Le refuge des cow-boys
87 pages
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Description

Le refuge des cow-boys
Collectif
10 nouvelles en faveur du Refuge, 330 000 caractères, 57 000 mots, le livre papier fait 227 pages.
10 nouvelles sur la thématique des cow-boys. Romantiques ou bad boys, ils sont toujours virils dans ce Far West où les amitiés puissantes sont favorisées, mais où l’amour entre hommes reste interdit.
10 auteurs ont donné vie à ces relations.
1. Unnamed Song de Maxime Meyer
2. Cow-Boy Mystère de Laur’El
3. Souffle-du-vent de Michel Evanno
4. Ranch’s Love d’Emma Kat & NM Mass
5. Bareback Mountain de Jean-Paul Tapie
6. Chevaucher l’espoir de Angie Le Gac
7. Mon oncle Eliot de Marie Laurent
8. Une nuit pour tout changer de Sully Holt9. Rien que la vérité ! de V.D PRIN
10. La Splendeur ou l’Effroi de Sébastien Monod


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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029403194
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le refuge des cow-boys
 
10 nouvelles en faveur du Refuge
 
 
 
Collectif
 
 
Unnamed Song de Maxime Meyer
Cow-Boy Mystère de Laur’El
Souffle-du-vent de Michel Evanno
Ranch’s Love de Emma Kat & NM Mass
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Épilogue
Bareback Mountain de Jean-Paul Tapie
Chevaucher l’espoir de Angie Le Gac
Mon oncle Eliot de Marie Laurent
Une nuit pour tout changer de Sully Holt
Rien que la vérité ! de V.D Prin
La Splendeur ou l’Effroi de Sébastien Monod
 
 
 
 
Unnamed Song de Maxime Meyer
 
 
— Dis papy, c’est qui le garçon sur la photo ?
Matthew Forbes détourne son regard brumeux des flammes chatoyantes qui s’élèvent en volutes dans la cheminée et lèchent les parois noires de suie. À ses pieds, son petit-fils Preston lui tend une photo sépia écornée.
De sa main ridée, il s’en saisit et son cœur fatigué fait un bond dans sa poitrine lorsqu’il le reconnaît. Une fraction de seconde et le voile qui recouvre ses souvenirs se déchirent. Ils jaillissent en pagaille dans son regard céruléen. Bien malgré lui, son esprit usé lui renvoie l’image déformée de cet autre lui, de cette jeunesse envolée, de cet été si particulier. Son rythme cardiaque s’accélère. Où Preston a-t-il trouvé cette photographie?
Une main potelée et fraîche se pose sur sa joue rugueuse, creusée par la maladie. Une voix en pleine mue et soucieuse lui parvient, le ramenant vers le présent :
— Papy, tu vas bien ?
— Oui, mon petit, glisse-t-il d’une voix rauque tout en retirant la main qui lui caresse doucement la mâchoire.
Du haut de ses treize ans, Preston le regarde d’un air qui lui dit clairement qu’il n’est pas convaincu par sa réponse. Toutefois, il semble s’en contenter et repose sa question :
— Alors, qui c’est ?
— Qui quoi ?
— Bah, le garçon sur la photo, répète Preston en roulant des yeux.
Matthew exhale un soupir. Il déborde d’affection pour son petit-fils. Derrière l’impassible froideur qu’il arbore, ce gamin a su se frayer un chemin vers son cœur. Ce n’est pas comme s’il pouvait l’ignorer, Preston lui ressemble trait pour trait. Au fond de lui, il sait qu’il n’échappera pas à cette conversation. Quand bien même, il pourrait lui opposer une fin de non-recevoir, ce serait peine perdue. Son petit-fils reviendrait à la charge. Et puis, ce n’est pas comme s’il avait la vie devant lui. Quoi qu’en disent ses enfants, il se sait condamné. Aucune médecine ne viendra à bout du mal qui le ronge, alors autant partager tant qu’il le peut encore.
— Que veux-tu savoir, Preston ?
Les yeux clairs le dévisagent de longues minutes avant que sa frimousse espiègle ne lâche :
— Tout !
Ses lèvres fines et craquelées esquissent un sourire. Il se revoit à l’âge de Preston : même empressement, même impatience caractérisée. Vif et si curieux de la vie, de ses mystères. Réajustant le plaid qui couvre ses jambes, il tapote la place libre sur le canapé et invite son petit-fils à le rejoindre :
— Très bien. Viens près de moi, petit curieux !
D’un pas souple, Preston se presse contre lui.
Ce dernier l’adore. Ses parents ont beau de cesse de lui rabâcher qu’il doit le laisser tranquille, ne pas s’agiter devant lui, Preston ne lâche rien. Il est intimement persuadé que, derrière ses orbes azur et son visage impavide, se cache un passé riche et complexe. Qu’importe ce qu’en dit son père, son grand-père n’est pas une coquille vide. Il fait tout pour s’en convaincre. Combien de fois a-t-il surpris Preston à fouiller l’air de rien dans les documents de son secrétaire, dans les ouvrages de sa bibliothèque murale ou encore dans les valises du grenier à la recherche du Saint-Graal ? Comme si, lui, Matthew Forbes, détenait quelque chose de précieux qu’il ne comptait pas révéler au monde.
Alors, en cet après-midi d’hiver, il se décide à lui livrer une part de sa jeunesse perdue.
 
*
* *
 
Été 1937 – Green River, Wyoming
Juché sur son étalon gris, les mains en appui sur la selle, Matthew observe le paysage qui s’offre à lui : les étendues d’herbes hautes, les sommets encore enneigés des Rocheuses dans le lointain, le cours tortueux de la Green River qui se fraie un chemin au travers de la prairie. Il sent l’air frais s’égarer sur ses joues rosies par la course.
— Alors petit, content de revenir ici ?
Le regard étincelant de vitalité, Matthew se tourne vers le contremaître du ranch qui vient de le rejoindre sur la colline.
Jack Ryder a la bonne cinquantaine et travaille pour sa famille depuis trente ans. Dans l’âme, il reste un cow-boy attaché à la terre et à ses traditions. Son allure est celle d’un homme aux cheveux grisonnants et au visage buriné, au corps marqué par une vie passée à l’air libre : une jambe gauche tordue à la suite de multiples fractures, des articulations douloureuses à force d’avoir usé du lasso.
Nombre de cow-boys se sont reconvertis depuis l’avènement du chemin de fer et son impact économique sur les transhumances. Pas lui. Il n’a d’autres attaches que son cheval. Pas de femme ou d’enfant. Comme il le dit si bien : « trop d’emmerdes ». Il a son franc-parler aussi, et un foutu caractère. Parfois, il est même un peu violent envers les autres. Mais en matière de dressage des chevaux, il n’y a pas à dire, il sait y faire. Au point que beaucoup d’éleveurs de la région ont tenté de le débaucher, offrant de le payer rubis sur ongles. Pourtant, il n’a jamais cédé à la tentation, choisissant de rester auprès d’eux.
C’est d’ailleurs lui qui lui a appris tout ce qu’il sait sur l’équitation. Sur ses conseils, combien d’heures a-t-il passé dans l’écurie à brosser son poulain, à le décrotter, à changer son fourrage et nettoyer son box, à le caresser, à lui murmurer à l’oreille, à dormir avec lui ? Il en a cessé le décompte le jour où il a su se tenir en selle, seul, après un dressage fondé sur le respect, la confiance mutuelle entre l’homme et l’animal. Dans son esprit, un seul objectif : construire un lien durable et équilibré avec l’équidé.
— Oui, Jack, répond-il posément. J’aime New York, mais la vie là-bas n’est que jeux de pouvoirs et d’apparences. Ici, je suis…
— Libre ? esquisse Jack d’une voix bourrue.
— Il y a de ça, oui, enchaîne Matthew. Ce sentiment de liberté qu’offre la nature sans le poids de l’homme. Ressentir chaque brin d’herbe, chaque odeur démultipliée à l’infini. Écouter le bruissement des hautes herbes sous la brise, le cri de l’aigle royal dans le ciel immaculé. Parcourir les plaines et les vallées verdoyantes. Observer les mustangs s’abreuver à un point d’eau et repartir en quête d’un nouveau pâturage. New York n’a pas cette quiétude. Elle est polluée par l’industrialisation massive, par…
Jack rit à ses mots.
— Qu’y a-t-il de si drôle ?
— Vous avez l’âme d’un cow-boy, mon petit. Je l’ai su dès que votre père m’a présenté à vous. Vous n’étiez pas plus haut que trois pommes à genoux, mais vous saviez déjà ce que vous vouliez. J’aurais aimé vous voir suivre ce chemin. C’est pourquoi je vous ai offert ce cadeau.
— Et il n’a pas de prix, sourit Matthew en caressant les oreilles de son pur-sang. Je n’ai jamais été aussi heureux que lorsque je viens ici. Quelle que soit la saison, je me sens en harmonie, en parfaite communion.
— Oui, je comprends votre ressenti, confirme Jack. Quand on grandit dans la paille, on porte un regard différent sur le monde. Certains restent farouchement attachés à la terre, c’est comme une évidence. D’autres s’en détachent ou du moins essaient. Cependant, dans un coin de leur tête, ils restent toujours liés à elle. Bien sûr, aujourd’hui, il faut en passer par là : la ville, ses gratte-ciel, ses industries, pour gagner sa croûte. Les feux de la ville attirent les jeunes, pas moi.
La conversation se tarit d’elle-même. Ils se laissent bercer par les mouvements infimes de la terre, se gorgeant de son odeur, de sa puissance. Chacun se perd dans ses pensées, savourant la liberté éprouvée.
Pendant de longues minutes, rien ne bouge dans le paysage jusqu’à ce qu’un bruit de cavalcade ne les fasse se tourner vers l’est. Un point noir se déplace vers eux à grande vitesse.
— Tu vois qui c’est ?
— Pas à cette distance, répond Jack en se dressant sur ses étriers. Mais au train où il va, il risque l’accident ou pire. Nous ferions mieux d’aller à sa rencontre.
Sans attendre, Matthew éperonne son cheval et s’élance vers l’inconnu. Jack le suit de près. Ils se croisent au pied de la Green River.
— Eh bien mon garçon, tu as le diable aux trousses ? apostrophe Jack en se dirigeant vers lui, Matthew en retrait derrière lui.
— Non, m’sieur, lance le cavalier en dirigeant sa monture vers le cours d’eau.
La voix douce contraste avec la physionomie générale : grande et forte. Sous la chemise bleue à manche courte, un corps musculeux à la peau mordorée se dévoile. D’un œil averti, Jack le détaille.
Il porte l’équipement traditionnel des cow-boys : pantalon solide, bottes et jambières en gros cuir, lasso et pistolet à la ceinture, sans compter l’indissociable chapeau à large bord qui le protège à la fois du soleil et des bourrasques de pluie. Une partie de son visage est cachée par le foulard qu’il porte autour du cou et qu’il a relevé sur son menton pour éviter d’avaler la poussière environnante. Il est descendu avec agilité de son cheval et le regarde s’ébrouer gaiement en bordure de rivière.
— Que fais-tu par ici, petit ? demande prudemment Jack, une main posée sur la crosse de son holster. Il est rare de voir des cavaliers emprunter cette route.
— Je cherche à gagner le ranch des Connor pour un convoyage de bétail. Sur la carte, c’est le plus court chemin pour s’y rendre.
— Un convoyage de bétail, tu dis ? s’interroge Jack, en se grattant la joue. Curieux. L’été est bien trop avancé pour un tel voyage. De plus, Ferguson n’en a pas fait état lors de notre dernière entrevue.
— L’homme qui m’a donné l’information était pourtant sûr de lui, rétorque le garçon avec dédain.
— Mon petit, tente d’argumenter Jack, tu as dû mal comprendre. De plus…
— Arrête

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