Et même les abeilles chuchotent!
113 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Et même les abeilles chuchotent! , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
113 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Un job en or...! Du moins, c’est ce que disait l’annonce.
Chez Buzzeex Communication, grande agence de télémarketing, seul le rendement compte. Cynthia, Judith, Camille et Léa sont bien placées pour le savoir.
Heureusement, il y a Chez Grand-maman. C’est là où, le temps d’un café ou d’une pâtisserie, elles fuient le stress de la cadence infernale. C’est là où, derrière les sourires et les larmes, chacune fait croire à l’autre ce qu’elle n’est pas. Et c’est là surtout où le bel Aymerick travaille.
Entre course à la promotion et collections de désillusions sentimentales sur les sites de rencontre en passant par l’intrigante prédiction amoureuse d’une voyante, les quatre amies ne savent plus où donner de la tête !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2021
Nombre de lectures 4
EAN13 9782897755102
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Katy Pierre
 
 
 
Et même les abeilles chuchotent !
 
 
 
 
 

 
Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose
Image originale de la couverture : Shutterstock 795983002
 
Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur .
 
 
Distributeur : Distribulivre   www.distribulivre.com   Tél. : 1-450-887-2182 Télécopieur : 1-450-915-2224
 
© Les Éditions de l’Apothéose Lanoraie ( Québec) J 0K 1E0 Canada apotheose@bell.net www.leseditionsdelapotheose.com
 
 
Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021 Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2021
 
ISBN papier : 978-2-89775-491-4
ISBN epub : 978-2-89775-510-2
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Et même les abeilles chuchotent !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
«   J’adorais la manière dont nous faisions l’amour… avant. Ensuite, les choses ont changé. Je ne lui trouvais plus rien. Partir. Jamais je n’en trouvai la force… Alors, je me convainquis qu’il me suffisait d’attendre pendant que Dieu, bien trop occupé ailleurs, avait laissé l’autre me prendre sous son aile d’Ange déchu. Enfer. Paradis. Paradis ou Enfer Pff   ! Et depuis quand croyais-je en ces balivernes   ? …   »
 
 
 
1
 
 
 
—   … Je suis au travail là   ! Rappelez ce soir… mais avant 19 h, car je dois nourrir mes enfants   !
— … Pouvez-vous m’accorder juste trois minutes pour que je puisse vous parler du magazine dont vous avez récemment téléchargé la brochure sur notre site internet   ? …
Et il y eut un «   CLIC   » dans le téléphone. Pas d’au revoir. Rien du tout.
—  Bonjour, madame Nicole Tranchant, je m’appelle Valérie Dupont de la compagnie Buzzeex Communication et je vous appelle parce que j’ai une offre exceptionnelle à vous faire   !
— Encore vous   ! … Il y en a ras le bol de vos appels   ! Cela fait trois fois déjà cette semaine et on est que mercredi matin   ! Vous comptez m’empoisonner la vie tous les jours ou quoi   ? … Puisque j’vous dis que je ne suis pas intéressée   ! … C’est du harcèlement, ma parole   ! Vous savez où vous pouvez vous l’mettre votre abonnement   ? Rayez mon numéro de votre satanée liste et foutez-moi la paix… hurla la femme à l’autre bout de la ligne avant de raccrocher.
Mécaniquement, Cynthia, le casque du téléphone fixé sur le crâne, activa la petite coche rouge dans la case de Madame Nicole Tranchant, archiviste. Le temps imparti entre deux appels n’étant que de dix secondes, c’est-à-dire ni le temps de souffler ni le temps de boire, elle glissa aussitôt le curseur sur le nom suivant. Monsieur Paul Duchesne, retraité de l’enseignement. Au bout de la cinquième sonnerie, une voix rauque de fumeur annonçait de laisser un message après le bip, alors cela fut au tour de Cynthia de raccrocher. La règle d’or numéro six du sixième paragraphe du chapitre six de la charte sacrée de la société était de ne jamais laisser de message.
«   Les répondeurs ne sont pas nos amis. Renouvelez l’appel   ! Ne perdez pas l’objectif d’avoir l’intéressé en ligne   ! Posez-lui uniquement les questions figurant dans l’encadré vert à droite de votre écran, les “oui successifs”   ! Ces questions entraînent automatiquement une réponse affirmative de votre interlocuteur, ce dernier conditionné à répondre “oui” ne pourra qu’adhérer en toute logique à notre produit. Ayez l’esprit gagnant   ! Ayez l’esprit Buzzeex Communication   !   »
Bref, le tout consistait à balancer la sempiternelle rengaine de démarchage commercial de nouveaux produits défilant à l’écran : assurances, fidélisations, pâtes, vins, meubles ou autres gadgets en promettant des cadeaux au prochain pigeon vulnérable et naïf de la liste. Et Dieu sait qu’elle était longue cette liste d’individus lambda sans visage auxquels il fallait continuellement répondre avec un sourire dans la voix.
Cette semaine, il fallait vendre des abonnements à un magazine spécialisé. Pour ce type de produit, un appel devait durer en moyenne trois minutes. Une moyenne convenable entre ceux qui sont super intéressés et qui posent une tonne de questions, ceux qui vous font répéter pour finalement dire non et ceux qui raccrochent au nez. Pas toujours facile de conserver son flegme et souhaiter aux grognons ou autres malpolis de passer tout de même une belle journée   ! Et cela, jour après jour, huit heures par jour, cinq jours par semaine, sans oublier la goutte au front en fin de mois suite au récapitulatif stressant des objectifs de vente atteints ou manqués   !
Certains jours, franchement découragée, elle se demandait si elle n’aurait pas mieux fait d’envoyer tout balader et devenir trieuse de poussins dans un élevage au fin fond de la campagne.
Avant, elle bossait dans une supérette de quartier où elle faisait de la mise en rayon et de la caisse à l’occasion. Comme ils avaient eu de nombreux vols, le patron leur avait demandé de renforcer la sécurité et de regarder systématiquement dans les caddies et de faire soulever les sacs plastiques ou autres cabas se trouvant au fond. Une fois, elle avait demandé à un monsieur de soulever un sac qui était au fond de son chariot et là elle s’en était pris plein la figure. Il l’avait traitée de raciste, insinuant qu’elle regardait s’il n’avait rien volé, car il était d’une autre nationalité, qu’elle était une conasse, une pute… En tout cas, il en avait dit assez pour la faire quitter sa caisse en chialant et démissionner dès le lendemain. Alors travail ingrat pour travail ingrat, elle préférait encore rester ici   ! Au moins, quitte à se faire raccrocher au nez soixante fois par jour, elle n’avait pas à voir leurs tronches en prime   !
À l’extrémité de l’alignement de cubicules, une série de tableaux lumineux à portée de vue de chacun indiquaient en permanence : le nombre de téléconseillers présents et connectés, le nombre d’appels en cours, le nombre d’appels en attente, le nombre de conseillers «   pas libres   » (ceux en train de traiter un dossier sur leur terminal informatique), et le nombre de conseillers prêts à prendre un appel. À côté, affalé dans un fauteuil derrière un bureau trop petit, comme un morse avachi sur la banquise tentant de se camoufler derrière un glaçon, Pierre Burlais, 36 ans, chef superviseur… de performance. Onze ans de service au compteur   ! Et ça fait quoi un chef superviseur de performance   ? Eh bien, ça SU-PER-VI-SE absolument tout   ! Il contrôle les superviseurs de département, mais aussi ton heure d’arrivée et ton heure de départ, procède à des écoutes ou des appels mystères, note le niveau de l’enthousiasme dans ta voix, juge la qualité du discours au client, valide le quota d’appels passés, rappelle la cible des chiffres à atteindre. Bah ouais, ça fait tout cela un chef superviseur de performance   !
Qui supervise le chef superviseur de performance chez Buzzeex Communication   ? Xavier Lamarque, 28 ans, manager. Un vrai connard qui comme tous les vrais connards se pense intelligent. Scotché à son bureau à l’étage supérieur comme une moule à un rocher, il n’adresse la parole à personne. Tout contact avec lui se fait par courriel, même si vous vous trouvez à cinq mètres. Diplômé de l’une de ces grandes écoles de marketing qui vous lobotomise au point de vous faire devenir plus odieux que vous ne pourriez l’être déjà. Bref   ! Le manager note minutieusement la performance du chef superviseur à superviser celle des superviseurs et des employés   !
Depuis que Cynthia avait pris son poste avec huit minutes de retard, Pierre Burlais n’avait pas cessé de la dévisager avec un air placide de vache repue. Malgré les litres de café qu’il ingurgitait tout au long de la journée, il ne semblait jamais excité outre mesure.
«   Zut   ! À la pause, je vais à nouveau me coltiner le laïus sur la ponctualité au travail, bla, bla, bla…   !   » bouillait la jeune femme intérieurement avant d’entonner son quinzième : «   Bonjour, je m’appelle Valérie Dupont et je vous appelle parce que j’ai une offre exceptionnelle à vous faire   !   » de la matinée.
— Alors j’vous dis d’emblée, je ne suis pas intéressée   !
— Vous savez l’abonnement à la version papier du magazine vous offre, non seulement la livraison gratuite à votre porte à chacune des parutions…
— … manquerait plus que ça que je paie pour la livraison   ! …
— … vous pourrez ainsi y découvrir toutes les tendances mode et beauté pour les adopter, un dossier spécial santé éducatif et pratique portant sur des sujets qui vous intéressent…
— … et comment connaissez-vous les sujets qui m’intéressent   ? Nous n’avons pas élevé les cochons ensemble comme on dit   ! Puis ça ne m’intéresse pas…
— …. des recettes exotiques exclusives signées des plus grands chefs internationaux…
— … alors, premièrement, j’aime pas ça cuisiner… deuxièmement…j’suis pas raciste, mais on voit suffisamment de noirs et d’arabes comme ça dans la rue et à la télé, donc non merci   ! Je ne mange que local et pas épicé, c’est comme ça… c’est une question de principe   ! …
— … des portraits de personnalités inspirantes, la vie incroyable des célébrités.
— …. Moi, il n’y a que l’odeur du pognon qui m’inspire… puis quant aux vedettes, très peu pour moi   ! J’peux pas les sentir   ! J’en ai une de voisine, moi, qui se prend pour une starlette et ça me suffit bien assez… Vous voyez le genre de nana propre sur elle, limite hautaine parfois. Rarement un bonjour, jamais un bonsoir… Bref, vous voyez le genre, quoi   ! Alors vraiment désolée, mais j’suis pas intéressée…
— … la rubrique maisons et jardin…
— … perso, je n’aime pas les maisons   ! Je préfère les appartements… surtout pas au rez-de-chaussée, depuis la rue n’importe quel taré peut vous mater. Moi j’suis peinarde, j’suis perchée au sixième et il y a deux étages encore au-dessus, alors   !
— … des reportages et témoignages émouvants sur la famille…

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents