À double sens
196 pages
Français

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Description

Enquêtrice à mon compte, je m’appelle Vic Swanson et je suis une Sensorielle. Cela me permet entre autres de reconstituer les dernières minutes d’un meurtre. J’ai un sale caractère, vis au jour le jour, et ah... Je n’aime pas les mages. C’est comme ça, je les déteste. Et je peux me le permettre, parce que j’en suis un moi-même.


Dans mon boulot, je suis la meilleure, tout le monde le sait... Enfin, j’étais la meilleure jusqu’à ce qu’on fasse appel à moi et à mon équipe pour résoudre le meurtre d’une femme liée à la meute de Semaj, un métamorphe tigre aussi arrogant que sexy.


Ce n’est pas notre première rencontre, mais comme à chaque fois, les étincelles jaillissent.
Je le déteste autant qu’il m’attire, mais hors de question que je lui cède. Et comme si la situation n’était pas assez compliquée, une autre femme disparaît, presque sous mon nez. Sous mon nez !



J’aurais dû savoir que cette affaire serait dangereuse pour ma santé mentale. Quand on s’attend au pire, on n’est jamais déçu, si ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782378123451
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Prologue
N és avec l’un de leurs sens surdéveloppé, les Sensoriels étaient tous à leur façon des êtres exceptionnels, dans le sens premier du terme. Seul un enfant sur un million naissait avec cette capacité, soit sept mille personnes comme eux sur toute la Terre. Et plus le Sensoriel était exposé à des stimuli, plus il excellait dans sa matière. En plus de la capacité exacerbée de l’un de leurs sens, les Sensoriels avaient une mémoire impressionnante. Ce qui faisait d’eux les meilleurs candidats pour devenir enquêteurs. Ce qu’ils étaient. Ils louaient leurs services à des communautés magiques, inconnues des humains parmi lesquels ils vivaient cachés.
Et puis, à côté de ces sept mille personnes, se trouvait un monstre. La nature avait merdé puissance dix et avait créé un sensoriel complet : j’excellais dans les cinq sens. Au lieu d’un don, je considérais cela comme une tare. Il n’y avait aucune statistique sur ce phénomène, à ma connaissance. Je ne savais même pas si d’autres personnes comme moi existaient, mais je me disais que si la nature avait pu merder une fois, elle avait sans doute renouvelé l’exploit. Je conservais le secret, ne souhaitant pas qu’on me mate comme une bête de foire ni être séparée de mon équipe de Sensoriels. À plusieurs, le boulot était plus amusant, surtout avec ceux-là.
Karl, Sensoriel gustatif, grand, blond, de jolis yeux noisette et large d’épaules, jouait parfois avec son couteau préféré sur sa peau. Il se coupait et léchait le sang qui coulait le long de son bras. Je ne saisissais pas le réconfort ou le plaisir qu’il en tirait, mais il était coutumier du fait. Malgré son esprit de déduction, ses réactions et questions se rapprochaient de l’âge mental d’un enfant de cinq ans. Il s’émouvait de chaque évènement, pouvait se passionner pour n’importe quel sujet. Il était avide de connaissances. Mieux valait l’occuper en permanence, sinon il devenait vite très pénible. Il devait goûter sans arrêt tout ce qui lui passait sous la main ou plutôt sous la langue, ce qui donnait lieu à des situations parfois assez écœurantes ou déroutantes. Il gardait tous les goûts en mémoire et pouvait reconnaître des dizaines de saveurs différentes dans un mélange. Il aurait excellé comme chef dans un restaurant, mais avait choisi, comme nous, d’intégrer une équipe de Sensoriels. Il avait goûté tous les poisons que portait cette Terre, il reconnaissait les virus et les bactéries d’un simple coup de langue.
David, Sensoriel olfactif, vomissait tout le temps quand il était en voiture. Il était le plus sensible de nous tous au confinement. Plutôt beau garçon, brun, mince, assez musclé, il pratiquait l’humour noir sans arrêt et vous mitraillait parfois de remarques cash sans prendre de gants, quelle que soit la situation. Il sniffait sans cesse des trucs bizarres dans des fioles. Je le soupçonnais d’être shooté la moitié du temps, mais il était efficace dans son job. Il travaillait en étroite collaboration avec Karl, le goût et l’odorat étant liés. Ce dernier comptait sur lui pour repérer les poisons. Il servait de grand frère au Gustatif, le guidait et lui expliquait la vie ou les situations auxquelles nous étions confrontés quand il ne les comprenait pas. Il aurait été un très bon nez dans le domaine des parfums, c’était un des meilleurs Olfactifs que je connaissais. Il repérait les gens malades, ce qu’ils avaient mangé lors de leur dernier repas, ce qu’ils avaient touché ou s’ils avaient couché avec quelqu’un.
Joris, Sensoriel auditif, était un musicien hors pair doté de l’oreille absolue, il était capable de reconnaître un son ou une voix parmi des milliers. Il reconnaissait aussi toutes les armes aux seuls sons qu’elles produisaient, l’accent des gens, leur âge grâce à la tonalité de leurs cordes vocales, les bruissements de la nature, le cri d’un animal. Grand, de carrure large, avec de grands yeux bleus, les cheveux courts et bruns, il avait un visage d’ange. Nous couchions quelquefois ensemble lorsque l’ennui nous gagnait. Il avait son côté pervers et adorait les gémissements. Nous étions en partie humains et en tant que tels, nous étions séduits par l’interdit et le débordement des limites davantage que par le respect des règles. C’était la raison pour laquelle je le soupçonnais d’actes répréhensibles et tordus avec les autres femmes qui partageaient son lit. Cependant, je le savais soucieux du plaisir de celles qu’il tenait dans ses bras pour y avoir passé un paquet d’heures moi-même.
Stain, Sensoriel visuel, matait un truc sur son ordinateur. Rien que d’y penser me donnait la nausée. Il était plutôt petit, costaud, les cheveux châtains longs rassemblés en plusieurs petites nattes elles-mêmes tressées pour former une seule natte retenue par des liens en cuir tandis que les côtés de son crâne étaient rasés. Il ressemblait à un Viking, en avait les traits durs et le caractère secret. Je pouvais compter sur mes deux mains le nombre de fois où je l’avais vu sourire. En revanche, il voyait tout avec précision. Replacer un paysage dans son contexte s’il l’avait vu une fois, soit en réalité soit sur une vidéo, était sa spécialité. Son esprit était droit, très logique, pragmatique, limite chiant. La seule conscience de notre groupe. Ses iris avaient la couleur de ceux des Visuels : un gris argenté très clair, qui donnait à son regard un air de psychopathe, ce qu’il était sans aucun doute. Ses yeux, fragiles, secs et abîmés par les heures passées devant des écrans, nécessitaient des soins particuliers, des larmes artificielles plusieurs fois par jour. Il mesurait tout, tout le temps, particulièrement sur les scènes de crime. Il m’avait un jour montré les cahiers dans lesquels il consignait toutes ses mesures, il établissait ensuite des statistiques bizarres, comme la probabilité de se faire égorger quand on mesurait entre un mètre cinquante-huit et un mètre soixante-dix. Il y avait une chose étrange à propos de Stain, il sentait la rose. Il avait la manie de s’enduire le corps d’une lotion à la rose. Le contraste était amusant entre l’image d’un Viking sauvage et l’odeur de fleur qui le suivait partout. Un dernier détail, ne jamais fixer Stain dans les yeux, car il avait la capacité d’hypnotiser et d’imposer sa volonté. Pour la sécurité de ceux qui l’entouraient, il portait donc des lunettes en permanence. Le Visuel, en plus de reconnaître les lieux, nous servait de profileur. Les gestes trahissaient nos intentions ou nos mensonges. Il profitait aussi d’un réseau incroyable dont même moi j’avais du mal à mesurer l’étendue, tant au niveau des Visuels qu’au niveau des connaissances de toutes sortes. Sa toile s’étendait sur toute la planète. Les heures qu’il passait en dehors des enquêtes sur son ordinateur y contribuaient sans aucun doute.
J’aurais pu opter pour n’importe lequel des sens pour ma spécialité, mais j’avais choisi celui qui était le plus rare et donc rapportait le plus : le sens du toucher. Une des facultés des Sensoriels du toucher était de pouvoir reconstituer les quelques minutes qui précédaient un crime, sous une forme qui pouvait être plus ou moins comparée à un film. Le cadrage n’était pas parfait, le gars du son était mauvais et la fin était tragique, aucune chance pour un prix cinématographique. On ne maîtrisait pas non plus la longueur de la vision ni le contenu des scènes, qui sautaient de l’une à l’autre comme si on zappait sur une télé. On pouvait très bien assister à une scène une heure avant le crime ou bien seulement quelques secondes avant. Les deux principes qui restaient immuables étaient le déroulement chronologique et le fait qu’on assistait toujours au crime. Le Sensoriel du toucher se connectait au corps ainsi qu’aux autres Sensoriels et ces derniers observaient la scène, chacun sous l’angle de son sens. Les indices pleuvaient, il n’y avait qu’à se baisser pour les ramasser et en faire la synthèse. Cette reconstitution était bien pratique pour des enquêteurs, voire même essentielle, même si ce n’était pas toujours suffisant. La plupart des assassins connaissaient cette capacité, en conséquence, ils cachaient leurs visages ou masquaient leurs voix.
J’étais douée dans mon domaine. J’aurais pu me mettre à mon compte comme détective privé, et j’y pensais quand mes quatre psychopathes de co-équipiers me prenaient trop la tête. Mais j’avais besoin d’un cadre strict auquel je pouvais me raccrocher, sinon je partais avec une facilité déconcertante dans tous les sens, plutôt drôle pour une Sensorielle. Et ce cadre, c’était mon équipe. Me laisser en liberté, c’était la catastrophe assurée. Notre équipe partageait le même logement la plupart du temps, pour plus de commodité, mais nous disposions chacun de notre propre maison quand le besoin se faisait sentir. Nous étions toujours disponibles, nos sacs étaient prêts en permanence, cet argument était de poids pour nos clients toujours pressés.
Grâce à notre volonté de nous imposer comme la meilleure équipe de Sensoriels, celle avec un grand É, nous avions exploré à nous cinq plus de situations que l’ensemble des équipes des États-Unis. Nous étions des originaux et connus comme tels. Lors de nos enquêtes, nous prenions le parti de nous mettre dans la peau des assassins.
Notre boulot n’était pas de tout repos, mais le salaire exorbitant qu’on nous versait en valait la peine. Cela nous permettait de financer la plupart de nos déviances. Le seul impératif auquel nos employeurs devaient consentir, en plus de nous payer une fortune, était d’accepter nos méthodes peu conventionnelles. Nous pouvions partir dans tous les sens, nous arrêter en plein milieu d’une enquête pour dormir ou manger, mener les interrogatoires à notre convenance, même forcer les gens à nous avouer des informations sous la contrainte. Liberté totale.
Nous étions connus et reconnus sous le nom de « brigade des Sensoriels », mais tout le monde nous surnommait « la brigade du vice ». Notre arrivée en ville ne passait jamais inaperçu

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