Le courage du lièvre
73 pages
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Le courage du lièvre , livre ebook

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Description

Le courage du lièvre
Le Monde de l'Ombre 3
Alec Nortan
Texte de 258 500 caractères, 44 000 mots, le livre papier fait 215 pages.
Marek n'a toujours vécu que dans la peur transmise par sa famille de génération en génération, celle d'une proie entourée de prédateurs.
Contrairement aux autres lièvres, il rêve d'autre chose, d'une autre vie.
Pourchassé sans le savoir par l'un des prédateurs les plus dangereux du Monde de l'Ombre, il sauve par hasard celui qui le poursuit et devient la cible de tout un clan de loups-garous.
Et si pour survivre il devait ouvrir son cœur à un amour contre nature, Marek saura-t-il dépasser ses peurs et atteindre son rêve ?
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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 septembre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9791029404276
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le courage du lièvre
 
 
Alec Nortan
 
 
 
1
 
 
Le soleil brillait dans un ciel presque immaculé. Seuls un ou deux petits nuages y traînaient encore, derniers restants du combat que l’hiver avait refusé de perdre avec obstination, faisant d’interminables retours tout au long d’un printemps qui avait encore subi quelques chutes de neige la semaine précédente. Les flocons avaient été lourds de leur humidité mal refroidie et avaient disparu sitôt au sol, mais ils avaient suffi à donner à ce mois de mai des airs déprimants d’un mois de novembre. Mais l’hiver avait finalement rendu les armes et les thermomètres s’éloignaient enfin du zéro, se permettant même de frôler une température digne d’un début d’été.
Sous ce ciel enfin calmé, les rues grouillaient d’une foule bigarrée profitant de ce temps idéal pour se promener en flânant le long des rues et profiter des plaisirs du grand air auxquels elle n’avait pas pu s’adonner depuis si longtemps. Les enfants s’arrêtaient pour regarder avec envie les vitrines des magasins de jouets, et pour une fois, les mères qui les tenaient par la main les laissaient faire avec patience. Même les passants qui se rendaient au travail ou à un rendez-vous avaient un pas lent et prenaient le temps de regarder les enfants s’amuser dans le parc Montsourire sous la surveillance relâchée de leurs parents. C’était comme si, pour ce premier beau jour, le temps ne comptait plus.
Dans cette atmosphère détendue, une silhouette fine avançait d’un pas rapide, préférant le côté ombragé de la rue, presque désert, à celui ensoleillé, plus attrayant. L’homme n’était pas très grand, un mètre soixante-dix tout au plus et semblait plus petit, la tête rentrée dans les épaules, comme s’il cherchait à se faire le plus discret possible. Il était revêtu de vêtements aux couleurs ternes, aucune couleur pour attirer les regards. Il se déplaçait rapidement, mais avec des mouvements si fluides qu’il évitait et dépassait avec une aisance remarquable les autres marcheurs tout en donnant l’impression de marcher à la même vitesse que les autres. De tout cet être fantôme, seuls ses doigts sans cesse en mouvement trahissaient sa nervosité. Ses doigts, mais surtout ses yeux d’un gris aussi pur que deux rondelles de titane poli à peine cachés par ses mèches de cheveux noirs qui lui tombaient du front. Il observait tout ce qui se passait autour de lui, sans jamais fixer son regard plus que quelques dixièmes de seconde sur quoi que ce soit.
Marek détestait la ville. Du moins, il détestait la foule. Il aurait préféré habiter à la campagne, entouré par de vastes espaces sauvages, mais ce qu’il détestait était également ce qui le protégeait. Dans cette ville, au milieu de cette foule, il était anonyme. Et s’il croisait le chemin d’un prédateur, celui-ci ne prendrait pas le risque de l’attaquer devant tant de témoins. Les lois du Monde de l’Ombre et le Conseil chargé de les appliquer étaient intraitables sur ce point : le Monde de l’Ombre devait rester caché, et toute personne qui prenait le risque de le dévoiler à un humain était mis à mort.
En théorie, toutes les races vivaient en paix depuis des siècles. Mais ça, c’était la théorie. Les tensions entre les différentes races n’avaient jamais réellement disparu, et si les attaques entre clans étaient rares, les anicroches entre individus l’étaient beaucoup moins. Les Anciens avaient beau déclarer que toutes les races devaient s’entendre, les prédateurs restaient des prédateurs. Et les proies restaient des proies.
C’était malheureusement à cette deuxième catégorie qu’appartenait Marek. Les lièvres faisaient à la fois partie des êtres les moins puissants du Monde de l’Ombre, et de ceux qui étaient maudits par les croyances. Avant la Grande Guerre, il y a bien longtemps, les lièvres étaient régulièrement chassés, tués et démembrés. Nombreux étaient ceux qui voulaient arborer une de leurs pattes pour attirer la chance. Celles des lièvres variables étaient les plus recherchées, poussant leur race au bord de l’extinction à plusieurs reprises. La Grande Guerre avait mis fin à cette chasse. Malgré cela, la superstition persistait encore. C’était la raison pour laquelle l’instinct de fuite était encore imprimé dans les gênes de Marek, et que depuis sa plus tendre enfance, son éducation était centrée autour de la survie. Ses dons pour la fuite en courant auraient pu lui donner accès à une carrière sportive internationale, mais l’exposition qui en aurait découlé aurait été trop dangereuse. Il avait plutôt opté pour un autre de ses dons : la cachette. Personne en informatique n’était aussi doué que lui pour effacer des traces sur le net. Il en avait fait son métier et travaillait à son compte en se faisant payer par des sociétés ou des personnes qui souhaitaient se refaire une virginité virtuelle. Travailler à son compte dans l’informatique avait deux avantages non négligeables, en plus de lui faire gagner un salaire décent : il pouvait travailler de chez lui, et il ne voyait personne s’il n’en avait pas envie, aucun collègue de travail à supporter, et tout juste un client de temps en temps, ceux-ci préférant généralement traiter par mail.
Certaines affaires nécessitaient cependant parfois qu’il sorte. Heureusement pour lui qu’il était un lièvre et non un lapin. D’une race de solitaires, il échappait aux fréquentes réunions de groupe. Mais l’achat de nourriture, qu’il rechignait à faire sur internet parce qu’il ne pouvait pas contrôler la fraîcheur de ses fruits et légumes, en était une. Une autre, et sans doute la principale, était qu’en tant que métamorphe, avait besoin d’air frais, de sentir le vent et le soleil sur sa peau, de toucher la nature. L’idéal était de sortir de cette ville de verre et de béton et d’aller courir sous sa forme animale dans l’une des forêts qui se trouvaient à moins d’une heure de là, mais c’était beaucoup trop dangereux. Il ne l’avait plus fait depuis sept ans, depuis le jour de ses dix-huit ans, quand il avait été poursuivi par un loup. Il ne devait sa survie qu’à un terrier abandonné dans lequel il s’était réfugié. Il y était resté terré trois jours avant d’oser en ressortir pour retrouver la sécurité de la ville. Il n’était pas prêt à renouveler cette expérience.
Il se disait pourtant parfois qu’il aimerait être plus courageux, braver le danger pour vivre sa vie telle qu’il le voudrait. Mais des siècles et des siècles à vivre dans la peur l’avaient ancrée dans les gênes de tous ceux de sa race.
Le courage, c’était fait pour les autres. Pas pour un lièvre.
Il tourna sur la rue de la Convention. Il s’arrêta un instant avant de traverser du côté ombragé : l’une des femmes qui se trouvait à une trentaine de mètres mesurait un bon mètre quatre-vingt-cinq et était aussi musclée qu’une triathlète malgré ses vêtements amples, sans doute justement destinés à cacher sa stature imposante. Mais des humaines comme elle, il en existait. Non, ce qui le dérangeait le plus était ses lunettes de soleil qu’elle gardait devant les yeux alors qu’elle était à l’ombre. Une dryade déviante ne dissimulerait pas son identité autrement.
La femme s’approcha d’une vitrine, se passa une main dans ses longs cheveux noirs, et se tourna vers Marek qui retint son souffle.
Elle s’avança de quelques mètres vers lui avant de se tourner vers une autre vitrine. Cette fois, elle souleva ses lunettes de soleil sur le dessus de sa tête.
Marek se remit à respirer. Sous sa peau, son cœur battait à tout rompre.
Les yeux de la femme étaient verts. Ils n’étaient pas jaunes. Les risques qu’elle porte des lentilles étaient minimes. Les dryades détestaient ça.
Il se remit en marche, prenant soin de ne pas regarder la femme et de passer aussi loin d’elle que la largeur du trottoir lui permettait. Une fois passé à côté d’elle, tout le poussait à partir en courant, mais il se retint. Il se serait dénoncé lui-même à tous les prédateurs alentour.
Au carrefour suivant, il prit à gauche, et s’arrêta pour s’adosser au mur et souffler. Son rythme cardiaque ralentit petit à petit.
Et il eut soudain à la fois envie de rire et de pleurer à cause de sa propre lâcheté. Il n’avait jamais vu de Dryade. En fait, très peu de personnes en avaient vu. Elles étaient très rares, et les chances que l’une d’entre elles soit en ville étaient presque nulles.
Il attendit néanmoins encore quelques instants et jeta un dernier coup d’œil sur la rue de la Convention pour être sûr.
La femme s’éloignait.
Il reprit son chemin, calmé, mais toujours sur ses gardes.
À quelques centaines de mètres devant lui, le square de la République était empli d’une foule animée. Il aurait dû s’y attendre : avec son grand espace piéton ensoleillé, son coin avec des jeux d’enfants et les quelques cafés qui le bordaient, c’était l’un des endroits les plus recherchés de la ville lorsqu’il faisait beau, que ce soit par les groupes de jeunes voulant se rafraîchir en prenant une bière, les familles avec un enfant en mal de dépenser son surplus d’énergie, ou même des personnes âgées désireuses de simplement voir la foule prise d’une agitation dont eux-mêmes n’étaient plus capables et qui leur rappelait leur jeunesse.
Les options pour éviter la place étaient malheureusement limitées. Très limitées, même. Soit il prenait par la droite et mettait dix minutes de plus pour rentrer chez lui, ce qui ne l’enthousiasmait pas vraiment. Il avait eu sa dose de monde pour la semaine et préférait rentrer le plus vite possible. L’autre option n’était guère plus engageante. Contourner la place par la gauche sans trop rallonger son parcours signifiait qu’il devrait passer par la rue Molière, une rue peu fréquentée, mais malheureusement également très étroite avec de nombreux renfoncements idéaux pour se faire agresser.
Marek détestait ce genre de situation où ses choix n’en étaient pas vraiment. Mais à choisir entre la peste et le choléra, il prit à gauche.
La rue était mal orientée et trop étroite pour que le soleil parvienne jusqu’au sol, sans

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