Tu es majeur ? Tires-toi !
66 pages
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Description

Tu es majeur ? Tire-toi
Guy Bergère
Roman de 120 000 caractères, 42 300 mots, 205 pages en équivalent papier.
En raison de son orientation affective, un garçon timide est jeté à la rue par par son beau-père le lendemain de ses 18 ans et à la veille de passer son bac.
Recueilli par des gens généreux, il parviendra néanmoins à relever la tête et à connaître l'amour.
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: Éditions Textes Gais

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791029403293
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tu es majeur ? Tire-toi !
 
 
 
Guy Bergère
 
 
 
Roman
 
 
 
1. Beau-père
 
 
Jérôme a toujours été un intellectuel. Petit, il a su parler très vite, et il a tout de suite adoré les livres d’images qu’on lui a mis entre les mains. Bien avant l’âge de l’école, il a su décoder les lettres, puis les mots qui se sont trouvés sous ses yeux. Encouragé par son père qui se sentait très fier de ses progrès, il a finalement su lire avant même de commencer à fréquenter la maternelle.
Quand il se souvient de son âge le plus tendre, Jérôme se sent nostalgique : son père le comprenait, lui. Mieux que sa mère qui, n’ayant jamais aimé l’école, s’est toujours sentie un peu mal à l’aise face à la soif d’apprendre de son rejeton.
Revers de la médaille, à l’école Jérôme s’est senti rapidement déphasé face à ses camarades, dont la plupart n’accrochaient pas à ce qu’on leur enseignait, et dont les jeux brutaux le rebutaient. Toujours plongé dans des livres qui émoustillaient son imagination, il trouvait ennuyeux et répétitif de se relancer une balle ou de se courir après. D’autant que, n’ayant aucun entraînement à ces exercices physiques, non seulement il perdait presque toujours, mais il devait subir, en outre, la rancœur de ses coéquipiers. D’ailleurs, la plupart du temps, personne ne voulait jouer avec lui, de même qu’il n’avait guère envie de se confronter aux autres.
Bien sûr, il souffrait un peu de se trouver ainsi marginalisé. Toutefois, choyé par ses parents dès qu’il rentrait chez lui, il supportait cet état de fait. En outre, même à l’écart, il savait observer. Les exercices physiques des autres l’inspiraient, plusieurs garçons lui semblaient beaux. Sans savoir pourquoi, il ne s’intéressait d’ailleurs qu’aux garçons : les filles étaient pourtant aussi nombreuses, mais pour lui... elles faisaient partie du paysage sans que son regard s’y attarde, même concernant celles qui, parfois, lui adressaient un sourire.
Malheureusement, à l’âge de onze ans, un cataclysme avait fracassé sa vie. Son papa, qu’il aimait beaucoup, était tombé malade. Il avait fallu l’hospitaliser, l’opérer... mais ces soins n’avaient pas réussi à enrayer le mal. Après l’enterrement, Jérôme s’était retrouvé seul avec Henriette, sa maman, tous deux pétris de chagrin.
Restée l’unique soutien de son enfant encore jeune, Henriette s’était sentie perdue. Non seulement son salaire modeste d’employée de bureau lui apparaissait vraiment trop juste pour subvenir aux besoins du foyer, mais elle se sentait également désemparée par cet enfant trop sage qui ne raisonnait pas comme elle, qui posait souvent des questions auxquelles elle ne savait pas répondre. Elle chercha à se remarier, consulta des sites de rencontre... et fit la connaissance de Stéphane.
De cinq ans son aîné, celui-ci lui apparut comme un homme affable. Ouvrier dans une entreprise réputée, son emploi paraissait stable, avantage non négligeable en cette époque où le chômage constituait un risque majeur. Stéphane recherchait lui aussi la stabilité dans le mariage. Il assura à Henriette qu’il considérerait comme son fils celui qu’elle élevait seule depuis son veuvage.
— Je ferai de lui un homme ! s’était-il engagé, phrase dont Jérôme allait douloureusement se souvenir.
Les noces furent rapidement organisées. Jérôme n’était pas orphelin de père depuis six mois quand il se trouva doté d’un beau-père.
Au début, la cohabitation fut pacifique. Docile, le garçon ne laissait pas prise à la critique. Il trouvait pourtant que son nouveau papa le sollicitait beaucoup plus souvent que l’ancien pour... des occupations qui ne le passionnaient pas vraiment : aller faire une course, l’aider dans un bricolage... En outre, il regrettait que sa conversation n’aborde aucun des sujets motivants que son vrai père affectionnait.
Ce furent surtout ces petits travaux domestiques pour lesquels son beau-père réclamait son assistance qui commencèrent à causer quelques tiraillements. Car Jérôme ne savait jamais rester concentré sur un geste tout simple, voire répétitif. Très vite, son esprit vagabondait, son attention s’émoussait.
— Alors ! Encore dans la lune ! s’emportait Stéphane. Ce que je te demande n’est pourtant pas difficile !
Pas assez justement ! Maintenir une planche ou bloquer un écrou pendant que son beau-père effectuait le geste noble apparaissait vraiment au garçon comme... une tâche inutile et ennuyeuse au possible. Il s’efforçait pourtant de satisfaire le mari de sa mère, il se sentait honteux d’être ainsi traité d’incapable.
Ses congés d’été, tels qu’ils se déroulaient depuis que sa mère s’était remariée, le décevaient également. Auparavant, ses parents les passaient chez sa grand-mère paternelle, dans un petit village du Massif central où son père s’ingéniait à lui faire découvrir les splendeurs des bois, des prés, de la montagne, en arpentant des sentiers en pleine nature et en admirant une flore exubérante au sein d’un paysage magnifique. Mais après le décès de son père, sa grand-mère se fâcha avec sa bru : elle trouvait ce remariage trop précipité et n’appréciait pas le caractère du beau-père de son petit fils. Elle n’oublia pas cependant ce dernier, qui reçut d’elle régulièrement un petit mot sur une carte fantaisie. Mais la famille ne retourna plus chez elle.
Avec Stéphane, ce fut également un hébergement familial qui abrita les séjours d’été du foyer : on se rendit chez un vieillard acariâtre que le beau-père de Jérôme annonça être son père. Bien que Papy Marcel ne soit ni cultivateur, ni éleveur, c’était à la campagne, dans une zone d’agriculture intensive où les champs immenses de betteraves ou de pommes de terre ne laissaient apercevoir qu’un paysage plat et monotone. Si Stéphane y retrouvait ses copains d’enfance, si Henriette avait lié rapidement amitié avec Germaine, la femme qui venait régulièrement faire le ménage de l’aïeul, Jérôme s’ennuyait ferme. Lui n’osait pas aller à la rencontre des autres gamins du village, il avait une trop mauvaise expérience des rebuffades de l’école pour s’y essayer.
À Noël et aux anniversaires, une incompréhension était apparue au niveau des cadeaux. Stéphane voulait montrer qu’il ne lésinait pas, que le fils aîné de sa femme était comme le sien. Mais il avait une idée des loisirs d’un enfant qui ne correspondait pas du tout aux aspirations de ce garçon renfermé. Ballons, boules, raquettes, tenues de sport, une patinette même, furent autant de tentatives décevantes. Jérôme remerciait, s’efforçait parfois de s’en servir à une ou deux reprises, puis reléguait ces présents dans un coin : tous ces amusements d’extérieur ne l’inspiraient pas. Car l’idée même d’aller jouer dans la rue le rebutait, s’y essayer signifiait affronter le regard des autres. Or voir le garçon se confiner dans l’appartement le dimanche agaçait son beau-père :
— Qu’est-ce que tu fiches ici par ce beau temps ? Prends un ballon et va jouer dehors !
Jérôme faisait le gros dos, mais ne se laissait pas convaincre. Aller dehors ? Non, il préférait lire, ou jouer avec les vieux legos que lui avait offerts son père autrefois, qui développaient son esprit créatif. Si on lui avait proposé un vélo, encore, ce serait la clef d’escapades solitaires telles qu’il les rêvait. Mais la seule fois où il avait osé en suggérer l’idée, c’était sa mère qui avait refusé, en invoquant des raisons de sécurité.
Stéphane finit par comprendre que, concernant ces jouets d’enfant, il dépensait son argent en vain. Sous couvert de responsabiliser le garçon, il lui dit qu’il était assez grand maintenant pour apprendre à gérer son budget. Ses cadeaux se résumèrent dès lors à un petit billet que l’enfant dépenserait à sa convenance. Et Jérôme en était satisfait, sa bibliothèque enfantine s’étoffa.
 
L’entrée en sixième le perturba. Beaucoup plus laxiste que sa précédente école, le collège laissait s’exprimer les rancœurs de ses élèves face à ceux qui n’adhéraient pas à l’atmosphère de paresse et de dénigrement systématique des autres, ceux que les exploits sportifs laissaient de marbre, mais dont le désir d’apprendre les faisaient passer pour des fayots. Semblant imperturbable, Jérôme continua à collectionner les bonnes notes, tout en laissant glisser injures et sarcasmes. Cependant, quoique s’appliquant à feindre l’indifférence, la hargne de ses camarades lui faisait très mal. D’autant que son beau-père ne semblait accorder aucune importance à ses succès scolaires, tout en lui susurrant qu’un garçon à l’école devait se montrer fort, ne pas se laisser monter sur les pieds, conseils que Jérôme se sentait parfaitement incapable d’observer. Il n’en dissimulait que mieux à son foyer la façon dont il se faisait éreinter en classe, qu’aucune remarque des enseignants ne laissait soupçonner.
D’ailleurs, à la maison, l’attention n’était plus focalisée sur lui, mais sur la naissance qui s’annonçait. Et dès qu’il fut là, le petit frère prit toute la place : il n’y en avait que pour lui. Jérôme apprit à supporter ses pleurs sans se plaindre, à se montrer transparent, à devenir l’aîné raisonnable, qui ne manque de rien, mais n’a plus trop droit à ce qu’on s’intéresse à lui, sinon pour lui réclamer divers services domestiques. Il en prit son parti.
Petit à petit, au collège, il devint mieux intégré. Car plusieurs avaient compris qu’il était la grosse tête de la classe, et surtout qu’il ne faisait pas d’histoire pour montrer sa copie. Soucieux qu’il leur offre ses lumières, certains commencèrent à le ménager. Même s’il n’aimait pas trop ce qu’il savait être une tricherie, Jérôme perçut assez vite qu’en répondant ainsi à ceux qui le sollicitaient, qui souvent étaient les plus acharnés de ses tourmenteurs, il pouvait de la sorte espérer avoir la paix. Quoique ses maladresses en sport lui attirent encore quelques noms d’oiseau, sa vie parmi ses condisciples devint un peu plus supportable.
La naissance de son frère Lionel lui avait fait se poser des questions... qu’il avait gardées pour lui-même : impossible de pa

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