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Description
Sujets
Informations
Publié par | Éditions L'Interligne |
Date de parution | 21 novembre 2018 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782896996223 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
À l’issue de la nuit
Du même auteur
Chez un autre éditeur
Reviens de mourir , récit, Gatineau, Éditions Vents d’Ouest, Coll. « Passages », 2015, 132 pages (livrel).
Impostures. Le journal de Boris , récit, Ottawa, Les Éditions David, Coll. « Voix narratives », 2007, 144 pages.
L’angélus , récit, Ottawa, Les Éditions David, Coll. « Voix narratives », 2004, 135 pages.
Dany Rossignol
À l’issue de la nuit
Roman
Collection Vertiges
L'Interligne
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Rossignol, Dany, 1966-, auteur
À l'issue de la nuit : roman / Dany Rossignol.
(Collection Vertiges)
Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).
ISBN 978-2-89699-620-9 (couverture souple).--ISBN 978-2-89699-621-6 (PDF).--ISBN 978-2-89699-622-3 (EPUB)
I. Titre. II. Collection : Collection Vertiges
PS8635.O72A64 2018 C843'.6 C2018-905141-8
C2018-905142-6
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue inc.
ISBN 978-2-89699-622-3
© Dany Rossignol et Les Éditions L’Interligne
Dépôt légal : 4e trimestre de 2018
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays
Merci à Benoît Latrémouille
et Pascale Dumas
C’est l’absence de sens de ce que l’on vit
au moment où on le vit
qui multiplie les possibilités d’écriture.
Annie Ernaux
Prologue
– Allô Julien, c’est moi. Tu es parti bien tôt ce matin, sans me dire au revoir. Je voulais simplement te rappeler qu’on va au théâtre ce soir.
– …
– Julien ?
– Oui, oui. Je suis là. C’est juste que je viens de recevoir un courriel de Jean-Bernard qui m’invite à un match de football.
– Oh non ! Tu avais promis.
– Clara, Jean-Bernard n’est pas très en forme, ces derniers temps. Peut-être que tu pourrais y aller avec une amie. Marion ou Luce, je ne sais pas. Tu disais justement, l’autre jour, que vous ne vous voyiez plus…
– Mais non, j’ai le goût d’être avec toi. Nous non plus, on ne se voit plus. Tu travailles tout le temps. On ne fait plus rien ensemble. Et ce soir, c’est la première de la nouvelle mise en scène de Robert Lepage. Avec la musique de Jean-Michel Jarre. C’est incroyable ! Il paraît que c’est génial. Tout a été gardé secret. Une pièce sans comédiens. Lepage travaille avec un écran géant, des hologrammes semble-t-il. Et ce n’est que pour un soir, car il voulait faire la première à Montréal. Ensuite le spectacle quitte pour Paris, Londres, New York… Il ne reviendra pas avant trois ans.
– …
– Julien ?
– Oui, oui, je t’écoute. C’est juste que…
– J’ai même fait une réservation chez Picolo à 18 heures. Marion m’a dit que c’était super bon et la carte des vins est sans pareille, selon elle.
– …
– Julien, tu m’écoutes ?
– Oui, bon. Clara, pour la pièce, c’est vrai, je t’avais promis, mais je ne peux pas aller au resto. Je suis débordé. Vas-y avec Marion si tu veux, et on se rejoindra au théâtre. Ça commence à quelle heure ?
– …
– Clara !
– Oui !
– C’est à quelle heure ?
– Euh ! Vingt heures.
– O. K., on se rencontre dans le hall à moins dix.
– Julien…
– Quoi ?
– Non, rien, laisse tomber. À ce soir.
– À ce soir.
Clara raccrocha le combiné, perplexe, confuse. Elle savait bien que Julien n’était pas friand de théâtre, mais elle était persuadée que quelque chose clochait. Il était fuyant, irritable ces derniers temps. Et cette histoire de courriel… Jean-Bernard l’invitant à un match de foot. Était-ce vrai ou avait-il inventé ce courriel de toutes pièces ?
Elle repensa à leur union. Déjà dix ans de vie commune. La passion du début où Julien était tout, et le reste n’était rien. Où un clin d’œil, un câlin faisaient exploser son cœur. Où elle se sentait habitée d’une force à toute épreuve. Où elle se sentait belle, rajeunie… La tendresse, les caresses et l’amour. Elle aimait le corps de Julien, son odeur, sa chaleur. Ils faisaient l’amour tous les jours. Dans la douche, le lit, la cuisine, au salon. Mais le bébé n’est pas venu. Par sa faute à elle…
La culpabilité, les longues discussions, les visites chez le médecin. Puis le verdict était tombé : elle ne pourrait jamais être enceinte. Encore la culpabilité, toujours les longues discussions et ses visites chez le psychologue. Julien qui désirait tant un enfant ne voulait pas entendre parler d’adoption.
Puis le silence s’était installé entre eux. Pernicieux, sournois. Il s’était tapi là et les regardait vivre, chacun de leur côté, dans des univers qui ne se croisaient plus.
Oui, le silence s’était installé dans leur couple. Mais était-ce si mal, le silence ? Était-ce le silence qui usait, minait, tuait les relations amoureuses ? Elle pensa à Georges, un ancien ami qui, du haut de son doctorat en psychologie, parlait toujours de la magnificence de son couple. Comment lui et Joanne dialoguaient. Comment ils s’entendaient à merveille et pouvaient parler de tout et même de leurs phantasmes sexuels, sans se sentir vulnérables. Pourtant, malgré leur dialogue, Georges avait quitté Joanne, comme ça, subitement, car il se sentait vieillir et avait besoin de se sentir vivre…
Thérèse sauta sur les genoux de sa maîtresse et se lova sur ses cuisses. Longtemps, Clara caressa l’animal, perdue dans ses réflexions et ses souvenirs. Elle pensa au jour où Julien était arrivé avec la petite chatte tigrée. Comme elle était mignonne avec ses yeux verts, son long poil, sa queue en panache et ses grosses mitaines aux pattes de devant. Clara avait transféré son amour maternel sur l’animal. Elle lui parlait en prenant une voix aiguë, la brossait tous les jours, lui coupait les griffes le samedi… Clara resta ainsi plus de vingt minutes à rêvasser. Puis, elle se leva, nourrit la chatte, prit une douche, téléphona à Marion qui accepta de souper avec elle et se rendit au travail en voiture.
•
Julien raccrocha le combiné en poussant un long soupir. Son plan venait d’échouer. Il ouvrit le deuxième tiroir de son bureau, sortit une bouteille de Baileys et en versa une longue rasade dans son café.
Et si Clara vérifiait auprès de Jean-Bernard… Main-
tenant qu’il devait passer cette dernière soirée avec elle, il ne voulait pas qu’elle tourne au drame. Il décida d’écrire un courriel à son ami.
Salut J.-B.,
Ce soir je dois sortir avec Clara. Ne pose pas de questions, mais si elle te contacte, confirme que tu m’as invité à un match de football.
Je t’expliquerai plus tard.
Merci,
Julien
Maintenant, il fallait revoir la manière de quitter Clara, sans éclaboussures. Il avait d’abord planifié de lui faire croire qu’il passait la soirée avec Jean-Bernard. Clara irait se coucher vers 21 heures avec un cachet pour dormir. Lui dormirait à l’hôtel. Elle ne pourrait pas se rendre compte de son absence, car les somnifères l’assomment carrément. Au matin, elle trouverait un texte sur son iPhone : Ce n’est plus possible entre nous. Je pars. Prends soin de toi. Julien.
C’était lâche, il le savait, mais il se sentait incapable d’affronter la crise, les larmes, les reproches… Il voulait fuir, s’enfuir sur la pointe des pieds. Était-ce envisageable, après dix ans de vie commune ? Oui, Georges l’avait bien fait, sept ans auparavant, et Joanne n’en était pas morte. Bien sûr, elle lui en avait voulu, mais elle avait refait sa vie depuis. Et Joanne était maintenant heureuse avec François. Encore plus épanouie que dans le temps où elle vivait avec Georges…
Julien repensa au début de son union avec Clara. Leurs fous rires, leur connivence, leur premier voyage en amoureux. Comme elle était belle, drôle, brillante ! Clara avait encore toutes ces qualités, mais le temps avait usé leur couple, comme il pâlit une photo trop exposée au soleil. Y avait-il eu trop de soleil, trop de lumière ? Où s’étaient-ils perdus ?
Quand l’ombre s’était-elle glissée sur leur amour ? Son impossibilité d’avoir un enfant ? De toute façon, Julien n’en voulait plus. Il n’en ressentait aucune amertume. Non, c’était plus insidieux, perfide. Le temps, la routine, l’autre que l’on tient pour acquis ? C’était survenu quand, la fin de l’émerveillement que l’on discerne dans les yeux de l’autre ?
Il ouvrit encore son tiroir et agrippa la bouteille de Baileys.
Ce n’était pas qu’il n’aimait plus Clara, non, c’est plutôt leur couple qu’il n’ai
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