Au rythme de son cœur
203 pages
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Au rythme de son cœur , livre ebook

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Description

Alors que Matt mène une vie débridée et dissolue, s’enfonçant toujours plus dans un simulacre de bonheur, une rencontre accidentelle et un hasard capricieux placent sur son chemin l’agaçante Sun-Hi. Sous son air joyeux et pétillant, celle-ci dissimule une existence bancale, entre son projet de studio photo qui paraît voué à l’échec et son couple qui part à vau-l’eau.


Leurs destins se heurtent de plein fouet, les entraînant sur un chemin qu’aucun n’avait envisagé ou osé espérer...



Mais deux cœurs abîmés par la vie peuvent-ils se réparer l’un l’autre quand l’espoir même semble esquinté ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782492475023
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Élodie François
Mentions Légales Au rythme de son cœur Élodie François ISBN : 9782492475016 Couverture : Dragonfly Design Source image: Adobe Stock ©Amazon KDP 2021
« Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. » “And I don't want the world to see me 'Cause I don't think that they'd understand When everything's made to be broken I just want you to know who I am” Iris, Goo Goo Dolls
10 ans plus tôt…
Prologue
Ce n’était plus une averse, c’était un véritable dé luge qui s’abattait sur leurs têtes. Les parapluies ouverts ne servaient plus à rien, chacun était déjà trempé. La fraîcheur de cette matinée de septembre n’arrangeait rien à la chose. Si le curé ne se hâtait pas de terminer son office, ils allaient tous finir avec une pneumonie.
Matt pressa les paupières une seconde et enfonça sa main libre dans la poche de sa veste. L’autre était crispée sur le manche du parapluie qu ’il tenait au-dessus de sa tête, s’y raccrochant comme pour ne pas tomber. Ce qui se passait devant lui, il peinait encore à y croire. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il les posa tour à tour sur sa mère et so n frère qui la soutenait. Elle était en larmes. Alex aussi, même s’il avait tenté de faire bonne figure jusque-là pour ne pas accabler leur mère encore plus qu’elle ne l’était. Lui n’en avait pas versé une seule depuis l’annonce qui avait, lui semblait-il, changé son existence à tout jamais. Christophe Vignaud éta it mort. Son père était parti en un ultime battement de cœur. Un arrêt cardiaque brutal, aussi foudroyant que sa disparition quelques jours plus tôt. Comment était-ce possible ? Lui qui avait mené une vie si saine, lui qui avait eu une santé de fer, lui qui n’avait jamais commis un seul excès. Le sportif aguerri s’était éteint aussi rapidement qu’on éteignait une lampe. Quelqu’un là-haut avait actionné l’interrupteur, avait décidé qu’à 55 ans il avait fait son temps, et sa lumière s’était consumée. Écouter la litanie religieuse de l’homme d’Église arracha un sourire amer à Matt. Il n’était pas très sûr de croire en Dieu et encore moins en son R oyaume, et il savait que son père n’y avait pas cru davantage. C’était sa mère qui avait tenu à procéder ainsi, dans la plus pure tradition catholique. Pour une obscure raison, elle qui n’allait jamais à l’église avait souhaité faire ses derniers adieux à son époux de cette manière. Ni lui ni Alex ne s’y étaient opposés. Si cela lui permettait d’avancer d’une quelconque façon, ils la soutiendraient coûte que coûte. Le curé jeta la première poignée de terre sur la to mbe qui renfermait tout ce qui restait de Christophe Vignaud. Matt serra les mâchoires en voyant sa mère esquisser un pas tremblant pour imiter le geste de l’homme. Elle était accrochée au bras d’Alex, qui tapota sa main doucement, lui signifiant par ce geste que tout irait bien. L’un après l’autre, ils ajoutèrent leur contribution, puis ce fut à son tour. Ses doigts entourèrent la petite pe lle, récupérant la matière brune et humide sur laquelle le ciel pleurait, puis la laissa tomber su r le cercueil. Il tint bon encore le temps que chaque membre de sa famille exécute le même rituel et quand oncles et tantes eurent regagné leur place, le curé acheva sa mission.
Matt recula d’un pas après avoir jeté un bref coup d’œil à sa mère et Alex. Il n’avait qu’une hâte : s’enfuir de là au plus vite. Non parce qu’il voulait fuir, mais parce qu’il sentait gronder en lui une sorte de colère qui l’effraya soudain. Elle rou lait dans ses veines, percutait son crâne de plein fouet, tempêtait contre cette injustice. Lui avait envie de hurler, de maudire la terre entière de lui avoir arraché son père si brutalement, et de verser enfin toutes les larmes qu’il avait retenues. Pris d’une panique subite, son pouls se mit à battre furieusement contre ses tempes. Il fit volte-face, ne se souciant pas de savoir si sa mère ou Alex étaient prêts à s’en aller eux aussi, et se dirigea à grandes enjambées vers la sortie du cimetière. En quelques secondes, il atteignit la grille qu’il poussa avec une violence qu’il la fit heurter le muret. À peine eut-il posé le pied sur le trottoir qu’il s’effondra. Là, à deux pas de la dernière demeure de son père, il rendit en pleurant. Son cœur, qui cognait déjà fort, accéléra encore sa course, vomissant son chag rin d’une manière terrifiante. Il relâcha son parapluie qui chuta sur le sol ruisselant et s’appu ya d’une main contre le muret devant lui. L’autre se porta sur sa poitrine, tentant par ce geste de calmer la course effrénée de son organe affolé. Il ferma les paupières. Se concentra sur son souffle.
Un. Deux. Trois. Quatre. Là… ça allait mieux.
Dans son dos, Matt entendit la voix grave de son aîné, se redressa. Il ne voulait pas qu’Alex ou sa mère le voient dans cet état. Mais lorsqu’un bras entoura ses épaules, il sut que c’était trop tard. Se dégageant un peu brusquement de l’étreinte de so n frère, il récupéra son parapluie, se dirigea vers leur voiture et s’y engouffra sans un mot.
Les paroles étaient inutiles. Aussi inutiles que toutes les précautions que son père avait prises toutes ces années. Aussi inutiles que toutes celles auxquelles lui-même se contraignait. Le regard fixé droit devant lui, assis derrière le volant de la citadine de sa mère, il mit le contact, entendit à peine la question d’Alex qui lui demandait sans doute s’il allait bien, et fit démarrer le véhicule. En premier lieu, foutre le camp de ce cimetière. En deuxième, commencer à vivre.
Celvant cette feuille. L’entête dea faisait au bas mot dix fois que Matt soupirait de l’enveloppe l’avait rebuté dès lors qu’il avait ouvert la boîte aux lettres. « Professeur P. Garnier » Rien que ces mots lui avaient filé la nausée. Il était monté chez lui, s’était débarrassé de ses vêtements, avait pris une douche et s’était servi un café. Tout ça pour repousser l’échéance. À présent qu’il l’avait enfin décacheté, il tenait le courrier d’une main presque tremblante, regrettant de ne pas l’avoir laissée fermé. Un rappel de plus. Il était en retard de trois mois pour son contrôle. Il le savait. Il s’en fichait. Cela l’énervait. Rageusement, il fit tomber le papier sur la pile d’ autres qui jonchait son bureau et s’en détourna. Comme si en faisant cela il pouvait l’ignorer, prétendre qu’il n’existait pas. Peine perdue. Les mots semblaient s’être imprimés sur sa rétine, dansant devant ses yeux. Il eut beau les fermer, c’était vain. Son esprit se tournait inexorablement vers le seul sujet qu’il fuyait comme la peste. — Fait chier…, grommela-t-il dans sa barbe. Les doigts qu’il passa sur son visage étaient glacés. Pourtant, il n’avait pas froid. Son stress en était responsable. L’agacement qu’il éprouva en se rendant compte qu’une fois de plus on essayait de gérer sa vie à sa place le fit serrer les poings. Il fallait qu’il se calme. Il était censé rejoindre ses amis dans quelques heures, et s’il ne parvenait pas à re trouver un semblant de contrôle, ils s’en apercevraient. Graziella et Julien ne le connaissaient que trop bien. Il regarda autour de lui, cherchant de quoi s’occuper pour détourner ses pensées, mais fit chou blanc. Il n’y avait rien là qui pourrait le maintenir assez concentré pour ne plus réfléchir. Il était seul. Et ce n’était pas sa console de jeu ou le livre qu’il avait commencé qui seraient suffisants. Discuter avec quelqu’un, voilà ce qu’il lui fallait. D’un geste décidé, il saisit son portable dans la poche de son jean et composa le numéro de la seule personne qui réussissait immanquablement à lui redonner le sourire. — Frangin ! Ça me fait plaisir de t’entendre ! s’exclama la voix d’Alex à l’autre bout du fil. — Je te dérange pas au moins ? Tu es encore au boulot ? À dix-sept heures, il y avait toutes les chances po ur qu’Alex y soit. Responsable d’étage chez Live with Style, l’un des plus grands magasins de Strasbourg, ses horaires de travail étaient souvent tardifs. Mais contre toute attente, son aîné lui indiqua qu’il sortait tout juste et qu’il s’apprêtait à aller faire un tour dans les boutiques en quête d’u n cadeau pour leur mère. Naturellement, il lui proposa de l’aider, ce qu’Alex accepta avec joie. U ne pincée d’esprit de Noël ne lui ferait pas de mal et parviendrait peut-être à le tirer de cette mauvaise humeur qui s’était abattue sur lui quand il avait
ouvert son courrier. — On se rejoint devant chezLwS? proposa-t-il. J’arrive dans dix minutes. — OK. Mais… Matt ? Ça va ? — Oui, pourquoi ? grimaça-t-il en s’apercevant une fois de plus qu’il ne pouvait rien cacher de ses émotions à son frère. — Tu as l’air contrarié. — Non, non. Ça va. Je suis juste crevé, le boulot, tu sais, à l’approche des fêtes on cravache sévère à la pâtisserie. J’avais simplement envie de te voir un peu avant de me rendre à ce fichu concert ce soir. Matt se demandait encore ce qu’il lui avait pris d’accepter la proposition de Graziella d’aller 1 voir les From North to South . Ce groupe était clairement orienté pour un public féminin… Certes, il appréciait leurs chansons, mais là, il n’avait qu’une envie : sortir faire la fête et non s’enfermer dans une salle de concert, entouré de jeunes femmes rendues hystériques par la présence de leurs idoles. Même si l’idée d’une armada de filles dont les corps seraient pressés contre le sien ne le laissait pas de marbre. Alex et lui finirent par mettre un terme à la commu nication. Le temps de se couvrir chaudement pour braver le froid mordant de cet hive r qui n’avait pas encore officiellement commencé, et il quitta son appartement pour rejoindre son frère. Vivant en centre-ville, il partit à pied, et arriva tant bien que mal sur place. Il neigeait, le sol était recouvert d’une bouillasse infâme créée par le sel qui y était déversé et, par endroi ts, une fine couche de verglas commençait à se former. C’était bien sa veine, si les températures chutaient comme elles le faisaient tous les soirs depuis le début de la semaine, arriver sans encombr e au Zénith ne serait pas une mince affaire. Heureusement pour lui, son SUV était plutôt fiable en de telles circonstances.
Les devantures des magasins étaient ornées de multi ples décorations de Noël, donnant à Strasbourg un air presque magique. Il avait toujours aimé cette période de l’année, même si depuis la disparition de son père, cette fête, comme toutes l es autres, avait pris une saveur particulière. Les souvenirs que cela faisait remonter lui déclenchaient à chaque fois un pincement au cœur. Et cette année-là, il percevait que ce serait encore différent. Cela faisait dix ans. Dix ans que Christophe Vignaud s’était éteint une nuit de septembre…
Alors qu’il tentait tant bien que mal de se concent rer sur ses pas pour éviter de tomber, il releva la tête et aperçut son frère debout un peu p lus loin. Emmitouflé dans une parka grise, un bonnet enfoncé sur le crâne et les mains vissées dans les poches : il reconnut sans peine la haute silhouette d’Alex. Il paraissait sur le point de geler sur place. Ses prunelles vertes s’éclairèrent en se posant sur lui, et il vint à sa rencontre, trop heureux de bouger enfin. — Rappelle-moi de t’attendre à l’intérieur la prochaine fois ! lâcha-t-il en le saluant d’une accolade fraternelle. — Bah, tu aurais dû aller te réchauffer dans le bureau de Mel ! le taquina-t-il en lui adressant son sourire le plus carnassier. Mélissa Moreau, la compagne d’Alex, travaillait comme merchandiser chezLwS. La réflexion que venait de faire Matt arracha un rire un brin cynique à Alex. Le souvenir de la première fois où lu i et Mel avaient couché ensemble lui était immanquablement revenu en mémoire, et c’était le résultat que Matt avait escompté. C’était dans le bureau de la jeune femme que tout avait débuté entre eux. Ils revenaient de loin… Si leur histoire avait commencé sur les chapeaux de roue, ça avait été sans compter sur les blocages de Mel qui avait ensuite i mposé à Alexandre une relation reposant exclusivement sur le sexe. L’amour s’en était mêlé, et si son aîné avait cru la perdre à un moment, ils avaient su franchir une étape compliquée et faire tomber les barrières que Mel avait bâties autour d’elle. Depuis, ils filaient le parfait amour, ce qui réjouissait fortement Matt qui adorait sa belle-sœur et surtout le fait de voir son frère si heureux. Alex l’entraîna vers une boutique de cosmétiques non loin de là, décidé à acheter le cadeau de leur mère. Gisèle Vignaud n’était pas quelqu’un de compliqué, elle aimait les choses simples, mais elle avait un faible pour les produits de beauté. Il suggéra donc de lui confectionner un panier garni
de soins pour le corps ou le visage, le tout dans u ne boutique bio. Ils en ressortirent moins de trente minutes plus tard, Alex portant un énorme paquet entre les bras. — Avec tout ça, elle en a pour au moins un an ! plaisanta Matt en observant la taille du colis qui avait été soigneusement emballé par une charmante vendeuse. Matt, comme à son habitude, n’avait pas pu s’empêcher de lui faire son numéro de séducteur, sous l’œil mi-amusé mi-agacé de son frère qui s’était sans doute demandé si un jour il se calmerait. À bientôt 31 ans, il n’était toujours pas casé et n’en avait aucune intention. Les histoires sans lendemain étaient bien plus sa tasse de thé. Pas d’obligation, pas d’attache, rien que du plaisir et de l’amusement. Au grand dam de sa mère qui n’attendait qu’une chose, qu’il se marie et fonde une famille. Très peu pour lui… — Tu as le temps d’aller boire un truc chaud ? lui demanda Alex. — Ça devrait le faire, même si je ne vais pas trop traîner vu la météo, répondit-il après avoir consulté l’heure sur son portable. Alex n’était pas pressé, il attendait Mel qui finissait à 18 h 30 pour rentrer chez eux. Ils s’étaient enfin décidés à s’installer ensemble aprè s quelques mois passés à vadrouiller d’un appartement à l’autre tous les jours. Ces deux-là é taient collés en permanence, plus amoureux qu’eux, ça ne devait pas exister, se disait souvent Matt. Il avait du mal à imaginer comment on pouvait ressentir ce genre de sentiments pour autru i, lui qui n’avait jamais laissé quiconque rester suffisamment longtemps à ses côtés pour développer davantage qu’une profonde amitié… Même le coup de foudre lui était étranger. Tout ce qu’il connaissait de l’amour tournait essentiellement autour du sexe. Cela lui convenait, bien que parfois il dû t reconnaître qu’il se sentait seul. Mais ça, jamais il ne l’admettrait tout haut. Cela équivaudrait à révéler pourquoi il ne désirait pas s’engager. Déjà qu’il peinait à se l’avouer à lui-même, alors encore moins le dire à quelqu’un. Lorsque son père était décédé, son existence avait pris brutalement une tournure si différente qu’il avait décidé de la croquer à pleines dents. Il brûlait la chandelle par les deux bouts comme le lui reprochait parfois sa mère. Mais c’était sa vie, il la menait comme il l’entendait, et profiter des plaisirs qu’elle lui offrait était son crédo.
***
— Eh merde ! Putain ! Le choc ne fut pas si violent, mais l’angle d’attaque indiqua clairement à Matt que les dégâts sur l’autre voiture ne seraient pas que superficiels. Saleté de verglas ! Saleté d’hiver ! Saleté de park ing ! Le jeune homme se gara prudemment, coupa le contact, retira sa clé, serra les mâchoires et quitta son véhicule. Debout devant la petite sporti ve dont le parechoc avant était légèrement décroché, il soupira, puis passa l’une de ses mains gantées sur son visage. Le florilège de jurons qui s’échappa de sa bouche juste après fit se retourner un couple de passants qui avançait sur le parking en direction de la salle de concert. Les deux le dé visagèrent, et l’air amusé, limite moqueur, de l’homme lui donna envie de lui dire de se mêler de ses affaires. — Fait chier…, grommela-t-il entre ses dents. Fallait que ça arrive maintenant ! Décidément, cette journée était pourrie ! Il s’accroupit, étudia l’étendue du désastre et secoua la tête. Là, tout de suite, il ne pouvait rien faire. L’autre conducteur n’était pas sur les lieux, il ne pouvait donc pas remplir de constat. Il ne lui restait plus qu’à espérer que la personne à qui appartenait le bolide ne serait pas un gros balèze bourré de testostérone… au risque de se faire défoncer en sortant de la salle dans quelques heures. Bien qu’il fût grand et bien bâti, Matt n’était pas bagarreur. Son truc, c’était la course, pas la boxe, et il avait beau fouiller dans sa mémoire, en trente années de vie, il n’avait pas souvenir de s’être déjà battu. Il se redressa, alla rapidement regarder l’arrière de sa voiture histoire de vérifier ce qu’il avait
abîmé et fut étonné de s’apercevoir que son bouclier à lui n’avait presque rien. Robustesse des SUV Range Rover, y a que ça de vrai, songea-t-il un peu ironiquement. D’un pas décidé, il ouvrit sa portière côté passager, fouilla la boîte à gant et dénicha un bloc-notes et un stylo. Après avoir retiré son gant, il griffonna rapidement un mot d’excuse, laissa ses coordonnées, détacha la feuille et la plia en quatre. Ses doigts étaient déjà en train de geler, piqués par la morsure de ce froid de décembre, quand il coinça le papier dans la portière de la sportive. Au moins, il ne se défilait pas comme un lâche en faisant comme si rien ne s’était passé… En même temps, ce n’était pas vraiment son genre de faire ça. Il avait beau ne pas toujours faire preuve de bo n sens – selon les dires d’Alex – la lâcheté n’était pas inscrite dans ses gènes. D’un autre côté… sans savoir à qui appartenait ce coupéAudi, comment être sûr qu’il ne se jetait pas dans la gueule du loup ? Ne serait-ce pas faire preuve de bon sens, justement, que de filer en douce et se garer ailleurs ? Les doigts déjà prêts à récupérer son aveu écrit, il s’interrompit dans son geste. — Fait chier…, grinça-t-il une nouvelle fois. Mon honnêteté me perdra ! Matt secoua la tête, remit sa main au chaud dans son fourreau en cuir, verrouilla sa voiture et quitta les lieux d’un pas rapide. Priant intérieurement pour ne pas se faire démolir le portrait à la fin de la soirée, il partit en quête de ses amis pour assister au concert des From North to South.
À peine eut-il posé le pied dans le bâtiment qu’une voix féminine l’interpella à sa gauche. Il tourna la tête et aperçut les boucles auburn de Graziella, son amie – et accessoirement son ex – qui sautillait sur place comme pour se réchauffer. Il bifurqua pour la rejoindre, planta une bise sur sa joue et serra la main de Julien debout derrière elle. — Encore cinq minutes, et on entrait sans toi, déclara la jeune femme. Matt leva les yeux au ciel. Ce n’était pas comme s’il était vraiment en retard ! En consultant rapidement sa montre, il constata qu’il avait dépassé l’heure du rendez-vous de dix minutes, mais avec ce temps de chien et l’incident du parking, ce n’était pas vraiment étonnant. — Toi et tes From North to South…, se moqua-t-il. O n dirait que ce sont des dieux, faut pas abuser ! — On t’a pas obligé à venir, ronchonna Graziella. — Grazie, tu sais bien que quand tu me proposes une sortie je ne peux rien te refuser, la taquina-t-il en ponctuant sa phrase d’un clin d’œil. Elle le gratifia d’un coup de poing dans les côtes. Par chance, avec sa veste épaisse, il ne sentit pas grand-chose. Mais comme à son habitude, il surj oua, se pliant en deux, une main posée sur le flanc. Graziella et lui s’étaient fréquentés pendant trois mois, dans une autre vie, avant que celle-ci ne bascule. Leur séparation s’était faite comme une évidence, ils n’étaient pas faits l’un pour l’autre. Ils avaient repris leur relation là où ils l’avaient laissée avant tout ça. Leur amitié n’en avait for t heureusement pas souffert, et la complicité qui les liait semblait parée à toutes les épreuves. — Fais pas ta chochotte, Vignaud ! le chambra Julien d’un air amusé devant le spectacle que les deux ex lui offraient. Avec le poids plume de G razie, tu risques pas d’avoir mal, même si elle fait du kick boxing. — Ça, c’est certain ! renchérit Matt en riant. Sino n, je suis désolé d’être arrivé sur le fil, j’ai eu un petit accrochage sur le parking en me garant. — Merde, rien de grave au moins ? s’inquiéta Julien. — J’ai « un peu » décroché le parechoc d’une sportive en glissant sur le verglas… Je sens que je vais me faire allumer en sortant. J’ai laissé un mot avec mes… — T’es vraiment trop bon, Matt ! l’interrompit Grazie en empoignant ses amis par les bras. Ça te perdra ! En attendant, on peut bouger ? J’ai envie d’avoir une bonne place pour assister au concert, moi. Matt jeta un coup d’œil exaspéré à Julien et se lai ssa entraîner vers l’entrée de la salle de
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