Mes nuits à Pigalle
44 pages
Français

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Description

Patricia Domingo a 20 ans, belle, sensuelle, intelligente, traductrice de romans. Mais secrète et mystérieuse.


Pourquoi se livre-t-elle à des numéros de strip-tease tous les week-ends dans un cabaret de Pigalle ?


Pourquoi cette apparente addiction au sexe ?


Pourquoi fréquente-t-elle un policier des renseignements généraux ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 avril 2021
Nombre de lectures 19
EAN13 9782377805976
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mes nuits à Pigalle

 
 
 
 
 
 
 

Philippe Legay-Delforge
 
 
Mes nuits à Pigalle
 
 
Couverture : Chloé S.
 
 

 
 
© Libertine Editions  2021

 
Mot de l’éditeur
 
Libertine éditions est la maison érotique qui entend tous vos fantasmes. Ici pas de demi-mesure, toutes les formes de sexualité sont autorisées et assouvies.
 
Puisque chacun trouve son plaisir dans des scénarios intimes, chaque lecteur trouvera de quoi animer sa libido ou la rallumer.
Entre histoires vraies et fantasmes inavoués, il n’y a qu’un doigt. Du porno au hors-limite, en passant par le BDSM, le SM et plus encore… Masculin, féminin, le plaisir à deux, trois ou plus. Peu importe, seul le plaisir compte !
Pour faire durer vos lectures, vous trouverez nos ouvrages en format numérique, papier, audio, CD, DVD et plus encore.
Que votre lecture soit chaude et enivrante, c’est tout ce que nous vous souhaitons.
 
Site Internet : www.libertine-editions.fr/
 
 
 
 
Avertissement

Texte réservé à un public majeur et averti
 
 
 
 
1

Lever de rideau
 
 
 
Patricia est déjà là, en avance, comme d’habitude. Comme d’habitude, elle est nerveuse, inquiète, stressée. Dans la solitude, elle attend que le rideau se lève. Elle sera la reine de la soirée, la strip-teaseuse vedette. Elle renouvelle le rituel de chaque fin de semaine, faisant les cent pas sur la scène obscure, faiblement éclairée par les feux de la rampe. L’ambiance est anxiogène. Heureusement, derrière le rideau, ça s’anime. Les voix des premiers spectateurs se font entendre dans la salle du cabaret. La vie est là, qu’elle va débrider, l’allumant de mille feux. Comme à chaque fois, elle a peur de ne pas être à la hauteur.
 
Son amie Anne, court vêtue elle aussi, qui fera le second numéro de danse exotique et érotique, surgit de l’ombre et se porte à ses côtés. Pour l’encourager, elle la prend dans ses bras, la serre contre elle et l’embrasse sur la bouche. Deux langues sensuelles se mêlent, qui suspendent l’angoisse, tandis que deux monts de Vénus se cherchent, se frottent, s’enflamment, s’épousent. Mais trois coups de marteau retentissent qui, comme dans les grands théâtres, annoncent que le rideau rouge va se lever. Anne regagne vivement les coulisses, croisant Pedro, le partenaire de Patricia. Celle-ci reprend confiance. Légère, elle vole vers le public admirateur qui, déjà, applaudit. La main amicale de son cavalier et le goût sucré du baiser reçu l’ont délivrée. Elle va faire passer des ondes de plaisir dans la salle, faire couler des fleuves de désir dans des veines battantes d’émotion et de passion. Elle aime ça.
 
 
 
 
2

Maria Dolores Nguessa en 1958
 
 
 
Elle s’était présentée, dès le premier cours d’espagnol, comme une enfant née en 1941 à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale, colonie espagnole. Et ses camarades de classe l’appelèrent immédiatement L’Équato. Sans trop être capables de situer géographiquement cet équateur de terres bouillantes, humides, forestières et mystérieuses : Afrique, Amérique ? Preuve évidente qu’on peut très bien être étudiant en première année universitaire de L.E.A. (Langues étrangères appliquées) au sein de la prestigieuse Sorbonne de Paris, et être ignorant de l’histoire et de la géographie des pays équatoriaux… Ils étaient persuadés qu’elle venait d’un bout d’Afrique enclavé et surchauffé alors qu’elle aurait très bien pu être née dans une contrée sud-américaine. Ils avaient la chance de ne pas se tromper : elle était bien Africaine. Non par la nationalité, mais par l’origine, par la race. Mais seule une minorité d’étudiants, et surtout d’étudiantes, qui s’étaient intéressés à cette Black savaient qu’elle était – à son regret parfois – une fille du golfe de Guinée. Elle était née espagnole par hasard, par la fantaisie de l’histoire et des conquêtes puisque Malabo, l’ex Santa Isabel, était la capitale d’une colonie administrée par Madrid. Hélas, à la sortie de la guerre mondiale – elle avait 5 ans en 1946 – ses parents, tous deux enseignants à Malabo, de nationalité espagnole, mais bilingues par leur parfaite maîtrise de la langue française, demandèrent et obtinrent leur mutation à Conakry, capitale de la Guinée française. Ils firent là, sans pouvoir le prévoir, un bien mauvais choix, car la Guinée se révéla être la première colonie d’Afrique à vouloir et à obtenir, en 1958, son indépendance et, surtout, à afficher clairement sa haine à l’égard de l’ancien colonisateur français et de ses alliés espagnols, portugais et autres… Il y eut cependant un côté positif, car la fréquentation des écoles françaises jusqu’à son bac fut pour l’Équato un parcours enrichissant : elle était imprégnée de culture espagnole, française, européenne tout en puisant son originalité dans ses racines africaines.
 
Maria Dolorès Nguessa était le nom de cette jeune fille, belle comme une princesse africaine dont les traits hiératiques et aristocratiques étaient, depuis des lustres, imprimés dans la pierre par les artisans des pays de sa région natale. Comme à Mbigou, un village du Gabon, où bien des sculpteurs de rue matérialisaient brillamment leur talent. Maria Dolorès était sans aucun doute l’une de leurs créations : visage mat aux reflets flavescents surmonté par un haut front légèrement bombé, tête impériale et hautaine prolongée par une coiffure faite de nattes et d’un chignon savamment tressés, petit nez droit, yeux oblongs, pommettes saillantes, minuscule menton tout rond sous une lippe un peu boudeuse. Telle était Maria Dolorès, qui comptait essentiellement des Fangs parmi ses ancêtres, peuple dont la majorité des membres se trouvait au nord du Gabon. Elle avait, comme beaucoup de femmes fangs, un corps cambré, svelte et long. Elle était couleur de nos automnes, ni jaune ni beige, ni cuivrée ni dorée, mais synthèse de ces tons, bien proche d’une palette où l’ambre dominait largement l’ébène. Une peau naturellement ensoleillée que les jeunes filles françaises, plongées dans l’addiction du bronzage à tout prix, lui enviaient. Elle était fière d’être fang, de ses racines, de sa culture. En revanche, en cette année 58, elle voulait quitter Conakry. L’indépendance avait changé la donne et les siens se préparaient à souffrir. Ses parents surtout, son père professeur de philosophie et sa mère institutrice, sujets typiques de la détestation populaire encouragée par un État nationaliste et démagogique, soucieux de détourner la colère grondante des bidonvilles vers des proies idéales : car si les Ngessa étaient citoyens du golfe de Guinée, ils étaient néanmoins des étrangers à Conakry, des migrants venus du sud, de la Guinée équatoriale rivale, méprisée, jugée complice des colonisateurs européens, trop faible pour bouter l’occupant alors que le nouveau maître d’ici, Sékou Touré, avait osé rompre le lien, en cette année 1958, avec le colonisateur français. Surtout, les parents de Maria Dolorès étaient des intellectuels. Ils appartenaient à ces milieux dont on disait qu’ils voulaient reproduire le modèle politique des impérialistes encore actifs à travers des relais institutionnels, financiers et économiques. Déjà, ils avaient été détenus brièvement mais arbitrairement sous l’accusation de complicité de subversion, tout comme beaucoup d’enseignants critiques envers la dictature instaurée par le nouvel État. Désormais retraités, heureusement protégés, mais pas assez, par leur nationalité espagnole, ils tentaient de se faire oublier, mais voulaient éloigner leur fille en France, patrie des droits de l’homme. À 17 ans, Maria Dolores était déjà bachelière. Ses père et mère rêvaient de lui ouvrir un compte bancaire à Paris où elle pourrait faire ses études supérieures. Ils venaient de présenter la jeune diplômée au chef de la récente et fragile mission de coopération de l’ambassade française à Conakry où elle avait rempli un dossier assorti d’une demande de bourse. Coopération naissante, fragile, cahotante tant les laborieuses relations entre la nouvelle République autocratique de Guinée et l’ancien colonisateur français étaient tendues. Puis le chargé des affaires de sécurité intérieure détaché auprès de l’ambassadeur de France l’avait convoquée. Il l’avait interrogée sur la menace qui pesait sur ses parents et leurs amis espagnols et français. Ils s’étaient revus. Le courant passait bien entre la jeune fille et le sémillant capitaine de la gendarmerie française, âgé d’une trentaine d’années. Elle aurait bien voulu le revoir, encore et encore. Car, pour la première fois de sa vie, elle était amoureuse. Un amour platonique, l’officier s’en amusait. Mais il l’aida et obtint qu’elle soit accueillie au titre de « réfugiée », d’autant que l’oncle de la jeune fille, qui habitait et travaillait à Paris, faisait partie du comité des opposants au régime dit de démocrature qui, à Conakry, se durcissait. La Guinée appartenait à une famille dont les aînés, soit une douzaine de potentats unis comme les apôtres d’un culte rendu au diable, se répartissaient les pouvoirs et les richesses. Le gendarme français voulait donner sa chance, c’est-à-dire un avenir serein, à celle qui le dévorait naïvement des yeux. Il se plaisait à dire qu’il ne voulait pas qu’elle soit un jour Maria-la-douleur . Elle avait de précieux atouts, elle parlait couramment l’espagnol et le français, avait eu son bac avec mention, voulait élargir sa culture sur l’histoire des pays sud-américains et apprendre l’anglais, peut-être le russe aussi. Un beau programme, d’autant plus réalisable que les parents allaient fournir une aide financière, qu’une bourse venait d’être accordée, et que l’oncle prenait en charge le logement de sa nièce. Elle ne laisserait derrière elle aucun regret si ce n’est celui de quitter ses parents bien-aimés et son club de danse de Conakry où son corps avait appris depuis une douzaine d’années à évoluer et à s’exprimer sur des rythmes africains et sud-américains.
 
C’est ainsi

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