De griffes et de sang - 3 - Ecorchée - Livre I
164 pages
Français

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De griffes et de sang - 3 - Ecorchée - Livre I , livre ebook

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Description

Urban Fantasy (Bit-Lit) - 350 pages


Les plans de Léna ont échoué. Devenue une créature de la nuit, elle doit composer avec ses nouvelles capacités et ses nouveaux instincts, malgré tout le dégoût que cela lui inspire. Mais elle n’est pas la seule à avoir changé : le pacte de l’île est tombé, les immortels sont furieux et ils n’ont plus l’intention de se cacher.



La menace rode, l’humanité est en danger, mais comment la protéger quand on est devenu son plus grand prédateur ?


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379613845
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De griffes et de sang – 3 – Ecorchée – Livre I

3 – Écorchée – Livre I

Lily Degaigne
3 – Écorchée – Livre I

Lily Degaigne

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-384-5
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Prologue


L’homme en noir était habitué à ne rien ressentir. Le froid humide de l’automne et l’étouffante chaleur de la maison en flamme lui importaient peu. Il s’était également tenu éloigné de tout sentiment superflu. La peine, la joie, toutes ces émotions inutiles et fatigantes, il s’en était débarrassé, les avait cadenassées tout au fond de lui des siècles plus tôt. Cette habitude l’avait épargné de l’horreur de la guerre et de la culpabilité. Jusqu’alors, il s’en portait très bien.
Et pourtant, ainsi penché au-dessus du petit corps inconscient qui s’était accroché à lui, éperdu de terreur, quelque chose avait changé. Pareil à une bulle de savon qui aurait éclaté dans sa poitrine, un arôme sucré et délicat se diffusait entre ses côtes.
Il se sentait mal à l’aise, mais il accepta cette sensation nouvelle. Attendri, étrangement désolé, il glissa une main sur la joue de la jeune fille. Une perle de sang séchait entre ses clavicules et d’autres entachaient la douceur de son visage.
Il ignorait son prénom. Il y avait de cela quelques minutes, il ignorait même son existence. C’était une héritière de chasseur, une enfant qui aurait dû périr ce soir au nom d’un conflit interminable que les immortels avaient déjà gagné.
Mais elle était particulière. Tout dans sa façon de courir témoignait un entraînement harassant pour une petite de seulement dix ans. Un entraînement qui la préparait à le détruire, lui. L’odeur de son sang, si propre à ses origines, s’était diffusée partout autour d’elle dans la forêt : elle était née pour le combattre et pour le vaincre.
Et pourtant.
Il baissa les yeux sur les poignets délicats de la poupée et glissa machinalement la pulpe de son pouce sur le relief de ses veines. Elle avait les marques. Brillantes et éclatantes aux yeux des immortels, aucun humain n’était en mesure de s’en apercevoir avant les dernières années qui auraient précédé sa transformation.
Elle était l’enfant impossible. Descendante des chasseurs et porteuse de la malédiction. Fille de deux natures ennemies, l’épicentre d’un équilibre créé par des forces obscures et irrationnelles. Elle était exceptionnelle. Et elle était vouée à souffrir le martyre.
Alors, il lui avait tout enlevé, parce qu’il en avait la capacité. Ses souvenirs de combattante, ses marques de maudite : tout avait disparu. Dans ses veines ne coulait plus la sève de la plus grande contradiction de l’univers, mais celle d’une enfant ordinaire. Une simple humaine privée de ses origines, de ses parents et de l’horreur de leur perte.
Il ne pouvait pas la laisser là. Abandonnée par sa mémoire, elle s’éveillerait avec un bras cassé, du sang sur le corps, égarée au milieu d’une forêt et sans le moindre indice sur sa propre identité.
Il l’enlaça puis la souleva de terre avec facilité. Il ne pouvait pas traîner, la milice attendait son retour. Le vent siffla dans ses oreilles lorsqu’il se mit à serpenter entre les arbres à une vitesse irréelle. Sa longue cape (déguisement qu’il trouvait ridicule) claquait derrière lui et la tête de l’enfant reposait fermement contre son torse, imperturbable.
Il avait parcouru plusieurs kilomètres déjà lorsque les effluves de l’atmosphère lui indiquèrent la présence d’un humain tout près de lui. Il aurait pu continuer son périple et s’éloigner sans avoir à craindre d’être aperçu. Cependant, il s’était suffisamment battu et il avait suffisamment vécu, pour reconnaître un mélange de peur et de haine battre dans des veines humaines.
Il s’arrêta net et examina son environnement.
Un craquement de petit bois au sol. L’intrus se tenait à une trentaine de mètres ; il était jeune, il cherchait à se faire discret, et il était faible.
Le martèlement de son rythme cardiaque dans sa poitrine. Il était terrifié, mais plus encore, il était déterminé.
Une respiration en détresse, sifflante entre ses lèvres entrouvertes. Il était furieux et il l’avait repéré.
Il déposa doucement la fille au sol et en une fraction de seconde il faisait face à l’humain malavisé. Deux immenses perles d’une étonnante couleur ambrée, comme celle du whisky, s’écarquillèrent devant lui. Le jeune garçon, si extraordinairement courageux derrière son angoisse, trébucha en arrière sous la surprise. Il se rattrapa de justesse, s’éloigna d’un bond et braqua sur lui un revolver antique au canon démesurément long et à la crosse coulée dans l’argent brut.
Il s’autorisa un sourire. Les chasseurs étaient décidément des collectionneurs.
— Ne m’approche pas, vampire ! cracha-t-il.
Il ne fit pas un geste. Cet adolescent le fixait avec une hargne qui ne laissait pas de place à l’interprétation. Il avait été formaté, comme le bon petit soldat qu’il était, pour se battre, pour haïr et pour supprimer les créatures telles que lui.
Pourtant, quelque chose clochait. L’odeur de son sang, qui pulsait dans ses veines au rythme d’un tambour de guerre, n’avait pas l’aigreur et l’amertume propre aux chasseurs. Ce garçon était humain. Un vrai de vrai, né sous la divine étoile de la normalité, mais il se comportait comme le plus vaillant des combattants et brandissait devant lui une arme spécialement créée pour le détruire. Qui était-il ? D’où venait-il ?
— Où est Léna ?
L’homme pencha la tête, admettant qu’il était un peu perdu.
— Léna ?
— La fille que tu allais emmener ! Où est-elle ?
Léna. L’enfant impossible s’appelait Léna.
La créature prit une grande inspiration et se surprit à savourer tout le bien-être que diffusait ce prénom dans ses tissus. Sans rien laisser paraître de son trouble, il fit un infime mouvement de menton pour indiquer que la gamine se trouvait dans son dos. La main du garçon trembla légèrement lorsqu’il coula un bref regard derrière l’homme, avant de raffermir sa poigne autour de son arme.
— Qu’est-ce que tu lui as fait, monstre ?
Quelle agressivité ! C’était de bonne guerre, cela dit. Il venait d’emprisonner une famille entière dans les flammes en les attaquant par surprise.
Mais tout de même. Ce terme pour définir sa nature de vampire était une spécialité chez les chasseurs et ça avait tendance à l’agacer. Les hypocrites. Ce garçon devait avoir à peine douze ans, et l’incendie de haine et de rage qui brûlait dans ses yeux était limpide. Cette guerre était engagée des deux côtés, depuis toujours, et aussi jeune que pût être cet étrange humain aux allures de mercenaire, il était autant coupable que lui, fils du plus vieil immortel de l’Histoire.
Alors, dans un bruit sourd, le dos de l’adolescent percuta un tronc d’arbre, la gorge encerclée par la main puissante de la créature. L’arme était tombée au sol, le corps était immobilisé, les poumons à un cheveu d’être privés d’oxygène. Les perles d’ambre s’embrasèrent d’une stupéfaction voilée de panique et l’homme en noir prit la parole.
— Qui es-tu ?
Le garçon tenta de se débattre, d’éloigner le bras qui le comprimait contre l’écorce, en de vigoureux coups de griffes et de pieds. La créature répéta sa question, plus fort, les nerfs gagnés par l’impatience.
— Mi… Michael Miller…
— Pourquoi possèdes-tu des armes de chasseur ?
— Qu… qui vous dit que je ne suis pas un chasseur ?
Bon sang. Était-il stupide ou téméraire ? Un peu des deux, sans doute.
— Je sais que tu n’en es pas un.
— J’en suis un !
— Qui t’a entraîné ?
Il serra les dents et détourna le regard, le visage rougi par la colère et la difficulté à respirer. L’homme intensifia la pression autour de sa nuque pour le hâter à répondre.
— Je… C’est la famille Serf, la famille de Léna… elle m’a entraîné à devenir un chasseur…
La créature plissa les yeux, concentré sur le rythme cardiaque du dénommé Michael, pour y déceler la moindre trace du mensonge. Il n’en trouva aucune, ce qui ne signifiait qu’une chose : ce jeune homme était un imbécile. Il était seul et aucun mercenaire expérimenté n’était susceptible de débarquer si ses mentors étaient la famille Serf. La seule survivante de ce clan était l’enfant endormie contre un arbre, et même elle, si elle se réveillait, n’aurait jamais pu lui venir en aide.
Il poussa un ricanement dédaigneux et envoya valser le corps de l’adolescent sur quelques mètres. Michael s’écrasa dans un roulement de feuillages et de branches chahutées, mais se redressa aussitôt, le regard rivé sur le sol en quête de son arme.
Elle était à deux mètres du monstre et, persuadé d’avoir l’avantage sur ce point, l’adolescent se jeta dessus. Puis son corps s’effondra en avant et les mains se refermèrent sur du vide.
— Tu ne croyais tout de même pas que cela serait si facile.
Le garçon releva des yeux ahuris vers la créature, dont les doigts étaient enroulés autour de la crosse d’argent. Il blêmit et commença à bégayer :
— Co… comment faites-vous pour…
— Tu n’es pas le seul à t’entraîner, Michael.
L’homme en noir balança l’arme au loin dans son dos, la paume de main rougie par le contact du métal. La brûlure était atroce, comme toujours, mais il parvint à la maîtriser sans même sourciller. Enfin, les derniers éclats d’espoir qui tambourinaient dans la poitrine du jeune humain s’évanouirent dans les ténèbres. Il ne pourrait le vaincre.
Les dents serrées, partagé entre peur et humiliation, il se redressa péniblement pour river les yeux à ceux, impitoyables, de son vis-à-vis.
— Bien. Pouvons-nous parler, maintenant ?
— Tuez-moi si vous voulez, mais ne faites pas de mal à Léna, je vous en prie.
Il suppliait. Il suppliait avec une telle dignité que même la vieille créature en fût désarçonnée. Ce gamin méritait l’estime de ses mentors, aussi désespérément humain pouvait-il être.
— Je ne compte pas lui faire du mal.
Soulagement et méfiance bataillèrent au fond de cet océan de whisky.
— Que lui avez

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