Comme l'envol des oies

Carmen Belzile

Description

Anne Savoie a toujours eu honte de ses origines modestes. Avec David, son grand amour, elle réalise son rêve: travailler dans l’entreprise de sa belle-famille, gravir les échelons de la société, goûter enfin au luxe et au succès. Puis, survient la tragédie : victime d’un accident d’escalade, son chéri meurt subitement et l’univers de la jeune femme s’écroule.
Profitant du drame pour se débarrasser de cette bru sans manière qu’elle a toujours détestée, Ruth Lampron, la belle-mère d’Anne, donne le coup de grâce : elle évince la veuve de la compagnie et la prive de tous ses avantages sociaux. L’unique consolation pour Anne sera ce chalet délabré et inhabitable, sur les berges du Saint-Laurent, laissé en héritage.
Seule et désemparée, Anne n’a d’autre choix que de tenter de reconstruire sa vie dans ce village qu’elle découvre à travers ses habitants. Replacera-t-elle tous les morceaux de sa vie; goûtera-t-elle de nouveau à l’amour?

Sujets

• Romance
• Fiction

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 23 mars 2016
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782897580896
• Langue: Français

Extrait

Comme l envol des oies
Guy Saint-Jean diteur
3440, boul. Industriel Laval (Qu bec) Canada H7L 4R9
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Guy Saint-Jean diteur Inc. 2016
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R vision: Fanny Fennec
Correction d preuves: milie Leclerc
Photo de la page couverture: iStock/RelaxFoto.de+ kn1
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et Archives Canada, 2016 ISBN: 978-2-89758-088-9 ISBN ePub: 978-2-89758-089-6 ISBN PDF: 978-2-89758-090-2
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Imprim au Canada
1 re impression, avril 2016
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CARMEN BELZILE
Comme l envol des oies
ROMAN
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Adriana Trigiani L Italienne Bienvenue Big Stone Gap

Pour votre amicale complicit , H l ne et Jean Lorraine et Andr Lucie et Yvon Lucille et Bruno
Table des mati res
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Epilogue
Ouvrages de r f rence
Le jardin au clair de lune
Prologue
Chapitre 1
Anne Savoie ignorait que cette journ e changerait jamais le cours de sa vie. Elle roulait sur l autoroute 20, interminable, direction est. Triste et froide, une pluie d avril cr pitait sans arr t sur le pare-brise depuis le d part de Laval et s intensifiait mesure qu elle progressait. Maintenant, le vent soufflait et rendait la conduite plus difficile. Presque toutes les possessions d Anne emplissaient le coffre et occupaient le si ge arri re de sa voiture. En fait, ce qui lui restait apr s le passage de la tornade Ruth Lampron, sa belle-m re durant quinze ans, ses ann es aupr s de David. Tout avait bascul au d c s de celui-ci, survenu six mois plus t t. Son monde de r ve s tait teint avec la mort de son amoureux.
Un ciel gris violac l escortait, un ciel plus sombre mesure qu elle s approchait du chalet l gu par sa belle-famille. Une compensation pour son apport la compagnie, avait pr cis Ruth. Sans doute pour se donner bonne conscience et para tre charitable. Sa destination: Berthier-sur-Mer. Apr s la mort de David, un grand voile noir avait envelopp Anne. Cette brume commen ait peine s vaporer, quand la chute libre l avait pr cipit dans un trou sans fond. Maintenant, elle se rendait dans un coin perdu.
Quittant la voie rapide, elle tourna sur la droite, dans le stationnement d un poste d essence pour faire le plein. Comme personne ne venait la servir, Anne sortit de sa voiture, s empara du boyau de la pompe. Les mains glac es, elle temp tait int rieurement contre ce lieu ex crable: "Foutu patelin, m me pas de service. Elle entra dans un d panneur exigu pour payer avec l impression de d ranger l employ nonchalant qui, les yeux riv s sur l cran d un petit t l viseur, suivait une partie de hockey. Il pointa le restaurant adjacent pour indiquer les toilettes. Quelques clients s attardaient dans la salle manger bruyante et sombre: cinq hommes juch s sur les tabourets du bar jasaient entre eux et avec la serveuse. "Un restaurant banal et sans personnalit jugea la jeune femme. Heureusement, les toilettes taient impeccables de propret .
Reprenant la route vers le fleuve, Anne tourna droite sur la 132. D apr s son GPS, environ un kilom tre la s parait de sa destination et selon un plan trouv parmi les papiers du chalet, elle savait qu il voisinait un motel-restaurant. Elle ralentit en voyant l enseigne vaciller au vent. Elle eut juste le temps d apercevoir la porte et les volets jaunes de sa nouvelle propri t , presque incandescents dans l obscurit qui s installait, si bien qu elle rata l entr e. Elle dut revenir sur ses pas. Anne teignit le moteur de la voiture, mais laissa les phares allum s; elle observait le b timent devant elle. La d ception et surtout la col re embu rent ses yeux. Certes, elle s attendait une maison plus modeste que celle de Morin-Heights - la r sidence secondaire des Lampron, son ancienne belle-famille. Mais pas a! C tait ni plus ni moins qu une cabane qu elle avait sous les yeux. Ce qui avait l air de volets aux fen tres donnant sur la rue tait en r alit des panneaux de contreplaqu peints. Elle n avait nulle part o aller, se retrouvait sans travail et ne disposait plus de ressources financi res. Ceux qu elle croyait ses amis s taient vapor s rapidement suite au d c s de David. Sa m re lui aurait sans doute ouvert sa porte et ses bras, mais un m lange de honte et d orgueil l emp chait d envisager cette avenue pour le moment. Plus tard, quand elle serait install e, elle irait la voir.
Fouillant dans son sac pour mettre la main sur la cl , Anne affronta les l ments sous l clairage des phares de sa voiture et t tonna pour ins rer l objet dans la serrure. Ses doigts taient gourds, mais la porte c da sans se faire prier. Elle trouva facilement l interrupteur; une faible lueur se r pandit l ext rieur. Anne revint la voiture, teignit les phares, s empara d un sac et p n tra dans le chalet.
Elle se figea devant ce qu elle apercevait. Une cabane au fond des bois n aurait pas t pire. Elle hurla de rage, remplie d une col re adress e sa belle-m re, responsable de cette calamit : "Maudite v , attends un peu et tu go teras ma vengeance! La force de la pluie qui claquait sur le toit enterra son cri de d sespoir. Pendant de longues minutes, l cho de sa col re rugit travers la violence du vent et de la pluie. Un tat d abattement eut raison d elle, le d sarroi inonda ses joues et d posa sur ses fr les paules un lourd bloc de ciment. La solitude, la d ception des derniers mois et la fatigue de cette interminable journ e l crasaient. Anne tait aussi d sempar e qu une petite fille laiss e dans un sombre placard dont on a verrouill la porte.
Reprenant ses esprits, elle se for a d tailler les lieux. a se voyait, a se sentait; l endroit tait abandonn depuis des ann es. Une odeur de poussi re et de renferm envahissait la place. Elle vit deux minuscules chambres au fond et un semblant d escalier, ou plut t une chelle qui montait vers un grenier. Devant le foyer tr nait un divan couvert d un drap tach et parsem de cadavres de mouches. c t , une vieille table et des chaises d pareill es occupaient l espace central, avec tout autour des petits meubles d appoint, tous d sassortis. De lourdes tentures brun sale habillaient un mur entier. Elle fit quelques pas et aper ut une cuisine, laide, minuscule et d labr e. Les lectrom nagers devaient dater des ann es cinquante, quelques panneaux d armoire taient de travers et l un pendouillait sur une seule penture. Une seconde porte ext rieure donnait sur le c t . Pr s de la table, une embrasure laissait entrevoir une salle de bain. Anne y entra et actionna l interrupteur. Rien!
Elle remarqua les marques de boue laiss es sur le sol. Si elle transf rait les bagages sous cette averse, cela empirerait les choses. Un bourbier, voil o elle se retrouvait, un vrai bourbier! Rien pour lui remonter le moral.
Brusquement, un bruit de mitraillette retentit. Anne crut que quelqu un lan ait des cailloux dans les vitres. Les panneaux qui obstruaient les fen tres assourdissaient et amplifiaient ce tintamarre. Elle ouvrit la porte: la pluie se transformait en glace sous l effet du vent. Ce qui se d roulait sous ses yeux l effrayait. Le gr sil cognait sur la voiture, le toit, le gravier. Le sol boueux buvait cette "slush . Elle y vit un mauvais pr sage. D courag e et devant l tat pitoyable des lieux, elle fulmina en levant la voix. "C est pas vrai que cet endroit est d sormais mon toit, il est hors de question que je dorme ici ce soir. Le panneau