de centimètres en direction du ventre bronzé d'un Mario présentant une queue courbée vers le haut, lourde, au diamètre imposant, à la longueur alléchante frisant les 24 à 25 cm. Les doigts quittent leurs occupations pour s'aller fouiner sous les roubignoles, les envelopper savoureusement, les faire rouler dans leur sac. De là, ils s'égarent vers les anus dont les accès sont facilités par un écartement plus important des cuisses. Soupirs, pelles ; pelles, soupirs. De nouveau assemblés l'un contre l'autre, les corps se frottent laissant les queues se câliner, glissant entre les ventres grâce à la mouille généreuse. Un balancement des bassins accentue le plaisir. Les bras enserrent, serrent. Les bouches s'unissent dans de vigoureux baisers durant lesquels les langues ne restent pas inactives. Hubert ne cesse
d'imaginer qu'il tient le Paco entre ses cuisses sans toutefois négliger qu'il s'agit bien de Mario le Péruvien. Ils se séparent, se rincent, se sèchent. Main dans la main, ils se rendent dans une cabine dont ils ferment la porte. Allongés sur le petit lit, bite en bouche, ils s'adonnent à la coquinerie mutuelle plus connue sous le chiffre très célèbre de 69. Les lèvres happent les queues bouillonnantes de désirs. Les bouches gobent les glands, aspirent, permettant aux hampes de pénétrer dans les gosiers, de s'y plaire, de s'y complaire avant de procéder au pistonnage. Les têtes bougent au rythme des succions provoquant gémissements et soupirs en cadence. Les doigts se baladent, titillant, tâtant, palpant, coquins, fureteurs, qui s'aventurent vers des anus déjà offerts. Mario, le premier, tend ses arrières ainsi qu'une capote que revêt Hubert. Sa pine emmaillotée, ce dernier la présente à l'entrée de l'orifice anal de son amant qui écarte ses fesses à l'aide de ses deux mains, ordonnant une poussée complète et directe. L'antre s'avère bien préparé à l'assaut, grandement humecté de salive. Hubert s'introduit lentement, fermement, grognant de bonheur, satisfait du plaisir qu'il procure à son enculé de Mario. Commence un long ballet de pilonnages intensifs. La prostate de Mario envoie maints signes de jouissance. De nature rapide, il éjacule abondamment à même le sol. Un peu plus lent, Hubert retire la capote, tend sa queue que des lèvres englobent avant de l'aspirer. La pression monte, le foutre aussi qui gicle sur le visage du Péruvien gourmand de cette liqueur.
Nouvelle douche, nouvelles coquineries, retour dans la cabine où Mario enfourche le corps d'Hubert afin de le transpercer avec son énorme dard et de l'arroser copieusement à l'aide d'une seconde fournée de spermatozoïdes. Ainsi soulagé, il s'applique à une fellation accompagnée par de nombreuses caresses avant de savourer les lampées de foutre giclant du sexe d'un Hubert en verve. Petite pause, taquineries polissonnes, pipes friponnes, ultimes éjaculations.
*
* *
Atterré, Paco relit le courrier lui précisant son affection à T… où on l'envoie dans l'agence de M… la pire qui puisse exister ! Évidemment, personne, au siège, ne lui a expliqué les raisons de la démission de celui qui deviendra son prédécesseur. Au bord de la dépression nerveuse, le mec quitte les lieux avec famille et bagages. Du coup, Paco se promet de ne pas demander la mutation de son futur sous-patron, mais la sienne propre. Pensez ! Une agence en pleine banlieue dite, reconnue et avérée, très difficile. Une agence dont la clientèle se compose presque exclusivement d'allocataires bénéficiaires du RSA, aux allocations chômage, aux allocations familiales. Quant aux nationalités, n'en parlons pas. Du bronzé à tout va ! À croire que toute l'Afrique se retrouve dans le coin. Certes, pas mal d'universitaires complètent cet échantillon de la France profonde, cité U proche oblige, ainsi que plusieurs retraités habitant le quartier depuis des lustres. En somme, pas de quoi gérer des fortunes, parler portefeuille d'actions, gestion de liquidités, placements juteux, cotations en bourse et autres financements de projets colossaux. Paco voit de longues files d'attente devant l'agence, les jours de réception du RSA – aux environs du 6 de chaque mois – ou du 10 pour les allocations logement, les ASSEDIC et les pensions retraites. Il entend les vociférations de cette clientèle fort mécontente de n'avoir rien reçu sur le compte, à ces dates, pour raison de week-end ou de jours chômés. Il s'imagine face à un couple de gâteux, possédant quelques
actions de sociétés nationales ou quelques bons du Trésor, les écoutant palabrer comme s'il s'agissait de gérer la fortune d'un magnat du pétrole ! Au siège, on ne lui a pas accordé une promotion, on vient de lui infliger une punition ! Il le juge ainsi. Et que dira Lise, sa petite e amie ? Jamais elle ne consentira à venir vivre dans un souk pareil, trop coutumière du 8 arrondissement parisien. Ça n'est pas que Paco soit spécialement épris d'elle. Elle baise bien, elle le chouchoute tout plein. Il est habitué à elle et ne saurait s'en passer d'autant qu'il papillonne de fleur en fleur lui jurant qu'il mène une vie ascétique, qu'il lui voue un amour pur et dur. Au demeurant, comme il le lui a expliqué pas plus tard que l'autre soir, son acharnement au travail vient de recevoir sa récompense : le voilà devenu directeur d'agence ! Lise n'a pas caché sa satisfaction, son soulagement aussi. Oui, mais c'était avant de connaître précisément la nouvelle affectation. Et de surcroît, là-bas pas question de lutiner parmi la clientèle féminine sans risquer de se faire trucider par un père, un frère, un mari, un fiancé, jaloux et borné. C'est que ces gens-là sont très susceptibles sur la « moralité » de leurs femmes. Ils lapident pour une œillade même pas égrillarde !
Anéanti par la vision d'un avenir plus qu'incertain, Paco se rend au siège social afin d'accomplir plusieurs démarches suite à son transfert. Au lieu de se diriger vers le bureau adéquat, il grimpe le grand escalier, stoppe au premier étage, cogne directement à la porte du secrétariat du grand patron DRH. Aimable, la secrétaire le reçoit. Passées les politesses d'usage, Paco explique, la mine décomposée, son désaccord quant à son affectation, reproche qu'on ne lui ait pas dit la « vérité » sur le départ de son confrère. La brave dame écoute patiemment. Paco conclut :
—… Je ne suis pas de taille pour un tel combat, comprenez-vous.
Toujours affable, mais sans mollesse, la secrétaire rétorque :
— J'entends bien. Seulement aucune autre possibilité n'est envisageable pour le moment. D'autant que vous devez faire vos preuves. Vous pouvez toujours refuser le poste. Dans ce cas, je crains que votre carrière ne stagne jusqu'à la retraite et au poste que vous occupiez précédemment. À vous de voir. Je peux vous donner les formulaires, si vous refusez…
Pas question de revenir en arrière ! Paco n'a pas ménagé ses efforts pour clamer haut et fort, à qui voulait l'entendre, qu'il devenait patron ! Renoncer serait quasiment se déshonorer. Il quitte le bureau en maugréant :
— Tant pis ! J'irai là-bas.
Dans la rue, il ressemble à un condamné à mort se rendant à son exécution.
À quelques arrondissements de là, Hubert rêve benoîtement, la lettre de son affectation en mains. Une banlieue pleine de beaux beurs, de blacks affriolants ! Que demander de plus ? Certes, il devra se montrer hyper prudent, ne pas trop en faire, rester très discret, s'organiser afin de ne pas passer pour la pute de service. Il devra imposer le respect envers sa personne. Pour cela, son petit pistolet l'aidera en cas de coups durs. Il ouvre un tiroir de son bureau, s'assure de la présence de l'arme et du permis adéquat. Ses pensées se dirigent vers un tout autre domaine. Il imagine déjà tous ces pénis gonflés, ces jolies fesses bombées. Il va au paradis des bis, se promet d'être la partie mâle auprès des volontaires qui ne devraient pas manquer. La sonnerie du téléphone le tire de ce paradis :
— Bonjour, Paco G… à l'appareil. Vous êtes bien Hubert V… ?
— Soi-même. Que puis-je pour vous ?
— Je suppose que vous avez reçu notre affectation.
— En effet. Cela me convient, au premier abord.
— Vous connaissez l'endroit ?
— J'en sais ce que les infos disent dans les médias, sans plus. Pas très rutilant, j'en conviens. Je parle pour un bourgeois comme vous, bon teint peu habitué à la supposée racaille.
— Et vous acceptez sans broncher ?
— Pas question de faire autrement, vous le savez comme moi. Sauf à changer de banque et à recommencer tout. Par ailleurs, à tout malheur chose est bonne.
— Je connais un directeur au ministère des Finances, un ami de mon père. Je compte lui en parler. Peut-être que son intervention… Si ça marche, vous deviendriez le patron.
— Écoutez, faites comme vous l'entendez Mr Paco G… mais soyez gentil de ne pas me mêler dans votre démarche. D'un côté, je ne suis pas très emballé d'aller là-bas. De l'autre, j'ai certaines perspectives personnelles qui m'amènent à ne pas renâcler. De plus, je ne vois pas quoi faire pour l'éviter. Mais je n'ai absolument pas l'intention de demander à qui que ce soit d'intervenir. Vous devriez suivre mon exemple. Au siège social, on n'aime guère ceux qui appellent au secours quelques sommités externes à la boîte. Je le sais de source certaine…
Les banalités mondaines effectuées, Hubert raccroche.
Une quinzaine de jours plus tard, il apprend que Paco a pris effectivement ses fonctions.
*
* *
Pas mirobolante la bâtisse. Plutôt crade, même. Construction genre HLM vite fait mal fait. Nombreuses lézardes aux murs gris dégueu. Bonjour l'atmosphère ! Tout ici respire la déprime. Seule note un peu rigolote, un graffiti « Kader kif le zob ». Du coup, le zob d'Hubert se redresse sous son pantalon. Cette apostrophe érotique, sur le mur, l'excite bêtement. Un homme muni d'ustensiles de nettoyage commence à effacer le K de Kader. Paco s'en approche, donnant certaines directives en vue de procéder à la même corvée sur l'autre côté de la vitrine où l'on peut voir l'adage populaire suivant : « friké tous des enculés ».
Le patron de l'agence aperçoit son adjoint, va à sa rencontre, constate sur un ton désespéré :
— Et c'est tous les jours comme ça. On efface le jour, ils écrivent la nuit. À force, on va user le mur ! Bienvenu dans cet enfer !
Les deux hommes passent le sas d'entrée, un par un, avant de se rendre dans le bureau de Paco qui, une fois confortablement installé dans son fauteuil, déclare :
— Je ne vous cache pas que j'ai déjà demandé ma mutation. Je ne compte pas rester ici une éternité. Depuis un peu plus d'un mois, nous avons fait appel à la police plus d'une dizaine de fois. On a même menacé de me tabasser.
— À ce point-là ?
— Oui. Tout ça parce que le 6 du mois tombait un dimanche et que le RSA n'avait pas été crédité sur les comptes le samedi 5. Comme si j'étais responsable ! Ça n'est tout de même pas de notre faute ! Mais allez leur expliquer à ces dégénérés ! Bon ! Je ne vais pas vous décourager dès votre arrivée. Passons aux obligations mondaines. D'abord, je vais vous présenter au reste du personnel. Auparavant, j'aimerai vous demander de vous faire discret concernant vos… pulsions. Ici, on n'admet guère les gays, vous vous en rendrez compte très vite. Je compte sur vous ?
— Je n'avais nulle intention d'être démonstratif. D'ailleurs, ça n'est pas mon habitude. Je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Probablement les circonstances. Au fait, qu'en est-il de votre ami au ministère des Finances ?
— J'ai préféré suivre votre conseil : ne pas en appeler en haut lieu. D'ailleurs, mon père m'a recommandé d'écouter votre conseil.
Quatre femmes, deux hommes, composent le reste du personnel de l'agence. Trois mères de famille, une célibataire endurcie, un père de famille et un célibataire endurci. Hubert retient mentalement ce dernier en mémoire. Pas mal l'Antillais aux formes plutôt agréables. Les congratulations achevées, on lui montre son bureau aux cloisons vitrées sans rideaux. Un sourire se dessine sur ses lèvres : il aura le dos tourné par rapport à son patron. Histoire de montrer qu'il n'est pas dupe, il déclare à celui-ci :
— C'est dans le cadre de mes pulsions que vous avez ordonné cet emplacement ?
— Ah non ! Il était ainsi quand je suis arrivé. Mais ça me convient parfaitement.
La réponse, émise sur un ton presque de plaisanterie, rassure Hubert : le Paco ne lui en veut plus de ses avances non déguisées.
*
* *
Effectivement, le boulot, dans cette agence, s'avère difficile. En quelques jours, Paco a
trouvé une solution afin de préserver sa tranquillité : refiler les récalcitrants à son adjoint. Et l'adjoint se coltine les emmerdes. De son propre chef, il a changé la position de son bureau : en biais, mais pas trop face à celui de son patron : ce qui lui permet de lorgner sur lui de temps à autre. Quelques petites modifications dans la décoration apportent une note d'humanité dans cet enfer de l'argent. Les plantes artificielles sont remplacées par des vraies moins maigrichonnes, beaucoup plus avenantes. Tous ses changements s'effectuent sous l'indifférence appuyée du patron, au grand dam des collègues, enfin de la plupart. Un seul approuve sans restriction : Fortuné, le bel Antillais :
— Chouette le bureau ! C'est plus gai comme ça. Comme moi, quoi !
— Pardon ?
— Ben oui, ta pièce est gaie, comme moi. Mais moi, c'est avec un Y à la fin. Comme toi aussi. Je me trompe ?
— On ne peut pas dire que tu tergiverses. Va pour le Y à la fin pour moi aussi.
— Le pied ! Enfin, je ne suis plus seul dans ce monde de machos ! Mais fais gaffe, ils n'aiment pas dans le coin. Ça te dit une virée tous les deux ce soir ?
— Pourquoi pas ! J'ai besoin de me détendre.
La soirée se déroule agréablement. Un excellent chaudement recommandé par un guide gay puis en boîte.
repas dans un
petit restaurant
Une fois bien épuisés d'avoir trop gigoté sur la piste de danse, les deux hommes gagnent le domicile de Fortuné.
Un peu gênés de se retrouver en tête à tête, ils s'observent. Hubert se dit que le Fortuné en question possède quelque chose de Mario, le Péruvien. Il se demande si la queue du premier et à l'identique de celle du second. Cette pensée le fait sourire. Fortuné prend cela pour une invitation. Il s'approche de son invité tout en ouvrant sa braguette. Un peu surpris, Hubert ne bouge pas. Les grandes mains aux doigts fins baissent le jeans jusqu'aux hanches, faisant apparaître un caleçon de marque dont l'échancrure du milieu laisse passer un membre noir à la pilosité crépue à la base. La longueur semble impressionnante, mais peu en rapport avec l'épaisseur. Rien à voir avec le vit de Mario autrement plus gros. Hubert passe sa langue entre ses lèvres, tend une main, soupèse la fine matraque jugeant de sa rigidité de bon augure, taquine les bourses. Fortuné s'avance un peu plus, bassin bombé en avant, s'empare de la tête d'Hubert qui ouvre la bouche pour recevoir la bite au gland rougeoyant. Le suceur goûte le long morceau de chair à qui il impose une savante succion non sans omettre de gober les couilles bien pendantes qu'il conserve dans sa paume. Fortuné apprécie à telle enseigne qu'il empoigne la tête suceuse, la maintient, enfonce brusquement sa queue entièrement dans le gosier qui résiste, secoué de spasmes. Hubert, près de la suffocation, n'apprécie guère de se voir ainsi molester. Toutefois, il se libère, sans rien dire, mais veille à ce qu'une telle démarche ne se reproduise plus, entourant le bas de la queue avec une main. Fortuné tente de faire retirer ces doigts qui empêchent son membre d'entrer complètement dans la gorge. Hubert ne cède pas, serrant de plus en plus le mandrin. Fortuné change de tactique. Il entame le déshabillage d'Hubert, tout en lui administrant quelques pelles de son cru. Pour le second, les choses se présentent selon ses affinités. Il abhorre la rudesse en matière de sexualité. Rassuré, il s'adonne aux plaisirs de langoureuses prémices,
s'abandonnant aux bras virils du mâle. Fortuné, lui saisit la situation. Délaissant ses propres habitudes, il se complet à satisfaire son partenaire. Le soulevant, il le porte dans la chambre, l'allonge sur le lit. Les vêtements jetés un peu n'importe où, ils s'enlacent, mélangeant leurs sueurs, leurs salives, leurs mouilles. La longue verge s'insinue entre les cuisses d'Hubert, causant des râles dans la gorge de Fortuné qui laisse coulisser son engin, comme s'il procédait à un coït vaginal, excité par la sensation procurée par la bite bandée de son amant. Lassé de ce petit jeu, désireux de pointer la chose vers un véritable anus, mordillant une oreille d'Hubert, Fortuné lui place un préservatif entre les lèvres. Un peu soumis, Hubert se positionne face au pubis de l'Antillais, met la capote sur le gland, la déroule avec ses lèvres en avalant la tige. L'opération exige plusieurs allers-retours, nombre de pressions. Sa bite habillée, le futur enculeur soulève les jambes du futur enculé, lui doigte le trou avec maestria, plante sa longue banderille dans les entrailles, provoquant une bordée d'onomatopées et gloussements de joie. Fortuné se dépense sans compter, s'enfonçant dans les entrailles, se retirant jusqu'à ce que son gland affleure la sortie, recommençant le pistonnage toujours soufflant, ahanant de plus en plus fort. Hubert reçoit quelques gouttes de sueur, les boit, tandis que ses doigts glissent sur la peau caramel brillante d'humidité. La longue tige continue ses va-et-vient, frôlant la prostate, l'électrisant. Sans ménagement, Fortuné se retire, ôte la capote, en prend une neuve qu'il pose sur la queue d'Hubert qui ne rechigne pas à ce changement, bien au contraire. Plus calme, le nouvel enculeur prépare son futur enfilé en le doigtant, d'abord, puis en attaquant l'anus à coups de langue fureteuse. Séance de pelles savoureuses tandis que la verge s'insinue dans la porte ouverte d'un Fortuné qui pousse de petits cris, s'emparant du bassin de son amant l'attirant à lui sèchement. La bite rentre en une seule fois dans l'anus bien lubrifié. Deux bras entourent le corps du sodomisé, deux lèvres closent les siennes. Puissante, virulente, la queue fouaille les tripes qu'elle écarte sans ménagement. Très vite, les corps se crispent, les nerfs sont à fleur de peau. Les gorges émettent des sons sensuels alors que les verges expulsent leur jus liquoreux et amer.
Trempés de sueur et autres sécrétions corporelles, les amants se rendent à la salle de bain afin de se rafraîchir tout en se mignotant.
De nouveau au lit, ils discutent, rient, se taquinent, mais constatent qu'ils n'ont pas vraiment pris leur pied. Fortuné ne rechigne pas sur le hard, le brutal. Hubert n'aime que la douceur. Ils conviennent d'autres points de divergences. Ils croient ne pas pouvoir recommencer un jour, s'estimant non compatibles sexuellement. Toutefois, ils s'apprécient. Sans en connaître la raison, ils savent, déjà, qu'une très forte amitié les lie.
Ils se glissent entre les draps, dans les bras l'un de l'autre, et s'endorment.
*
* *
Comme par hasard, Paco se débine, prétextant une réunion au siège régional. Certes, réunion il y a mais il pouvait se dispenser d'y aller. Seulement, voilà, nous sommes le 6 du mois, un samedi, et les prestations sociales ne sont pas créditées sur les comptes ! Hubert ne tient nullement à voir défiler une foule de râleurs devant les guichets. Il contacte les agences de banques concurrentes dans le quartier : rien non plus. Alors, il fait placarder une affiche
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