Constance et séduction
181 pages
Français

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Constance et séduction , livre ebook

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Description

Après le décès de leur père, Isobel et Helen Westlake sont forcées d'abandonner la demeure dans laquelle elles ont grandi et déménagent à Chester dans le nord de l'Angleterre. Tandis qu'Isobel entretient une relation amicale avec Adam, tout en tentant de mener sa carrière et de veiller sur sa cadette, Helen fait la connaissance du flamboyant Oliver Vane... Amour, frustration et surtout vérités cachées sont au rendez-vous de cette réécriture moderne de Raisons et sentiments de Jane Austen.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 136
EAN13 9791091549714
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jess Swann






Constance et séduction
© 2015

Éditions Artalys
504 rue de Tourcoing – 59420 Mouvaux
http://editions-artalys.com

Illustration : AbigailDream



ISBN 979-10-91549-71-4
Pour Olivier, qui voulait être le « méchant » de l’histoire.
Chapitre 1


L’odeur de la terre fraîchement retournée saturait l’air ambiant et la première pelletée rendit en s’écrasant un son mat odieux que je ne serais jamais capable d’oublier. Les ongles d’Helen s’enfoncèrent dans mon bras tandis que ses sanglots enflaient et recouvraient le bruit sinistre de la terre qui recouvrait peu à peu le cercueil de notre père. Les yeux remplis des larmes qui se refusaient à couler, j’allongeai le bras pour enlacer ma sœur.
« Ne regarde pas », lui soufflai-je.
Helen leva ses grands yeux verts vers moi et secoua la tête.
« Oh Isobel, comment ça a pu arriver ? La dernière fois que nous l’avons vu, il semblait si… »
La fin de sa phrase se perdit dans un nouveau sanglot déchirant et je l’attirai plus étroitement contre moi. Je caressai ses longs cheveux blond vénitien tandis qu’elle enfouissait son visage dans mon cou pour ne plus voir les fossoyeurs faire leur macabre travail. Quant à moi, je restai face à la tombe qui se remplissait, les yeux secs. Je pleurerais plus tard, lorsque je serais seule dans ma chambre, lorsque je n’aurais pas Helen à consoler. Pour l’instant, je ne pouvais pas m’offrir le luxe de m’abandonner au chagrin. Pas devant tous les amis et les associés de papa venus lui adresser un dernier adieu.
Nous étions au premier rang, celui réservé à la famille. À côté de nous, il y avait notre aîné, Lowell, et sa femme, Lauren. Nous aurions dû nous rapprocher dans cette épreuve mais pourtant nous étions plus éloignés que si un mur nous séparait. Dans mon cou, Helen laissa échapper un nouveau sanglot et les yeux de glace de Lauren me transpercèrent.
« Est-il nécessaire qu’elle se donne en spectacle à ce point ? » l’entendis-je murmurer à notre demi-frère.
Lowell soupira.
« Helen a toujours été sentimentale, Laurie, ça fait partie de son charme. »
Ma belle-sœur haussa les épaules d’un air méprisant puis posa sa main sur celle de son mari tandis que je caressais toujours les cheveux d’Helen en regardant mon père partir pour sa dernière demeure.

Les derniers amis et associés partis, nous nous retrouvâmes dans le grand salon de notre maison. Ma sœur avait enfin séché ses larmes et buvait à petits traits un verre de cognac. Lowell s’éclaircit la gorge.
« Isobel, Lauren et moi allons devoir vous laisser. Le notaire nous attend et nous ne voudrions pas être en retard. »
Sa déclaration sortit Helen de sa triste apathie.
« Et nous ? On ne devrait pas y aller aussi ? »
Je me tournai vers notre demi-frère qui s’empourpra légèrement.
« En fait non, vous n’êtes pas concernées attendu que… »
Il s’interrompit et évita mon regard.
« Mais ne vous inquiétez pas, j’étais présent lorsque papa a rendu son dernier souffle et je sais qu’il avait prévu des choses pour vous deux et…
Lowell, le coupa Lauren d’une voix tranchante. Allons-y, sans quoi nous serons en retard. »
Notre frère nous adressa un sourire d’excuse et ses yeux s’arrêtèrent sur Helen.
« Est-ce que ça va aller ? » me demanda-t-il.
Son inquiétude pour notre cadette me réchauffa un peu le cœur et je le rassurai avant d’aller m’asseoir aux côtés de ma sœur.
Après leur départ, elle pleura longuement et je me forçai à rester forte pour ne pas ajouter à son chagrin. À présent que papa avait rejoint notre mère dans la tombe, Helen était ma seule famille tout comme je l’étais pour elle. Bien entendu, il y avait Lowell, notre grand frère, mais nous n’avions jamais été très proches. Il était le fils de la première femme défunte de papa et n’avait jamais accepté son remariage avec notre mère.
« Nous aurions dû être là, sanglota Helen. Quand je pense que nous n’avons même pas pu lui dire au revoir. »
J’étouffai un soupir et tentai de la raisonner.
« Personne ne pouvait deviner ce qui allait arriver.
Non, si on avait pu prévoir que papa aurait une attaque, on ne serait pas parties en Italie », gémit Helen avant de fondre en larmes à nouveau.
Inquiète, je l’aidai à rejoindre sa chambre et l’installai dans son lit avant d’aller me coucher à mon tour.

Une fois seule, je libérai enfin les larmes qui m’oppressaient depuis l’appel de Lowell, trois jours plus tôt. Je les avais passés dans une sorte de brouillard anesthésiant. Helen, paniquée en apprenant l’hospitalisation de papa, n’avait été d’aucun secours et j’avais dû me charger seule d’organiser notre retour en Angleterre. Lorsque nous avions atterri à Londres, Lauren nous attendait pour nous annoncer que notre père n’avait pas survécu. Helen s’était effondrée. Je l’avais consolée de mon mieux, refoulant ma peine pour ne pas craquer à mon tour et je m’étais efforcée de seconder Lowell dans les préparatifs de l’enterrement, répondant à toutes ses questions afin qu’il ne soit pas tenté de s’adresser à notre cadette. À présent que tout était terminé, je pouvais enfin pleurer mon père.

Le lendemain, Helen allait un peu mieux. Le fait de retrouver le cadre familier de notre maison y était sans doute pour beaucoup et je me réjouis de la voir manger avec appétit. À vingt ans, elle était trop jeune pour déprimer bien longtemps. Lauren et Lowell nous rejoignirent dans la salle à manger. Une angoisse sourde monta en moi devant la mine piteuse de notre frère et l’air triomphant de sa femme.
« Isobel, Helen, quand vous aurez terminé votre petit-déjeuner, j’aimerais vous parler de l’avenir, déclara pompeusement Lowell.
Déjà ! s’exclama Helen. Mais, on vient à peine d’enterrer papa », acheva-t-elle d’une voix misérable.
Je lui pressai la main tandis que Lauren lui lançait un regard glacial.
« Nous avons des dispositions à prendre, Helen. De plus, Isobel et toi, vous n’êtes plus des petites filles et il serait temps que vous commenciez à agir en adultes. »
Les épaules d’Helen se raidirent et j’intervins précipitamment pour ne pas laisser ma sœur répondre avec son impulsivité coutumière.
« Tu as raison, Lauren. Plus vite nous aurons cette conversation, mieux ce sera. »
Ma belle-sœur secoua ses cheveux éclaircis à grands renforts de teinture et m’adressa un regard aussi bleu que froid.
« Nous vous attendrons dans la bibliothèque. »
Je me contentai de hocher la tête tandis qu’ils nous laissaient seules.
Helen me regarda d’un air furibond.
« Pour qui elle se prend ? De quel droit nous donne-t-elle des ordres dans notre propre maison ? »
Je m’efforçai de la calmer et lui masquai mes propres inquiétudes. Notre maison était en fait celle de la première femme de papa et, au vu du sourire de Lauren, je commençai à appréhender sérieusement la conversation que nous allions avoir.

Lorsque nous rejoignîmes Lowell et Lauren dans la bibliothèque, ils étaient en pleine conversation et j’eus à peine le temps de saisir les derniers mots de ma belle-sœur : « Allons, c’est beaucoup trop, pense à notre petit Eddie », avant qu’elle ne s’aperçoive de notre présence. Je les regardais avec circonspection tandis qu’Helen, imperméable à tout ce qui n’était pas notre chagrin commun, se laissait tomber dans le fauteuil le plus proche.
« Tu t’es assis à la place de papa », gronda-t-elle Lowell.
Notre frère ébaucha le geste de se lever avant de se raviser. À la place, il se tourna vers sa femme.
« Va installer Edward devant la télé puis rejoins-nous, chérie. »
Lauren et notre neveu sortis, un silence lourd s’installa. J’en profitai pour observer cet étranger qu’était notre demi-frère.
Les années n’avaient pas été clémentes avec lui. Le jeune homme élancé de mes souvenirs avait été remplacé par un homme à la taille épaissie et à l’expression sérieuse dans lequel je peinai à trouver un air de famille. Son embarras était palpable, ce qui me fit redouter d’autant plus la conversation qui allait suivre. Lauren nous rejoignit enfin et, après s’être inutilement éclairci la gorge, Lowell prit la parole d’un ton pompeux :
« Comme vous le savez toutes les deux, j’ai pu prendre connaissance hier du testament de notre père et…
Quelle importance, le testament ! le coupa Helen. Nous avons bien le temps de penser à ces choses-là ! Papa vient à peine de nous quitter…
Ce n’est pas une raison pour ne rien faire », la reprit sans douceur Lauren.
Je me tournai vers notre frère et intervint avec calme :
« Lauren a raison. Continue, Lowell. »
Il m’adressa un coup d’œil de gratitude puis reprit :
« Comme vous le savez, cette maison ainsi que Westlake Agro appartenaient à ma mère. Papa a gardé l’usufruit de la maison et s’est chargé de l’entreprise après sa mort, mais il a toujours été entendu que tout ceci reviendrait un jour à ses héritiers. »
Mon angoisse augmenta.
« Je ne comprends pas, Lowell, intervint Helen d’une voix aigüe. Qu’est-ce que tu veux dire ? »
Notre frère baissa les yeux et Lauren intervint :
« C’est simple : cette maison, ainsi que l’entreprise familiale, sont désormais la propriété de Lowell, nous asséna-t-elle sans la moindre douceur.
Bien entendu, vous pouvez rester ici jusqu’à la fin de l’été, précisa notre frère. Je pense que les six prochaines semaines vous suffiront pour trouver un nouveau logement. »
Mon cœur s’alourdit à la pensée qu’ils venaient bel et bien de nous jeter dehors et je me forçai à répondre d’une voix ferme :
« En effet, c’est tout à fait faisable. »
Lauren m’adressa un petit sourire supérieur tandis qu’Helen protestait :
« Mais… Nous avons toujours vécu ici !
Et vous avez largement profité de l’héritage de la mère de Lowell, rétorqua Lauren.
Nous aimerions pouvoir vous garder près de nous, tempéra notre frère à nouveau. Mais c’est impossible. Nous avons prévu de nombreux travaux dans la maison et le bruit des ouvriers n’est pas l’idéal pour étudier, Helen. »
Sa tentative tomba à plat et il reprit au bout d’un long silence :
« Par ailleurs, vous n’êtes pas sans ressources.

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