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Description

Nick, c'est le gars un peu fêlé. Celui qui vit au jour le jour, porte ses tatouages comme d'autres leur veste de costard, et ne peut empêcher son fichu cerveau de sauter du coq à l'âne. Ce qui aurait tendance à lui jouer des tours.



Nat, Nathaniel en fait, c'est le mec calme et posé. Trop calme. Trop posé. Un comptable comme on en trouve un peu partout.



Dès leur première rencontre, Nathaniel Charrington décrète qu'il va résoudre le mystère Nicholas Holloway. Sauf que tout n'est pas affaire de mathématiques, et certaines équations ne sont pas faites pour rentrer dans une case bien lisse. Surtout quand l'énigme ne se trouve pas forcément là où on l'attendait.



Vous les avez croisés dans Totally Nuts. Venez maintenant découvrir la manière dont, deux ans plus tôt, l'eau et l'huile avaient trouvé le moyen de se mélanger.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782493709028
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Charly ReiŶhardt
Fish & Chips Serie
COUNT ME IN
N° ISBN Numérique : 978-2-493709-02-8 © Charly Reinhardt 2022, tous droits réservés. © Mmc - prodgraph et Stocksy, pour la présente couverture. Dépôt légal : Avril 2022 Date de parution : Avril 2022 Site Internet : https://cha-raev.wixsite.com/charly-reinhardt Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, ladaptation ou la transformation, larrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. Art L335-2 du CPI : Toute édition décrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France douvrages publiés en France ou à létranger est punie de trois ans demprisonnement et de 300 000 euros damende. Seront punis des mêmes peines le débit, lexportation, limportation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans demprisonnement et à 750 000 euros damende. Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de lauteur, tels quils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de lun des droits de lauteur dun logiciel définis à larticle L. 122-6.
À moi-ŵêŵe. Pour uŶe fois, j’ai le droit!
CouŶt ŵe iŶ
Chapitre 1
Nick n’était pas à l’aise avec les hétéros. Il ne l’avait jamais été. Ou peut-être était-ce le contraire ? Peut-être que les hétéros ne se sentaient pas à l’aise avec lui? Cen’était pas qu’il ne les appréciait pas. Vraiment. Nick n’était pas du genre à généraliser, à se dire que les amateurs de nanas n’étaient qu’une bande d’homophobes enragés. C’était même le genre de procès d’intention qui lui tapait sur le système. Il n’endemeurait pas moins un peu méfiant depuis qu’un certain nombre de séjours prolongés à l’hosto lui avaient laissé quelques mauvais souvenirs.
Du coup, Nick préférait vivre sa vie emmailloté dans le confort douillet de la communauté gay. Il était bien conscient de tout ce que cet entre-soi avait d’artificiel et de limité. Mais ça lui donnait une impression de sécurité. De l’eau avait pourtant coulé sous les ponts depuis les premières agressions, alors qu’il n’était encore qu’un ado mal dans ses baskets. Entre-temps, il avait appris à se défendre. Ce qui ne lui semblait pourtant pas une raison suffisante pour tenter le diable.
Donc, s’il devait dresser le bilan: Nick achetait ses fringues dans des boutiques tenues par des vendeurs gays, fréquentait des salons de coiffure gays, des bars et des boîtes gays, s’adonnait à sa séance de muscu hebdomadaire dans une salle de sport gay… En bref, une petite vie placée sous le signe et la protection de l’arc-en-ciel.
Et à sa grande surprise, il semblait bien que Nick se soit dégoté le seul comptable gay à des bornes à la ronde. Il fallait pourtant y mettre du sien vu le coin paumé où il habitait depuis quelques années! Dire qu’il ne l’avait même pas fait exprès…Comment l’aurait-il pu d’ailleurs? En fouillant le net ? « Homme gay, 40 ans, cherche comptable, de préférence gay également, pour développer son activité de vente par correspondance. » Pas sûr que Google aurait trouvé beaucoup de résultats pertinents. Enfin tout était possible sur Internet… Peut-être même qu’un esprit tordu avait eu l’idée de mettre en ligne un site de rencontre dans ce genre-là. Adopte-ton-comptable.co.uk ? Sexanalytics.com ? Non, même lui n’était pas assez secoué pour ça…Toujours est-il qu’en prenant rendez-vous par téléphone avec Nathaniel Charrington, deux semaines plus tôt, Nick ne s’était pas attendu à cet accueil. Il s’était imaginé un vieux hibou, bigleux et un peu chauve. Évidemment, sa taille épaisse serait moulée par l’inévitable chemise blanche. Et il y aurait le costume… Ce foutu costume bleu marine ou noir. Pire qu’un croque-mort.
Quoique ? Lequel des deux jobs était finalement le plus chiant ? Croque-mort ou comptable ? Le premier était peut-être plus fun, du moins à l’époque où les mecs croquaient encore. Ça devait faire un drôle d’effet au vrai-faux macchabée de se réveiller en sentant un type lui boulotter l’orteil!
Mais, à la grande surprise de Nick, Nathaniel Charrington ne ressemblait pas le moins du monde à un croque-mort. Le type face à lui devait avoir peu ou prou son âge. Donc plus jeune que ce que Nick avait escompté.A contrario, l’innommable costard de pingouin était là. Et bien ! Mon Dieu, ces rayures…
Un petit ventre dépassait également de sous sa chemise. Bon, rien d’aussi dramatique que dans ses cauchemars, Nick devait bien l’admettre. C’était même plutôt mignon. Ça allait bien avec le visage poupin et les grands yeux doux cerclés de lunettes. Lesquels yeux s’étaient arrondis comme des soucoupes lorsque Nick avait fait son apparition. Il devait bien se l’avouer: c’était flatteur de faire encore autant d’effet à un type. Pas qu’il passât inaperçu en temps normal, mais tout de même…
Nick n’avait jamais froid, ce qui lui permettait d’exhiber en permanence les tatouages japonais qui recouvraient ses bras et tenaient souvent lieu de manches. Si on y ajoutait sa crête de cheveux rouges, il attirait naturellement les regards. La curiosité et la surprise, il s’y était donc attendu, voire préparé. Ce qu’il n’avait pas vu venir, c’était le rouge qui était monté aux joues de l’autre homme une fois la stupéfaction passée.
La bouche légèrement entrouverte, celui-ci avait détaillé son nouveau client de la tête aux pieds, incapable de s’en empêcher. Nick l’avait vu rater une déglutition et s’y reprendre à deux fois. Puis tout s’était arrêté. Nathaniel Charrington avait rougi comme une pucelle, détourné le regard et lui avait finalement bafouillé de s’asseoir.
Et Nick en était resté comme deux ronds de flan : il venait de surprendre son comptable en flagrant délit de matage. À le materlui! C’était certain puisqu’ils étaient seuls dans le cabinet. Nick s’était retourné pour vérifier…Il se sentait un peu bête. Mal à l’aise aussi… Or si Nick avait horreur d’une chose, c’était bien de ne pas savoir comment réagir. Du coup son cerveau s’emballait et partait en vrille. Exactement ce qui était en train de se produire…Combien de temps avait-il plané ? Difficile à dire. Un petit moment à en juger par le regard bleu posé sur lui. Son vis-à-vis arborait désormais une expression interrogative.C’était toujours la même rengaine : les gens finissaient fatalement par regarder Nick de cette manière quand il laissait son cerveau l’entraîner n’importe où. Hyperactif. C’est le mot que les toubibs avaient balancé à ses vieux quand il était gosse. Maintenant, le terme politiquement correct était 1 TDAH. Ces putains d’acronymes. La nouvelle mode… Nick, lui, n’aimait pas les acronymes. Ces saloperies pouvaient signifier tout et n’importe quoi. De toute façon, il existait toujours tout un tas de mots et de sigles permettant de pointer ce en quoi il n’était pas normal…Il y avait eu « cancre» avec ses premiers instits. S’ensuivit «hyperactif » donc. Et finalement TDAH. Plus tard encore, il y avait eu « PD». Son préféré… Et encore, ça, ça n’était pas une maladie, quoi que puissent en penser certains. Donc cette fois, si Nick n’était pas
1
Trouble de déficit del’attention avec ou sans hyperactivité.
normal, c’était bien de sa faute. Le prétexte rêvé pour ses vieux qui avaient enfin pu se débarrasser du poids mort. Nick réalisa qu’il devaitvraimentfaire un effort de concentration lorsque les sourcils de son comptable se froncèrent. L’homme se racla la gorge.Monsieur Holloway ? Hein? Oh oui, j’suis là… J’adore la déco! Très classe…Nick se leva de son siège pour pointer une peinture accrochée au mur. Marcherl’aidait à se concentrer. OK, pas totalement. Mais au moins un peu. Il jeta tout de même un œil au tableau pour se donner une contenance. Sans doute une reproduction. Plutôt pas mauvaise pour être tout à fait honnête. Une jolie forêt aux teintes d’automne.Une femme en crinoline se baladait e au milieu des feuilles mortes. Un artiste russe du XIX à en juger par la technique et la signature à peine lisible dans le coin inférieur droit. Nathaniel Charrington le fixait toujours, sans doute pour essayer de déterminer à quel point cet hurluberlu allait lui faire perdre son temps. Au bout d’un moment, il pencha la tête sur le côté, comme si ce simple geste avait le pouvoir de décrypter le mystèreNicholas Holloway.Et au grand étonnement de ce dernier, les yeux bleu tendre ne se teintèrent pas d’agacement, mais plutôt d’une pointe d’humour.Vous savez, en général, les gens sont nerveux avant de voir un psy ou un huissier. Rarement un comptable…Le sourire en coin qui creusait une fossette sur sa joue était tout bonnement adorable. À croquer, en vérité. En d’autres circonstances, Nick aurait sans doute sauté sur l’occasion de le manger tout cru. Les gentils garçons n’étaient pas franchement son genre, mais il commençait à se prendre de l’âge. Il y avait bien longtemps que personne ne l’avait regardé comme ça…Cependant, Nick avait appris à contrôler cette pulsion qui le poussait àremerciertous les hommes lui démontrant un peu d’intérêt. Donc hors de question de faire du gringue à monsieur le comptable ! Et puis il avait besoin de finir ce fichu bilan financier avant que les impôts ne lui tombent dessus. Cette pensée lui permit de se recentrer. En fait, vous devriez être beaucoup plus nerveux que moi ! dit-il. Ha oui ? Une fois que j’aurai tout déballé, vous n’aurez sans doute pas assez de la table pour vous occuper de mon cas…Quand les yeux de l’autre homme s’écarquillèrent avant de devenir vagues, Nick réalisa le double sens involontaire de sa phrase. Il s’empressa alors de brandir la sacoche dans laquelle ilavait entassé pêle-mêle tous les papiers liés à sa société, juste histoire de dissiper le malentendu. En guise d’excuse, il offrit un sourire penaud à son vis-à-vis. Bien, se reprit rapidement ce dernier. Expliquez-moi d’abord ce qui vous amène.En fait, je suis en train de lancer ma boîte. Je vends du matériel de tatouage aux professionnels. Sauf que les chiffres et moi, ça n’a jamais été une grande histoire d’amour. J’ai… hum… un peu de mal à me concentrer de manière générale, mais c’est encore pireavec ces saloperies de nombres. Tout ce qui implique quelque chose de plus complexe qu’une addition dépasse mes compétences.
C’est le cas de beaucoup de monde, répondit Nathaniel.Un sourire rassurant adoucit les courbes rondes de son visage. Maintenantqu’il se retrouvait en terrain familier, le comptable semblait avoir regagné son assurance. Son expression s’était faite encourageante. D’un geste de la main, il indiqua à Nick de se rasseoir. À sa propre surprise, ce dernier s’exécuta et réussit à tenir en place sur la chaise sans se tortiller. Bon, commençons par regarder ensemble ce que vous avez amené comme papiers…Nick acquiesça et récupéra la sacoche abandonnée un peu plus tôt au pied de sa chaise. Le sourire de Nathaniel Charrington se fendilla quand il l’ouvrit et qu’un flot de documents en plus ou moins bon état en jaillit. Nick lui offrit une moue embarrassée. Il se pourrait que j’aie entassé tout ça un peu comme ça venait, expliqua-t-il. Et maintenant que les impôts arrivent, je ne comprendsrien à ce qu’ils me demandent…Seigneur, souffla Nathaniel en avançant la main vers la sacoche. C’est…Le plus innommable foutoir que vous ayez jamais vu ? proposa Nick. Personne ne pourrait dire qu’il n’était pas conscient de ses torts. Ni de ses défauts…Non, ça va juste demander un petit travail de tri. Rien de dramatique…Nick scruta son comptable et comprit que le mec n’en pensait pas un mot. Sa manière de se mâchonner la lèvre inférieure montrait à quel point il redoutait déjà l’ampleur de la tâche. Pour se détourner du geste hypnotique qui attirait fatalement ses yeux vers la bouche de Nathaniel Charrington, Nick s’efforça de plaisanter.Je ne suis pas très doué avec les papiers non plus…À sa grande surprise, ce fut un léger sarcasme qui échappa à l’autre homme.Au moins, vous avez le sens de l’euphémisme… Bon, voyons ça.Sans plus attendre, Nathaniel se saisit de la sacoche dont il commença à extraire le contenu. Il entreprit de trier méthodiquement les documents pour établir quelques piles nettes sur son bureau. Qui ne tardèrent pas à grossir. Exponentiellement. Nick le regardait classer sans rien dire, s’efforçant du mieux qu’il pouvait de ne pas sauter sur ses pieds pour marcher de long en large. Nathaniel s’interrompit soudain et remontases lunettes sur son nez. Dites-moi, vous avez bien démarré il y a six mois ? Nick ne pouvait qu’acquiescer. Par contre, pour ce qui était de la date exacte… Ah si! Il avait fêté ça en ajoutant un motif de plante grimpante sur son omoplate droite. Ça devait être un mardi alors. Jil, son tatoueur attitré, le prenait toujours le mardi. Les autres jours, Nick ne pouvait pas et, le mercredi, Jil allait voir son copain au parloir de la prison. Une rixe dans un bar, de ce que Nick en avait compris. Une histoire bien merdique. Dommage. Ce mec avait vraiment un beau cul. Qui pouvait dire tout ce qu’il allait subir en taule? Une main ferme s’agita face à ses yeux.Monsieur Holloway ? Vous êtes avec moi ?
Oh oui… Je cherchais simplement à me rappeler de la date. Et puis j’ai pensé que j’avais été me faire tatouer ce jour-là, et… C’était bien il y a six mois, précisa-t-il avant de s’interrompre.Nat,Charrington. Qui donc abrégeait le prénom de son comptable à laNon ! Nathaniel première rencontre ?n’avait pas l’air bouleversé par l’avalanche de détails qu’il s’apprêtait à donner. Alors Nick se tut. Putain, il devait vraiment se concentrer ! Mais ce type avait le don de lui embrouiller le cerveau. Comme si son abruti d’encéphale ne taillait pas déjà des 400 mètres haies tout seul ! Donc… Vous avez démarré il y a six mois. Et quand avez-vous trié vos papiers pour la dernière fois ? Dans le silence qui suivit, on n’entendit que le tic-tac de l’horloge pendue au mur.Il y a six mois ? proposa Nick en battant des cils. OK, à entendre le soupir désespéré que poussa Nathaniel, ça n’était sans doute pas la bonne technique pour l’amadouer.Mais je peux apprendre ! Le comptable haussa un sourcil dubitatif. Celui-ci monta si haut qu’il déborda largement de la sobre monture noire de ses lunettes. Il se pencha à nouveau sur les papiers. Pour tout vous avouer, je ne sais même pas par où commencer… Hum, peut-être par vous demander si cette facture de chez… Sushi Palace passe dans vos frais professionnels? Ce disant, l’homme brandit une note de restaurant passablement gondolée. Nick la regarda sans comprendre pourquoi il avait pu la garder. Puis il se rappela que Mike, le serveur de l’endroit, avait griffonné à la hâte son numéro de téléphone après une rencontre plutôt sympathique dans les toilettes pour hommes. Apparemment Nathaniel n’avait pas non plus manqué le « appelle-moi, l’étalon» qui précédait les quelques chiffres. Nick se surprit à rougir devant ce regard qui ne contenait pourtant pas le moindre jugement. Il se saisit précipitamment du papier et le froissa. On va oublier celle-ci, hein ? Nathaniel soupira avant d’enlever ses lunettes pour se masser l’arête du nez entre le pouce et l’index.Monsieur Holloway, je m’en voudrais de me montrer désagréable,mais ne croyez-vous pas qu’il aurait été opportun de procéder à ce petit tri avant notre rendez-vous ? Nick voulut répondre, mais tout ce qu’il put voir ce fut le bleu des yeux de Nat. Celui-ci n’était plus dissimulé derrière les verres un peu épais de ses lunettes. Il était très doux, ce bleu. Pour un peu Nick l’aurait comparé à ces pubs pour de l’assouplissant. «Senteur Marine », ou une connerie du genre. Ou à une layette. Mais ni l’un ni l’autre n’étaient très flatteurs. Alors il allait devoir se direque le bleu tendre était sans doute une couleur, quoi qu’en disent les nuanciers. C’était la première fois depuis bien longtemps que des yeux bleus ne lui rappelaient pas ceux de Buster. Nick ne ressentit même pas la pointe de douleur et de culpabilité qui ne manquait jamais de l’assaillir quand il pensait à son ex. À vrai dire, le bleu tendre de Nathaniel n’avait
rien à voir avec un certain bleu glacier. Les yeux du comptable étaient calmes et posés, et ne contenaient aucune trace de cette colère qui rôdait toujours sous la surface dans ceux de Buster.
Au contraire, ce regard donnait envie à Nick d’y plonger pour s’en envelopper. De s’y blottir. Au calme. Ce qui était plus que surprenant. Nick n’était jamais calme. Ou alors quand il était malade. Oustone.Mais jamais une telle paix ne l’avait envahi au simple contact de quelqu’un d’autre. Aussi son cerveau se permit-il encore une fois de le coller dans une merde noire. Pas de filtre, pas de barrage, rien… La vérité toute nue, sortie d’une partie primitive et incontrôlée de son foutu crâne. Montrez-moi… Je suis sûr que si vous me donniez quelques cours particuliers, en privé, juste vous et moi, j’arriverais à me concentrer! Dès qu’il eut prononcé ces mots, Nick plaqua une main horrifiée devant sa bouche.Et merde! Mais qu’est-ce qui lui avait encore pris ? Il n’en savait foutre rien. Pas plus que son vis-à-vis apparemment, puisque celui-ci en resta sans voix. Nick se sentit devenir écarlate et la brûlure de l’humiliation monta en lui. Et pourquoi Nathaniels’occuperait? Outre le sous-entendu graveleux sur lequel Nick-il de son cas, hein préférait faire l’impasse, sa proposition impliquait que Nathaniel perde des heures et des heures à former un abruti comme lui. Sans compter qu’il risquait sûrement d’énerver l’autre homme qui le verrait alors tel qu’il était et…Non ! Oubliez ce que je viens de dire! Oubliez tout. C’est une mauvaise idée. Vous savez quoi ? Je vais me débrouiller autrement ! Je vais regarder sur Internet. Je vais trouver sur Internet, non? Enfin si Google arrête de me noyer de pubs pour des sites de cul… Oh, merde! Je viens vraiment d’avouer que la pub ciblée me propose uniquement des trucs pornos? À mon comptable ? Enfin ex-comptable, parce que dès que j’aurai réussi à fermer cette foutue sacoche, je vais vous laisser… Je me suis suffisamment humilié comme ça, non? Je suis sûr que vous êtes d’accord avec ça.Monsieur Holloway, tenta de l’interrompre Nathaniel.Mais Nick refusa de croiser son regard et se contenta d’un geste lâche dela main. Il continua de remballer ses affaires à toute vitesse, entassant pêle-mêle tout ce qui avait déjà été trié. Ouais, je sais, je suis un peu timbré. Faites pas gaffe. Bon, je vais vous laisser. Pour régler, je vois avec votre charmante réceptionniste? Enfin si on excepte les socquettes blanches… Merci de m’avoir reçu.Quand la fermeture de sa sacoche accepta enfin de lui obéir, Nick s’enfuit sans demander son reste. Il fit volontairement l’impasse sur la voix de Nathaniel qui ne cessait de l’interpeller et se jeta sur la porte du bureau pour le quitter telle une tornade. Passant en trombe devant le comptoir de la secrétaire, il ralentit à peine pour y déposer deux billets de cinquante livres. Pourvu que ça soit assez…Gardez la monnaie ! dit-il avant de s’enfuir comme s’il avait le diable aux trousses.Il traversa le parking en un temps record. Son entraîneur serait fier de lui. Il allait devoir lui en parler la prochaine fois qu’il irait à la salle de gym.Oh putain ! Oh putain ! Oh putain !
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