Vieux livres et Gourmandises
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Vieux livres et Gourmandises , livre ebook

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Description

Vieux livres et Gourmandises; Cœurs sucrés
Aurore Kopec
Texte de 400 000 caractères, 68 500 mots, 330 pages en équivalent papier.
Anatéo voit tous ses amis se caser. Nathaël et Charlie ont trouvé leur grand amour. Lui qui s’estimait heureux entouré de ses proches et de ses livres, découvre qu’il aimerait lui aussi goûter à ce bonheur à deux. Mais il est convaincu que son fauteuil roulant et les petits tracas liés à son corps défaillant sont un handicap à une vie amoureuse épanouie.
Pompier, gay et de confession sikhe, Ravindra peine à s’intégrer. Il se sent seul loin de sa famille et de sa communauté. Jusqu’à sa rencontre avec ce jeune homme en fauteuil roulant que le destin ne cesse de mettre sur son chemin. Mais comment le retrouver dans une si grande ville ? Et surtout, cet homme aura-t-il envie de le revoir ?


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 septembre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029404573
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vieux livres et Gourmandises
 
 
Aurore Kopec
 
 
 
 
 
Tome 3 – Cœurs sucrés
 
 
 
Note de l’auteure
Malgré mes recherches, je ne certifie pas que les informations concernant la culture et la foi de Ravindra sont parfaitement justes.
Pour les plus gourmands, un glossaire des plats et pâtisseries indiennes mentionnées se trouve à la fin.
 
 
 
1
 
 
Anatéo poussa la porte de Vieux Livres & Gourmandises. Aussitôt, Nathaël vint la lui tenir, puis la referma derrière lui. Le pâtissier avait troqué ses Converses rouges pour une paire bleue, mais arborait toujours ses lunettes à monture écarlate. Il se pencha pour lui faire la bise et l’accompagna jusqu’à une table près de la vitre qui portait un petit écriteau « réservé ». Il retira une chaise pour que son ami s’y installe avec son fauteuil roulant. Anatéo entreprit alors de retirer son anorak et fut pris d’un violent frisson quand le col mouillé toucha son cou.
— Ça va ? s’enquit Nathaël.
— J’ai froid, c’est tout. Je n’arrive pas à me réchauffer aujourd’hui.
— Tu n’es pas malade au moins ?
— Non, juste un peu fatigué, je pense. Plus que quelques semaines à tenir avant les vacances de Noël.
— Fais attention à toi, d’accord ?
Anatéo acquiesça et fit pivoter son fauteuil pour lire l’ardoise accrochée au mur, au-dessus de la bibliothèque. Il avait particulièrement apprécié les changements que Nathaël avait faits l’an passé. Quand les rayonnages montaient jusqu’aux poutres du plafond, il ne pouvait jamais voir les livres qui se trouvaient tout en haut. Désormais, les étagères ne dépassaient pas un mètre vingt et il avait accès à tous les ouvrages, dans toutes les catégories. Il s’était lui-même chargé de l’ordonnancement, en bon bibliothécaire qu’il était. Il appréciait aussi le confort de lecture. Les murs beiges et les appliques opalescentes prodiguaient une lumière douce et chaleureuse idéale pour lire.
Dans l’immédiat, c’était surtout le menu qui l’intéressait. Son choix fut vite fait : soupe à la carotte au lait de coco et au curry, et sa tartine de fromage frais. Pour le dessert, il aviserait plus tard, mais, de ce qu’il apercevait dans la vitrine réfrigérée sur le côté du comptoir, il y avait de la tarte aux noix de pécan en référence à Thanksgiving.
Un autre frisson le secoua. En cette saison, il conservait une couverture dans le sac à dos accroché à son fauteuil. Il la déplia sur ses jambes inertes et froides. Il ne le sentait pas, mais cela avait tendance à l’empêcher de se réchauffer.
En attendant l’arrivée de Charlie, il navigua sur les réseaux sociaux. Passant rapidement quelques publicités, il s’arrêta sur la vidéo de chatons en train de jouer puis fit défiler les posts sans grand intérêt jusqu’à tomber sur le souvenir d’un ancien copain de l’université. La photo exhumée des archives des réseaux avait été prise lors d’une sortie à la bibliothèque nationale. Tous les étudiants de sa promotion posaient sur l’esplanade entre les tours qu’on apercevait dans le fond. Anatéo était accompagné de sa petite amie, Manon. Ils se tenaient la main. Il n’avait plus aucune nouvelle d’elle, ils n’étaient pas restés amis après leur rupture, pourtant, la revoir sur cette photo lui causa un petit pincement au cœur. Il fit un rapidement calcul, il avait vingt-quatre ans à l’époque, il en avait vingt-neuf ; ces cinq années qui le séparaient de sa première et seule histoire d’amour lui paraissaient tellement loin !
Deux bras s’enroulant autour de ses épaules le firent sursauter. Charlie lui claqua une bise sur la joue avant de s’asseoir sur la chaise en face de lui, dos au mur. Anatéo posa son téléphone sans éteindre l’écran, et le regard de Charlie se posa sur l’image.
— Tu as l’air d’un étudiant tout sage dessus, commenta-t-il en passant une main dans ses cheveux mouillés.
Charlie avait encore changé de coupe de cheveux. D’un noir corbeau, ils ondulaient autour de son visage en mèches effilées, accentuant encore un peu plus les traits androgynes de son visage. Un trait de khôl soulignait ses yeux violets. Anatéo crut apercevoir la trace d’un suçon dans son cou, pas totalement dissimulé par son col roulé. Ce n’était pas la première fois.
— Mais j’étais un étudiant tout sage ! répondit Anatéo.
— Ça se voit ! Je ne t’ai jamais connu avec cette coiffure. Et c’est rare de te voir en chemise.
Actuellement, Anatéo avait les cheveux plus longs sur le dessus, et presque rasés sur les côtés et l’arrière du crâne, parsemés de mèches plus claires, vestiges de sa coloration de l’été. Il les ramenait en général vers la droite, dans un geste machinal. Comme son ami, il avait le teint légèrement mat, et de stupéfiants yeux vert clair.
Il haussa une épaule.
— Manon trouvait que les chemises m’allaient bien.
— C’est elle sur la photo ? demanda Charlie.
— Oui.
Anatéo lui tendit son téléphone pour qu’il puisse la voir de plus près. Elle était blonde, bouclée, un visage rond. Elle avait l’air gentille et un peu timide.
— Tu ne m’avais jamais montré à quoi elle ressemblait, commenta Charlie.
— J’évite de penser à elle.
— Désolé.
Anatéo rangea son téléphone.
— Je l’ai quittée parce que j’estimais qu’elle serait mieux sans moi, alors j’évite d’y penser, soupira-t-il.
Charlie serra sa main sur la table.
— Je suis désolé, répéta-t-il.
Nathaël vint prendre leur commande. Bien qu’étant le cousin de Charlie, il lui ressemblait peu : il avait une épaisse tignasse roux foncé, et des yeux bleu très foncé, presque noirs.
— Tu assortis tes habits au menu maintenant ? railla l’androgyne en avisant son jeans orangé.
— Na, na, na, je fais ce que je veux ! répliqua Nathaël. Est-ce que tu as choisi, au moins ?
— Je vais prendre la soupe à la carotte.
— Pour moi aussi, ajouta Anatéo. Et une théière de thé russe, s’il te plaît.
— Tout de suite !
Le pâtissier retourna derrière son comptoir, un îlot carré et fonctionnel qui séparait l’avant-salle davantage dédiée à la consommation et la partie arrière, plus cosy, consacrée aux lecteurs avec ses confortables banquettes en cuir bordeaux.
Anatéo se frictionna les bras.
— Je n’arrive pas à me réchauffer.
— Tu veux te rapprocher du radiateur ? Nous pouvons peut-être échanger notre table avec les filles là-bas.
— Je ne crois pas que ça change grand-chose. Il gèle dehors, je suis fatigué… Il n’y a que m’emmitoufler sous ma couette qui y remédiera.
— Est-ce que tu as repris l’écriture ?
— Non, je n’y arrive toujours pas.
Anatéo s’épanouissait dans les genres de l’imaginaire, ou dans les romances contemporaines. Ses histoires possédaient toutes des héros LGBT. Après plusieurs romans publiés dans de modestes maisons d’édition spécialisées ainsi que sur une plateforme en ligne, il avait eu envie de voir plus grand, et avait essuyé plusieurs refus durant l’été. Depuis, il n’arrivait plus à écrire. L’inspiration s’était tarie.
Charlie pensait que la déception n’en était pas la seule cause. Anatéo n’avait pas le moral. Un an plus tôt, tous les trois faisaient encore partie du club des célibataires. Nathaël élevait seul son fils, Anatéo se contentait de sa famille, de ses amis et de vivre à travers ses personnages, et lui-même préférait être seul plutôt que de souffrir à nouveau. Seul Anatéo n’avait toujours pas trouvé l’amour. Il allait avoir trente ans au printemps suivant, de quoi remettre également certaines choses en perspective.
— Ana, tu sais que si je peux faire quoi que ce soit…
— Je sais, Cha. Merci. Je n’ai besoin de rien.
Nathaël leur apporta leurs assiettes, des tasses et la théière, puis repartit s’occuper d’une autre table.
— Bon appétit ! souhaita Anatéo.
La soupe, onctueuse à souhait, lui fit du bien. Ses tremblements cessèrent.
— Au fait, c’est quoi, là, dans ton cou ? lança-t-il en pointant le col de Charlie qui tira immédiatement dessus.
— Tu sais très bien ce que c’est, petit curieux ! rit-il.
— Comment se passe la cohabitation ?
— Merveilleusement bien ! Will aurait pu s’installer chez moi plus tôt s’il n’avait pas dû attendre l’échéance de son bail.
— Tu reprochais à Chris d’emménager trop vite chez Nath, mais vous ne faites pas mieux, rappela Anatéo.
— Je connais Will depuis le 2 janvier ! se défendit Charlie avec un soupçon de mauvaise foi. Nath connaissait Chris depuis trois mois quand ils ont pris cette décision, et Chris n’avait pas brillé par son comportement. Il l’avait laissé tomber deux fois.
— Et toi tu as laissé tomber Will une fois.
— Je sens que nos histoires de cœur vont figurer dans tes romans ! rit Charlie.
Anatéo sourit.
N’ayant plus faim, il demanda à Nathaël de lui préparer une part de tarte à la noix de pécan afin qu’il puisse l’emporter. Puis, l’heure venue, Charlie accompagna Anatéo jusqu’à la médiathèque avec un parapluie afin de le protéger du mauvais temps.
— Ils annoncent de la pluie verglaçante pour la fin de la journée. Nous sommes en ville, il y a moins de risque qu’à la campagne, mais jure-moi que tu feras attention, d’accord ? l’exhorta Charlie avant de le quitter.
Anatéo promit, et pénétra dans la médiathèque. Il salua sa collègue de l’accueil et gagna son bureau. Sa mission principale était de rendre la lecture accessible au plus grand nombre, et notamment aux personnes handicapées, en approvisionnant les rayonnages en livres en gros caractères, ou en version audio ; mais aussi d’accueillir les gens et de leur conseiller des ouvrages spécifiques. Selon les besoins, il s’occupait aussi du bureau des inscriptions, de l’accueil, ou surveillait l’espace informatique. C’était de cette façon qu’il avait rencontré Charlie.
À côté de son bureau, la salle de pause disposait d’une bouilloire électrique. Il remplit sa bouillotte d’eau chaude et la plaça sous sa couverture avant de relever ses e-mails. Il avait reçu ses places pour un salon du livre jeunesse auquel il se rendrait avec des collègues spécialisées de ce secteur, à la recherche d’ouvrages adaptés. Puis il répondit à des demandes de rendez-vous de la part d’usagers souhaitant utiliser les outils

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