Dark Pinocchio
123 pages
Français

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Dark Pinocchio , livre ebook

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Description

Pinocchio revisité par une auteure LGBT ? Mais attention, pas la version édulcorée de Walt Disney, avec un pantin maladroit, attachant et rempli d’innocence non, un Pinocchio comme l’a écrit à l’origine l’italien Carlo Collodi en 1881 : arrogant, fourbe et ambitieux. D’ailleurs, dans cette version, Pinocchio n’est plus une simple petite marionnette de bois vivante. Elle est une véritable poupée, aux formes sensuelles et aux exigences vivaces, contemporaine et impulsive. Venez rencontrer la marionnette qui rêvait de devenir une vraie femme, suivez sa découverte de l’amour auprès de la fée bleue et affrontez avec elle cet univers complètement fou et onirique.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 juillet 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9781716920349
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DARK Pinocchio
 
 
MARCIA GARY

Copyright © 2020
Tous droits réservés.
ISBN : 9798646810992
 
 
 
Pinocchio signifie en toscan « petit pignon » : graine comestible du pin parasol que l’on trouve au cœur de la pomme de pin .
 
 
 
Ce roman est inspiré de :
« Les aventures de Pinocchio, histoire d’une marionnette », Carlo Collodi, 1881
TABLE DES MATIÈRES
 
 
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
PROLOGUE
MENSONGE NUMÉRO UN
MENSONGE NUMÉRO DEUX
MENSONGE NUMÉRO TROIS
MENSONGE NUMÉRO QUATRE
MENSONGE NUMÉRO CINQ
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
 
 
 
Je remercie Kyrian Malone pour ses idées de collections insolites et son acharnement à nous pousser à toujours plus de dépassement de soi, de défis et de reconnaissance au sein de la littérature francophone.
 
 
 
 
 
  PROLOGUE
 
 
Cerise demeurait un respectable menuisier malgré les années s’abattant durement sur lui. Ses jeunes élèves l’appelaient ainsi, car l’extrémité de son nez rabougri se teintait en fin de journée de cette belle couleur griotte, ce qui n’était certes pas annonciateur d’une bonne santé pour les prochaines années à venir.
Ce matin-là, alors que l’appendice de Cerise semblait encore clair et frais, il tomba nez à nez avec un gros tronc de pin parasol lui barrant le chemin. Peut-être était-ce car cette embûche l’empêchait d’aller se saouler, ou simplement que la forme et l’apparence du bois l’attirèrent, toujours est-il qu’au lieu de l’enjamber pour rejoindre ses amis de comptoir il fit venir ses apprentis et les chargea de mener ce tronc dans son atelier. Était-il victime de la récente tempête qui avait frappé la région ? Avait-il roulé là depuis le haut de la colline ou était-il tombé d’un camion de transport ? Nul ne le sut jamais. Mais l’énorme bûche se retrouva sur la table de travail de Cerise et le vieil homme penché au-dessus avec un air soucieux, mais intéressé. Alors, comme il ne l’avait plus fait depuis des semaines maintenant, le menuisier s’empara de ses outils et entama de raboter ce bois magnifique. De ses mouvements lents naquirent tout d’abord douleur et luxation. Mais peu à peu, comme une mécanique qu’on aurait huilée, la machine recouvra ses gestes d’antan et des formes commencèrent à se dessiner.
Cerise soudain, crut percevoir un cri. Non, pas un cri, se dit-il en relevant la tête de son ouvrage, un gémissement plutôt. Le menuisier observa les alentours, son atelier empli de sciures et de copeaux tombés là, mais ne vit rien ni personne qui aurait pu soupirer. Alors il se réattela au rabotage de son tronc bienvenu. Cette fois-ci, un « aïe » très distinct se fit entendre. L’homme posa son outil et se retira le plus vite qu’il le put — c’est-à-dire assez lentement — de son établi. Car il en était à présent sûr, ce cri provenait bien de l’intérieur de ce morceau de bois.
Au même moment, quelqu’un vint toquer doucement à la porte de l’atelier.
— Cerise ? Vous êtes là ?
— Qui ose m’appeler ainsi ? bougonna le menuisier en ouvrant la lourde entrée.
Un vieux monsieur se tenait dans l’encadrement, pas encore voûté ni bancal, mais les cheveux grisonnants recouvrant bien un visage aux rides marquées.
— Bonjour Maître, s’excusa l’homme, c’est qu’à force d’entendre vos apprentis vous baptiser comme cela, on en oublie votre nom et votre grade !
Cerise s’effaça pour laisser entrer son ami. Ils avaient beau se chamailler à longueur de temps, ces deux compères de toujours, ils n’en demeuraient pas moins des frères de labeur et de fidèles compagnons.
— Que me vaut ce dérangement, maugréa Cerise, vous n’aviez nul autre bougre à aller embêter ?
— C’est que, mon cher confrère, je suis à la recherche d’une grande pièce de bois à tailler, et je me disais que peut-être vous auriez cela en stock dans vos ateliers.
— Oh ! s’exclama Cerise, à moitié réconcilié.
— J’ai dans l’idée de confectionner une marionnette, une belle marionnette grandeur nature qui me tiendrait compagnie. Je la veux solide et douce, bien sculptée et finement ciselée.
Cerise, voyant là l’occasion de se débarrasser de ce tronc étrange et bavard, pointa immédiatement un doigt tremblant de vieillerie vers le fût juché sur son établi.
— Servez-vous donc Geppetto, justement cette bûche-là m’encombrait à présent. Elle est d’un beau bois à brûler, mais peut-être en tirerez-vous quelques brindilles à assembler pour en faire votre jouet.
*
Geppetto rentra en toute hâte dans son humble demeure : une minuscule bicoque à moitié mangée par l’accumulation d’outils de menuisier. Toute une vie à travailler le bois, cela vous rend doué, mais ne vous sauve pas de la pauvreté. Il attendit avec impatience que les apprentis de Cerise amènent cet énorme tronc qu’il avait gagné là. Quand les jeunes le déposèrent lourdement sur la table, dans l’unique pièce de la maison, Geppetto eut les yeux brillants de joie. Le bois lui semblait si frais, si pur, si solide ! Il se mit immédiatement au travail et y passa des jours entiers sans même s’arrêter pour manger ni même dormir quelques heures.
Tout d’abord, Geppetto sculpta la tête. Il la voulait belle et bien faite, cheveux relevés en chignon blond et pommettes hautes, toutes rosées. Quand il fit les yeux, de grands yeux de poupée surlignés de cils infinis, il eut soudain l’impression qu’on le regardait. S’écartant quelque peu de sa création, il vit les grosses billes le suivre et rouler dans leurs orbites bien dessinées. Tandis qu’il s’affairait sur le bas du visage, Geppetto s’entendit parler à voix haute : « puisque tu es faite en bois de pin, je vais t’appeler Piña. » Les paupières colorées par le pinceau habile du menuisier papillonnèrent de joie. En deçà du regard de biche de Piña, l’homme sculpta une bouche gourmande et sensuelle. Il s’appliquait tant sur le contour des lèvres, ourlant les lippes vers l’extérieur, creusant au-dessus un triangle charmeur. Quand il eut fini de tracer la jointure de l’orifice, la poupée se mit à rire et tira une langue rouge sang.
Geppetto, ravi, continua son travail et s’affaira désormais au-dessus d’un corps que déjà il caressait. Le bois semblait frémir sous ses mains, frétillant de vie. Il dessina un cou gracile et des épaules frêles, pleines de soubresauts désinvoltes. Il fit des seins menus, parfaits, deux petites poires surmontées de grains de raisin bien mûrs. Les bras fins paraissaient comme prêts à se casser, mais Geppetto connaissait la solidité de ce bois et s’accorda de la délicatesse dans son tracé. Les hanches serrées dans un corsage noir s’ouvraient sur un jupon léger cachant une paire de fesses ronde comme celles des abricots. Le menuisier, fier de son travail, fier de voir sous ses mains noueuses et fripées se dessiner exactement l’objet qu’il voulait, se dit que toutes ces années de misère n’avaient en rien entaché son talent. Il était pauvre, certes, mais tellement doué ! Même si aucune femme n’avait jamais accepté sa condition, même si la triste sobriété était devenue sa seule alliée, il était resté entier, égal à lui-même. Oh oui, il aurait pu s’abaisser à fabriquer de vulgaires chaises et ainsi améliorer son quotidien, trouver une épouse et qui sait, avoir des enfants ! Mais jamais il ne s’était résolu à faire de lui ce qu’on attendait. Geppetto avait la tête dure comme celle de la marionnette qu’il venait de terminer. La poupée géante prenait enfin vie, séparant tant bien que mal ses jambes nues et finement veinées. Elle se redressait sur le billot et vérifiait que ces articulations roulaient bien comme il le fallait. D’un regard satisfait, elle couvrit son père de reconnaissance et d’amour.
Geppetto ne serait plus jamais seul.
 
 
 
 
 
  MENSONGE NUMÉRO UN
 
 
Il s’avéra que Piña ne savait pas marcher. Elle était comme un petit enfant, l’air espiègle et le corps maladroit. Geppetto l’avait faite tellement belle qu’on aurait dit une vraie jeune femme. Avec tout l’amour d’un papa, il apprit à son pantin de bois à faire ses premiers pas. Tout d’abord gauche, s’emmêlant les ballerines sculptées à même le tronc, Piña avança peu à peu, posant un pied devant l’autre sans basculer cul par-dessus tête. Le vieux menuisier soutenait la marionnette sous les bras, se brisant le dos à force d’être voûté, mais il était si heureux de voir la progression de sa petite. Puis, lorsqu’elle réussit à marcher, il s’écarta un peu d’elle et la laissa évoluer toute seule dans la pièce. Il était si fier ! Tout l’amour qu’il avait mis à la tâche habillait la belle et nul ne résisterait quand il la découvrirait. Soudain, Geppetto réalisa : elle était si jolie que quelqu’un voudrait tôt ou tard s’en emparer ! Il devait la dissimuler, la garder pour lui uniquement, dans la sécurité relative de leur maison. Elle devait faire attention au monde extérieur et aux mâles avides de formes féminines.
Tandis que la poupée sautillait autour de la grosse table en bois, Geppetto voulut la prévenir de tous dangers :
— Ma petite Piña, tu dois te cacher du dehors. Tu dois rester ici avec ton vieux papa et ne pas te montrer aux étrangers. Tu sais les hommes sont vils et les femmes jalouses, et toi ! Toi tu es si belle que quelqu’un tôt ou tard voudra t’emmener loin de moi !
— Oui oui, répondit-elle distraitement en continuant de découvrir sa nouvelle mobilité.
— Piña, reprit Geppetto d’un ton qui se disait plus autoritaire.
Mais il n’avait pas fini sa phrase que la marionnette de bois franchissait d’un bon fabuleux la lourde porte d’entrée.
— Piña !
Mais déjà elle gambadait dans la rue comme une folle échappée d’un asile. Ses pieds se balançaient de gauche à droite et ses bras libérés s’arquaient en de grands soleils illuminés. Ses immenses jambes l’amenèrent rapidement loin de la maison. Et avec ses yeux roulant dans leurs orbites tels des billes de verres toutes bleues et les petits cris de joie qu’elle poussait tous les d

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