Pharaon et le Général , livre ebook

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Pharaon et le Général
Maxime Fulbert
Roman de 480 000 caractères, 82 000 mots, 400 pages en équivalent papier.
Julien Ferrand, fils de médecins, est en Terminale littéraire. Il est passionné par l’histoire de l’Égypte. Un jour de vacances d’hiver, il visite le musée des antiquités de Rouen. Il y admire les momies. Un égyptologue d’une trentaine d’années, Nathan Verrier, se tient devant les vitrines. Julien a le coup de foudre... Son copain Wulfran, grand blond musclé, amoureux de lui, qui le défend au lycée contre les homophobes, est très jaloux.
Il est difficile pour Julien de concilier deux amours. Il craque, fait son coming out à ses parents pour expliquer pourquoi Wulfran vient dormir si souvent dans sa chambre ; pourquoi il tient tant à faire du baby-sitting chez monsieur Verrier.
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Date de parution

21 mai 2021

Nombre de lectures

2

EAN13

9791029404511

Langue

Français

Pharaon et le Général
 
 
Maxime Fulbert
 
 
 
«  Le Nil s’étire tout au long du temps et de l’espace. Il a assuré la naissance de la vie sur ses bords. Les premières dynasties de Pharaons ont émergé aussi bien des légendes que de ses eaux fertilisantes et nourricières. Le mystère de leur vie et de leur mort, de leur corps éternisé par la momification rituelle et de leurs sentiments nous reste encore clos pour une très grande part. Peut-être étaient-ils comme nous ? Tout simplement traversés par les désirs, l’angoisse de vivre. Et de mourir aussi. Quelles étaient leurs amours ? Les aidaient-elles à traverser l’existence ?  »
Henry Bordeaux, Le Sphinx sans visage , Marseille, F. Detaille, 1939.
 
 
 
—1—
 
 
Julien Ferrand avait dix-sept ans et demi. Il était scolarisé au lycée Victor Hugo de Rouen, en classe de terminale littéraire. Il s’agissait d’une scolarité modifiée par la réforme qui instituerait quelque temps après le baccalauréat selon un contrôle continu, du moins en partie. Jean-Denis Crémieux, le professeur de français, avec lequel Julien pensait avoir des atomes très crochus, serait carrément opposé à ladite réforme et ferait grève. Julien le soutiendrait, une fois en première année de fac d’histoire.
Mais cela était encore le futur.
Julien avait longtemps observé avec intensité Jean-Denis Crémieux, qui n’était pas un idéal masculin défilant pour un grand couturier lors de la Fashion week ou un androïde, bandant, à nœud papillon et gilet à carreaux, dans Lovebot sur Netflix. Mais il avait un charme fou. Julien pensait l’aimer. Il lui avait déposé dans son casier, en salle des profs, un petit mot qu’il avait pris les précautions d’écrire avec des gants. Après qu’il eût ouvert la ramette de papier et le bloc d’enveloppes avec la même protection. Bien sûr, la police utilisée et la nature de l’encre d’impression auraient été analysables si l’on avait eu affaire à un meurtre, mais tel n’était pas le cas. Le proviseur avait dit à Jean-Denis Crémieux de laisser pisser.
Quand Jean-Denis Crémieux avait demandé à ses collègues s’ils avaient vu quelqu’un déposer ce mot sous enveloppe dans son casier, personne ne fut en mesure de lui répondre. Les profs étaient d’une grande inattention et ne prêtaient de considération à rien d’autre qu’à leurs papotages entre deux cours. Ils étaient incapables de se souvenir de quoi que ce fut. Julien la joua discrète. En classe, lors des devoirs sur table, il ne regarda pas à un seul moment Jean-Denis Crémieux. Du moins il fit l’effort de ne pas croiser son regard. Sinon, pour ce qui était de l’échange oral entre la classe et le prof, il adopta un air spontané et simple qui mettait sa démarche amoureuse sous un boisseau parfait.
Julien était grand, fin, brun aux yeux d’un bleu qui tirait un peu sur le mauve selon la lumière, notamment la lumière du soleil. On s’en apercevait plutôt l’été, quand le soleil normand brillait bien, mais avec la douceur qui lui est particulière certains jours. Son visage était un ensemble de traits réguliers, voire très réguliers, ce qui lui conférait une franche beauté, particulièrement ses minuscules taches de rousseur sur la joue gauche, qui mettaient en valeur son point de beauté sur l’aile droite du nez. Ce dernier rendait son visage attachant. On se serait attendu qu’il fût très gracile, mais il était d’une légère épaisseur mâle, tout comme ses lèvres. Dans ce visage parfait, le nez délicatement large et les lèvres charnues marquaient une sensualité. Du moins, les personnes qui arrêtaient leur regard sur le visage de Julien ressentaient-elles une forme de sensualité. Si l’on s’attardait à l’observer, on pouvait penser qu’il était très doux, très aimant, et qu’il incitait à l’érotisme. C’était un très beau garçon, mais il cachait cette beauté derrière une grande réserve, une timidité un peu maladive.
Il ne se mettait pas en avant, il n’abusait pas de son physique du fait même qu’il ignorait l’effet qu’il pouvait produire sur les filles et même sur les garçons. Sur les garçons autant que sur les filles. On pouvait se demander s’il savait qu’il était beau tant il prenait de précautions pour ne pas attirer l’attention.
C’étaient les vacances de février. Plus exactement, on était la première semaine des vacances d’hiver et Julien remontait la rue Beauvoisine pour se rendre au Musée des antiquités, afin d’y admirer les vitrines égyptologiques. En effet, même si l’ensemble des trésors du musée l’intéressait, Julien adorait l’égyptologie et rêvait de devenir archéologue en Égypte bien que ses parents lui déconseillassent cette voie qui offrait peu de débouchés selon eux.
Bertrand Ferrand, le père de Julien, était radiologue et possédait son laboratoire à Mont-Saint-Aignan, tandis que sa mère, Aymée Ferrand, était médecin généraliste à Bois-Guillaume. Ces deux scientifiques avaient de la considération pour les archéologues travaillant en terre d’Égypte, en général, mais manifestaient de fortes réticences concernant leur fils en particulier. Qu’il embrasse la profession de ces personnes très savantes, et œuvrant pour la connaissance, n’était pas de leur goût. Julien ne souhaitait pas de débat houleux avec ses parents qu’il trouvait bourgeois et étriqués. Il les laissait dire, à table, ou au salon, lorsque la conversation portait sur le sujet. Il affichait un visage impassible, mais intérieurement il n’en pensait pas moins. Il ferait ce qu’il voudrait au moment voulu. Il envisageait une filière en histoire, histoire de l’art en master II, puis égyptologie. Il n’était pas question de créer une confusion stérile dans la famille pour l’instant.
Son frère aîné et sa sœur cadette prenaient parti pour lui et les discussions pouvaient tourner mal s’ils s’en mêlaient tous deux pour porter secours à Julien. Son grand frère Ludovic, en première année d’ingénierie informatique et sa sœur, Aline, en classe de troisième, au même lycée que Julien, faisaient corps avec lui. Son intelligence et son goût pour le calme et la paix l’incitaient à ne pas contredire ses parents et à leur sourire, tout bonnement. Il remerciait ses frère et sœur. L’avenir serait ce qu’il en ferait, avec sagesse.
Il franchit la belle porte faussement gothique du musée, laquelle était en calcaire, mais tout moussu, ce qui lui donnait l’air d’être d’époque. Et il entra dans le jardin du musée, s’attardant pour jeter un œil sur ce qui y avait été placé. Des gravats historiques, de grandes statues tirées de hautes églises rénovées au dix-neuvième siècle, des sarcophages mérovingiens se mêlaient à un jardin de buis et d’arbustes dénudés par l’hiver.
Le jardin de simples, d’aspect médiéval, entouré de petites haies et clisses de jonc tressé, gardait encore un peu de vert en cette saison, mais si peu. À la caisse, il bénéficia de sa réduction Pass ado ainsi que du sourire de la caissière, une jeune femme qui le connaissait vaguement du fait qu’il était un pilier parmi les visiteurs. Elle semblait apprécier ses venues régulières.
Il emprunta une des ailes du cloître – le Musée des antiquités avait été un gros prieuré au douzième siècle, celui de Saint Ursule de Pontigny - et il se dirigea vers la gauche pour accéder à la partie des antiquités. Le musée portait le nom de Musée des antiquités, mais comportait beaucoup d’objets, de tableaux, de meubles médiévaux et renaissants. Il opta, là encore, pour les vitrines égyptologiques, renonçant, du fait de sa passion, aux autres ailes du musée.
Un homme jeune, d’une trentaine d’années, un peu plus peut-être selon Julien, non d’une trentaine d’années finalement, se tenait de dos. Il était très blond, avec des cheveux bouclés et, à côté de lui, se tenait un autre homme, de trois quarts dos, aux cheveux blancs. Ils discouraient devant une vitrine, celle qui exposait les sarcophages de deux époux, celui du vizir Sennemdjet et de Tâaoui, sa conjointe. Ces deux défunts avaient été au service du pharaon Pépi II, de la VIe dynastie.
Julien voulait s’approcher de la vitrine, et plus ou moins trentenaire aux beaux cheveux bouclés.
Une sorte de portrait en pied de Raphaël. Qu’importait qu’il s’imposât, puisque les deux hommes avaient l’air d’être du musée et tenaient une conversation experte devant les dépouilles anciennes qui l’intéressaient. Julien se dirigea vers une vitrine qui renfermait une cuve funéraire en pierre noire dont le couvercle avait été brisé en deux énormes morceaux qui gisaient au pied de la pièce maîtresse.
La cuve comportait des hiéroglyphes et des dessins gravés. L’écriteau métallique indiquait que cette cuve avait abrité le corps du prince Djâou III, frère de la mère du pharaon Pépi II, la reine Ânkhnesmérirê.
À ce qu’il semblait, l’homme âgé remerciait l’homme jeune et blond, d’avoir négocié ferme avec les conservateurs du département égyptien du Louvre pour obtenir le déplacement peut-être définitif, à Rouen, des momies de Sennemdjet et de Tâaoui ainsi que de la cuve funéraire du prince Djâou III.
Tandis que Julien observait les dessins intaillés, il prêtait attention à la conversation des deux savants, sans doute égyptologues. Il ressortait que le trentenaire blond travaillait à la fois à Rouen et à Paris, au Louvre. Cela impressionna Julien. Ce dernier retint que l’homme jeune et blond s’appelait Nathan et que l’autre s’appelait Georges.
Julien continua sa visite bien qu’il n’eût rien à découvrir. Son plaisir était de voir et revoir les mêmes objets millénaires : deux tabourets et un repose-tête pour lit en cèdre, de la XVIII e dynastie, des sarcophages de chats, dont l’un, imposant, en bois peint, était celui d’un chat dont le nom avait été immortalisé par un scribe : Miou. C’était l’onomatopée égyptienne de notre « miaou ». Une affiche cartonnée et plastifiée expliquait que l’objet était exceptionnel, car il s’agissait là d’un animal de compagnie d’un personnage de haut rang, alors que les autres momies de chats étaient réalisées presque industriellement, sans empathie pour l’animal. Selon une économie d

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