Bad liar , livre ebook
184
pages
Français
Ebooks
2024
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Bad Liar
Angel Arekin
L’auteure est représentée par Black Ink Éditions.
Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit, sous n’importe quelle forme.
Nom de l’ouvrage : Bad Liar
Auteure : Angel AREKIN
Suivi éditorial : Sarah Berziou
© Black Ink Éditions
Dépôt légal février 2024
Couverture © Black Ink Éditions
Réalisation : Juliette Bernaz
Crédit photo : Shutterstock
ISBN 978-2-37993-517-6
Black Ink Éditions
27 rue Vivonne - 17220 La Jarne
Numéro SIRET 840 658 587 00026
Contact : editions.blackink@gmail.com
Site Internet : www.blackinkeditions.com
Table des matières
Prologue
Si tu étais un minéral, une fluorine bleue
Si tu étais un geste… Non, rien, merci ça ira !
Si tu étais une pensée, un rêve assurément
Si tu étais un objet, une bizarrerie inclassable, évidemment
Si tu étais une peinture, la plus nuancée évidemment
Si tu étais une poule de luxe, je ne voudrais pas de toi
Si tu étais un chiffre, le six évidemment
Si tu étais un trouble, tu serais mon remède
Si tu étais la jalousie, tu serais un effleurement
Si tu étais un négociateur, tu serais surprenante
Si tu étais un fantôme, un membre, sûrement
Si tu étais une caresse, comment réagirais-je ?
Si tu étais une œuvre d’art, l’obsession assurément
Si tu étais une drogue, une overdose évidemment
Si tu étais un homme, un Mordret évidemment
Si tu étais un menteur, tu serais toi !
Si tu étais un sentiment… que signifie « aimer » ?
Si tu étais une caresse, un pinceau sur ma peau
Si tu étais une croisière, luxueuse évidemment
Si tu étais une compulsion, tu serais la luxure
Et si tu étais dans mes yeux, tu serais une peinture épicurienne
Si tu étais un manipulateur, mon père assurément
Si tu étais un tatouage, des chaînes évidemment
Si tu étais un mot d’amour, je le peindrais pour toi
Si tu étais invisible, je ne verrais que toi
Si tu étais un mensonge, tu me battrais à plate couture
Si tu étais mon souffle, je cesserais de respirer
Si tu étais la colère, tu briserais tout
Si tu étais… tu serais un Mordret, et rien d’autre
Si tu étais un péché, tu serais au fond de moi
Si tu étais un sale gosse, tu jouerais la provocation à fond
Si tu étais un message, un tableau évidemment !
Si tu étais dans ma tête, tu saurais que je ne pense qu’à toi
Si tu étais dans ma tête, tu saurais que tu es ma seule obsession
Si tu étais une histoire, un choc évidemment
Si tu étais… je serais…
Épilogue
Remerciements
Prologue
Owen
Ils baisent.
La musique semble repousser les murs, écraser les autres sons ; elle pulse et hante le vaste salon de la villa de Max Cadeville, fils d’un promoteur millionnaire qui bosse en collaboration avec mon père. Il est friqué ; je le suis plus que lui. À dire vrai, ma famille doit posséder les parents des trois quarts des gosses de riches présents dans cette pièce. C’est le fruit de siècles de labeur entrepris par le clan Mordret. Nous envahissons, décimons, annexons et ne rendons rien. Triste réalité qui me voue au respect et à une influence que je ne mérite pas et que je ne désire pas vraiment, même si parfois, cela s’avère utile.
Je fume une clope, scrute autour de moi les corps nus plongés dans la pénombre en train de se mouvoir sur les immenses canapés. Un couple baise sur le tapis gris, un autre sur la grande table. J’esquisse un rictus en songeant au film de Kubrick, Eyes Wide Shut . J’erre dans les bas-fonds sexuels qu’engendrent la richesse, la décadence et le renom, la gerbe au creux du bide. Quand on possède le monde, celui-ci finit par indifférer. Même le sexe. Il doit devenir plus trash, plus crade pour que ça importe encore à ceux qui le pratiquent. Rien ne semble compter alors, seulement le peu de plaisir qu’on retire de corps anonymes. Il est éphémère, futile et glauque ; il aura disparu à peine atteint. Mais tous s’y plient, se croient modernes en se prenant une bite dans le cul ou en enfilant des chattes à la pelle. Ils pensent que ça fait cool sur le CV, que ça confère un genre que les autres n’ont pas, une sensualité qui n’existe que dans la tête. T’es qu’un chien en rut qui essaie de donner à tout ça un air d’opéra, un trait épicurien, mais au bout du compte, t’es plus vide que l’espace entre tes deux oreilles. Il n’y a rien derrière qu’un amas de débauche.
Je porte ma cigarette à mes lèvres, tourne la tête vers la fille qui est en train de gémir à mes côtés, mes doigts bien enfoncés en elle. Elle est jolie, bien roulée, un peu cupide, pas trop, juste ce qu’il faut. Elle se contorsionne et s’empale sur ma main. Elle crie de plus en plus fort comme si j’étais en passe de lui offrir l’orgasme de sa vie, alors que c’est elle qui bouge sur mes doigts. Je ne cille même pas.
J’ai la gerbe. C’est tellement insultant tout ce carnaval.
Je déteste le contact humain, cette façon que les gens ont de pénétrer l’espace vital des autres sans s’en soucier. Toucher, la fille, tous ces corps nus qui se meuvent vers une jouissance futile, toute cette merde me révulse.
Je pousse un soupir, voudrais me fracasser la tête contre un mur. M’ennuie. Affreusement. Je n’ai qu’une envie : sortir de cette baraque. Je n’ai pas assez bu d’alcool pour que ça reste négligeable, un vague moment perdu dans ma vie. Non que rentrer au manoir familial et croiser ses membres obscènes et tarés m’enchante plus que ça, mais ici, il n’y a rien de plus à en tirer que cet instant de déchéance humaine.
La fille jouit vite – amen ! – quand, pour en finir avec cette mascarade, j’accélère le mouvement de ma main. J’éteins ma cigarette dans le cendrier, avale une généreuse gorgée de whisky, puis me lève du divan en essuyant mes doigts sur mon jean. J’ai envie de prendre une douche, longue et brûlante, de piquer la moto de Ciaràn, de foncer dans un mur avec. Image obsédante qui fulgure dans mon cerveau avant de s’éclipser.
La fille cherche à me retenir en miaulant, la paume posée sur mon entrejambe, mais je la repousse gentiment sur le canapé. Je ne suis pas d’humeur à perdre davantage mon temps pour jouer la comédie du parfait fils Mordret. J’ai assez donné de ma personne pour la journée.
— Hey, Mordret, tu t’en vas déjà ? me hèle Max, en train de se faire siphonner le sexe par une grande brune aux seins énormes.
Il est assis sur un fauteuil club face à la baie vitrée qui s’ouvre sur son immense piscine, les jambes écartées, les poignets en appui sur les accoudoirs. Un roi sur son trône.
— Ouais.
Je m’en vais remonter vers l’Olympe pour côtoyer les dieux. Jaloux, vicieux, pathétiques.
Max me décoche un large sourire et secoue la tête, peu dupe de mon comportement. Max est l’un des rares à me connaître un peu mieux que les autres. Je ne laisse pas grand monde voir sous le masque. La vitrine se doit d’être impeccable ; j’avance sur les traces de mes frères, sans la moindre envie de le faire. Mais je suis doué, infiniment talentueux pour dissimuler ce que je ressens, mystifier les quidams avec ma vie idyllique et exemplaire.
Le mensonge est devenu la pierre angulaire de mon quotidien. Je les distribue comme d’autres vendent des billets pour un concert. Je donne à ma famille exactement ce que ses membres attendent de moi. En coulisses, je trace ma route, grappille quelques fragments de liberté tant bien que mal.
Je traverse le salon entre les corps gémissants, enjambe le couple qui copule sur le tapis et marche vers le hall d’entrée en fourrant les mains dans mes poches.
— Tu repasses ce week-end ? me questionne Max, avant de pousser un grognement et de saisir les cheveux de la fille dans sa poigne.
— Oui, sûrement. Mais petit comité. Pas d’orgie.
— OK, comme tu veux. Tu te lasses trop vite, Mordret.
C’est on ne peut plus vrai. Le sexe ne m’intéresse pas, pire, il me dégoûte, me fait l’effet d’un herpès génital, mais il sert, quoi que j’en pense. Dans nos vies, il est utile. J’ai vu mon père en user si souvent. En catimini, sans que personne ne le devine. On me croit aveugle, sourd et muet aux événements qui se déroulent dans le manoir familial, parce que je suis discret ou que je m’en fous, mais je discerne presque tout ce qui s’y passe. J’ai eu un modèle éducatif quasi inexistant, pour ne pas dire tordu. Je me suis bâti seul, en observant les autres, surtout mes frangins. Je connais toutes leurs combines, leurs travers, leurs mensonges. J’ai appris une chose importante en vivant auprès d’eux : connaître les petits secrets des autres est une source de pouvoir. Et dans notre univers, lui seul est essentiel et assure notre survie. Le pouvoir fait danser le monde. Et que j’en aie envie ou non, je dois moi aussi plier sous son influence pour un jour… être libre.
Si tu étais un minéral, une fluorine bleue
Malory
Je n’en reviens pas ! Ce crétin de Henry Ermont a essayé de m’embrasser dans le couloir ! Monsieur Calvitie en personne, le directeur de la fac ! Beurk !
J’ai envie de me passer la bouche à la javel, de prendre une douche, de changer de fringues. Je pue son after-shave acidulé de la tête aux pieds. Bon, OK, peut-être que j’exagère un tantinet, mais voir ses yeux globuleux se voiler de désir en matant mon décolleté, son crâne huileux sous le nez, et l’écouter bredouiller en même temps toute une flopée d’excuses bidons me restent sur l’estomac. J’ai l’impression d’avoir avalé une raclette et une demi-tonne de charcuterie !
Je n’arrête pas de frotter ma main, le pouce sur l’index, en un va-et-vient incessant, jusqu’à sentir une petite pointe de douleur.
Je cherche encore quelle sorte de pensées dépravées l’a convaincu que je pouvais être intéressée par ce qu’il avait à me proposer. Un directeur de l’âge de mon père, avec la calvitie et la bedaine en plus, car mon paternel est loin d’être du genre à se laisser aller, du moins, je le suppose