Cap au nord
141 pages
Français

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Description

Écrire un spectacle en trois mois ? Ce ne serait pas la mer à boire pour Fitz, un humoriste dans le vent. Si seulement il n’était pas au fond du trou à la suite de son divorce. Il faut dire qu’il s’attend à tout perdre, l’amour de sa vie, l’appartement et Ficus, le chien.


Dans un élan de folie, il annonce même qu’il part s’isoler trois mois dans un phare pour écrire et se ressourcer, avec pour seule compagnie les mouettes et le gardien. Il a juste oublié un détail : il est loin d’être le bienvenu.
Son unique public sur cet îlot d’à peine cinquante mètres carrés est sans doute l’homme le plus hermétique qu’il ait rencontré de sa vie.


Trois mois, ça peut être long, surtout avec Monsieur Grognon.


#MM #feelgood #humour #welovemonsieurgrognon #romance
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« Sincèrement, je suis restée scotchée sur ce roman ! Dès les premières pages, je n’ai pas pu le lâcher ! C’est un véritable prodige d’avoir réussi à garder un rythme aussi fluide et addictif dans ce huis clos. » - Comité de lecture
« Ce roman est un vrai rafraîchissement, qui enchaîne fous rires et moments tendres. Un vrai plaisir qui fait du bien à lire en cette période, qui vous fera oublier tous vos soucis. » - Comité de lecture
« C’est le problème lorsque je me sens bien dans une histoire : je ne veux pas quitter l’univers et les personnages. Et cet univers mérite vraiment sa chance tellement il est bien mené. » - Comité de lecture

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juin 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9791038104853
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Juliette Marrati 
Cap au nord
Phare away - T.1  




MxM Bookmark
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Illustration de couverture ©  Edantes
    Suivi éditorial  ©  Audrey K. Lancien
  
  Correction ©   Raphaël Gazel

Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit est strictement interdite. Cela constituerait une violation de l'article 425 et suivants du Code pénal. 
ISBN : 9791038104853
Existe en format papier


À la mer grise, ma préférée
 
 
 


CHAPITRE 1
SURVIVRE À SON DIVORCE, CONSEIL N o 1   :
FAIRE DE NOUVEAUX PROJETS
 
Mon doigt appuie sur le bouton de la radio, mais rien à faire, le grésillement qui s’en élève ne veut plus disparaître. Depuis que la brume a remplacé le paysage, c’est comme si nous nous étions coupés du monde. Ça représente plutôt bien mon état d’esprit.
— On se croirait dans Bienvenue chez les Ch’tis , fais-je remarquer.
Marciella me lance un regard de circonstance.
— Sauf que rien dans ta dégaine ne fait marrer qui que ce soit, souligne-t-elle.
— C’est mon jogging que t’aimes pas ?
— Non, les taches suspectes.
Je baisse les yeux sur mon habit. D’accord, il y a un peu de laisser-aller de mon côté, surtout en comparaison avec le look toujours soigné de mon agent et amie, accessoirement ennemie jurée au lycée.
— Crème moutarde, rien de plus.
Elle coule un haussement de sourcil hautain dans ma direction, et je lève les mains en l’air en signe de paix. On ne va pas dire que pour me remonter le moral, elle est au top, mais bon, comment lui en vouloir, je suis au fond du trou. Pour donner un exemple, prenez un humoriste et imaginez que son niveau de blague soit celui de celles sur le papier des Carambar. Là, on vous dirait, lui, il est foutu, il est au plus bas de l’échelle. Oh, attendez, ce n’est pas un exemple, c’est juste moi. Je suis cet humoriste, qui ne fait plus rire personne.
— Tu me fatigues, souffle-t-elle.
— J’ai rien fait ! me défends-je.
Je vous jure, les talents de conductrice de Marciella laissent à désirer, surtout alors que je vois le fossé se rapprocher dangereusement de mon côté. J’aurais préféré être derrière le volant, mais j’ai perdu mon permis. Enfin, je sais très bien où il est. Dans mon appartement. Dont la serrure a été changée. Sans qu’on me donne un double des clés. Outch .
— Rien que de te voir respirer, ça me fout les nerfs !
— Pardon d’être toujours en vie !
D’un coup de guidon, elle redresse sa Fiat 500 sur les rails et envoie mon crâne cogner contre la vitre.
— Excuse-toi plutôt de sortir connerie sur connerie !
Je balaye sa remarque de la main. Pourquoi j’ai choisi de travailler avec elle, déjà ? Parce que c’est la meilleure, d’accord, mais elle bat aussi les records de mauvais caractère.
— Pour quelqu’un qui gère la carrière d’un des humoristes les plus prometteurs de sa génération, je trouve que tu manques cruellement d’humour.
Elle lève le poing, et, pendant une fraction de seconde, j’ai peur qu’elle ne m’en colle une. Ça ne serait pas la première fois, puisqu’on en est venus aux mains assez souvent pendant notre période prépubère. À la place, elle cogne le poste de radio, et celui-ci émet un dernier grésillement avant de s’éteindre, nous plongeant dans un silence plutôt agréable.
— Parce que tu trouves ça drôle, déclarer que tu reviens dans trois mois avec un nouveau spectacle, alors que tu n’as pas écrit une ligne depuis ton divorce ? s’époumone-t-elle.
Je lève un doigt que je pense intelligent.
— Oui, mais qui mieux que moi pour parler de ça ?
Cette fois, je me la prends, la tapette derrière le crâne.
— Tu n’es qu’une épave. Et si tu n’avais sorti que cette idiotie, j’aurais pu passer au-dessus, bien sûr, mais non, il a fallu que tu balances à la presse que tu pars t’isoler sur une île paumée, dans un phare où il n’y a pas de réseau, ni d’Internet, peut-être même pas l’eau chaude !
Je lève les yeux au ciel, replaçant les mèches de cheveux qu’elle vient de décoiffer. Même dans la dépravation, je tiens à avoir de l’allure. Oui, j’ai une barbe de trois jours mal taillée – enfin, dirons-nous, quelques poils qui se battent en duel, plutôt –, mais j’ai pris soin d’y enlever les miettes qui y étaient piégées. D’accord, j’ai des cernes de trois kilomètres de long, d’où les lunettes de soleil, bien qu’on approche du point le plus éloigné du soleil en France.
— Et bien sûr, tu m’as laissée m’occuper de tous les détails, comme savoir s’il y avait des phares qui accueillent encore les touristes pour ce type de demande…
Un panneau nous indique que la ville d’Audinghen n’est plus qu’à une dizaine de kilomètres, ainsi je décide de mettre de l’eau dans mon vin, afin de calmer la situation et que notre séparation ne se finisse pas sur mon corps transformé en punching-ball.
— Marciella, bella, chantonné-je de mon meilleur accent italien. T’es payée une fortune pour ça.
Aïe, cette claque, je ne l’ai pas vue venir.
— Ton petit numéro de l’artiste dépressif et capricieux ne prend pas avec moi, tu pues de la bouche, et t’es minable. Si j’ai accepté de t’envoyer dans ce phare, c’est pour t’éloigner de la presse, parce que j’avais vraiment honte. Tu as osé dire de Franck Dubosc qu’il avait l’ego aussi gros que Sandy kilos. Tu veux déjà avoir un pied dans la tombe ? On ne s’attaque pas à Franck.
Elle a le béguin pour lui, rien de plus…
— Quoi, le prochain, c’est Coluche ?
Je grogne en croisant les bras sur mon buste comme un enfant.
— Non, tu n’oserais pas, commente-t-elle, les yeux rivés sur la route. Encore heureux, c’est la preuve qu’il te reste un peu de bon sens…
Elle a peut-être raison, j’ai un peu abusé. Le problème, c’est que j’ai toujours été trop franc, et moins je vais bien, moins j’arrive à me contrôler. J’ai déjà appris à mes dépens que dans ce milieu – celui de la notoriété –, il ne vaut mieux pas trop dire ce qu’on pense à voix haute. Enfin, ça passe lors d’un sketch bien piquant, parce que l’humour noir fonctionne plutôt bien sur le public, mais dans la presse, c’est autre chose. Et encore plus quand on s’en prend aux collègues. J’ai peut-être aussi un peu trop donné mes opinions sur plusieurs débats politiques, ce qui m’a privé d’une partie de mon audience. Les gens sont très à cheval sur certains domaines. Peut-être que je devrais le noter quelque part pour ce prochain spectacle, ça pourrait faire une bonne vanne.
— Bon, heureusement que tu n’as pas fait ton difficile, parce que je t’avoue que je n’ai pas trop eu le choix, ce n’est pas le délire de ces gens, d’avoir un touriste dans les pattes, m’explique-t-elle.
— Pourtant, ça pourrait être un bon coup de pub, dis-je avec innocence.
Marciella tourne un air blasé dans ma direction avant de se mettre à harponner son klaxon parce qu’elle vient de griller la priorité à un mec du coin.
— Tu vas te retrouver à dix kilomètres de la côte, sur une île de quarante-neuf mètres carrés, et t’ai-je précisé sans réseau et sans Internet ? Qui aurait envie de passer deux mois dans de telles conditions ?
Je hausse une épaule.
— Le mec qui garde le phare.
Elle balaye ma remarque d’un geste fatigué de la main.
— Ne t’attends pas à ce qu’il joue les baby-sitters…
Je grimace. Le paysage se fait de plus en plus verdoyant au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans la campagne nordiste, je peux presque apercevoir sa mer qui est, sans vouloir manquer de respect, bel et bien grise. Heureusement que cette nouvelle lubie et mon envie d’isolement tombent un mois de juin, avec un peu de chance, les températures dépasseront les vingt-cinq degrés.
— Il n’est pas là pour te trouver des coloriages ou te faire la lecture… Ou pire, écrire ton spectacle à ta place.
— Alors, là…
— Stop, pas de bobards, je te connais mieux que personne. Soit cette expérience va vraiment avoir un effet bénéfique sur toi, et c’est d’ailleurs pour ça que je l’autorise, soit tu vas te laisser aller, te morfondre un peu plus et tout foutre en l’air juste pour le plaisir de dramatiser. Tu sais, j’osais presque espérer que tu me supplierais de t’emmener à Ibiza pour te dégotter une ou deux paires de couilles pour oublier ton mari. Ton ex. Ex-mari .
— Merci, Marciella… soufflé-je.
Je passe une main sur mon visage et tente, par la même occasion, d’effacer les souvenirs de Tyler, qui s’en est allé de ma vie, et qui a osé emmener avec lui Ficus, notre chien. Je revois encore ses petites pupilles sombres, et ses deux oreilles dressées, son petit corps de saucisson. C’est un supplice de penser à lui… Et à quel point il me manque. Même les promenades sous la flotte, et les cacas à ramasser avec un sac plastique.
— Tu sais que des salles m’ont demandé si on comptait réserver ? Tout le monde croit que dans trois mois, tu seras prêt, et ça ne s’organise pas en un claquement de doigts, surtout si on veut Bercy. Alors, je leur dis quoi ? Oui, non, merde ?
— Oui, bien sûr…
Elle pile à l’embranchement d’un chemin alors que le GPS commence déjà à répéter « dès que possible, faites demi-tour ».
— Tu as intérêt à m’avoir pondu un truc, je te jure, sinon… Je démissionne.
Les deux mains posées sur le tableau de bord devant moi pour éviter de m’y encastrer le crâne, je me tourne vers elle, sous le choc.
— Quoi ? T’oserais pas !
Furieuse, elle commence à grogner, et son regard me lance des éclairs.
— Marciella bella, mi amore …
— Je suis Portugaise, pas Italienne, fait-elle remarquer.
Mon agent actionne les essuie-glaces, qui se mettent à grincer alors qu’ils apprécient peu la bruine légère qui recouvre le pare-brise.
— Je sais que toi et moi, on a eu nos différends, sur pas mal de sujets,

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