Au bout de l'exil, Tome 3 : L’Insoutenable vérité

Micheline Duff

Description

À l’hiver 1889, Marguerite revient à Montréal tandis que sa sœur Anne préfère demeurer à Lowell auprès de sa famille. Quant à Camille, elle connaîtra plutôt l’instabilité et les mésaventures avant que l’horizon ne s’éclaircisse pour elle aussi.
Au fil des années, le bonheur s’installera enfin dans l’existence des trois sœurs Laurin, jusqu’au jour où l’une d’elles découvrira une insoutenable vérité…
Elle avait beau rire et feindre de s’amuser, Marguerite trouvait cette journée bien longue. Le navire s’engagea enfin sur les eaux noires du Saguenay et se mit à glisser tranquillement à travers un dédale de masses rocheuses moussues, de falaises escarpées et de versants abrupts recouverts de forêts. ... Elle se retourna vers ses sœurs. Appuyées sur le bastingage, ni l’une ni l’autre ne disait mot. Étaient-elles emportées, elles aussi, par tant de magnificence ? Elle devina dans l’œil d’Anne un intérêt artistique, cette petite étincelle appelée inspiration, elle qui, ces derniers mois, avait réussi à survivre grâce à l’art de la peinture. Camille, quant à elle, semblait à des siècles du moment présent, retournée dans son univers intérieur vraisemblablement imperméable à la somptuosité du panorama. À quoi pouvait-elle songer ? Marguerite lui souhaita secrètement de trouver enfin la paix.

Sujets

• Historical
• Romance
• Fiction

Informations

• Publié par: Québec Amérique
• Date de parution: 01 janvier 2021
• Nombre de lectures: 13
• EAN13: 9782764441183
• Langue: Français

Extrait

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Conception graphique : Nathalie Caron
Révision linguistique : Diane-Monique Daviau et Claude Frappier
En couverture : illustration de Polygone Studio
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Au bout de l'exil / Micheline Duff.
Noms : Duff, Micheline, auteur. | Duff, Micheline, Grande illusion. | Duff, Micheline, Méandres du destin. | Duff, Micheline, Insoutenable vérité.
Collections : qa (2019)
Description : Nouvelle édition. | Mention de collection : qa | Sommaire : tome 1. La grande illusion - tome 2. Les méandres du destin - tome 3. L'insoutenable vérité.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20200075314 | Canadiana (livre numérique) 20200075322 | ISBN 9782764441107 (vol. 1 : couverture souple) | ISBN 9782764441138 (vol. 2 : couverture souple) | ISBN 9782764441169 (vol. 3 : couverture souple) | ISBN 9782764441114 (vol. 1 : PDF) | ISBN 9782764441145 (vol. 2 : PDF) | ISBN 9782764441176 (vol. 3 : PDF) | ISBN 9782764441121 (vol. 1 : EPUB) | ISBN 9782764441152 (vol. 2 : EPUB) | ISBN 9782764441183 (vol. 3 : EPUB)
Classification : LCC PS8557.U2835 A9 2020 | CDD C843/.6—dc23
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020
© Éditions Québec Amérique inc., 2016.
quebec-amerique.com



Tant que des femmes pleureront, je me battrai. Tant que des enfants auront faim et froid, je me battrai. Tant qu’il y aura un alcoolique, je me battrai. Tant qu’il y aura dans la rue une fille qui se vend, je me battrai. Tant qu’il y aura des hommes en prison, et qui n’en sortent que pour y retourner, je me battrai. Tant qu’il y aura un être humain privé de la lumière de Dieu, je me battrai. Je me battrai, Je me battrai, Je me battrai.
William Booth, Fondateur de l’Armée du Salut


À Audette P., pour sa générosité, son courage et ses précieuses confidences.


Résumé du tome 2 – Les Méandres du destin
Joseph Laurin, après avoir mis le feu à un hôtel et proféré des menaces de mort, est condamné à dix ans de prison. Camille, la plus jeune des sœurs Laurin, demeure à Colebrook jusqu’à la mort d’Angelina tandis que sa sœur Anne épouse le journaliste Pierre Forêt établi à Lowell. Quant à l’aînée, Marguerite, elle vit un amour secret avec le vicaire Antoine Lacroix. À cause de non-dits, de malentendus et de la mauvaise foi du curé Garin, personne, pas même Antoine, ne saura que l’enfant de Marguerite, qui viendra au monde à Montréal, est le fils du prêtre.
Pendant son séjour à l’hôpital de la Miséricorde, la jeune femme se lie d’amitié avec le docteur Rémi Beaulieu et sa femme Éva. C’est aussi à cet endroit qu’elle fait la connaissance de Béatrice, fille-mère de quinze ans qu’elle sauvera du suicide et à qui on recommande fortement de donner son fils en adoption. Après la naissance d’Emmanuel, Marguerite se ressource pendant quelques semaines chez la mère du docteur Beaulieu, puis est embauchée comme institutrice privée dans une riche famille anglophone de l’ouest de la ville, les Greenberg.
Lors d’une visite à Lowell, au cours de l’été 1888, Marguerite retrouve, grâce à sa sœur Anne, son bel Antoine, défroqué et devenu pasteur protestant. Après leur mariage secret dans les fondations de l’église Saint-Jean-Baptiste en construction, le couple prendra promptement le train pour Montréal, non sans avoir promis à Camille de la faire venir incessamment, en raison de la tentative d’agression sexuelle de Paul Boismenu, le mari de Rose-Marie, chez qui l’adolescente travaille comme bonne d’enfants. Anne les regardera partir en soupirant, après leur avoir annoncé qu’elle-même se trouve enceinte pour une deuxième fois.


1
— Attends-moi ! Tu vas trop vite, je n’arrive pas à te suivre !
Antoine se retourna avec un air désolé. Encore une fois, il prenait les devants en oubliant que son rythme naturellement athlétique coïncidait mal avec celui, plutôt lent et laborieux, de sa bien-aimée. Surtout en raquettes. Et surtout sur une pente ascendante.
Le regard que Marguerite lui lança, à la fois indigné et inconsciemment enjôleur, déclencha chez lui le plus divin des sourires. Ce qu’elle lui paraissait séduisante, ainsi attifée de vêtements d’homme ! Comme si le port d’un pantalon et de grosses bottes aiguisait sa féminité, ses longs cheveux châtains dépassant de sa tuque enfoncée jusqu’aux yeux, ses lèvres en forme de cœur et sa silhouette si gracile sous la veste de peau. Il ouvrit spontanément les bras pour qu’elle puisse s’y blottir.
— Ah ! Je t’aime tellement, toi, la plus mignonne, la plus merveilleuse des femmes ! Presque aussi adorable que les plus grandes saintes du paradis !
— Oui, mais moi, je n’ai pas la patience d’une sainte. Grrrr…
Le souffle court et les joues rougies par le froid, Marguerite se jeta contre son mari avec un tel élan qu’ils tombèrent tous les deux à la renverse dans la neige profonde avec un grand éclat de rire.
— Ah ! mais tu veux me faire mourir, mon petit Tony !
Elle s’amusait parfois à l’interpeller de cette manière, souvenir de l’été précédent où le beau vicaire Antoine Lacroix, métamorphosé en pasteur protestant dénommé Anthony Cross, montait sur les tribunes pour prêcher l’Évangile selon les préceptes de l’Église baptiste. Bien sûr, en réintégrant le Canada, le prêtre défroqué avait repris son identité québécoise, mais le nom de Tony ravivait encore chez Marguerite son immense bonheur d’avoir retrouvé, dans un parc de Lowell, un certain après-midi de juillet, celui qu’elle aimait le plus au monde et qu’elle avait cru perdu à jamais.
Six mois déjà qu’ils vivaient ensemble, et elle n’en revenait pas encore. Il faut dire que depuis ce moment béni, il s’était passé tellement de choses. Après un long séjour dans la communauté protestante de Grande-Ligne 1. , dans la région du Richelieu, ils étaient enfin de retour à Montréal, lui devenu officiellement ministre de l’Église baptiste du Québec et elle, nouvellement convertie au protestantisme par la force des choses.
Marguerite se mit à lancer de la neige à Antoine, une neige fine et poudreuse, jusqu’à ce qu’il réussisse à se tourner au-dessus d’elle et à lui couvrir le visage de baisers.
— Cette fois, je te tiens, vilaine ! Tu vas mourir étouffée d’amour, ma chère. Et vlan ! vers le purgatoire !
Marguerite eut l’impression que leur tumulte retentissait sur tout le mont Royal.
— Chut ! S’il fallait qu’on nous découvre…
— Ben quoi ? C’est le carnaval, non ?
— Pas pour des amoureux comme nous. La horde des Trappeurs 2. ne va pas tarder à nous rejoindre. S’il fallait qu’un curé fasse partie de leur club, ou de celui de Saint-Georges 3. , ou de Saint-Charles 4. …
— Puis après ? Je connais très peu de prêtres à Montréal et, de toute façon, ma belle, les curés ne vont pas au carnaval.
— Et s’il passe un journaliste trop catholique ou trop curieux qui te reconnaît ?