Ainsi coule le sang de Venise
141 pages
Français

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Ainsi coule le sang de Venise , livre ebook

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Description

Venise, XIXe siècle, dans les profondeurs de la lagune, les sirènes veillent sur la ville.
Clio, jeune fiancée de la mer, se désespère de sa malédiction qui la condamne à boire du sang pour survivre.
Au cours de ses pérégrinations dans les salons de la Sérénissime, elle rencontre Hans Andersen, un conteur danois à la mode de passage en Italie.
Il est jeune et talentueux, mais il en sait un peu trop sur les sirènes... d'autant plus que les vampires semblent également décidés à prendre possession de la ville...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373420852
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ainsi coule le sang de Venise
Floralie Resa
Éditions du Petit Caveau - Collection Sang Ancien
Avertissement

Salutations sanguinaires à tous ! Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau. Je tenais à vous informer que ce fichier est sans DRM, parce que je préfère mon cercueil sans chaînes, et que je ne suis pas contre les intrusions nocturnes si elles sont sexy et nues. Dans le cas contraire, vous aurez affaire à moi.
Si vous rencontrez un problème, et que vous ne pouvez pas le résoudre par vos propres moyens, n’hésitez pas à nous contacter par mail ou sur le forum en indiquant le modèle de votre appareil. Nous nous chargerons de trouver la solution pour vous, d'autant plus si vous êtes AB-, un cru si rare !
À M. qui a tant donné pour ce livre.
À Raymond et son soutien constant.
À Sabine et Marina, qui ont été les premières vraies sirènes que j'ai rencontrées.
À Ambre et Florence qui ont cru à ce projet.
Et à ma mère qui s'est réjouie de cette nouvelle lubie sans trop poser de questions.
Première nuit :
La chasseuse de trésors
Chapitre 1 : Au loin dans la mer


Les étoiles se meuvent doucement, comme un filet scintillant jeté dans le ciel. Sous la surface de l’eau, les vaguelettes s’agitent et impriment de nouvelles formes, toujours changeantes, aux constellations. Elles paraissent proches, vivantes, si loin de l’image figée et inaccessible qu’elles donnent quand on les observe depuis la terre ferme. Je donne un léger coup de nageoire pour rester sous le niveau de la mer. Le motif céleste se projette sur mes écailles rubis, parsemant les stries sombres d’iridescences. Autour de moi, de longues mèches de cheveux bruns suivent mollement le mouvement. Un voile de soie noire danse autour de moi.
— Tu crois que Mélusine me déteste ?
Mila, un peu plus bas, flotte entre deux eaux, comme absorbée dans son monde. Elle ondule avec grâce et, comme sa chevelure pâle, les mille reflets de sa queue argentée miroitent sous la lumière de la lune.
Sa voix douce s’insinue à l’intérieur de ma tête.
— Drôle de question, Clio. C’est ta mère, pourquoi te détesterait-elle ?
Elle parait tellement à l’aise. De minuscules poissons nacrés jouent dans sa chevelure. Elle chasse le banc d’un geste lent de la main.
— C’est une métaphore, Mila. Elle a symboliquement engendré la moitié des sirènes. Ça ne répond pas à ma question.
— Elle t’a fait une remarque particulière ? me demanda-t-elle enfin.
Je tente de me souvenir de nos derniers échanges. Mais la reine des Sirènes ne distribue pas de critiques. Mon impression de malaise vient d’ailleurs. Je confie, misérable :
— Encore faudrait-il qu’elle m’adresse la parole. J’imagine qu’elle est très occupée. Mais toi qui es plus proche de la cour, tu le sais certainement mieux que moi.
— Pas tant que ça, Clio. Mélusine s’entoure de la génération de l’Exil. Je suis beaucoup trop jeune. Elle ne me parle pas non plus de toute façon. Je fais ma vie à Venise, je rends des comptes à Mélusine. Un point c’est tout.
Mila est déjà passée à autre chose. L’objet de son attention gît en contrebas : une masse compacte et arrondie de planches de bois grisâtre, tout ce qu’il reste de la coquille de noix qui, jadis, coula ici.
Chaque fois que ma confidente découvre une nouvelle épave, elle m’entraîne avec elle. La plupart ressemblent à des âmes torturées et déchiquetées, mais pas celle-là. La lune est presque pleine, des rais de lumière ondulent sur la carcasse de bois. Elle dégage quelque chose d’émouvant, comme un gros animal marin endormi sur le sable. Toujours curieuse, Mila explore les moindres recoins sans cesse. Lorsque les bateaux sombrent, ils emportent avec eux leurs secrets ; ma camarade est là pour les révéler. Elle fouille le fond à la recherche d’objets perdus. Une large déchirure sur le flanc de la coque invite à visiter le ventre de la bête nautique, mais je préfère fureter autour et me rapproche d’un bosquet de longues algues bleutées qui ne demande qu’à être ratissé. Mais je n’ai pas le temps d’y plonger complètement la main qu’une murène en sort, furieuse. La surprise m’arrache un juron.
Mila bondit et, tout en m’attrapant le poignet, montre les dents et pousse un cri – ou plutôt un feulement, si on peut considérer qu’on puisse feuler sous l’eau. L’onde de choc assomme l’animal qui se replie sur lui-même et disparaît. Entre les rochers, l’ombre d’une dernière ondulation serpente, puis plus rien.
— Tu ne l’avais pas vue ? me demande ma sauveuse.
Je bredouille des excuses. La vérité, c’est que sous l’eau, je suis presque aveugle. Si Mila peut sonder n’importe quel endroit, je n’en suis qu’à mes balbutiements. Une sirène accomplie sent ce genre de détails alors que moi, je ne distingue que de vagues reliefs. Pour moi la mer représente juste un grand tableau flou avec des millions de nuances de bleu. Même aujourd’hui, malgré la lune, la lumière manque. Mon amie émet une vibration à peine audible tout en s’éloignant, et m’avertit :
— Elle était seule, n’y remets pas la main.
— Si seulement j’étais capable de développer mon cri comme toi...
Je ne découvrirai mon talent qu’une fois mariée. En riant, je rajoute :
— Un jour, un baron m’a dit que ma voix était à tomber par terre… c’est peut-être ça mon don… Tu imagines ? Une petite vocalise et tout le monde s’écroule !
Mon amie me sourit et hausse les épaules comme pour dire « Qui sait ? ». Je la presse encore de questions :
— Et toi, comment tes noces se sont passées ? Qu’est-ce que ça fait de se marier à Venise ?
Elle attrape quelque chose sur un rocher et se retourne vers moi. Dans la paume de sa main, une minuscule limace de mer se tortille. La sirène aux cheveux argentés la fait glisser doucement. Rapidement, le mollusque s’enfuit.
— J’étais surexcitée, répond-elle finalement. Le Doge de Venise est monté sur le pont, a prononcé les vœux du mariage de la ville avec la mer et a lâché l’anneau.
— Et ?
— Et je l’ai raté ! On l’a cherché pendant des heures. J’avais retourné beaucoup de sable dans ma panique, ce qui fait qu’on ne l’a pas trouvé tout de suite. Les anciennes étaient stressées à l’idée que les humains remarquent notre présence. Mais à la fin j’ai enfin pu mettre la main dessus. Quel soulagement !
La bague de Mila scintille à son doigt. Une simple alliance en or, grâce à laquelle elle est une véritable sirène, une sirène complète. Pas comme moi. Je l’interroge encore :
— Quand est-ce que tu as su quel était ton don ?
— J’ai toujours plus ou moins pressenti que j’aurais le cri puissant. Parfois, dans mes rêves, je me voyais terrasser des dragons juste avec ma voix.
Trouver ma place sur terre ou dans l’eau... J’aimerais être comme elle.
— Et toi, Clio ? demande-t-elle. Comment s’est passée ta transformation ? Quel genre de nageoire est-ce que tu pensais avoir ?
Sa question me prend de court. Je ne m’attendais à rien. Je trouvais ma nouvelle nageoire belle. Je me trouvais belle. Et incroyablement libre. Je repense, rêveuse, à la première fois que j’ai découvert l’exaltante émotion de pouvoir nager à une vitesse folle. De respirer sous l’eau. Ôter ses vêtements et plonger, sentir son corps se métamorphoser à l’instant où l’on heurte la surface.
Je me fichais à l’époque de cette histoire de mariage. Ce n’était qu’un détail. Jusqu’à ce que les troupes françaises marchent sur Venise, l’écrasent, et suppriment le Doge. Plus de Doge, plus de cérémonie de mariage avec la mer. Plus d’anneau. Mannaggia a te, Napoléon !
La première chasse est arrivée : le jour où j’ai eu faim de sang, j’ai compris. Les sirènes sont maudites. Se marier est la seule façon de rompre la malédiction. Et vu notre particularité, l’époux ne doit pas être trop exigeant. La Sensa , autrement dit la célébration des épousailles entre la mer et Venise était idéale : la cité des Doges n’est pas le genre d’époux à poser problème. Personne ne soupçonnait que, lorsque la ville célébrait cette union symbolique, une sirène était libérée de sa malédiction. Mai

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