Adélice
124 pages
Français

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Description

Romance fantastique - 230 pages


(réédition remaniée et rallongée du roman Quand la mort nous sépare)


Adélice, prisonnière de ces murs qui l’ont vue naître il y a plusieurs siècles, se demande chaque jour ce qui la condamne à mener cette existence sombre et oppressante. Invisible aux yeux de tous, personne ne soupçonne sa présence.


L’arrivée de Timaël est une lumière dans ses ténèbres, mais Alastor, être démoniaque, vient briser ce bonheur éphémère. Dans cette obscurité profonde, ce démon sera-t-il son guide ou son pire cauchemar ? Que cache-t-il derrière cette cruauté et qu’espère-t-il d’Adélice ?


Une éternité de solitude et de tourments... ou d’amour ?

Informations

Publié par
Nombre de lectures 49
EAN13 9791096384662
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Adélice – Quand la mort nous sépare

L.S.ANGE
L.S.ANGE



Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 979-10-96384-66-2
Corrections : Véronique Fournier
Couverture : Erica Petit
« Puisqu'on ne peut éviter la mort, que des regrets tardifs, inutiles, ne s'échappent point de nos lèvres glacées au moment de terminer le dernier voyage. Adoucissons au contraire les adieux déchirants du départ ; cachons sous des fleurs la pâleur de nos fronts déjà couverts d'une sueur mortelle, et, sachant mourir en sage, que la fin de notre vie ressemble au soir d'un beau jour. »
Citation de Joseph Marie Audin-Rouvière 1794.
Pour Didier, mon époux, que notre amour dure aussi longtemps…
Remerciements


Je remercie mes amies Chrys Galia et Eva Cayeux pour leurs indispensables retours de lecture et leur soutien de chaque jour.

Et, bien sûr, un gros bisou à toutes mes lectrices, toujours plus nombreuses, qui me suivent dans mes aventures livresques, ou plus personnellement sur les réseaux sociaux.
Chapitre 1
Adélice


Les gouttes de pluie martèlent les vitres pour venir mourir sur le rebord de la fenêtre, un peu comme mes larmes coulent le long de mes joues pour mourir aux coins de mes lèvres. Le ciel gris déverse toute sa tristesse sur le monde depuis plusieurs jours, assombrissant le paysage de la douce prairie qui entoure la vieille maison.
J’essuie mes yeux du revers de la main avant de reporter toute mon attention sur l’homme allongé à quelques pas de moi. Je regarde son sublime visage, ses pommettes hautes, son nez droit et sa bouche... sa bouche charnue qui m’obsède jour après jour, ses épaules larges et musclées qui me donnent envie de m’y blottir au chaud, ses cheveux noirs un peu trop longs et décoiffés la plupart du temps.
Il dort paisiblement, son torse se soulève à un rythme régulier ce qui a le don de m’apaiser habituellement ; pas aujourd’hui... Aujourd’hui, rien ne va, je n’en peux plus…
Entre deux sanglots, je recule dans l’angle de la pièce, me laisse glisser sur le sol, comme une poupée désarticulée ; les yeux braqués sur le réveil, je sais qu’il va sonner d’une seconde à l’autre, que Timaël va se lever et s’étirer comme tous les matins.
La sonnerie retentit, il se réveille en grognant. Le drap descend sur ses épaules, mon cœur rate un battement. Il se lève, pose une main lasse sur son visage fatigué.
Je retiens mon souffle quand il passe à quelques centimètres de moi, complètement nu. Mes doigts se crispent de ne pouvoir le frôler. Je me redresse pour le suivre dans la salle de bains. J’aime le regarder sous la douche lorsque la mousse glisse sur sa peau, que ses mains parcourent chaque centimètre de ce corps qui m’obsède et que je ne peux toucher.
Pendant qu’il se rase, je m’approche pour plonger dans son regard vert émeraude. Le temps d’un instant, je me place devant lui, face au miroir, pour avoir l’impression que c’est moi qu’il regarde, juste quelques secondes, pour avoir le sentiment d’exister à ses yeux...
Je déteste les miroirs depuis que mon reflet n’y apparait plus. J’ai oublié à quoi je ressemble depuis très longtemps. J’ai beau fouiller ma mémoire, je n’ai plus aucun souvenir de mon visage. Je me rappelle seulement mes longs cheveux blonds, mes grands yeux bleus. Je me souviens aussi que j’avais les traits fins de ma mère et le sourire de mon père.
Timaël sort de la salle d’eau, fouille dans son armoire. Le cœur serré, je l’observe. Il enfile son costume foncé, une chemise blanche et sa cravate bleue qui fait tant ressortir la couleur de ses yeux. Après un dernier coup d’œil dans la glace, d’un pas lent, il descend les vieux escaliers. Le bois des marches craque sous son poids. Je l’accompagne jusqu’à la cuisine pour le contempler pendant qu’il prépare son café noir sans sucre. Une tasse dans les mains, il se laisse tomber sur une chaise, les yeux perdus dans le vague. Il boit quelques gorgées d’or noir et reporte toute son attention sur la fenêtre. Le vent souffle dans les arbres devant la maison, fait grincer les charpentes. Les volets claquent et font un bruit sourd qui résonne dans toutes les pièces.
– Maudits orages ! s’énerve Timaël en se levant.

C’est le moment de son départ. Je l’observe enfiler son manteau, ouvrir la porte, laissant entrer une bourrasque qui amène avec elle un lit de feuilles mortes qui vient recouvrir le tapis. J’écoute le grincement des verrous qui se ferment, me positionne devant la fenêtre, comme chaque jour. La même question vient encore me hanter : qu’ai-je fait pour mériter ça ? Pourquoi moi ?

Le reste de la journée, je déambule, passe d’une pièce à l’autre, le cœur lourd. Je fais le tour du salon qui jouxte la cuisine. Il n’est pas grand, seul un canapé en cuir trône en face de la cheminée, devant une table basse couverte de papiers et courriers dont les enveloppes ne sont pas encore ouvertes. Ces derniers temps, Timaël ne s’intéresse plus à rien, se laisse complètement aller. La poussière s’accumule sur les meubles, la vaisselle s’amoncelle dans l’évier et le linge sale s’empile devant la machine à laver. Je soupire et monte à l’étage où se trouve l’unique chambre. La tapisserie usée donne un air triste à la pièce, tout comme les rideaux trop épais qui empêchent la lumière d’inonder les lieux. Je tourne autour du lit, perdue dans mes sombres pensées. Je n’en peux plus, ne supporte plus ce que je suis, ce silence oppressant, ce sentiment de ne pas exister, de n’être rien...
Le sommeil m’est inconnu, je reste éveillée jour et nuit à observer la vie de Timaël. Le temps s’étire et n’en finit pas. Mes yeux tombent sur le vieux tableau accroché au-dessus du lit, représentant cette ferme, à une époque lointaine. Je repense à mon passé, mon mari, mes enfants disparus ; moi, je suis toujours ici, depuis des jours, des mois, des années... des siècles. Je ne sais plus, j’ai arrêté de compter. Je donnerais n’importe quoi pour rejoindre la lumière. J’ai tout essayé pour y parvenir, mais je reste là, entre ces murs, prisonnière de cet enfer. Je croyais pourtant très fort au paradis. Est-ce la colère ou la violente envie de vengeance qui me rongeait à cette époque qui m’ont fermé les portes du ciel ? Est-ce ma mort tragique qui fait que j’erre comme une âme en peine depuis des siècles ? Tellement de questions sans réponses…

J’ai observé la vie de tellement de familles, jalousé tellement de beaux moments et pleuré si souvent en voyant des choses horribles que personne ne devrait jamais voir. J’ai fêté tant de naissances, de mariages, d’anniversaires, assisté à tellement de deuils, de moments douloureux. J’ai vu grandir tant d’enfants qui avec le temps sont devenus un peu les miens. Mon cœur s’est déchiré si souvent en les regardant partir du cocon familial.
Pourquoi suis-je encore là... bloquée dans cette vieille maison construite par mes parents ? Je sais que je suis morte... Je ne suis pas stupide, je me rappelle ce soir de tempête où j’avais ouvert ma porte à un inconnu pour lui donner un abri alors que mon mari était absent pour vendre du bois en ville. Je me souviens lui avoir offert un bon repas et une place au chaud près de la cheminée pour qu’il puisse se reposer pendant que mes enfants dormaient dans la pièce à côté.
Avec dégoût et colère, je me rappelle aussi de ses mains sur mon corps pendant que je hurlais de terreur, de ses doigts autour de ma gorge qui serraient de plus en plus fort, pendant qu’il remontait mes jupons. Je me souviens de ses yeux exorbités par l’excitation, son rire sadique quand j’ai poussé mon dernier souffle, mon regard fixé sur la porte de la chambre de mes enfants.
Je ne sais si c’est la haine ou le désespoir qui font que je suis encore là des centaines d’années plus tard... plus seule que jamais, invisible aux yeux du monde. J’ignore pourquoi mon âme s’accroche à cette maison. Peut-être parce que ces murs sont tout ce qui me reste de mon passé, de ma famille, de mes souvenirs... J’ai tout perdu... même le droit d’aller au paradis.

À dix-neuf heures, comme tous les soirs, je suis dans l’entrée, à guetter le moment où Timaël franchira la porte, avec un air las, les yeux épuisés par trop d’heures de travail acharné.
Timaël est apparu dans cette maison, dans ma vie, il y a presque trois ans. Ce fut mon rayon de soleil dans les ténèbres. Son regard, son visage, sa simplicité, son extrême gentillesse, ont fait de moi son esclave. Je ne vis plus sans lui, ne respire plus lors de ses absences. Je suis perdue et redoute le jour où il partira, comme les autres...
Même avec mon mari, je n’avais pas ressenti ça, cette dépendance destructrice qui me serre les tripes et me fracasse le cœur en mille morceaux. Je l’aime... plus que tout, je l’aime, mais il ne sait pas que j’existe, ne connaît pas la force de mon amour pour lui.
Pour sortir de mes songes, je secoue la tête, regarde Timaël qui arrive enfin. Ce soir, il est différent, quelque chose a changé en lui, ses yeux sont éteints, plus tristes encore que d’habitude. Je ne comprends pas pourquoi cet homme si extraordinaire vit dans la plus complète solitude, coupé du monde, sans famille, sans amis, sans amour...
Il s’installe sur le canapé, prend son visage entre ses mains. Que se passe-t-il, pourquoi est-il si abattu ? Je voudrais tellement le prendre dans mes bras, le serrer fort contre ma poitrine, lui chuchoter des mots doux pour l’apaiser, mais je ne le peux pas. Une fois de plus, la réalité me revient en pleine figure. Frustrée, figée à côté de la cheminée éteinte, je l’observe. La tempête bas son plein à l’extérieur, Timaël reste immobile dans la pénombre, ses yeux rivés sur le parquet usé. Seuls bruits : la pluie qui frappe les vitres et sa respiration saccadée. Je le dévisage, inquiète. Mon cœur se fendille comme de la porcelaine en voyant une perle d’eau salée dégringoler le long de sa joue.
Pourquoi pleure-t-il ?
Je tends la main pour essuyer ses larmes, mes doigts passe

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