Cœurs écarlates
240 pages
Français

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Cœurs écarlates , livre ebook

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Description

Il s'appelait William. Sa gentillesse n'avait d'égale que la rancœur de Kiëran, ce garçon perturbé, prisonnier d'une violence inarrêtable. William l'avait aimé, Kiëran l'avait détruit, et tout s'était fini.


Quatre ans plus tard, de retour dans la ville de son enfance, William est devenu Isaac. S’il se sent désormais prêt à reprendre sa vie là où il l’a laissée, c’est compter sans la présence de l’ancien bourreau du collège.


Mais Kiëran n’est plus tout à fait le même non plus. Démoli, accablé par le remords et le poids d’un quotidien qui l’étouffe, il n’a eu de cesse de combattre celui qu’il était dans le passé. Et s’il est convaincu qu’il ne sera jamais « quelqu’un de bien » et ne mérite aucun pardon, il a pourtant toujours espéré pouvoir un jour s’excuser.


Peut-être est-ce cette obsession qui lui permet de reconnaître la lumière de William derrière le ténébreux Isaac. Ni l’un ni l’autre ne se sont oubliés, après tout, malgré tout.


Et si ces mêmes souvenirs douloureusement ancrés pouvaient les réunir, apaiser leurs maux, soigner leurs âmes ? Guérir leurs cœurs écarlates ...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2021
Nombre de lectures 9
EAN13 9782375212097
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Garance De Jorna
Cœurs écarlates
Mix Éditions
 
N° ISBN Papier : 978-2-37521-208-0
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-209-7
© Mix Éditions 2021, tous droits réservés.
© Mix Éditions et Adobe Stock, pour la présente couverture.
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : Octobre 2021
Date de parution : Octobre 2021
Mix Éditions :
200 route de Bordeaux, 40 190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.mix-editions.fr
 
Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.
 
Art L335-2 du CPI : Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Seront punis des mêmes peines le débit, l'exportation, l'importation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 750 000 euros d'amende.
 
Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l'un des droits de l'auteur d'un logiciel définis à l'article L. 122-6.
 
À lui, à toi. À tous ceux qui, un jour, ont subi la violence des mots et des coups.
À vous, à moi. À nous.
 
« This isn't what I wanted to be
I never thought that what I said
Would have you running from me
Like this
The very worst part of you
Is me »
Linkin Park, Lying from you.
 
CHAPITRE 1
JE M’APPELLE WILLIAM
Isaac
Je ne m’arrête pas, je ne me retourne pas ; je me contente d’avancer. Aucune erreur ne m’est permise. Mes pieds me guident vers un monde que je pensais ne plus revoir. Jamais. Et si mon corps me hurle de continuer, mon esprit, lui, me supplie de reculer. Sauf que ce n’est plus une question de choix. Mes résolutions me reviennent, se répètent, me font cogiter jusqu’à me déstabiliser.
Pas de faux pas .
J’approche encore.
Ne les regarde pas .
Paré de l’expression la plus indifférente possible, je lève la tête. Aussitôt, mon cœur crisse dans ma poitrine et ses battements si réguliers chancellent avec mon souffle devenu dément. Cette image ordinaire murmure à mon oreille comme une torture nouvelle, une raison supplémentaire pour m’arrêter. Si seulement je le pouvais…
Concentre-toi .
Combien sont-ils ? Cent ? Deux cents ? Peut-être moins. Alors, pourquoi est-ce qu’il y en a des milliers qui m’apparaissent ?
La musique crie, couvre ces foutues voix aux intonations et connotations innombrables. Je porte mon regard sur le sol mouillé par la bruine de novembre, sans ralentir cette allure que j’espère discrète. Je me sens con.
Loin, bien plus loin, je peux m’adosser à un mur et m’autoriser un moment pour respirer. Ma gorge brûle avec le froid, gonfle contre ma peau à mesure que les larmes me montent aux yeux, indésirables et incontrôlables. Du revers de la main, je les chasse et empoigne dans mon sac un carnet rouge, gribouillé sur chaque centimètre de sa couverture. La mine de mon critérium frappe le papier, si fort qu’elle se brise. Bordel. La colère naît. Et mon dessin reprend. Avec lui, mon évasion commence son chemin à travers mes traits et suit les mouvements presque désinvoltes de mon poignet. Les bruits deviennent secondaires. À vrai dire, tout le devient. Seule la mélodie compte encore, chante avec mon inspiration. Les ratures s’unissent, forment à plusieurs détails près le croquis que j’avais façonné dans ma tête.
Alors que je m’apprête à terminer les hachures de l’ombre, le flou s’agite autour de moi, me forçant à relever la tête. Le portail est ouvert et déjà les élèves pénètrent dans l’enceinte du lycée. Ils se fraient un chemin entre les grilles surveillées, celles que mon âme a peur de franchir.
— Isaac.
Je sursaute quand la voix de mon cousin, faussement moqueuse, m’extirpe de mes pensées. Je me tourne vers lui et mon regard paraît l’amuser. Ses lèvres charnues s’étirent un peu plus, tandis que ses yeux bleus me dévisagent avec malice.
— Tu ressembles à un comateux, lâche-t-il en penchant la tête sur le côté.
En guise de réponse, je soupire pour réprimer un sourire. Même à dix-sept ans, c’est à se demander s’il n’est pas resté bloqué à huit. Il ne s’arrêtera jamais.
— T’vas pas mourir tout de suite, hein ?
— T’es con, grogné-je.
Mathieu papillonne des cils et me charme de sa moue qui se veut innocente. Un rire silencieux m’échappe alors qu’il se place à mes côtés. Aussitôt, sa présence m’insuffle de la bienveillance, estompe la colère, même s’il en reste des traces indélébiles.
— Détends-toi, t’es aussi raide que mamie, s’amuse mon cousin.
— T’es drôle, toi, j’ai pas été au lycée depuis…
— Ouais, je sais. Tu radotes, comme elle d’ailleurs.
Un soufflement se glisse hors de ma gorge, mêlé d’un sourire discret. Je reporte mon attention sur la vingtaine d’élèves restants. La sonnerie froisse mes tympans et, au même moment, Mathieu me lance :
— Prêt ?
L’œillade que je lui jette lui tire une grimace. Sans un mot de plus, il m’emboîte le pas, saisit mon bras et me force à avancer. De nouveau, l’angoisse cheville mon estomac tandis que mes pieds m’approchent de la grille. Tel un automate, je rive mon regard sur le sol. Lui n’émettra aucun jugement, ne se moquera pas. Lui s’indifférera de moi.
Dix pas, compté-je .
Des élèves m’encerclent, mes muscles se gainent, prêts à me défendre. Je courbe l’échine, cligne rudement des paupières dans l’espoir de m’ôter ces images. Ces douleurs. L’étreinte de Mathieu diffuse en moi de l’apaisement, me promet que tout va bien se passer. Je ne peux pas me fier à elle. Je ne peux me fier à rien. À personne.
Cinq pas .
Je m’oblige à lever les yeux, le cœur martelant mes côtes. Lorsque je me confronte à ces regards sinistres, la chaleur s’empare de moi, à laquelle se joint l’atroce envie de déserter les lieux. Lèvres scellées, mon visage ne montre qu’une banalité crédible. J’en suis certain, je ne me suis pas entraîné pour rien. Personne ne peut voir la colère, encore moins la peur.
De la peur, il n’y en a plus.
Je passe la grille en serrant les dents, la respiration éreintée par les coups pressés dans ma poitrine. Mathieu les calme d’une nouvelle pression sur mon poignet. Il pivote vers moi sans freiner et me sourit. Simple geste qui signifie tant. Les élèves se dispersent vers les entrées des bâtiments et le poids sur mes épaules se dissipe. J’inspire ; il faut que j’apaise cette foutue colère.
— Hé.
Mathieu s’est arrêté et me regarde avec une étincelle moqueuse dans ses iris azurins.
— Tu vas tout déchirer, affirme-t-il en plantant son coude dans mes côtes.
Je fronce les sourcils, j’ignore quoi faire de plus. Ses paroles auraient pu me rassurer, mais quoi qu’il dise, je sais qu’il va m’abandonner. Sans lui dans cet amas d’hypocrisie, je ne suis pas sûr de pouvoir tenir.
— Ta salle est dans le bâtiment 4, premier étage, reprend-il en me désignant la grande porte numérotée. On se retrouve pour le déjeuner, d’acc’ ?
Je déglutis, tire sur ma mitaine et hoche enfin la tête.
— D’acc’, acquiescé-je avec une conviction feinte.
Mathieu m’adresse un énième sourire avant de s’éloigner jusqu’à disparaître. Je sais qu’il s’est retenu de lancer la moindre remarque, celle qui m’ordonnerait de ne pas faire de vagues ; je le leur ai promis.
Je reste immobile, les doigts crispés au point de me faire mal, et observe les gens. Ils ne me voient pas, ils ne font même pas attention. Quatre bâtiments imposants m’entourent, scellés par des préaux, construits depuis des dizaines d’années déjà. La pierre grise les rend encore plus maussades malgré leurs fenêtres rouges et leurs lianes grimpantes. Mes yeux balaient la cour, avant de rencontrer l’éclat des siens. Sombre, répugnant, cruel. À ces orbes s’allie un visage ; son visage.
Kiëran est là.
Pourquoi ? Comment… ?
Comment peut-il être encore ici ?
Je me fige. Les coups fusillent mon torse. Mes jambes se mettent à trembler. De rage seulement. Un instant, j’ai l’impression que Kiëran me fixe, mais il dévie son regard du mien et continue son chemin. Lui n’a vu qu’un inconnu. Moi, j’ai vu l’enfer. Celui que j’ai déjà foulé et que je m’apprête à affronter une seconde fois.
La colère me prend à la gorge. Il ne devrait plus être ici. Mes doigts me piquent et je ferme les poings. Je me retiens, muselle la haine qui m’ordonne d’assouvir mes envies, mes rêves dévorants. Avec la fureur ressurgissent les souvenirs, les images enfouies. Il est si près. Je l’observe passer, m’efforce de respirer. Tout ce je suis parvenu à accepter durant des années s’enflamme en l’espace d’une seconde.
Il n’a pas changé, il est resté le même : un mince sourire hypocrite sur sa gueule d’ange, une lueur douce dans ses prunelles mordorées, une expression laissant transparaître une gentillesse sans nom. Mais c’est un monstre qui habite son esprit.
L’horrible nausée me saisit, la rage s’accentue. Je ne bouge pas. Je n’en ai pas le droit. Je veux partir, courir loin ; c’est ce que maman me conseillerait. C’est ce que William me supplierait de faire, lui aussi. Mais il faut que je raie cette partie de l’histoire. Il ne sait pas qui je suis, il ne le saura jamais. Au moins pour au

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