Arte Corpus : Tori et Noah - Tome 2

Jenny Rose

Description

Alors que Victoria se pensait guérie et prête à déployer ses ailes vers un avenir radieux, les fantômes ressurgissent dans sa vie pour mieux la clouer au sol.

Et si elle lutte contre son passé, les choses se compliquent : Noah, qui veille sur ses secrets comme Cerbère sur les Enfers, l’entraîne malgré elle en eaux troubles. Il ne laisse personne franchir sa muraille et rien en sortir.

Résultat, les mystères s’épaississent et, pour Victoria, une question difficile se pose désormais : fuir ou se battre ?

Peur, manipulation, danger...

Leurs sentiments seront-ils suffisants pour accéder enfin au bonheur ?

Sujets

• Suspenso
• Adam RA-14 Loisirs
• Époque contemporaine
• Boxe anglaise
• Romance
• Suspense
• Loisir
• Tatouage
• Fiction
• Sport
• Littérature

Informations

• Publié par: plumes-du-web
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9782381510033
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

© Jenny Rose, 2020
© Éditions Plumes du Web, 2020
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 978-2-38151-003-3

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1.
« Si le sort s’acharne, tiens-lui tête ! »
C’est ce qu’on dit. Ça semble très facile, dans la théorie, mais dans la pratique, c’est une autre paire de manches.
Jusqu’à hier encore, je n’étais pas quelqu’un qui bravait les affres de la vie avec courage. Je fuyais beaucoup , me taisais encore plus . Partir à l’assaut de mes problèmes n’est pas quelque chose d’inné chez moi ; il m’a fallu tomber toujours plus bas pour me décider à regarder les choses en face : il est temps que j’arrête de me cacher derrière mes angoisses.
Comme le dirait Raph s’il savait dans quelle galère je me trouve – et il aurait raison : « Sors-toi les doigts du cul, putain. »
Assise depuis plus de deux heures sous la chaleur cuisante, à l’ombre d’un platane, j’attends un signe. Un indice. Une preuve qui viendrait étayer les hypothèses abracadabrantes qui jaillissent de mon esprit fatigué depuis que j’ai trouvé la lettre de David, hier soir.
En vain.
J’espérais probablement que mon ex apparaîtrait comme par magie au beau milieu de la place du Boulingrin pour venir se renseigner auprès de sa taupe. Je dois toutefois me rendre à l’évidence : Leslie travaille d’arrache-pied dans le petit camion qu’elle a aménagé pour tatouer, et aucun Allemand de ma connaissance n’est venu la saluer. Mais ça ne signifie rien et, si je suis ici, ce n’est pas simplement pour assister à son cours. J’ai besoin de réponses et elle pourra peut-être m’en fournir.
Contre ma cuisse, mon portable vibre dans mon sac.

Je passe te voir ce soir.

Avec un soupir, je fais défiler la conversation pour relire les messages que Noah m’a envoyés depuis la veille.

Où es-tu ?

Ça, c’est quand il s’est aperçu que j’avais pris la poudre d’escampette. Comme j’étais en train de vomir mes tripes et de pleurer toutes les larmes de mon corps au moment de la réception, un autre a suivi.

Pourquoi es-tu partie ?

Enroulée dans ma couette et glacée de l’intérieur, j’ai rédigé une réponse, cette fois-ci.

C’est toi qui es parti.

C’était simplement le temps de me calmer, Victoria. Je comptais rentrer.

Et moi, j’avais besoin de m’éloigner pour réfléchir.

En lui disant ça, je n’insinuais pas que je doutais de l’avenir de notre relation. C’était juste urgent pour moi de prendre du recul avant de faire une erreur, justement. Mais Noah l’a interprété de travers ; relire ses mots me serre le cœur.

Me fais pas ce coup-là... Me fais pas ça. On peut en discuter.

Pas ce soir, s’il te plaît...

Si Noah avait été l’un des héros des romances dont je raffole, il n’aurait pas entendu ma supplique. Il aurait fait irruption chez moi, au milieu de la nuit, pour tenter d’arranger la situation. Mais Noah est beaucoup plus malin et beaucoup plus empathique que ça : il savait que cela n’aurait servi à rien, sinon à jeter de l’huile sur le feu. Alors il n’est pas venu et s’est tu, jusqu’à maintenant.
Consciente que la situation ne doit pas se nécroser davantage, je rédige un bref message :

Je t’attendrai.

J’envoie ma réponse au moment où Leslie sort de son camion pour fumer une cigarette. Je l’observe et me demande un instant si je ne fais pas fausse route. La tatoueuse sait peut-être où je travaille, mais elle ignore où je vis. Comment aurait-elle pu fournir mon adresse à mon ex ? Et surtout : qu’aurait-elle eu à y gagner ?
Lasse de retourner toutes ces questions dans ma tête, je me lève enfin et me dirige d’un pas déterminé dans sa direction. Elle me remarque très vite et m’adresse un sourire doublé d’un signe de la main.
Coucou ! Tu es prête pour ta leçon ?
Plus que jamais.
Sans saisir le double sens de mes mots, Leslie termine sa cigarette et me précède dans le camion.
Comme lors de notre premier cours, elle bavarde à tort et à travers et me pose des questions sur ma vie. Beaucoup. Mon taux de patience, déjà en berne depuis le fiasco de la veille, chute de façon vertigineuse. Je pose le dermographe sur une tablette et me tourne vers elle en prenant une longue inspiration.
J’ai une question à te poser.
Je t’écoute, répond-elle, intriguée face à mon air pincé.
Je vais sans doute passer pour une folle, mais peu importe ! Au point où j’en suis, je n’ai plus grand-chose à perdre.
Est-ce que c’est Müller qui t’envoie ?
Leslie se fige et fronce les sourcils, perdue. Sa réaction n’est pas celle d’une coupable. Pour autant, je ne la connais pas assez pour juger de sa sincérité.
Müller ? David Müller ?
J’acquiesce sans mot dire, percée à jour par le regard lucide de la tatoueuse. Un rire incertain lui échappe.
Je ne connais pas ce type, Victoria. J’ai dû échanger deux mots avec lui sur une convention, mais ça s’arrête là.
Alors il ne t’a jamais demandé de garder un œil sur moi ? De venir fouiner dans ma vie ?
Mais non !
Je laisse mon regard vagabonder sur son visage avenant. Je dois me rendre à l’évidence : elle semble interdite par le tournant qu’a pris notre conversation.
Pourquoi est-ce qu’il enverrait quelqu’un te donner des cours, de toute façon ?
Laisse tomber, grogné-je.
J’aimerais bien, mais tu as l’air à cran. Est-ce qu’il en a après toi ?
Je me remets à la tâche en silence et Leslie n’insiste pas. La session se poursuit dans un calme absolu, seulement ponctué par les conseils avisés de mon professeur. Au bout d’une dizaine de minutes, c’est plus fort qu’elle : elle reprend la parole.
Tu t’es brouillée avec ton beau gosse, je me trompe ?
Je ne tiens pas vraiment à parler de ma vie sentimentale avec toi, Leslie, répliqué-je, la gorge nouée par le stress et la peine. Ce n’est pas contre toi, c’est juste... elle est suffisamment chaotique comme ça, je préfère ne pas en parler.
Comme tu veux.
Nous échangeons un sourire tendu, puis terminons la leçon. Je n’ai pas obtenu les réponses que je cherchais, je ne suis pas plus avancée dans la façon dont je vais gérer le retour imminent de David, et je ne me suis pas expliquée avec Noah... mais à travers tous ces problèmes, j’ai au moins la satisfaction d’avoir bien travaillé.
Je programme un rendez-vous pour Leslie chez Jonas, afin de respecter les termes de notre marché, puis je ramasse mon sac. Après avoir salué la tatoueuse, je descends du camion et commence à m’éloigner, mais sa voix s’élève dans mon dos. Je me retourne pour trouver sur son visage une expression si sérieuse qu’elle me laisse muette.
Même si tu préfères éviter le sujet, je tiens à te donner un petit conseil quand même : ne perds pas de temps et rabiboche-toi avec ton chéri. La vie est trop courte pour les regrets et on ne sait jamais de quoi demain sera fait.
J’avise son air grave, touchée par ses mots, puis hoche la tête. Je recule d’un pas, mais ne parviens pas à me résoudre à partir sans lui avoir donné un petit conseil à mon tour.
Ne t’approche jamais de David Müller, Leslie. Jamais, insisté-je devant son regard scrutateur.
Elle acquiesce à son tour. Le message est passé de femme à femme. J’espère ne pas m’être trompée à son sujet et quand bien même : je ne pousserais jamais personne en direction de mon ex. Pas même ma pire ennemie.

C’est la caresse d’une main dans mes cheveux qui m’arrache à mon sommeil perturbé. J’ouvre les paupières en grognant, surprise de constater que le soleil termine sa descente vers l’horizon, à travers ma fenêtre.
Apparemment, je me suis endormie comme une masse en at