Trente-Trois
58 pages
Français

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Description

Trente-Trois

Vincent Koch

Vincent est recruté en Bretagne pour un poste qui le fait voyager très souvent outre Manche. Hugues accepte de le suivre mais doit se reconstruire une vie sociale et professionnelle. Il est enfin recruté dans une entreprise de la région et devient l'adjoint de Morgan, un charismatique chef de développement. Une attirance électrique s'empare des deux hommes. Aucun d'eux ne cherchera à résister à l'autre, Hugues, lui, est de plus en plus excédé par les absences répétées de Vincent.

Vincent ? Morgan ? Les deux ? Devra-t'il faire un choix ou laissera-t-il ses deux hommes le faire à sa place ?

Vincent Koch est l'auteur de Simplement Lui, mettant également en scène Vincent et Hugues et Le Cœur fou

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029400223
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Trente-Trois
 
2013 – 2014
 
 
Vincent Koch
 
 
 
À toi
 
 
 
 
 
Acte 1  Moi, Vincent et Morgan
 
 
 
1
 
 
 
Il est parti. Sans un mot, sans un au revoir. Il est parti sans un regard. Rien, je ne savais rien du jour, de la date, du lieu, de l’heure. Je savais juste qu’un jour ce serait une évidence. Qu’il ne pourrait en être autrement. Il me l’avait dit. Certifié, avec sa froideur. J’ai espéré, peut-être un temps, qu’il en serait autrement. Sa décision, il me l’avait lancée au visage, comme on lance un verre d’eau, lors de ce énième repas que nous avions partagé, dans ce restaurant qu’on aimait tant.
C’est mon téléphone qui me l’a appris ce matin. Au réveil. Le message était court. Il était net. À son image. Pas de fioriture. Pas de chichi. L’essentiel, ni plus, ni moins.
Bon Anniversaire. Ne cherche plus à me joindre, je pars. Adieu.
Je m’appelle Hugues. J’ai trente-trois ans. Aujourd’hui.
 
 
 
2
 
 
J’ai rencontré Morgan, un jour d’entretien d’embauche. Il est apparu, venu de nulle part. J’étais trop absorbé par mon stress. Prêt à contrôler la moindre de mes émotions de peur de ne pas être à la hauteur. Il s’est présenté devant moi, et m’a salué avec une bonne humeur communicative. Il a disparu aussi rapidement. Mais cet homme, car il venait d’en passer un, un homme que tu ne peux pas ne pas remarquer. Le genre de garçon aussi sûr de lui, qu'ignorant tout de son charme.
Si je devais avoir le poste, je ne pourrais faire autrement que de l’accepter. Pour revoir cet homme, cette apparition. Pour mieux la capter, la connaître.
Malheureusement, l’entretien ne me permit pas d’avoir le poste espéré. Mon profil avait été simplement retenu pour plus tard. Quelques mois plus tard. Pour un autre poste. Moins prestigieux, moins glorieux, moins intéressant aussi, mais plus en lien avec les missions d’un Morgan que je ne revis pas ce jour-là.
Je rentrais donc chez nous, en oubliant presque ce passager furtif. Le cours de ma vie reprit. Recherche d’un nouveau poste pour me sauver d’un job qui ne servait qu’à payer les factures. Et puis, nous avions notre petite vie de couple gay ballotée entre cocooning et fêtes hebdomadaires.
Deux mois plus tard. Un lundi matin de pluie. Je ne travaillais pas, et je m’étais accordé une grasse matinée sous la couette, avec un bon gros roman sentimental, de ceux à l’eau de rose, épique et moderne, américanisé aussi, mais tellement rafraîchissant. Je venais de finir la dernière gorgée de mon premier café matinal que la sonnerie de mon téléphone se mit à m’abrutir. Encore cotonneux, je me forçais de répondre au numéro inconnu qui s’affolait sur l’écran de mon portable. Je déteste répondre aux numéros inconnus. Une question d’éthique peut-être. Peut-être pas. Toujours est-il qu’une voix stridente de femme enragée de reprendre son train-train me hurla dans les oreilles pour savoir si j’étais bien moi.
— Oui, c’est bien moi.
— Madame Triquel, l’assistante personnelle de Monsieur Vale.
Je n’ai jamais bien compris pourquoi cette femme, dont le travail consistait uniquement à répondre au téléphone, prendre des rendez-vous, faire le café, et se faire troncher sur le bureau du patron, se devait d’appuyer le fait qu’elle était l’assistante personnelle de son boss, comme s’il ne la considérait déjà pas assez comme sa chose, à sa disposition de jour comme de nuit, 5 jours sur 7, 46 semaines sur 52, moins celle où elle était indisposée, bien entendu.
— Monsieur Vale souhaite vous voir au plus vite, il a une proposition à vous faire.
— Bien entendu, quand est-ce que ce serait possible ?
— Ce matin, vous êtes disponible ?
— Euh, oui, enfin, je suis en congé.
— Parfait, 10h45, ça vous convient ?!
La question n’en étant pas une. Je jette mon regard vers le radio réveil m’indiquant 9h55. La trotteuse numérique clignotait deux fois plus vite comme si on venait d’accélérer le Temps, juste pour blaguer.
— Très bien, je fais le nécessaire.
— Parfait ! Merci et au revoir.
Il me fallait quitter mes plans de garçon sous sa couette pour me jeter sous la douche. Hors de question de laisser sur mon corps les odeurs des amours mâles, qui m’avaient occupé la veille, se dégager lors d’un rendez-vous pouvant modifier mon proche futur. Je devais respecter un certain nombre de rituels. Celui de la douche matinale en était un auquel je n’ai jamais failli. Le problème n’était pas la douche, mais d'arriver à l’heure à mon rendez-vous. Le transport était au centre de mes préoccupations lorsque je savonnais mon corps de gel moussant. Le vélo me semblait être une bonne solution, mais il impliquait des contraintes. Mon corps serait soumis à des efforts. En conséquence, je risquais une sudation que n’améliorerait pas mon degré de stress. Loin de moi l’idée d’arriver au rendez-vous en mode hammam. La voiture était un bon moyen d’éviter les contraintes du vélo, mais les bouchons et le temps passé à trouver une place me faisaient déjà bondir par avance. Il ne restait plus que les transports en commun. Why not ! Les horaires n’étaient pas lisibles sous la douche. C'est à se demander à quoi pensent les concepteurs de ces précieux guides. Allez lire les horaires de bus sous une pluie battante, bon courage ! Bref, c’est avec une serviette mal ficelée autour de la taille et des cheveux dégoulinants que je vérifiais cette option. Elle s’avérait jouable à une minute près. Arrivée du bus 10h44. Je tente.
Un directeur n’est jamais à l’heure. Ce dernier devait, bien entendu, me donner raison sur ce point. Ne cherchez pas à savoir pourquoi. Ce doit être inscrit dans leur contrat moral. Les heures de rendez-vous ne sont que des indications de temps variables d’une personnalité à une autre.
Je me trouvais donc assis face à l’assistante personnelle de ce cher Monsieur Vale. Elle m’expliquait avec son air strident de comédienne payée à vendre du dentifrice depuis vingt ans, qu’aujourd’hui, il était plutôt en avance dans son planning. Les trente minutes de retard qu’elle prévoyait étaient plus à prendre comme un compliment qu’une contrainte. Je me sentais déjà adorer la possibilité de travailler aux côtés de cette huitre plus très fraîche.
Trente minutes et des poussières, une envie d’uriner à tout exploser, soulagée une première fois après avoir osé déranger Miss Triquel, le directeur en question arrivait, un sourire au coin des lèvres. Il arborait cet air qui semblait me dire « Ah voici celui que j’attendais ». Avant même d’avoir eu le temps de souffler, il me faisait entrer dans son bureau et commandait à son assistante personnelle deux cafés. Je ne savais si je devais ou non lui demander la permission d’aller aux toilettes avant de m’asseoir. L’idée d’avaler un nouveau café me fit presque pisser dans mon froc. Je fis ma demande qui fut acceptée comme si nous étions de vieux potes à une partie de pêche.
Je me précipitais dans le couloir, souhaitant lui faire perdre le moins de temps possible. À peine installé devant la pissotière du milieu, la porte s’ouvrit. Le boss et Morgan étaient en pleine conversation sur un dossier technique. La situation me parut totalement en décalage avec la vie réelle. Aller ensemble aux toilettes, pisser un bock pour parler d’un dossier technique, je n’avais jamais vu cette pratique, mais pourquoi pas. Après tout. Ainsi je me retrouvais physiquement au centre de leur conversation. Les deux hommes continuant à avoir un lien visuel entre eux en regardant, chacun, dans ma direction. Pour une mise en confiance, vous ne trouverez pas mieux. Parole d’expert.
Je finis avant eux. Fallait-il les attendre par politesse, au risque d'apparaître quelque peu stupide de tuer le temps dans ce lieu. Alors, je suis sorti attendre Monsieur Vale près de son bureau. Dans le couloir, les deux hommes continuaient leur conversation comme si de rien n’était. La beauté, mais bien plus le charme de Morgan, me sautèrent au visage. Ce regard porté dans ma direction dans les toilettes m’avait mis en émoi. Je me sentais attiré par sa personnalité. Une sorte d’aimant en moi mal maîtrisé. J’étais rassuré d’aller enfin au rendez-vous de monsieur Vale, à qui je n'accordais aucun sex-appeal. L’homme étant un quinquagénaire assumé. Son hétérosexualité se lisait sur son visage. Mes hormones allaient pouvoir se calmer, pensais-je. Que nenni.
Morgan et Monsieur Vale entraient ensemble dans le bureau de direction. Madame Triquel nous attendant pour nous servir notre café, avec des viennoiseries réchauffées par ses soins. La précision de ses actes offrait la garantie qu’elle ne passait pas tout son temps à se manucurer les ongles ou à prévoir ses vacances en surfant sur des sites de réservation.
Le rendez-vous fut des plus banals pour qui a déjà passé un entretien d’embauche. À la nuance près que je n’avais point à défendre ma candidature. On m’expliquait quelle serait ma mission en me signifiant que mon profil était intéressant pour une société comme la leur. Je serais donc, si je l’acceptais, sous la responsabilité de Morgan, dans le cadre d’un projet national ambitieux impliquant plusieurs entreprises du secteur. L’idée était de se projeter dans l’avenir. Tant mieux, c’est dans l’avenir que je me sens le mieux, le passé ne m’intéressant guère.
Il faut dire qu’à cette époque, je n’avais pas d’intérêt à me laisser porter par le passé.
 
 
 
3
 
 
Au sortir du rendez-vous, j’étais comblé de me dire que dans quelques jours, j’allais pouvoir voir autre chose que mon standard téléphonique. Je ne supportais plus le temps que je perdais à tenter de démarcher des clients potentiels pour des sociétés dont l’humain n’avait guère de valeur comparé aux bénéfices qu’elles pouvaient en tirer.
J’allais pouvoir me lancer dans un vrai projet, plus humain, sur une durée certes limitée, mais qu’importe. Je me voyais enfin rebondir après ce déracinement que je n’avais pas voulu, mais que j’avais choisi de cautionner pour suivre l’être aimé.
Vincent et moi sommes des nomades, des gens qui ont décidé de poser leurs

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