Les invertis du Cabouillet (pulp gay)
45 pages
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Les invertis du Cabouillet (pulp gay) , livre ebook

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Description

Les invertis du Cabouillet

AbiGaël

Pulp de 188 000 caractères
Le prince de Conti est veuf de fraîche date et inconsolable. Son jeune et beau laquais, Florian, parvient à lui retourner les sangs. Mais il lui plante trop vite des cornes qui font même rire l’Abbé Prévost. Et avec qui ? Avec les beaux maçons du prince, d’abord, puis avec un moins que rien... un charbonnier de la forêt !

Il n’y a d’issue que dans la fuite. Mais comment quitter ces puants cachots, si humides qu’ils donnent la mort, au raz de la rivière Oise ? Et si le salut venait de l’eau ?
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Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2012
Nombre de lectures 28
EAN13 9782363075062
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les invertis du Cabouillet
AbiGaël
La feuille d’acanthe
Année 1736. Château de l’Isle-Adam.
Le prince François-Louis de Bourbon-Conti, cousin et filleul de Louis XV, comte de la Marche, règne sur L’Isle-Adam et sa région. Sur l’Ile du Prieuré, où se trouve le château familial construit par ses pères, il ronge son chagrin. Sa douce, tendre et jeune épouse, Louise Diane d’Orléans, sixième fille du Régent, vient de décéder. Le prince est déjà veuf alors qu’il n’a pas vingt ans. Il est inconsolable. Ce n’est pas la vue de son jeune fils, Louis-François-Joseph, enfant chétif et mal né, à peine âgé de deux ans, qui peut lui remettre du baume au cœur. Comme dérivatif à son chagrin, il se lance à corps perdu dans la chasse et la restauration de son château. Il fait ragréer les façades et remplacer la vieille tour de l'ancien manoir féodal par un pavillon qui servira de conciergerie. Les environs de l’Ile du prieuré fourmillent d’activité. Les ouvriers sont partout, ils campent de l’autre côté du fleuve, sur les rives de l’Oise.
Le château est donc en deuil. Les portes des appartements de la princesse sont tendues de draps noirs ; ses fenêtres sont festonnées de noir. Plus de sorties, plus de fêtes, plus de tourbillons de lumière ni de jolies robes. La maisonnée du prince est encore réduite, d’une part en raison du deuil et surtout parce que la trésorerie du prince est perpétuellement au bord de la banqueroute.
Florian, le laquais, dont le rôle est de précéder le prince partout où il va, avec sa belle livrée chamarrée, s’ennuie ferme. C’est un beau jeune homme blond, athlétique et vigoureux, d’à peine vingt ans lui aussi. Il a été choisi par le prince non seulement en tant que laquais, mais mieux encore, en tant que valet de pied personnel, en raison de cet aspect avenant. À côté du prince, de grande et belle stature, ne pouvait en effet figurer un avorton en livrée. Il y a aussi une autre raison : Florian est son frère de lait. C’est un enfant trouvé, qui a été élevé en même temps que le jeune Comte de la Marche, jusqu’à ce que Louis-François devienne prince de Conti, à l’âge de dix ans. Ils ont tété les généreuses mamelles de la même nourrice, la cuisinière Perrine. Au sein des nombreux valets de chambre de la suite du prince, Florian a ainsi une place privilégiée en tant que garde-robe, mais aussi comme confident et soufre-douleur. Il est censé ne pas quitter le prince d’une semelle, sauf lorsque l’altesse lui donne une instruction contraire. Il en connaît depuis longtemps tous les caprices et s’en accommode comme il peut. Pas le choix ! Il fait donc tapisserie à longueur de jour dans l’antichambre, en attendant le bon vouloir de son maître. Il a un peu plus de liberté quand le prince est à la chasse avec ses équipages, c’est à dire avec son capitaine des chasses, son commandant d’équipage, ses capitaines et lieutenants de vènerie ainsi que les nombreux gardes de ses
diverses terres. Mais Florian ne peut malgré tout quitter le château, car il doit être sur le pied de guerre à toute heure, prêt à bichonner Son Altesse dès le retour en ses appartements, pour l’aider à changer de tenue.
Les seuls moments de rupture dans la monotonie de ces jours de deuil sont les visites que reçoit encore le prince au château. Il y a d’abord celles des gens de sa maison : son secrétaire des commandements, son secrétaire du cabinet, son avocat-conseil, son bibliothécaire-archiviste, son médecin et son apothicaire, sans oublier son âne de chapelain. Puis il y a tous les commensaux chargés de l’entretien et de l’embellissement des possessions du prince : Son dessinateur et son ingénieur géographe, son arpenteur et son inspecteur des bâtiments, et surtout celle de l’architecte Nicolas Simonnet, avec lequel Conti s’enferme de longues heures dans son cabinet pour discuter des travaux en cours.
Il y a aussi, plus occasionnelles, celles de Madame de Châteauroux, une amie du couple princier, qu’il doit accompagner dans leurs promenades, voire raccompagner à Paris ou à Versailles de temps à autre. Pour Florian, ces voyages sont une bouffée d’air. Il adore observer l’agitation de la grande ville. Il aime le tohu-bohu qui se crée dès que le cocher, pour disperser un encombrement, annonce le carrosse du prince. Au retour, si Conti n’a pas raccompagné lui-même son hôte, le laquais reste seul dans la cabine agréablement suspendue. Il pourrait aller prendre place à côté du cocher, mais préfère le laisser seul avec son fouet et ses monologues rustiques. Se prendre pour le prince, ne serait-ce qu’un court moment… Il en a le même âge. Il lui ressemble un peu… Ah, Florian jubile d’observer par les courtines du carrosse les faux pas, les manœuvres d’évitement et les éclaboussures que reçoivent ces bons bourgeois de Paris ou les manants des chemins. Que c’est drôle de voir les roues faire gicler la fange sur les pieds sabotés ou le bas des culottes !
***
Florian eut une adolescence très solitaire, vivant quasi cloîtré auprès de son prince, dans les murs du château dont il ne peut que rarement s’évader. Il ne connaît aucun garçon de son âge, à part le prince. Mais il y a beau temps que le jeune noble ne participe plus à ses jeux d’adolescent. Le prince fut éduqué, seul lui aussi, par une armée de précepteurs et de maîtres de toute sorte dès son plus jeune âge. Florian a tout juste réussi à apprendre à lire et à compter en écoutant dans son coin les leçons du maître d’écriture. Il n’a que rarement pu monter sur un cheval, avec le maître d’équitation. Pourtant, il aime tant cela ! Quant à tenir une épée, il n’y faut pas compter, même pour servir de partenaire à son jeune prince pendant les exercices. La seule foi où il a essayé, le barbier-chirurgien du prince a dû le recoudre. Il y avait du sang partout. Florian s’est promis de ne jamais recommencer. C’est que le fougueux prince ne fait jamais rien à moitié et ne connaît pas vraiment la mesure…
Le jeune laquais est très travaillé par ce qui se passe en dessous de sa belle ceinture de flanelle. Il n’a aucune expérience en matière de relations personnelles, et a toujours évité autant que faire se pouvait de se prêter au jeu des jeunes servantes du château. Pourtant, nombreuses sont celles qui viennent l’aguicher régulièrement, piaillant autour de lui comme poules autour d’un beau coq. En fait, les donzelles ne l’intéressent pas du tout. Il ne sait pas pourquoi et culpabilise, car il sait bien qu’il devrait éprouver de l’intérêt pour leurs jolis minois, mais c’est comme ça !
Par contre, le jeune homme a un dérivatif à son oisiveté forcée, c’est l’observation des ouvriers, sur la rive d’en face, qu’il mate avec une longue vue empruntée en catimini dans le salon de la guerre du prince. Après chaque utilisation, il la cache derrière l’immense cartel du grand salon pour être sûr de la retrouver facilement. Il n’y a pas grand risque, à vrai dire, car il n’y a plus de réception dans ce salon depuis la mort de la princesse, et le prince n’y met jamais les pieds. Depuis la fenêtre, caché derrière l’un des rideaux masqués de noir et pendant des heures, Florian s’en met plein la vue. Il y a là-bas, s’activant autour des tentes et des ateliers provisoires, quelques belles carrures d’athlètes en train de manier leurs ciseaux à pierre ou leurs varlopes, sans compter leur peine ni épargner leur sueur. C’est le plein été. Beaucoup sont torse nu, et Florian aimerait bien les voir d’un peu plus près… Sa verge durcit fort agréablement dans son blanchon lorsqu’il s’imagine près d’eux… Mais comment faire pour s’échapper de l’emprise étouffante de ce palais du deuil et s’en rapprocher ?
Le meilleur moment pour Florian, c’est vers la fin du jour, quand les journées de travail des tailleurs de pierre et des charpentiers sont terminées. Plusieurs beaux garçons, simplement vêtus de leur blanchon ou complètement nus prennent leur bain dans l’Oise, au pied des campements, loin de leur pudibonde hiérarchie repartie pour souper. Ils n’imaginent assurément pas être observés de loin et s’adonnent à leurs ablutions sans aucune gêne ni pudeur. Certains d’entre eux se chamaillent comme des gamins et s’aspergent à qui mieux mieux. D’autres prennent des poses que Florian devine comme étant suggestivement érotiques, dans ces jeux de provocation. Il devine également qu’ils sont nombreux à être travaillés par leur libido, en l’absence de leurs donzelles. Comme il aimerait participer à ces jeux coquins !… Bien sûr, il ne sait pas bien ce que l’on peut faire entre garçons privés de femmes, car il n’a jamais eu aucun contact. Mais il pense avoir compris qu’il y a bien d’autres moyens de faire baisser cette insupportable tension hormonale qui l’assaille, que d’utiliser ses cinq doigts.
Comme il aimerait contribuer à abaisser la leur… cela devient surtout difficilement soutenable quand ces adonis se sèchent intégralement nus face au château, avant de se rassembler plus ou moins vêtus autour des feux de camp pour le souper. L’entrejambe du laquais devient alors très dur, surtout lorsqu’ensuite des jeux d’ombres chinoise débutent à nuit tombée sous les tentes. Alors, des silhouettes d’hommes intégralement nus se découpent sous la transparence diaphane des toiles éclairées de l’intérieur. Il lui semble bien que plusieurs d’entre eux s’adonnent alors à des activités que Monsieur le Chapelain réprouve
avec force, dans ses discours réguliers contre les vilains sodomites… L’étude attentive de ces mouvements d’ombre chinoise, quand les partenaires sont debout, lui ont laissé deviner beaucoup de choses… Alors, la longue vue dans une main, braquée sur la scène torride, Florian descend sa dextre par l’ouverture de sa culotte. Si sa vision se brouille rapidement, secouée par l’instabilité soudaine de la longue vue, son visage se crispe bientôt dans une grimace d’intense satisfaction et les beaux rideaux colorés du salon font les frais de son soulagement.
Un jour, le prince s’ouvre à son laquais-confident de l’insatisfaction où il se trouve de ne pas pouvoir installer, faute de place, les ouvriers sur l’ile du Prieuré, juste à côté du château. Il est dépité de ne pouvoir contrôler leur travail comme il le souhaiterait, ni de pouvoir donner directement ses ordres au quotidien, sans les filtres de l’architecte, de l’inspecteur des travaux et des maîtres d’œuvre. Il ne peut pas, surtout, se promener parmi eux et discuter, ce qui serait un dérivatif à son ennui. Florian saisit immédiatement l’occasion pour proposer ses services dans ce domaine, s’offrant à transmettre de façon beaucoup plus informelle les instructions et les souhaits du prince, mais surtout à lui restituer les impressions et l’ambiance qu’il peut recueillir sur le chantier. Depuis leur enfance, une certaine complicité les lie et Conti sait qu’il peut se fier à son ancien frère de lait. Cela ne comble pas les désirs profonds de son maître, Florian le comprend bien, mais cela répond néanmoins à un besoin, aussi le prince accepte-t-il.
Voilà enfin notre laquais au contact des beaux jeunes gens qu’il s’est habitué à reluquer de loin pendant ses longues journées d’observation à travers sa lorgnette. Il les connaît tous de vue, sait leur spécialité, et peut se remplir la vue de leurs belles anatomies. Il les frôle, renifle les fortes odeurs d’hommes en sueur, discute avec les uns, les yeux rivés sur leurs pectoraux, essuie le front rieur des tailleurs ruisselants sous l’effort, dont les mains sont collées de poudre de pierre blanche, ou bien ôte d’une main légère la poussière de bois déposée sur les puissants deltoïdes des charpentiers. Il peut lancer autant de gentilles provocations et de graveleux sous-entendus qu’il le souhaite, espérant ainsi récolter par leurs réactions les réponses à toutes les questions qui l’assaillent. Bref, il reste auprès d’eux bien plus longtemps qu’il n’est séant.
Comme le jeune homme aime effleurer du doigt les motifs de pierre ! Suivre l’arrondi d’une feuille d’acanthe, pendant que sa main gauche s’appuie lourdement sur l’épaule du sculpteur ! … Aujourd’hui, il a décidé de se jeter à l’eau. Il va tenter une approche directe, puisqu’il ne se passera jamais rien s’il ne prend pas d’initiative. Il a jeté son dévolu sur le plus impudique des splendides garçons qui se dévoilent face à lui le soir, sans le savoir, en se séchant après leur bain. C’est aussi l’un de ceux qu’il a vu s’activer de bien curieuse façon sous sa toile de tente. Ce garçon ne devrait-il pas pouvoir l’aider à régler ses problèmes intimes ?… Alors, il se lance : N’est-elle pas un peu trop fade, cette feuille d’acanthe ? Ne pourrait-on pas la faire ressortir un peu plus de l’arcade dont elle ne se détache pas assez ? Florian s’est agenouillé à côté de l’artiste, le genou droit à terre, pour suggérer le dessin en se penchant sur la pierre. Sa cuisse gauche s’appuie sans vergogne contre celle du sculpteur, assis contre lui en tailleur sur une pierre plate. Tout contre lui… Frissons… Regards…
De son côté, le jeune tailleur est également frémissant. Jamais il n’aurait pu imaginer pouvoir attirer l’attention d’un serviteur de grande maison aussi bien habillé. Il n’ose rien dire, mais ses yeux parlent pour lui. Et puis le jeune homme est si beau : ses blonds cheveux flottent au vent, encadrant un visage viril, mais encore juvénile, qui contraste vivement avec sa livrée rouge sang. La main gauche du laquais s’égare maintenant sur la cuisse de l’ouvrier, au prétexte de s’équilibrer pour tâter le bord externe du marbre. Sourires croisés. L’accord est tacite.
— Tu te laves encore dans le fleuve, ce soir ?
— Co… Co… Comment savez-vous cela, Monsieur ?...
— Cela fait longtemps que je t’observe, mon bel ami.
Es-tu libre ce soir après la soupe ? Il me semble que tu aimes les présences viriles sous la tente, contre toi, tout contre toi, tu vois ce que je veux dire ?
Le visage du sculpteur s’empourpre et il se met à bafouiller :
— Mais, Monsieur… mais… co… comment vous… vous savez ça ?
— Les gens du prince savent tout, mon ami… Moi aussi je m’ennuie, le soir. Je viendrais te voir à la nuit tombée. Ta tente est bien la première de la quatrième rangée, sur la rive, après le pont, c’est bien ça ?
La stupéfaction se lit sur le visage de l’ouvrier, qui trouve ainsi confirmation de ce que son intimité est vivement épiée et parfaitement connue du laquais.
— Mais qui vous a dit ? –bredouille le malheureux, mort de honte.
— Tu le sauras ce soir.
— NNONNN ! Surtout pas, Monsieur ! Je ne suis pas seul au campement. Il y a beaucoup trop de monde ici. Pas dans la tente…
Non, Monsieur… s’il vous plait !… Non !
— Alors, sois discret. Je t’attendrais sous la première arche du pont du Cabouillet, caché dans les joncs, un gros moment après votre sonnerie d’extinction des feux.
— Mais, Monsieur…
— Il suffit ! Je compte sur toi. Tu sais imiter la chouette ? Ce sera le signal.
Tu ne voudrais tout de même pas que ne s’ébruite au château la façon dont tu mènes tes amours particulières, non ?
L’homme s’empourpre à nouveau, en balbutiant une vague acceptation.
Florian peut continuer avec satisfaction ses déambulations nonchalantes au milieu du camp, mais son cœur bat la chamade maintenant. Peur de sa propre audace !… Que va-t-il faire avec cet homme ? Il n’en sait rien. Mais il sait qu’il a levé un beau morceau. Il sait aussi que son bas-ventre se remet soudain à palpiter violemment. Il s’arrache difficilement à la contemplation de la chute de reins du sculpteur à moitié nu, de nouveau penché sur sa pierre avec perplexité, et qui laisse entrevoir la séparation de deux globes fessiers, prometteurs… Il en percerait sa culotte à force de bander, notre laquais. Surtout maintenant… Vivement la nuit !
***
Le prince est enfin endormi. Florian l’a entendu marcher en rond, longuement, dans sa chambre, avant de rejoindre sa couche. Le laquais peut tenter de rejoindre l’homme qu’il a entrevu de nouveau ce soir, complètement nu, si désirablement impudique et désinvolte. Le jeune homme a pris soin de s’essuyer longuement après son bain. Il s’est amusé à prendre divers profils et à s’étendre, les jambes un peu écartées sur l’herbe, un genou levé, baigné de soleil couchant, face au château. Il commence à se douter que le valet le lorgne depuis l’une des nombreuses fenêtres des étages nobles, mais il ne sait pas laquelle, ni comment fait ce dernier pour avoir une vue d’aigle aussi perçante. Florian a souri de cette petite mise en scène, à lui seul destinée ! Il a très bien perçu le jeu de séduction mené par le jeune sculpteur. Sa main appuie durement sur son entrejambe pour réprimer sa montée de désir. Dans le même temps, il franchit les nombreuses portes des appartements princiers et des couloirs d’accès, en essayant d’éviter qu’elles ne grincent. Il doit surtout éviter toute rencontre avec l’un quelconque des nombreux membres de la maisonnée du prince, qui vivent tous dans des appartements voisins du sien. Il a déjà préparé ses petits mensonges, pour expliquer sa présence nocturne en cas de mise en présence fortuite ; mais ce ne sera pas sans risques. Aussi doit-il être très précautionneux.
Il descend le grand escalier d’apparat le plus silencieusement qu’il le peut. La nouvelle conciergerie, en travaux, requiert toute son attention dans l’obscurité, pour ne pas se prendre les pieds dans les agrès, les blocs de pierre et les divers espars en attente de positionnement. Au-dehors, il va falloir calmer très rapidement les chiens. Avant le retour du prince, Florian a été prendre en cuisine quelques morceaux de viande, qu’il serre dans sa main gauche. La cuisinière l’a bien vu faire, mais elle n’a rien dit. Les habituelles caresses que Florian distribue sans compter à ses amis canins devraient vite faire l’affaire. Il les connaît si bien, ce sont ses seuls vrais amis… Ouf, pas d’anicroches. Tout se passe comme prévu. Au pied de la grande terrasse promenade qui surplombe le fleuve, il descend les marches qui mènent à l’Oise. Une petite barque l’attend, dont il a pris soin de faire remplacer par un batelier la lourde chaine au profit d’une amarre légère, au motif que son bruit de grincement
indisposait le sommeil du prince. Il y descend sans bruit et pousse avec sa rame pour s’éloigner le plus légèrement qu’il le peut, sans bruit, sans vague. Il se laisse emporter par le courant, jouant juste ce qu’il faut sur...
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