Fracture de fatigue
98 pages
Français

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Fracture de fatigue , livre ebook

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Description

Entre une famille détruite et une bande d’amis à la marge, que cherche Hannah dans les bras de Sully ?
Face à ce qu’elle considère à présent comme l’obsolescence programmée de l’amour, Hannah fuit le passé, hésite dans le présent, et entame un processus d’annulation de toute forme d’attachement sentimental.
Jusqu’où ira sa fuite ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 avril 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9781716232855
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fracture
de fatigue
 
 
VALÉRIE DUREUIL

Copyright © 2021
 
Tous droits réservés.
ISBN : 9781716232855
 
 
DÉDICACE
 
 
Il existe une lectrice privilégiée pour toute écriture, celle pour qui on repousse ses limites.
Tu es ma lectrice privilégiée.
À Déborah, pour notre présent et notre futur …
TABLE DES MATIÈRES
 
 
DÉDICACE
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
1 — HANNAH
2 — CHLOE, MATT, ARNAUD… SULLIVAN
3 — CACHE-CACHE
4 — COLÈRE
5 — DÉTOURNEMENT
6 — MAISON BLANCHE
7 — MAYA
8 — COMPTE À REBOURS
9 — VIOLENCE DU CHOC
10 — FRACTURE DE FATIGUE
BIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
 
 
 
Pour son soutien, son attention et ses multiples relectures, je remercie Déborah Fabré.
Pour ses remarques et corrections, je remercie Michèle Marcelis .
1 — HANNAH
Je m’appelle Hannah pourtant je ne suis pas juive.
Ma mère a toujours eu un faible pour les prénoms hébreux, si j’avais été un garçon, je me serais appelé Isaac, alors je m’estime plutôt chanceuse.
Je suis Hannah, j’ai vingt ans, trente ans, quarante ans. Un jour, une nuit, je me suis offerte, j’ai ouvert ma porte à une autre et je l’ai invitée en moi.
Je lui ai donné accès à mes rêves d’avenir, à mes peurs d’enfant, à mes faiblesses d’adulte. Ce fut une grossière erreur, elle m’a explosée de l’intérieur.
Comme pour l’obsolescence programmée de la machine à laver, un soir, je suis rentrée chez moi et il y avait de l’eau partout, une fuite, une panne, un moteur mort.
L’amour a aussi une date de mort planifiée. L’histoire s’est terminée salement, elle a pris son temps… je vais vous raconter.
Comme dans les livres de contes de mon enfance, j’entends la petite musique qui indique que c’est le moment de tourner ma page…
*
Mon premier souvenir se marqua par un reflet dans un miroir. J’étais dans ma chambre, j’avais quatre ans. La porte était ouverte, je me tenais debout près de mon lit, je regardais le reflet de mes parents dans mon petit miroir à bordure jaune avec des canards blancs peints à la main, je l’adorais. Dans la pièce à côté, mes géniteurs s’engueulaient, je n’aimais pas ça.
Le ton montait de plus en plus, je ne comprenais pas le contenu des propos, mais je sentais qu’ils étaient fâchés l’un contre l’autre.
J’aurais voulu coller mes mains sur mes oreilles pour ne plus rien entendre, mais, pour l’avoir déjà fait précédemment, je savais que ça n’empêcherait pas le son de passer et mon angoisse de monter.
Je me sentais insécurisée, des larmes s’annonçaient dans ma gorge, puis à l’arrière de mes yeux, je ne savais comment les retenir. Alors, je me plantai devant mon petit miroir et me regardai pleurer. Mon père, qui de la pièce voisine pouvait me voir, perçut mon chagrin et s’adressa aussitôt à ma mère.
— Tu vois ce que tu fais, ta fille pleure, c’est de ta faute avec tes plaintes perpétuelles, ton insatisfaction permanente   !
J’étais encore petite, mais je comprenais que l’adjectif possessif «   ta   » était inapproprié dans la bouche de mon père, il me faisait mal. S’il était mon papa, j’étais aussi sa fille.
Le ton grimpa encore d’un cran et je n’hésitai plus, je m’enfuis dans la chambre blanche. C’était un abri qui me coupait de tout ce qui me faisait mal, un lieu où je pouvais inviter qui je désirais et y vivre ce que je voulais. Je ne me souvenais plus comment j’y étais arrivée la première fois, je m’y étais réveillée un matin, étonnée puis apeurée. J’avais pleuré, mes larmes m’avaient ramenée dans mon lit. Ensuite, j’avais essayé d’y retourner en fermant fort les yeux pendant longtemps, et ça avait fonctionné.
Une pièce blanche mais pas vide, un espace que j’avais rempli de jouets, un lieu d’où il m’était parfois difficile de revenir parce qu’il n’y avait pas de porte pour en sortir, seulement une fenêtre sans poignée que j’étais trop petite pour atteindre. Je devais alors me concentrer pour quitter la pièce et retrouver ma chambre.
D’ailleurs, ces derniers temps, c’était de plus en plus compliqué de trouver le chemin jusqu’à la maison. Parfois mes yeux restaient collés, comme si j’avais de la conjonctivite, je paniquais et n’arrivais plus à me connecter au monde extérieur. Puis des larmes coulaient au travers de mes paupières closes, les désolidarisaient et enfin, je pouvais rentrer chez moi.
J’étais en voiture avec mon père, il était venu me chercher après l’école. Quand il était arrivé, je jouais dans la cour de récréation avec deux autres fillettes. C’était une fin de journée automnale un peu chaude, ma veste était jetée sur mon cartable contre le mur du préau. Il était arrivé dans mon dos, silencieusement, je ne l’avais pas vu ni entendu s’approcher. Il m’avait attrapée pour me soulever dans ses bras, j’avais été surprise, puis m’étais laissée emporter, car lui seul pouvait me soulever du sol de cette façon.
— Maman est à la maison   ? demandai-je, alors qu’il bouclait ma ceinture de sécurité.
— Oui, elle est occupée et moi, j’avais envie de passer du temps seul avec ma petite fille. On se fait une virée   ?
— Oh oui, une virée et après un spaghetti   !
— C’est parti.
Mon père me regardait avec tant d’amour, que je ne pouvais que me laisser aller au bonheur simple et complet d’être avec lui, de partager un moment privilégié. Nous nous faisions de temps en temps une sortie à deux, généralement le dimanche, journée ennuyeuse par essence. Dans la lourdeur de ces heures d’inactivité, il se levait tout d’un coup de son fauteuil, me regardait et me disait :
— Une petite virée, toi et moi   ?
Des années plus tard, j’essayais encore de me souvenir de l’expression de ma mère face au comportement de mon père, jamais il ne lui proposait de nous accompagner. Peut-être que ma mère se réjouissait à la perspective de ces heures de tranquillité ou peut-être que son visage s’assombrissait, accusant le coup de la décision de son mari de ne pas l’associer à notre sortie. Je n’en avais jamais parlé avec elle, ni enfant ni adulte, comme si ce sujet n’avait jamais existé.
J’étais tout excitée par cette sortie en pleine semaine, j’imaginais que j’irais dormir tard, comme une grande, alors que je n’avais que huit ans.
Nous avions pris l’autoroute. Tandis qu’il gardait un œil sur la circulation, mon père me posait plein de questions.
— Tu es toujours amie avec Romane   ? Tu veux faire quoi comme métier plus tard   ?
Et je lui répondais, me perdais dans mes explications pour le noyer sous des anecdotes de réfectoire, de cour de récréation, de piscine. Il me souriait, m’encourageait à continuer, il m’écoutait, j’étais heureuse.
Nous roulâmes une heure puis arrivâmes à Mons. Mon père était originaire de là et il aimait bien m’y emmener pour me montrer le quartier où il avait grandi, les écoles qu’il avait fréquentées, la porte cochère à l’abri de laquelle il avait embrassé une fille pour la première fois. Ce n’était pas ma mère, c’est tout ce que j’avais retenu. J’adorais ces moments, je découvrais la vie de mon père quand il avait mon âge, je me sentais proche de lui.
Plus tard, nous avions mangé des pâtes dans une brasserie sur la Grand-Place. Sur le chemin du retour, je m’étais endormie sur mon siège, bercée par la musique classique qui passait à la radio, le roulement de la voiture et les phares des autres véhicules qui illuminaient fugacement l’habitacle.
Le lendemain soir, quand j’étais rentrée de l’école, déposée au coin de la rue par le bus scolaire, ma mère m’attendait assise à la table de la cuisine. Elle fumait une cigarette, les yeux rouges et gonflés.
— Papa est parti, m’avait-elle dit, il ne reviendra plus jamais.
Elle s’était levée pour disparaître dans sa chambre. J’étais restée plantée au milieu de la cuisine, les bras ballants. Ensuite, j’avais fermé les yeux et emprunté le chemin qui menait à la chambre blanche. J’étais certaine d’y trouver mon père…
2 — CHLOE, MATT, ARNAUD… SULLIVAN
— Tu veux encore des raviolis   ?
Le visage de la maman d’Arnaud était penché vers moi, la spatule en bois levée, prête à me resservir.
Le pourtour de la bouche orangé, une fournée de raviolis empalés sur ma fourchette, je hochai la tête avec gourmandise. La maman d’Arnaud me sourit en m’ébouriffant affectueusement les cheveux. J’adorais aller chez Arnaud, sa mère m’accueillait toujours avec gentillesse. Mon ami était un gamin frêle qui n’avait pas de copains, à part moi et deux autres gosses de l’école, Matthieu et Chloé.
Casés dans la même classe depuis la première année de maternelle, j’avais trouvé ma place entre le garçon réservé, l’exubérance de Matt et le côté pétasse de Chloé. Rencontre improbable entre quatre gosses que tout séparait et que toutes les différences avaient rassemblés. Nous étions atypiques, identifiant difficilement notre place dans le système scolaire, cependant nous nous étions découverts, et là résidaient à présent notre stabilité et notre force.
Arnaud, sa maigreur, ses cheveux châtain clair bouclés, ses grands yeux aux longs cils, les autres garçons de la classe se moquaient de lui en le traitant de fille. Garçon sensible dont les larmes s’échappaient parfois malgré tous ses efforts pour les camoufler.
— Comment va ta maman   ? me demanda la mère d’Arnaud, à présent assise en face de nous à la table de la cuisine.
Les parents d’Arnaud habitaient une grande maison dans laquelle il était possible de jouer à cache-cache, d’organiser une chasse au trésor, j’adorais y passer des journées entières.
— Elle va bien, répondis-je, je ne savais pas trop quoi ajouter à son sujet.
Depuis le départ/la disparition de mon père, tout le monde prenait de ses nouvelles avec moult précautions. J’avais déjà surpris des conversations entre adultes, comme la fois où j’avais entendu les voisines plaindre ma mère «   la pauvre, seule avec une gamine, la vie ne l’a pas épargnée   » ou encore «   pas facile de retrouver un homme avec une petite dans les patte

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