L éclosion 1
291 pages
Français

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L'éclosion 1 , livre ebook

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Description

« Nous ne nous sommes jamais rencontrés, mais nos douches sont de chaque côté de l'un des murs de notre appartement, et parfois nous nous douchons en même temps et chantons ensemble. »


Saska ne croit pas en l’amour. Ou plutôt, elle n’y croit plus. Elle ne connaît que la douleur d’une trahison et la brûlure d’un regard enragé. Tout ce qu’elle sait de l’amour, c’est qu’elle n’en veut plus.


Pas même avec lui.


Lui, c’est son nouveau voisin. Elle ne connaît rien de lui, hormis sa voix rauque et brisée. Car, lorsqu’il chante sous la douche, Saska l’entend. Et pour la première fois depuis longtemps, quelque chose l’émeut.


Saska est difficile à cerner, elle ne se laisse pas approcher sans se défendre. Mais il n’est pas du genre à abandonner. Il veut comprendre. Que s’est-il passé pour qu’une femme comme elle, si divine sur la toile, si sensible sous sa carapace, porte un tel chagrin dans ses yeux vairons ? Pourquoi croit-elle à sa propre haine ? Qu’est-il arrivé à son étincelle de vie ?


Ou plutôt... qui la lui a volée ?


Et pourquoi traque-t-il Saska ?


« Comme d’habitude, il ressentit mes émotions. Des fois, je me demandais si nous ne partagions pas un seul et unique fragment d’âme. Nous, atomes de poussière vivants, venions peut-être de la même étoile. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782819106913
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Artem


DE CHAQUE CÔTÉ DU MUR


L’éclosion - 1
« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1er de l’article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. »


© 2021 Les Editions Sharon Kena
www.skeditions.fr
Table des matières
PROLOGUE
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37
CHAPITRE 38
ÉPILOGUE
PROLOGUE
Saska

Si le son le plus déchirant était celui d’une voix sur le point de pleurer, la plus horrible sensation était celle d’un cœur sur le point de lâcher.
J’étais incapable de faire le moindre geste. Les émotions me transperçaient la poitrine avec une violence inouïe, me coupant le souffle comme si j’étais sous l’eau. Aux lisières des abysses les plus sombres de mes sentiments. En apnée parmi les épaves déchues de mon âme.
L’écho de ses paroles dévastait ma cage thoracique et y laissait un trou béant. Pourtant, ce n’était pas l’effet qu’elles auraient dû avoir sur moi, au contraire. Elles auraient dû m’apaiser, m’enchanter, me porter jusqu’aux jouissances du bonheur. Mais non. À la place, je tremblais comme une feuille, prise d’une panique sourde et d’une incroyable douleur. Mes neurones se détraquaient, ma raison s’envolait et chaque seconde s’étiolait pour faire durer le supplice.
— Saska ? me demanda-t-il avec cette douceur insupportable.
Tais-toi, tais-toi ! Encore un mot et je ne serais plus qu’un tas informe de plaies et de sang. La réalité se distordait et ma vision périphérique s’obscurcissait, tandis que mon cœur se trouvait juste au bord du précipice, à quelques millimètres de la chute. Il était déjà en train de perdre l’équilibre.
Ma main se porta d’elle-même à mon buste, comme pour vérifier que mes organes n’étaient pas en train d’essayer de s’échapper. Je ne le sentis pas sous mes doigts, mais mes veines pulsaient à une vitesse folle. Mon sang se transformait en givre. De rouge à blanc. De vie à silence.
Des images qui n’appartenaient pas au présent envahirent mon esprit et me firent perdre pied. Tout à coup, ce ne furent plus deux yeux dorés comme le miel qui me dévisageaient ; ce ne fut plus une maison aux murs jaunes qui m’entourait ; ce ne fut plus Saska qui habitait ce corps. Le passé me frappa, m’abattit à terre, m’acheva de sa fourberie et de ses mensonges trop beaux pour être vrais.
— Nandh’ ? dit une voix aux accents chauds de l’Espagne, tout droit sortie de mes souvenirs bannis. Nandhinie, mi querida {1} , dis quelque chose.
J’ouvris la bouche, mais ma gorge était aussi sèche que du papier de verre. Une souffrance sourde bloquait mes cordes vocales. Je pouvais presque sentir les rayons du soleil caresser ma peau, l’odeur de la lavande et du thym sauvage emplir mes narines, le chant des cigales roucouler à longueur de journée. Mais surtout, la présence prohibée de l’homme qui avait pris tout ce qui ne lui appartenait pas, juste à mes côtés, comme si rien n’avait changé.
Je nous revis, allongés l’un à côté de l’autre dans l’herbe brûlée, à l’ombre d’un vieil olivier au tronc noueux. Je revis sa peau métissée de la couleur du café écrémé qu’il aimait tant boire le matin. Les bras croisés sous sa nuque, il me regardait, me perçant jusqu’à la moelle de ses deux iris vert olive cernés de pattes d’oies. Et grand dieu, je revis sa bouche ourlée et taillée par l’indécence. Je revis tout, dans les moindres détails, comme si j’y étais, là, maintenant.
Et ça faisait mal à en crever.
— Cariño {2} ? Je t’en supplie, réponds-moi.
Quand je me rendis compte de ce qui se passait, dans quel interdit j’étais en train de m’abandonner, une panique mêlée d’adrénaline galvanisa mes muscles et me ramena au présent. J’eus la désagréable sensation de revenir de loin, très loin, tellement loin que mes jambes ne purent plus me porter. Mes genoux tremblèrent et la température sembla chuter de dix degrés après m’être allongée sous le soleil du Sud. Froid polaire. Douleur cuisante.
— Saska ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Je…
Les mots se perdirent sur ma langue. Mon prénom sonnait faux à mes oreilles. Je ne savais même plus qui j’étais. Trop de choses que j’avais tuées se déterraient et me hantaient comme des fantômes insatisfaits.
J’avais du sang sur les mains. Et c’était le mien.
— Je suis désolée, dis-je d’un timbre inaudible, je ne peux pas. Je ne peux plus.
Mon cœur tombait. Je chutais en essayant de le rattraper. Finalement, nous allions tous les deux nous écraser, emportés par un amour qui ne nous avait jamais été rendu et par la frayeur de construire une nouvelle vie sans lui.
— Je n’en suis plus capable, chuchotai-je en fermant les paupières pour retenir mes larmes.
Un silence flottait dans la pièce, érigeant un mur entre nous, un mur que nous avions déjà brisé plus d’une fois. Mais celui-ci était trop épais. Trop haut. Trop solide. Et je n’entendais plus sa voix m’appeler de l’autre côté, clamant des symphonies suaves qui me captivaient comme un papillon autour d’une lumière isolée. Il n’y avait qu’un long vide déroutant qui reflétait sa réponse.
Il l’avait dit alors qu’il n’aurait jamais dû. Je l’avais pourtant averti : je ne serais jamais capable de lui rendre ce qu’il pourrait me donner. J’étais trop usée, trop détruite. Il manquait une pièce pour compléter le puzzle, un boulon pour faire fonctionner la machine. Et malgré toute la volonté du monde, personne ne pouvait remplir un seau troué.
Ses paroles résonnaient dans mon crâne comme une chanson obscène, et la tentation d’en répéter la mélodie était trop forte pour ne pas être trompeuse.
« Je suis tombé amoureux de toi, Saska. »
Mais moi, je n’y arrivais pas. Je n’y arrivais plus.
CHAPITRE 1
Thé à la menthe

Saska

J’étais tombée amoureuse. Ou, plus exactement, j’avais chuté. Il y avait eu un impact et je m’étais brisée.
Je me demandais pourquoi on parlait de « tomber » amoureux . Tomber incluait un déséquilibre, puis un choc, comme s’il fallait d’abord défaillir avant de pouvoir aimer, comme si s’abîmer faisait partie du processus. Pourquoi ne parlait-on pas de « glisser » amoureux ou de « devenir » amoureux ? Pourquoi fallait-il forcément tomber ? Pourquoi fallait-il forcément avoir mal ?
N’importe quelle personne ayant goûté à l’amour vous le dirait : la souffrance change les gens. Et quand j’y pensais, j’essayais d’imaginer ma vie si je n’avais pas connu autant de douleur. Qui serais-je ? Que ferais-je ? Où serais-je ?
Sûrement pas dans un appartement de dix mètres carrés aux murs violet pétard, en tout cas, c’était certain. Mais alors, la question était : qu’est-ce que la souffrance avait changé en moi pour que je me retrouve exactement à cet endroit ?
Je sursautai lorsqu’une vibration agita ma fesse gauche. Je m’étais encore perdue dans mes pensées . Il me fallut quelques secondes pour me reconnecter à la réalité et comprendre que c’était mon téléphone qui vrombissait dans la poche de mon jogging. Je me tortillai pour l’attraper et eus la mauvaise surprise de lire le nom de ma mère. Mes sourcils se froncèrent d’eux-mêmes alors que je refusais l’appel et réprimais l’envie de jeter mon portable à l’autre bout de la pièce.
Je savais ce qu’elle voulait. Et elle savait que je ne le voulais pas. Alors pourquoi s’acharnait-elle ?
Ma mère connaissait très bien les sentiments que je nourrissais envers elle. Pourtant, elle continuait de prendre de mes nouvelles chaque semaine et essayait de garder un semblant de relation entre nous. Elle agissait comme si rien ne s’était jamais passé. Je trouvais ça pathétique. Parfois, je me demandais si elle se rendait compte de l’impact qu’elle avait eu sur moi : sa façon de dénier les faits, de me parler d’une voix câline, de m’envoyer des messages pour savoir comment j’allais… Était-ce elle ou moi qu’elle tentait de convaincre de cette fausse innocence ?
De toute façon, je n’y croyais plus. À mes yeux, mes parents avaient perdu leurs auréoles et leurs ailes blanches. J’avais longtemps pensé qu’ils étaient les personnes les plus parfaites que ce monde pouvait porter. Fatale erreur : ils n’en étaient que la plus piètre espèce. Je les exécrais et ils faisaient semblant de m’adorer. Ça me donnait la vague impression de passer pour une fille indigne, mais je balayais bien vite ce sentiment en me rappelant toutes les horreurs qu’ils m’avaient fait vivre.
Mon téléphone vibra à nouveau et je m’empressai de l’attraper pour raccrocher. Elle finirait par comprendre un jour, non ? Elle finirait par abandonner ? Parce que, moi, j’avais déjà jeté l’éponge. Et je ne le regrettais pas.
Je fus interrompue dans mes réflexions par quatre coups rapides à la porte d’entrée. La surprise me fit littéralement bondir de la chaise à tel point que je portai une main à mon cœur. J’avais horreur d’être une pareille trouillarde, ça me fichait la honte. J’essayai de chasser ces sentiments négatifs alors que j’allai déverrouiller la serrure.
À peine eus-je ouvert l’entrée qu’un typhon solaire me sauta au cou et faillit me

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